Israël en guerre - Jour 498

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6ème session du programme FemForward avec les 33 participantes dans les bureaux de Microsoft. 
(Crédit : Dmitry Pogosov)
6ème session du programme FemForward avec les 33 participantes dans les bureaux de Microsoft. (Crédit : Dmitry Pogosov)

FemForward : le programme qui féminise la tech en temps de guerre

La récente session du programme provisoirement dirigé par Ruth Moatti s’est concentrée sur les femmes touchées par la guerre, leur offrant les moyens de réussir dans l’industrie de la high-tech

La guerre bouleverse notre quotidien, et les femmes sont souvent parmi les premières à en subir les conséquences.

En Israël, la récente session du programme FemForward dirigé par Ruth Moatti s’est concentrée sur les femmes touchées par la guerre, leur offrant les moyens de réussir dans l’industrie de la high-tech.

Certaines participantes de cette session ont accepté de se confier au Times of Israël, partageant leurs blessures, leurs aspirations et l’impact du programme sur leurs carrières.

Lancé en 2020, le programme FemForward accueille des femmes de divers horizons, y compris issues des pays des accords d’Abraham, également conclus en 2020.

Ruth Moatti, directrice du programme, a été mobilisée pendant cinq mois en raison du conflit actuel. Avocate spécialisée en ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) au prestigieux cabinet Herzog, Fox & Neeman, elle est également officière réserviste dans l’unité de porte-parolat de l’armée israélienne.

Elle a choisi de concentrer ses efforts sur une cause qui lui est chère : l’égalité des sexes et la promotion des femmes. La mission de cette session était de venir en aide aux femmes directement touchées par la guerre. Pendant que la fondatrice du programme, Rachel Wagner Rosenzweig, est en congé maternité, Ruth assure la direction et le bon déroulement des sessions. Ruth comprend également un peu le français, son père étant d’origine juive algérienne.

« En temps de crise, les femmes sont toujours les premières touchées, » explique Ruth. « Pendant la guerre, de nombreuses femmes ont dû gérer des enfants sans école, s’occuper de leurs proches ou vivre dans des conditions précaires après avoir été évacuées. Nous avons donc mis en place un programme pour les aider à se concentrer sur elles-mêmes et leur carrière, même en temps de guerre. »

Les participantes paient un modeste montant de 450 shekels comme frais d’inscription, appelés « seriousness fee », pour garantir leur engagement, nous explique Ruth. “Notre objectif est de surmonter tout obstacle financier potentiel. Nous travaillons activement pour établir des partenariats avec de grandes entreprises de la haute technologie en Israël telles que Monday.com, Microsoft et Lightricks, pour obtenir des ressources financières afin de rendre le programme accessible à toutes.”

Ruth Moatti, directrice du programme FemForward lors de la dernière session (Crédit : Dmitry Pogosov)

Le concept de l’échelon brisé et l’objectif de FemForward

L’échelon brisé, ou « broken rung » en anglais, désigne le phénomène selon lequel les femmes qui ne parviennent pas à accéder à des postes de gestion dans les premières années de leur carrière ont moins de chances d’y parvenir plus tard. Il est donc crucial de fournir des efforts dès le début de leur parcours professionnel.

FemForward vise à surmonter cet obstacle en offrant un programme intensif de trois mois, couvrant des sujets comme la négociation de salaire, la construction de marque personnelle et la résilience. Chaque participante est accompagnée par un mentor qui travaille dans le même secteur et des conseillers spécialisés.

« Toutes les participantes de la dernière session ont été directement impactées par les répercussions de la guerre, cela a été un critère de sélection. En réponse aux besoins exprimés par les participantes et les anciennes du programme, nous avons introduit également des sessions spéciales sur la gestion de ressources financières. »

De plus, pour répondre à une demande croissante avec plus de 100 candidatures, nous avons élargi le programme pour inclure 33 participantes au lieu des 20 à 25 habituelles, ce qui représente une augmentation de 40 % des effectifs. Cela a exigé des efforts considérables pour trouver les budgets, les mentors et les sponsors nécessaires”, explique Ruth.

« La guerre ne fait pas de discrimination face à la tragédie. Le programme inclut des femmes de toute la société israélienne, y compris des ultra-orthodoxes juives, des Druzes, des Arabes israéliennes et des olot hadashot (des nouvelles immigrantes) de divers pays », ajoute-t-elle.

Rose Schwartz : Naviguer entre carrière et maternité en temps de guerre

Rose Schwartz, originaire du New Jersey, a rejoint FemForward pour obtenir des conseils et une communauté de soutien. Arrivée en Israël à l’âge de 18 ans, elle a d’abord passé une année en séminaire puis une autre en Sherout Leumi, le service national, avant de faire son alyah. Elle a travaillé dans une école primaire pour enfants autistes, une expérience très enrichissante. Puis, elle a entamé ses études à l’université hébraïque de Jérusalem où elle a obtenu un diplôme en hébreu, en commerce et en communication.

