Israël en guerre - Jour 371

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La présidente nationale de Hadassah, Carol Ann Schwartz, visite le site du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, sur le site du festival de musique Supernova, en janvier 2024. (Crédit : Avi Hayun)
La présidente nationale de Hadassah, Carol Ann Schwartz, visite le site du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, sur le site du festival de musique Supernova, en janvier 2024. (Crédit : Avi Hayun)
Interview

Premier projet de la nouvelle présidente de Hadassah ? Une visite de solidarité en Israël

Les priorités de Carol Schwartz sont l’éducation sioniste, la lutte contre l’antisémitisme, la justice pour les femmes violées par le Hamas et les besoins d’Israël pendant la guerre

Le 1er janvier, Carol Ann Schwartz a pris ses fonctions de présidente de Hadassah Zionist Women’s Organization of America (l’organisation américaine de femmes sionistes Hadassah), moins de trois mois après l’un des pires jours de l’histoire d’Israël. Cinq jours plus tard, elle était déjà en Israël, à la tête d’une mission de solidarité d’une semaine à laquelle participaient les anciennes présidentes de Hadassah et plus de 50 membres et sympathisants de l’organisation venus de huit pays.

Schwartz et deux autres dirigeantes de Hadassah ont remis une pétition au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour exiger que l’organisation humanitaire se rende auprès des otages et leur apporte de l’aide.

Ensemble, elles ont visité des kibboutzim et le site du Festival Supernova pour témoigner des atrocités commises par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre. À Tel Aviv, les femmes ont rencontré des familles et des amis d’otages, se sont entretenues avec eux et les ont serrés dans leurs bras sur la place des otages.

« Ce que nous avons vu est horrible et éprouvant. Mais cela renforce mes convictions de l’importance de ce que nous faisons en tant qu’organisation et de ce que nous accomplissons en Israël », a affirmé Schwartz.

Le programme chargé des femmes comprenait également une rencontre avec le président Isaac Herzog et des visites dans les hôpitaux et les villages de jeunes de Hadassah.

« En ma qualité de Présidente qui vient de prendre ses fonctions, je n’aurais pas pu entreprendre de mission plus importante que celle-ci. J’ai grandi dans une famille qui m’a appris à m’affirmer, à m’exprimer et à me manifester. Aujourd’hui, les gens hésitent à se rendre en Israël, et je savais que je devais être la première à le faire pour montrer que rien ne nous arrêtera et que nous continuerons à faire ce que nous faisons », a affirmé Schwartz, une femme d’affaires de Cincinnati.

La présidente de Hadassah, Carol Ann Schwartz, étreint Alon Lev, membre du kibboutz Nahal Oz, dont l’amie, Carmel Gat, est retenue en otage à Gaza depuis le 7 octobre 2023, sur la place des Otages à Tel Aviv, janvier 2024. (Crédit : Avi Hayun)

La conversation qui suit entre le Times of Israel et Carol Schwartz a eu lieu peu après la fin de la mission de solidarité. Elle a été éditée par souci de concision et de clarté.

Je crois savoir que votre famille est membre de Hadassah depuis quatre générations. Pouvez-vous me parler de votre éducation sioniste ?

J’ai grandi dans un foyer sioniste. Le sionisme était présent dans tout ce que nous faisions et je n’y pensais même pas. Il y avait un énorme dessin au crayon de [Theodor] Herzl, le fondateur du mouvement sioniste, au-dessus du canapé dans notre salon familial et je pensais que tout le monde devrait avoir cette photo chez eux. Cela me semblait normal. Ma mère avait une petite boîte qui jouait [l’hymne israélien] « Hatikva » lorsqu’on tirait sur la ficelle. Nous allions régulièrement en Israël et nous soutenions le pays.

