Voilà plus de vingt-cinq ans que JR Dos Santos présente le journal de 20 heures au Portugal et qu’il est, depuis presque autant d’années, l’auteur à succès de thrillers scientifiques et de romans historiques.
Son dernier livre Le magicien d’Auschwitz (Hervé Chopin Editions) plonge au cœur de l’enfer concentrationnaire. Rencontre.
Le Times of Israël : Permettez-nous de céder à la facilité, utilisée à l’envi dans les médias français, de vous comparer à Patrick Poivre d’Arvor : il est vrai qu’au Portugal, vous êtes le présentateur star du 20 heures et que vous avez eu votre marionnette dans la version portugaise des « Guignols »…
JR Dos Santos : Patrick m’a dit avoir présenté le journal pendant vingt-neuf ans, ce qui lui valait de détenir le record de longévité en Europe. Mais moi, cette année, j’ai dépassé les vingt-neuf ans !
On vous présente également comme le Dan Brown portugais. Cette comparaison avec l’auteur du Da Vinci Code tient à la veine ésotérique et occulte de vos best-sellers. Puisez-vous votre inspiration dans votre intérêt pour l’Histoire, pour les mystères religieux et pour la science, ainsi que dans votre expérience de reporter de guerre et dans l’actualité que vous présentez quotidiennement ?
Je suis devenu écrivain presque par accident et l’écriture de mon premier roman m’a rendu « accroc ». J’ai découvert à ce moment-là que le discours de fiction permettait de toucher la vérité de façon plus puissante qu’à travers le discours historique, juridique ou journalistique. « Le procès » de Kafka nous raconte, au plus près, l’injustice d’un système totalitaire, de même que le roman « 1984 » d’Orwell nous en dit long sur le totalitarisme.
La puissance de la littérature est justement sa capacité, en utilisant la fiction, de présenter des vérités profondes. C’est pourquoi mes thrillers qui s’intéressent à des figures et à des sujets divers, ont toujours la vérité en vue. J’écris également des romans historiques comme « L’homme de Constantinople » qui parle du génocide arménien que le Président Joe Biden a reconnu il y a quelques jours. La fiction m’intéresse en ce qu’elle est un instrument qui permet d’atteindre la vérité.
Peut-être le président des Etats-Unis fait-il partie des 3 millions de lecteurs qui, depuis sa création en 2005, suivent assidûment votre saga, traduite dans plus de dix-huit langues ! Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?
J’essaie surtout d’écrire d’une façon très claire. Quel que soit le sujet, il est également important de susciter l’intérêt du lecteur.
Imaginez que je raconte une blague à laquelle personne ne rit alors que tout le monde s’esclaffe quand c’est vous qui la racontez ! Tout est dans la façon de faire. Et cela vaut aussi pour le récit de faits véridiques.
Je raconte des choses vraies d’une façon claire tout en essayant de susciter l’intérêt du lecteur. Je dis souvent que j’essaie de faire de mes romans non des « passe-temps » mais des « gagne-temps » : c’est du temps passé à lire une histoire qui nous « attrape » et qui, en même temps, nous apprend des choses.
« Chaque Portugais est un demi-Juif «
Votre dernier roman plonge au « cœur de l’enfer » d’Auschwitz. Quel est votre lien à cette histoire ?
Ce lien est celui des Portugais qui sont tous des demi-Juifs. Des études génétiques ont permis de découvrir que nous avons 40 % de gênes hébraïques. Presque la moitié de notre patrimoine génétique ! Chaque Portugais est un demi-Juif. Il y avait beaucoup de Juifs au Portugal au Moyen- Âge. Certains ont fui les persécutions de l’Eglise, d’autres se sont mélangés à la population. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lisbonne a été une voie de sortie pour les Juifs qui fuyaient le nazisme. Nombreux parmi eux ont constaté que c’était bien le seul endroit d’Europe où on leur parlait normalement et non comme à des parias.