Rose Schwartz avec son mari et leur bébé en novembre 2023. (Autorisation : Rose Schwartz)

Durant cette période, elle a commencé à travailler comme stagiaire chez Health Ventures, une société de capital-risque spécialisée dans la santé numérique. Après son diplôme, elle a rejoint l’entreprise à plein temps, et elle y travaille depuis trois ans.

Son mari réserviste ayant été mobilisé dans le nord du pays pendant quatre mois d’affilée, Rose s’est retrouvée seule à s’occuper de leur bébé tout en travaillant à plein temps. « Le programme m’a permis de dédier du temps pour moi-même et ma carrière, » dit-elle. Elle a particulièrement apprécié la relation avec son mentor qui l’a aidée à se concentrer et à prendre des initiatives pour progresser dans sa carrière.

Même après le retour de son mari, combattant d’infanterie, il a fallu un temps d’adaptation pour que la jeune famille trouve une nouvelle dynamique. « Ce n’était pas un retour à notre situation d’avant-guerre; notre bébé avait 6 mois quand son père est parti, et quand il est revenu, il marchait déjà, » confie-t-elle.

« Nous sommes tous les deux de nouveaux immigrants et nous n’avons pas de famille en Israël pour nous aider, j’ai donc dû gérer beaucoup de choses seule. Ce programme m’a permis de continuer à avancer dans ma carrière tout en m’aidant à reconnaître la valeur que j’apporte à mon travail. Grâce au mentorat individuel et aux ateliers de groupe, j’ai acquis des outils et des relations qui m’inspirent confiance et ont recadré ma façon d’aborder les défis et les opportunités au travail. Cela m’a permis, même dans ce contexte difficile, non seulement de survivre, mais d’exiger l’excellence de moi-même et de continuer à progresser. »

Noam Alon : Faire face au deuil et la volonté d’avancer

Noam Alon, responsable marketing chez Monday.com, a rejoint le programme après la perte tragique de son petit frère Dor, capitaine dans la brigade Givati, tué lors de la deuxième journée de combats à Kfar Aza. Agée de 30 ans, Noam vit à Tel Aviv mais est originaire du moshav Arugot, une petite communauté située à 40 minutes de Tel Aviv, où elle a grandi. Elle travaille chez Monday.com depuis trois ans et demi, ayant commencé comme stagiaire avant d’occuper un poste à plein temps. Actuellement, elle dirige les efforts de marketing pour la conférence annuelle des clients de Monday.com, un événement majeur se tenant à Sydney, Londres, New York et en ligne.

Noam Alon avec son petit frère le capitaine Dor Sade, 22 ans, commandant de section dans la brigade Givati d’Arugot, le 25 mars 2023 (Autorisation : Noam Alon )

« Chaque participante a une histoire unique, » indique-t-elle. « Au début, je pensais que toutes avaient perdu quelqu’un pendant la guerre, mais ce n’était pas le cas. Mais, j’ai rencontré une jeune femme qui a perdu son petit ami, et depuis, nous nous soutenons mutuellement. »

« Cette tragédie a profondément bouleversé ma vie, » confie-t-elle. Après deux mois d’arrêt complet, Noam est retournée au travail et a entendu parler du programme. Selon elle, FemForward lui a offert un espace pour se développer personnellement et professionnellement, et elle a trouvé un soutien précieux parmi les autres participantes. « Être présente chaque semaine pour ces sessions de quelques heures, axées sur notre développement personnel et la gestion de nos défis professionnels, est déjà très bénéfique pour ma part. Cela m’a donné un cadre, une confiance en moi, et m’a aidé à clarifier les étapes à suivre pour obtenir une promotion ou une augmentation de salaire. »

« Après ce qui m’est arrivé, beaucoup de collègues ont partagé leurs propres histoires de perte avec moi. Cela m’a fait réaliser à quel point nous ignorons souvent les épreuves que traversent ceux avec qui nous travaillons. Être ouvert et transparent sur nos luttes personnelles peut créer des liens plus forts et un meilleur soutien au travail. Je crois qu’il est bénéfique de ne pas séparer complètement la vie personnelle et professionnelle, car elles sont profondément interconnectées”, déclare Noam.

Shahar Gavriel : Être réserviste et à la recherche d’emploi

Shahar Gavriel, officière dans l’unité 669 de l’armée de l’air israélienne, cherche un emploi tout en poursuivant sa période de réserve. Elle était en vacances au Japon et avait prévu de commencer sa recherche d’emploi à son retour, mais elle a dû rentrer en Israël le 12 octobre et se rendre directement à la base. Son rôle consiste à s’assurer que la logistique est en ordre pour qu’en cas d’urgence, il y ait immédiatement tout l’équipement nécessaire pour que les soldats sur le terrain puissent opérer. « Tout l’équipement, y compris le matériel médical, technique et même la nourriture pour les soldats, doit être prêt et disponible pour pouvoir opérer 24h/24, » explique-t-elle.

