Israël en guerre - Jour 351

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Le 8 octobre 2023, des étudiants juifs ont peint un message de paix sur un rocher du campus de l'Université du Connecticut à Storrs. Le lendemain, des étudiants pro-palestiniens l'ont repeint. (Crédit : Jessica Baden)
Le 8 octobre 2023, des étudiants juifs ont peint un message de paix sur un rocher du campus de l'Université du Connecticut à Storrs. Le lendemain, des étudiants pro-palestiniens l'ont repeint. (Crédit : Jessica Baden)

Des étudiants juifs américains se confient : « Tout le monde vous hait et souhaite votre mort »

Huit étudiants de l’Université du Connecticut témoignent du quotidien à la fac en cette période d’antisémitisme ô combien décomplexé

STORRS, Connecticut – Ari Gerard, étudiant en deuxième année à l’Université du Connecticut, est arrivé à son séminaire trois heures à l’avance, le matin de la manifestation organisée le 8 novembre par Students for Justice in Palestine (SJP). Il s’était dit que cela lui éviterait de voir et d’entendre leurs slogans : « La résistance n’est pas le terrorisme » ou « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre ».

« Cela n’a fait aucune différence au final », admet-il. « Ils parlaient tellement fort que je les entendais depuis l’intérieur de l’amphithéâtre. »

L’opposition à Israël est effrénée sur le campus depuis que les étudiants juifs de UConn ont tenu leur première veillée aux chandelles, le 8 octobre dernier, en mémoire aux 1 200 victimes et 240 otages de l’organisation terroriste du Hamas, qui dirige la bande de Gaza.

Dans un premier temps, la brutalité du massacre du 7 octobre a capté l’attention du monde entier : des familles entières ont été brûlées vives dans leur maison, 260 festivaliers ont été tués de sang-froid lors d’une rave et, outre les agressions sexuelles, les terroristes ont torturé et démembré de nombreuses victimes, dont des femmes, des enfants, des bébés et des personnes âgées. Israël s’est juré de chasser le Hamas du pouvoir au moyen d’une offensive militaire en cours.

Au fur et à mesure que la guerre entre Israël et le Hamas s’est intensifiée, le climat à UConn s’est tendu. Jusqu’à présent, l’université a échappé aux projecteurs, braqués sur d’autres institutions dans le pays, les donateurs n’ont pas menacé de retirer leurs fonds, aucune menace de violence physique n’a été enregistrée et la section UConn de SJP fonctionne toujours.

Mais traverser le campus implique de passer devant des affiches représentant des hommes armés de fusils et vêtus comme les terroristes du Hamas qui disent : « La résistance n’est pas du terrorisme – Victoire à la Palestine ». Cela implique de lire sur Instagram des propos appelant à l’éradication d’Israël. Cela implique de voir les affiches des otages vandalisées ou des messages à la craie qui disent : « L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme ».

Des étudiants de l’Université du Connecticut organisent une veillée aux chandelles pour les victimes des atrocités du Hamas du 7 octobre sur le campus de Storrs, dans le Connecticut, le 8 octobre 2023. (Autorisation)

« J’en ai assez de tout ça. Mentalement, c’est un supplice. Ils sont constamment dehors en train de crier », dénonce Gerard, étudiant en finance.

Gerard est l’un des huit étudiants juifs à avoir pris part à une table ronde avec le Times of Israël, le 8 novembre dernier. Issus d’horizons variés, avec différents niveaux d’engagement vis-à-vis du judaïsme et différents points de vue sur la guerre, ils ont témoigné de ce que cela représentait d’aller à l’université à une période d’antisémitisme décomplexé.

Ce dont témoigne cet étudiant corrobore les conclusions d’une récente enquête menée auprès d’étudiants juifs par le groupe national universitaire juif Hillel International. Selon l’enquête, 56 % des étudiants juifs interrogés disent avoir peur sur le campus, et 25 % d’entre eux font état de violences ou d’actes de haine sur leur campus depuis le début de la guerre.

On estime à 2 000 le nombre d’étudiants juifs sur les 19 000 que compte le premier cycle de l’UConn, et il existe plusieurs organisations juives sur le campus, comme les Huskies for Israel, Hillel et Habad. Le service de restauration de l’université propose des repas casher sans supplément. Jusqu’à la guerre, les organisations juives coexistaient avec la section UConn du SJP, qui n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Des affiches relatives aux otages israéliens ont été placardées dans la salle commune de la maison Hillel de l’Université du Connecticut à Storrs, en novembre 2023. (Crédit : Cathryn J. Prince)

Il y avait bien eu quelques incidents antisémites par le passé, comme en 2020, quand les mots « Le Troisième Reich » avaient été écrits sur la porte de la chambre d’un étudiant ou quatre incidents en 2021, dont un juste avant Pessah, avec une croix gammée taguée sur le bâtiment de Chimie.