À la lumière de ces découvertes génétiques, on comprend mieux pourquoi les Juifs ont été ainsi reçus au Portugal : c’est parce qu’ils étaient nous ! Il y a donc un lien très fort des Portugais avec les Juifs. Mais la raison qui a motivé l’écriture de ce livre ne tient pas tant à ce lien qu’à Werner Reich, magicien juif survivant de Birkenau qui a aujourd’hui 94 ans. Il m’a dit être lui-même devenu magicien après avoir rencontré, à Birkenau, un très grand magicien. C’est l’histoire de ce dernier, Herbert Levin dit le « Grand Nivelli », que je raconte dans le roman.
Pourquoi, dans la note qui conclut le livre, parlez-vous de catharsis ?
Après que Werner m’a parlé de cette histoire, nous sommes restés en contact, à travers l’échange de centaines de mails. L’étude très approfondie de ce sujet m’a amené à faire un constat troublant. Je vous donne un exemple : si, dans une manifestation, il n’y a, ne serait-ce qu’une minute de violence, cette minute sera immanquablement reprise dans le journal. C’est évidemment une distorsion de la vérité qui donne le sentiment que l’ensemble de la manifestation a été très violente.
Eh bien dans le cas d’Auschwitz, la vérité est pire que ce qui en est rapporté. Les transcriptions, quelles qu’elles soient et qui, pour certaines, vont pourtant très loin dans l’horreur, sont en deçà de la vérité. En poursuivant mes recherches sur Auschwitz, j’ai pris conscience que les gens ne seraient pas prêts à lire ce que je m’apprêtais à écrire.
Si je présente, me disais-je, la réalité telle que j’entends la raconter, ce sera un livre illisible. J’ai laissé passer quelques semaines mais j’ai bien vu que cette histoire restait gravée dans ma mémoire et me troublait énormément. J’ai alors décidé de faire ce livre dont je savais qu’il ne serait peut-être lu que par un nombre limité de lecteurs. Je ressentais comme un devoir de l’écrire, non en tant que demi-Juif mais en tant qu’être humain.
La Shoah, comme le génocide des Arméniens, concerne l’humanité entière et pas seulement les Juifs et les Arméniens.
La Shoah, comme le génocide des Arméniens, concerne l’humanité entière et pas seulement les Juifs et les Arméniens. C’est en ce sens que je parle de catharsis.
Deux lignes de narration, dont l’une est l’asymptote de l’autre, traversent ce livre qui nous donne à suivre en alternance et en parallèle l’itinéraire du magicien juif Herbert Levin et du légionnaire portugais Francisco Latino. A travers Levin qui passe, avec son épouse et son jeune fils, de Berlin à Prague, du ghetto de la Vieille Ville à Auschwitz, en passant par le camp de Theresienstadt, vous montrez la rapidité avec laquelle la situation a dégénéré…
En effet, le livre nous donne à suivre le destin de Levin et sa descente inexorable vers l’horreur, jusqu’à son arrivée à Auschwitz. Cette histoire est celle que des millions de Juifs ont vécue à cette époque. Mais dans ce livre, j’ai voulu apporter des éléments nouveaux et, à partir d’un certain moment, mon roman appréhende le sujet sous un angle différent, à travers les deux personnages de Levin et de Francisco. J’aborde là un sujet délicat qu’il faut évidemment traiter avec précaution. J’ai beaucoup lu Hannah Arendt.
Comme vous le savez, la philosophe avait été dépêchée, en 1961, par le New Yorker pour couvrir le procès Eichmann à Jérusalem, à la suite de quoi avait été publié son livre Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal. Arendt y développait la thèse étonnante selon laquelle elle avait vu, dans le prétoire, non pas un monstre mais un homme normal, « banal ». C’est la « banalité du mal » qui a déclenché la polémique de l’époque. Mais Arendt s’y tenait : celui dont elle avait suivi le procès était un homme banal, de ceux que l’on croise dans la rue sans se retourner. Après ses déclarations, quelques survivants ont abondé dans son sens.