Je me souviens que j’ai appris la nouvelle de la guerre de Kippour alors que j’étais à la synagogue, enfant. Le lendemain, mon père était assis à la table de la cuisine avec le Chazan [chantre, ndt] israélien de notre synagogue et d’autres amis. Mon père a demandé au Chazan ce qu’Israël attendait de nous. Il y avait une litanie de choses, pas seulement de l’argent… Je regardais tout cela et c’est à ce moment-là que j’ai décidé que je voulais [grandir et] être à cette table pour faire la différence.

L’un de vos trois enfants a immigré en Israël. Comment l’avez-vous vécu ?

Notre fils aîné, qui a aujourd’hui 33 ans, a immigré en Israël il y a 13 ans. Il a servi dans Tsahal dans le génie de combat et a participé à l’opération Bordure protectrice en 2014. Je comprends ce par quoi passent toutes les mères israéliennes, car je l’ai vécu personnellement.

De droite à gauche : La présidente de HWZOA Carol Ann Schwartz, la présidente sortante Rhoda Smolow et la directrice exécutive des bureaux de Hadassah en Israël Suzanne Patt Benvenisti remettent une pétition demandant à la Croix-Rouge de faire plus pour aider les otages à Gaza (Crédit : HWZOA/Avi Hayun)

La première chose que vous avez faite en arrivant en Israël cette fois-ci a été de déposer une pétition au bureau du CICR à Tel Aviv.

Cette pétition a été signée par 5 000 membres et sympathisants de Hadassah et fait suite à une lettre que Hadassah avait envoyée un mois plus tôt au CICR pour lui demander d’agir en faveur des otages. Le CICR a ignoré notre lettre. Nous n’avons reçu aucune réponse, et c’est inacceptable. Lorsque vous recevez une lettre de la plus grande organisation de femmes juives et de la plus grande organisation sioniste bénévole d’Amérique, vous y répondez, cela n’a pas été le cas.

Deux autres dirigeantes de Hadassah et moi-même sommes venues en personne avec notre pétition et avons dit que nous voulions obtenir des informations détaillées sur les mesures prises par le CICR pour parvenir jusqu’aux otages et leur venir en aide. Nous leur avons rappelé que lors de la Shoah, le CICR ne s’était pas manifesté pour les Juifs et que la même chose était en train de se reproduire. Le CICR doit être proactif car le temps s’est déjà arrêté pour les otages.

La présidente nationale de Hadassah, Carol Ann Schwartz, visite le kibboutz Kfar Aza en janvier 2024 pour témoigner de la dévastation causée par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. (Crédit : Avi Hayun)

Comment s’est déroulée la visite des kibboutzim qui ont été attaqués par les terroristes du Hamas le 7 octobre ?

L’atmosphère était étrange et nous a frappés dès notre arrivée à Kfar Aza. Je visite souvent des kibboutzim et j’ai l’habitude de voir des enfants, des familles et plein de vie. Là, il n’y avait rien de tout cela. Il y avait des soldats de l’armée israélienne, des bâtiments vides et des maisons détruites. Les abris anti-bombes en béton étaient traversés par des impacts de balles. La destruction était accablante. L’odeur des [débris] brûlés était encore présente 97 jours plus tard. J’ai vu des fenêtres, des ampoules et des miroirs fondus. Dans une maison, j’ai vu un réfrigérateur déchiré et une machine à laver détruite. Un four avait fondu. Mon Dieu, quelle température faut-il pour qu’un four fonde ? Je ne pouvais pas imaginer qu’il puisse y avoir autant de mal dans le monde.

Les gens ont peur de visiter Israël aujourd’hui et beaucoup nient les événements du 7 octobre. Quel rôle Hadassah entend-elle assumer pour faire connaître la vérité sur ce qui s’est passé ?

Les membres de notre mission en parlent dans tous les États-Unis, non seulement dans les synagogues, mais aussi dans les églises. Nous devons parler aux gens, leur montrer et les aider à comprendre. De nombreuses personnes ont pris des photos et des vidéos [pendant le voyage]. Nous témoignons, et quand on témoigne, il faut partager ensuite. Certains de nos collègues en France, au Mexique et au Brésil ont accordé des interviews aux médias. Un des membres de la mission est photographe et organisera une exposition à Paris. Nous sommes en train de réaliser une vidéo de 20 minutes sur notre mission et nous la partagerons avec nos 300 000 membres, associés et sympathisants à travers les États-Unis et au-delà.