Malgré tout, l’atmosphère générale n’avait rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui, confie Julianne Katz, étudiante en première année.

« C’est terrible et très douloureux de sentir que tout le monde vous déteste et souhaite que vous soyez mort. On se sent triste toute la journée et très seul. Je ne me sens pas du tout en sécurité sur ce campus », explique-t-elle.

La table ronde qui a suivi a été modifiée par souci de concision et de clarté.

The Times of Israël : Qu’est-ce que c’était que d’être juif sur le campus avant le 7 octobre, et quelle expérience avez-vous eue, le cas échéant, avec l’antisémitisme ?

Jessica Baden, étudiante en dernière année et présidente de l’UConn Hillel : Quand je suis arrivée sur le campus en première année, tout allait bien. Au fil des ans, les rassemblements pro-palestiniens sont devenus de plus en plus préoccupants, surtout après la flambée de mai 2021 entre Israël et le Hamas. Mais c’était assez calme ici.

Jessica Baden, étudiante en dernière année et présidente de l’UConn Hillel (Avec l’aimable autorisation de l’auteur)

Maya Mazor, étudiante israélienne en échange : Je ne savais pas à quoi m’attendre en venant ici. Je savais qu’il y avait des Israéliens. Je savais qu’il y avait des étudiants juifs et que je ne serais pas la seule. Je pensais que ce serait une université cool et sympa. A mon arrivée, j’ai été choquée de voir qu’il n’y avait ni agents de sécurité sur le campus ni clôtures. J’ai commencé à me dire que je ne serais peut-être pas autant en sécurité que je le pensais.

Leo Gold, en dernière année : Je n’avais pas beaucoup d’expérience de l’antisémitisme ou du sentiment pro-palestinien quand j’étais plus jeune.

Depuis le 7 octobre, il y a eu une nette augmentation des tropes – quotidiens – sur les Juifs. J’entends des gens dire à haute voix que les Juifs ont de l’argent, que les Juifs ont tout le pouvoir. Je pensais que le nord-est de l’Amérique ne souffrirait pas de ce genre d’antisémitisme ; c’est quelque chose que j’attribuais, à tort, au Sud.

Des messages pro-palestiniens tracés à la craie sur le campus tentaculaire de l’Université du Connecticut à Storrs. (Avec l’aimable autorisation de Jessica Baden)

Laura Augenbraun, en dernière année : Il n’y avait pas beaucoup de Juifs chez moi. Il n’y avait pas de communauté juive : j’ai pensé qu’en venant à UConn, j’aurais cette communauté. Il y a toujours eu des tensions entre les différents groupes sur le campus, mais elles étaient bien cachées. Plus maintenant.

Troy Sweet, junior : Il y a toujours eu ces petites choses antisémites. Par exemple, il y a un an, quelqu’un a collé des affiches montrant un soldat israélien en train d’étrangler un enfant.

Yana Tartakovskiy, junior : Je me souviens que ma conseillère résidente avait posté des articles pro-palestiniens et anti-israéliens en 2021. J’ai vu cela et senti que s’il y avait un incident antisémite, je ne pourrais pas aller la voir. Je me suis sentie ostracisée.

Julianne Katz, étudiante de première année : Je suis observatrice. Au début, tout s’est bien passé. Mes colocataires, qui ne sont pas juifs, savaient que j’étais pratiquante, mais ils m’ont toujours soutenue. Ce n’était pas un problème.

Que s’est-il passé le matin du 7 octobre ?

Mazor : Le 7 octobre, c’était le jour de mon anniversaire. J’étais censée aller à New York avec des amis. C’est alors que j’ai commencé à recevoir des messages sur WhatsApp : « Est-ce que ta famille va bien ? Sont-ils en sécurité ? Je ne savais pas ce qu’ils voulaient dire. J’ai appelé mes parents et ma sœur à Beer-Sheva. Ils allaient tous bien. Je ne connais personne qui ait été tué ou kidnappé, mais Israël est tout petit. Vous connaissez forcément quelqu’un qui connaît quelqu’un. Mon copain a été enrôlé.