Dire que les nazis n’étaient pas des monstres mais des gens normaux produit évidemment un choc : les nazis seraient donc des êtres comme vous et moi…
Dans son livre Soumission à l’autorité (Calmann-Lévy, 1994), le psychologue américain Stanley Milgram, dont l’expérience éponyme avait été publiée en 1963, affirme que 90 % des gens sont prêts à torturer s’ils en reçoivent l’ordre d’une autorité perçue comme légitime, ce qui confirme le témoignage d’Arendt et des survivants qui l’avaient soutenue. J’avoue que cela m’a longtemps mis mal à l’aise.
Dire que les nazis n’étaient pas des monstres mais des gens normaux produit évidemment un choc : les nazis seraient donc des êtres comme vous et moi…
Or, il y a quelques mois, j’ai lu L’archipel du Goulag de Soljenitsyne qui traite du système concentrationnaire communiste en Union Soviétique.
J’ai été saisi par un passage dans lequel l’écrivain a dit : « Pour faire le mal, l’homme doit d’abord croire qu’il fait le bien ». Cette phrase faisait écho, de façon éclatante, à la conclusion des expériences de Milgram.
De la même manière, lors de mes recherches sur Auschwitz, j’avais noté combien les SS étaient convaincus, comme les communistes en Union Soviétique, comme les djihadistes, comme les catholiques de l’Inquisition, d’agir pour le bien. Les nazis étaient certes conscients de faire le mal – c’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont essayé de détruire les crématoires – mais ils croyaient que c’était un mal provisoire pour un bien final. Apparemment, la plupart des SS n’étaient pas des psychopathes, même s’ils en comptaient évidemment un bon nombre dans leurs rangs.
À vous lire, il semble qu’Hitler était perçu comme un maître de la magie noire qui aurait « reçu des signes de forces occultes »…
Ce que l’on oublie souvent, c’est que l’idéologie nazie qui reposait évidemment sur un étrange mélange de nationalisme, d’antisémitisme, de racisme, d’eugénisme et de socialisme, faisait aussi la part belle à l’ésotérisme. On voit dans le roman que Levin, qui était un illusionniste, savait que la magie n’était qu’illusion. Les nazis eux, croyaient vraiment à la magie, à la lévitation, à l’astrologie, à l’origine divine des aryens et aux royaumes magiques. Hitler lisait des livres de magie et Himmler avait son astrologue personnel. Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Hoess, appartenait à une société ésotérique. Des décisions militaires ont même été prises sur la base de jugements ésotériques.
Le jeune Portugais Francisco Latino est un bon soldat qui, s’il ne combat pas par idéologie, est tout de même au service d’Hitler au sein de la Division bleue.…
Francisco s’inspire d’un personnage qui a existé. Il faisait partie de ces Portugais qui, après avoir commis un crime dans leur pays, avaient fui en Espagne et s’étaient engagés dans la légion étrangère espagnole. La guerre mondiale advenue, les Espagnols se sont sentis redevables et ont voulu remercier Hitler pour son aide pendant la guerre civile (1936-39). C’est aussi à travers le regard de Francisco que le lecteur comprend le raisonnement des nazis dont beaucoup des déclarations retranscrites dans le roman sont authentiques. Presque tous les personnages de ce roman sont réels. Le personnage juif de Hirsch, par exemple, a bien créé une école à Birkenau sur laquelle on ne connaît encore que peu de choses.
Si la magie est condamnée par la Torah et le Talmud, une grande figure marque de son empreinte mystérieuse la tradition juive : c’est celle du Baal Shem Tov, kabbaliste, magicien, thaumaturge et guérisseur dont l’enseignement s’appuie sur le Zohar et les doctrines kabbalistiques.
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Dans le roman, un mage allemand confie à Levin que les nazis avaient prévu des expéditions d’archéologues afin de retrouver l’Arche d’Alliance car « Himmler était convaincu que le pouvoir de l’Arche aurait été décisif pour assurer la suprématie de la race aryenne »…
Pensez au film de Spielberg, « Les Aventuriers de l’arche perdue » (Raiders of the Lost Ark, 1981). Que n’a-t-on dit que cela relevait de l’imagination fertile des Américains ! Mais il y a, finalement, un fond de vérité. Les nazis ont vraiment essayé de trouver l’Arche d’Alliance, tout comme ils ont tenté de trouver le Saint-Graal et la croix sur laquelle Jésus a été crucifié.