Capitaine Shahar Gavriel, réserviste dans l’unité 669 de sauvetage de l’armée de l’air israélienne. (Crédit : Shahar Gavriel)

Les gardes de 12 heures rendent difficile le retour à la maison. « Pendant les trois premiers mois, je n’ai presque pas quitté la base, » raconte Shahar. « C’est difficile de rentrer à la maison parfois, mais mon mari est aussi dans l’unité 669. »

“Chercher un emploi surtout en période de guerre, est un défi. Le marché est difficile pour les juniors, et encore plus quand on ne peut pas se consacrer entièrement à la recherche d’emploi. La plupart de mes amies ont repris le cours de leur vie, mais je suis encore réserviste jusqu’au moins au mois d’août, » se confie-t-elle.

Cependant, elle trouve du réconfort et de l’inspiration dans le programme FemForward. « Les ateliers et le mentorat sont incroyables et vraiment utiles, » partage Shahar. Elle souhaite transmettre un message aux jeunes femmes des générations suivantes : « Ne renoncez jamais à vos rêves, même si cela semble difficile à cause de votre entourage, de votre famille ou de la société. Persévérez et gardez à l’esprit que tout est possible. »

Le point de vue d’une mentor : Marni Mandell

Marni Mandell, mentor et entrepreneuse en série ayant précédemment fondé les startups CareHood et KonnecTo, partage son expérience au sein du programme FemForward. Elle a rencontré Ruth Moatti lors d’un atelier sur le capital-risque, qui soulignait l’importance de l’implication des femmes dans ce secteur.

Marni Mandell. (Autorisation)

Marni explique que « le mentorat ne se limite pas à résoudre les problèmes immédiats. Il s’agit aussi de planifier l’avenir et de développer le potentiel que les individus ne voient pas encore en eux-mêmes. » Elle se souvient de sa première mentorée, originaire du Maroc, et travaille actuellement avec sa deuxième mentorée en Israël. « Ma précédente mentorée, Wasa, aspirait à devenir leader dans la vente mais peinait à communiquer sa valeur. Nous avons travaillé ensemble sur ses compétences en entretien, sa narration et sa présentation. Elle a réussi à obtenir un nouvel emploi pendant notre collaboration et a continué à évoluer dans sa carrière. C’est extrêmement gratifiant de voir l’impact à long terme du mentorat, » ajoute-t-elle.

Son propre parcours dans le secteur technologique a commencé il y a 17 ans avec Payoneer, où elle a bénéficié du soutien d’un mentor malgré son manque d’expérience. « Ce mentorat a été décisif pour moi. Avoir quelqu’un pour vous guider, surtout dans un domaine dominé par les hommes, a été crucial. » Marni souligne également les obstacles supplémentaires auxquels les femmes sont confrontées en temps de guerre, comme l’accès limité aux opportunités de réseautage informel. « La guerre a ajouté des couches de complexité, en particulier pour les femmes qui jonglent entre leurs responsabilités professionnelles et des charges familiales accrues pendant que leurs partenaires sont en service militaire. Les opportunités de réseautage se sont réduites, rendant plus difficile la construction des connexions nécessaires pour progresser dans leur carrière. »

« Par le biais du mentorat, je vise à fournir les connaissances et les connexions qui peuvent aider les femmes à surmonter ces défis et à réussir dans leur carrière, » souligne-t-elle. Marni insiste sur le rôle crucial du programme FemForward : « Le mentorat peut ouvrir des portes et établir des connexions en coulisses, ce qui est plus important que jamais. »

Elle note également un changement de focus dans le programme : « Bien que l’objectif initial était de soutenir les femmes à travers le Moyen-Orient, la situation actuelle a nécessité un recentrage sur les femmes israéliennes. Malgré les défis, investir dans ces femmes est crucial pour la force et l’avenir d’Israël. Ce travail est plus nécessaire que jamais et a le potentiel d’avoir un impact très significatif pour le pays. Je suis honorée de pouvoir contribuer à cette mission maintenant et de continuer à le faire dans le futur. »

Marni Mandell, entrepreneuse en série, coach en prise de parole en public, mentor de startups et dans le programme FemForward. Elle a fait son alyah en 2010 et a accumulé 20 ans d’expérience dans la communauté juive ainsi que dans le secteur de la haute technologie.

Prochaine session en novembre

La prochaine session du programme débutera en novembre, offrant aux nouvelles participantes l’opportunité de bénéficier de cet accompagnement. Ruth Moatti et son équipe sont déterminées à développer le programme, à trouver des sponsors et à recruter des mentors afin que chaque femme puisse pleinement réaliser son potentiel, quel que soit le défi auquel elle est confrontée.

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