Laura Augenbraun, étudiante en dernière année à l’Université du Connecticut (Avec l’aimable autorisation de l’auteur)

Katz : C’était Chabbat et je recevais des messages WhatsApp. Je me demandais pourquoi quelqu’un m’envoyait un texto. Ils savent que j’observe le Shabbat et que je ne répondrai pas au téléphone. Puis j’ai vu ce qui s’est passé. C’est comme si le monde venait de s’effondrer. J’ai un ami dans l’armée.

Vous avez organisé une veillée. Que s’est-il passé lorsque vous vous êtes rassemblés, et que s’est-il passé par la suite ?

Baden : Nous nous sommes réunis pour la première fois le 8 octobre à Spirit Rock (l’un des trois rochers du campus que les étudiants peuvent peindre pour promouvoir le libre échange d’idées et d’opinions). Nous l’avons peint en bleu et blanc et avons écrit un message de paix en hébreu, en anglais et en arabe. Le lendemain matin, nous avons vu qu’il avait été repeint aux couleurs du drapeau palestinien avec les mots : « Pas de justice, pas de paix ».

Quelques jours plus tard, des tracts ont été placardés sur le campus accusant Israël de la frappe aérienne sur l’hôpital. Ensuite, des affiches ont été placardées disant : « Prenez position vis-à-vis d’Israël : voyez toutes les grandes choses que fait Israël », avec un code QR à scanner. Si vous scannez le code, vous voyez des images de bébés morts, de corps brûlés et d’appels à la violence.

Gold : Notre veillée s’est déroulée dans le calme. Nous avions des bougies, nous tenions des pancartes. C’était une question de solidarité et de tranquillité. Le lendemain matin, SJP chantant dans des mégaphones devant la bibliothèque. Le ton avait changé. Ils appellaient à notre destruction.

Le 8 octobre 2023, des étudiants juifs ont peint un rocher sur le campus de l’Université du Connecticut, à Storrs, avec un message de paix. Des étudiants pro-palestiniens l’ont recouvert le lendemain. (Avec l’aimable autorisation de Jessica Baden)

Qu’avez-vous personnellement vu ou vécu d’autre sur le campus ?

Katz : Une camarade de classe a publié à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. Certains de ces messages portent sur la façon dont les contribuables américains financent le génocide, ou sur le fait qu’Israël n’a tué que 13 membres du Hamas, mais des milliers de Palestiniens, ou sur la façon dont Israël utilise l’excuse du Hamas pour perpétrer un génocide de masse. J’ai répondu à quelques-uns d’entre eux – toujours d’une manière respectueuse et civile – mais elle ne m’a pas répondu ou m’a envoyé quelque chose de complètement différent quelques jours plus tard.

Sweet : Je viens de recevoir une alerte disant que les Huskies pour Israël vont accueillir un rescapé du festival de musique Nova et quelqu’un a publié un commentaire sous l’annonce : « J’espère qu’ils ont retenu la leçon. »

Tartakovskiy : J’ai l’impression qu’il y a une vraie guerre en Israël et qu’ici il y a une autre sorte de guerre. Je me demande pour quelle raison j’ai à me défendre constamment. Pourquoi devons-nous prouver que ces atrocités ont bien eu lieu ? Je ne peux pas porter ouvertement mon étoile de David.

Augenbraun : J’écrivais pour The Daily Campus. Il s’agit d’un journal indépendant financé par des étudiants. Je n’écris plus pour eux. Depuis le 7 octobre, ses articles d’opinion ont été biaisés, en pleine face, anti-Israël, avec des éditoriaux qui disent qu’Israël ne devrait pas exister.

Yana Tartakovskiy, étudiante à l’Université du Connecticut. (Autorisation)

Pensez-vous que le SJP devrait être interdit ?

Gerard : Je pense que l’administration devrait interdire le SJP sur le campus. Les activités de UConn SJP et de SJP international au cours du mois dernier ont été claires comme de l’eau de roche en mettant en évidence leurs racines antisémites. Le 7 octobre, UConn SJP a publié de nombreux messages et histoires sur Instagram faisant l’éloge de l’attaque et appelant à soutenir la « résistance
palestinienne ». Ils ne s’alignent sur aucune des lignes directrices ou des idéaux de l’université et n’ont pas leur place sur le campus.

Tartakovskiy : Je ne pense pas que SJP devrait être interdit parce que, dans une certaine mesure, nous avons besoin de l’expression d’opinions différentes. Je pense qu’il doit y avoir plus de surveillance de la part de l’administration sur ce qu’ils disent, en particulier lorsque ce sont des discours de haine, et je pense également qu’on devrait s’intéresser à leurs sources de financement.