Dans le roman, je parle du livre d’une mystique ukrainienne auquel les nazis se référaient : « La Doctrine secrète » (The Secret Doctrine. The Synthesis of Science, Religion, and Philosophy, 1888) d’Helena Blavatsky dont on retrouve certains préceptes dans l’idéologie nazie. Après avoir lu mon roman, mon ami le rabbin Shlomo Pereira a eu ces mots : « On comprend comment des idées apparemment anodines et inoffensives peuvent entraîner certains êtres à commettre des actes désastreux ». Cela se traduit très clairement dans l’histoire que je raconte.
Le rabbin Shlomo Pereira a également relevé dans votre livre « Une vision totalement nouvelle de la Shoah où JR dos Santos donne la parole à ceux qui l’ont perdue à Auschwitz ». Quant au directeur de l’Association pour Yad Vashem au Brésil, il écrit : « J’ai lu des centaines de livres sur ce sujet mais celui-ci est différent ». La dimension novatrice de votre récit tient-elle au fait que vous soulignez l’importance qu’il y a de garder à l’esprit que « les survivants constituent l’exception et non la règle » et que la spécificité de la Shoah, ce sont ceux qui sont morts ?
Absolument.
La plupart des histoires que nous lisons et des films que nous voyons nous parlent de ceux qui ont survécu, même si bien sûr, il nous est montré que la majorité des déportés ont perdu la vie. Mais du point de vue de la perception, ce n’est pas l’histoire de ceux qui sont morts qui est racontée. Alors oui, comme le dit Shlomo Pereira, j’ai voulu donner « la parole à ceux qui l’ont perdue à Auschwitz ». J’ai également tenu à écrire de façon visuelle : le lecteur n’est plus en 2021 mais à Birkenau en 1944 et il se plonge dans cette histoire à travers une compréhension qui n’est plus simplement rationnelle mais aussi émotionnelle.
« Comme beaucoup, je pensais que tout avait été dit sur la Shoah. C’est faux »
Apparaît alors la figure des Sonderkommandos (ndlr : détenus affectés aux chambres à gaz), seuls à pouvoir dire la panique, le tumulte, l’angoisse et la souffrance des derniers instants dans la chambre à gaz. Des « Juifs maudits » ?
C’est un sujet très fort qui est au cœur de la Shoah. Les membres des Sonderkommandos étaient des témoins. Des témoins maudits, en effet. Les nazis avaient prévu de les assassiner afin de ne laisser aucune possibilité de témoignages. Quelques-uns en ont réchappé, sans avoir jamais fait état par la suite de leur survivance. Le travail d’historiens israéliens tels que Gideon Grief et Ber Mark a permis d’en retrouver certains qui ont fini par accepter de raconter ce qu’ils avaient enduré. Je me suis appuyé sur ces témoignages très puissants qui demeurent assez méconnus. (*) Il existe également des témoignages écrits et enterrés par les Sonderkommandos à proximité des crématoires. Les Sonderkommandos avaient conscience de leur rôle de témoins des gazages et ils ont voulu laisser une trace de ce qu’ils voyaient.
Je me permets de vous rapporter à nouveau les paroles du rabbin Pereira qui, avec un peu d’avance sur les lecteurs français, a pu lire le second volume « Le manuscrit de Birkenau » : « C’est la première fois que j’ai pu lire les mots prononcés à l’intérieur de la chambre à gaz ». J’insiste sur ce point : les dialogues qui figurent dans le roman ne sont absolument pas le fruit de mon imagination. Ils ont été transmis par les survivants qui ont témoigné, par écrit, de ce qu’ils ont vu et entendu. Le second tome du livre est difficile à lire mais je crois qu’il était important de l’écrire. Comme beaucoup, je pensais que tout avait été dit sur la Shoah. C’est faux. Il y a encore beaucoup à apprendre et à faire savoir.