Katz : Je pense que le groupe d’étudiants favorables aux Palestiniens peut exister, mais avec une restructuration leur imposant de ne pas utiliser d’expressions telles que « Libérez la Palestine du fleuve à la mer » ou de dictons tels que « Révolution de l’Intifada ». Des règles doivent interdire d’arracher les tracts des civils kidnappés. Ils doivent respecter l’existence d’Israël, des Israéliens et des Juifs, tout en continuant à témoigner de leur soutien à un État palestinien et aux Palestiniens.

Baden : Bien que je ne sois pas du tout d’accord avec leur position, je crois en la liberté d’expression. Le problème, c’est qu’ils oscillent dangereusement vers le discours de haine. Bien que le SJP sur notre campus me mette extrêmement mal à l’aise, ils n’ont rien fait de violent ni menacé de violence et, à ma connaissance, ils ont respecté les politiques de notre université. Mais je pense que le SJP, dans le monde, répand la haine et la provocation tout en niant l’idée de dialogue, ce qui ne profite à personne.

Ari Gerard, étudiant à l’Université du Connecticut. (Avec l’aimable autorisation de l’auteur)

Où vous situez-vous en ce qui concerne les appels à un cessez-le-feu ?

Tartakovskiy : Je pense que tous les otages devraient être libérés préalablement à toute considération de cessez-le-feu.

Katz : Je ne crois pas que nous puissions avoir un cessez-le-feu sans le retour de tous les otages en bonne santé. Les gens semblent oublier que nous avions un cessez-le-feu avant le 7 octobre, que le Hamas a rompu, et dont ils ont dit qu’ils continueraient à le violer. Je ne vois pas comment il peut y avoir un cessez-le-feu avec des terroristes qui n’arrêtent pas de venir nous chercher. C’est malheureux, car j’aimerais qu’il y en ait un, mais je pense que la seule façon d’aider les Israéliens et les Palestiniens est de démanteler et de détruire le Hamas.

Baden : Je suis contre tant qu’il y a encore des otages. Ce n’est pas un véritable cessez-le-feu si nos otages ne sont pas libérés. J’aimerais qu’il y ait une possibilité de trêve ou de fin des combats, mais je ne crois pas que ce serait un succès ni même peut-être un bon message à envoyer. Le Hamas est une organisation terroriste, pas une armée qui protège un pays.

Beaucoup d’entre vous ont dit qu’ils ne se sentaient pas en sécurité ici sur le campus. Avez-vous modifié votre comportement ?

Mazor : Je reçois des SMS et des appels de ma famille qui me demandent de revenir en Israël. Ils s’inquiètent de l’antisémitisme ici. Je n’arrête pas de leur dire que je suis en sécurité. Je veux terminer mon programme, mais c’est difficile en classe. J’avais l’habitude de ne pas hésiter à dire que je venais d’Israël. Maintenant, j’y réfléchis à deux fois. J’essaie de faire profil bas.

Julianne Katz, étudiante à l’Université du Connecticut. (Autorisation)

Katz : J’ai l’impression que je dois me cacher, mais je ne le ferai pas. Je vais continuer à porter mon pull de Tsahal en classe, mais plus mon T-shirt « Je suis aux côtés d’Israël » à la salle de sport.

Gold : J’ai l’impression que le 7 octobre a changé la donne. Avant, j’essayais de ne pas être ostensiblement juif. Maintenant, je porte mon bracelet SWU tous les jours. S’ils me crient dessus et me harcèlent, qu’est-ce que ça fait ? Cela m’a enhardi. Notre sécurité physique n’est pas encore en jeu, mais l’environnement est très hostile. C’est difficile.

Augenbraun : J’avais l’habitude de porter une étoile de David et un chaï, mais j’ai remarqué que les gens en classe la regardaient. Cela m’a rendue paranoïaque. Cela me cause de l’anxiété. Avant de retrouver mes parents dans un restaurant moyen-oriental de Hartford, ils m’ont suggéré de ne pas les porter.

Baden : Extérieurement, je suis très calme. Mais je le sens dans mon corps et le travail scolaire est plus difficile en ce moment. Honnêtement, je me sens un peu engourdie. J’ai un ami, Omer Neutra, qui est otage à Gaza. Je ne sais pas comment gérer la chose. Je ne sais pas s’il est vivant ou mort. Parfois, je pleure dans la voiture.

Des affiches de soutien au Hamas ont été placardées sur le campus de l’Université du Connecticut. (Avec l’aimable autorisation de Jessica Baden)
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