Je pense aussi que le recul par rapport à ce qui s’est passé peut nous permettre d’en saisir d’autres aspects. La distance nous permet, par exemple, de mieux comprendre la thèse si controversée d’Arendt. On comprend aujourd’hui que qualifier les nazis d’êtres banals est pire que de dire qu’ils étaient des psychopathes. Être des psychopathes aurait pu être une « excuse », en tant que maladie. Qu’ils aient été des gens « normaux » nous laisse perplexes face à la nature humaine.
Difficile, en vous écoutant ainsi parler de normalité et de troubles mentaux, de ne pas penser au meurtre de Sarah Halimi, femme juive injuriée, massacrée et défenestrée par un homme dont l’irresponsabilité pénale a été confirmée par la Cour de Cassation. Mais ce n’est pas le sujet de cet entretien…
Tout ce qui touche à l’être humain est complexe. Mon roman est au cœur du sujet dont Hannah Arendt et Stanley Milgram ont parlé. Les recherches du psychologue américain nous amènent aussi à la question de savoir comment des gens banals ont pu commettre de tels actes. Ma réponse, finalement, est : l’idéologie. N’oubliez jamais Soljenitsyne sur les communistes qui ont tué des millions de personnes avec le rêve de créer la société parfaite. On en revient à sa phrase selon laquelle, pour faire le mal, la première condition nécessaire est de croire qu’on fait le bien. C’est la même chose pour les djihadistes qui décapitent leurs victimes avec le sentiment qu’ils agissent pour le bien. Les idéologies qui ont souvent une eschatologie messianique sont très puissantes et très dangereuses.
À la fin de ce premier opus, Levin accepte de rejoindre la conspiration qui se prépare à Auschwitz. Faites-vous allusion à celle d’ octobre 1944, au cours de laquelle un Sonderkommando est passé à l’action en faisant sauter le crématoire IV et en mettant le feu au crématoire III ?
C’est un fait méconnu. Il y a eu, en octobre 1944, une révolte juive à Birkenau. Cela aussi a été consigné dans les manuscrits déposés près des crématoires et qui permettent de comprendre la révolte de Birkenau dont traite le tome 2.
Pour conclure cet entretien, vous nous avez parlé du lien très fort des Portugais avec les Juifs. Que penser de ce politicien portugais qui, selon une information rapportée par la Jewish Telegraphic Agency, a laissé entendre sur Twitter que « la domination financière juive » avait facilité le succès d’Israël dans sa campagne de vaccination contre la Covid-19 ?
Ce tweet a déclenché une grande polémique. Cela s’est passé il y a environ deux mois et le politicien a depuis présenté ses excuses. Il s’agit d’un homme politique socialiste qui apparemment assimile les Juifs au « Grand capital ».
Je vais vous dire une chose : dans toute ma vie, je n’ai entendu qu’une seule fois un Portugais tenir des propos antisémites. Une seule fois. Et je peux vous dire qu’il a vite été recadré par son entourage. Je le répète : nous sommes des demi-Juifs. Lorsque j’étais en Israël, nous nous sommes amusés, avec mon épouse et mes filles, à regarder les passants et à trouver des ressemblances avec les visages de ceux que nous connaissons au Portugal. C’était flagrant, la seule différence que nous pouvions percevoir était la kippa !
Savez-vous, par ailleurs, que beaucoup de Juifs français sont d’origine portugaise ? Leurs ancêtres ont fui le Portugal au moment de l’Inquisition et sont venus en France où beaucoup sont restés. D’autres sont repartis pour la Hollande, comme la famille de Spinoza. J’ajouterai – et j’en connais beaucoup – que de nombreux Juifs français reviennent au Portugal, pays où il n’y a pas de problèmes liés au djihadisme…
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JR DOS SANTOS, Le magicien d’Auschwitz, Editions Hervé Chopin, 448 pages, 22 €
Tome 2 : Le manuscrit de Birkenau en librairie le 21 octobre 2021
(*) Shlomo Venezia, Juif italien de Salonique, fut l’un des survivants des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau. En 2006, la fréquence des discours négationnistes l’ont fait sortir de son silence. Ses mémoires ont paru l’année suivante chez Albin Michel sous le titre Sonderkommando, dans l’enfer des chambres à gaz.