La présidente nationale de Hadassah, Carol Ann Schwartz, allume des bougies à la mémoire des personnes tombées au combat et des secouristes l’hôpital Hadassah à Ein Kerem, Jérusalem, janvier 2024. (Crédit : Avi Hayun)

Hadassah a coparrainé la session spéciale du 4 décembre 2023 organisée par la Mission permanente d’Israël auprès des Nations Unies (ONU) pour témoigner des actes de violence sexuelle perpétrés par le groupe terroriste du Hamas et pour exiger action et justice. Trois jours plus tard, ONU Femmes a finalement publié une condamnation du Hamas et de ses actes de violence sexuelle contre les femmes israéliennes.

Notre message à ONU Femmes et aux autres organisations internationales de femmes est qu’elles ne peuvent pas ignorer ce qui est arrivé aux femmes. Elles ne peuvent pas ignorer ces atrocités. Elles doivent réagir et condamner le Hamas, qui est une organisation terroriste. Nous le clamons haut et fort : ces organisations doivent écouter et dénoncer ces actes.

Le Hamas s’en est pris sauvagement aux femmes, qu’il a non seulement violées, mais aussi exhibées dans les rues. Il leur a coupé les seins et s’est amusé à les manipuler comme s’il s’agissait de jouets. Il a traité les femmes comme des objets, comme des moins que rien. Et il est inadmissible que toutes les organisations de femmes fassent comme les trois singes qui ne voient rien, qui n’entendent rien et ne disent rien… C’est tout simplement inacceptable.

Nous veillerons à tenir nos dirigeants et nos membres informés et nous continuerons à en parler publiquement. Nous avons une plateforme et nous la faisons connaître sur les réseaux sociaux et sur un panneau d’affichage à Times Square.

Vue d’architecte du nouveau centre de rééducation du centre hositalier Hadassah du mont Scopus, à Jérusalem. (Crédit : Spector-Amisar Architects/Avec l’aimable autorisation du Centre hospitalier Hadassah)

Comment Hadassah réagit-elle à la récente montée de l’antisémitisme, en particulier depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas ?

Nous sensibilisons les gens au fait qu’Israël a le droit de se défendre et qu’appeler à se débarrasser de tous les Juifs d’Israël est un crime de haine.

Nous éduquons les Juifs, mais aussi les autres, par le biais de partenariats, notamment avec des organisations chrétiennes évangéliques. Nous ne sommes pas toujours d’accord avec ces organisations, mais nous nous associons à elles parce que notre objectif commun est de sauver des vies. Vous ne pouvez pas éduquer quelqu’un avec qui vous n’êtes pas d’accord si vous refusez de lui parler.

Nous nous efforçons encore plus que par le passé à faire pression dans les couloirs du Congrès pour tenter d’étouffer dans l’œuf les projets de loi [qui autoriseraient les discours de haine] afin qu’ils ne soient pas soumis au vote.

Enfin, nous pouvons compter sur un groupe d’anciennes présidentes nationales qui se sont portées volontaires pour parcourir le pays et expliquer qu’on ne peut pas cacher l’antisémitisme et l’antisionisme, et qu’on ne peut pas dire qu’ils ne sont pas liés, parce qu’ils le sont.

Une chambre de patient dans le nouveau centre de réhabilitation Gandel à Hadassah Mt. Scopus, janvier 2024. (Crédit : Hôpital Hadassah)

Vous avez visité le centre de rééducation ultramoderne qui vient d’ouvrir ses portes à l’hôpital Hadassah sur le mont Scopus. Les deux premiers étages ont été ouverts avant la date prévue pour accueillir les blessés de guerre.

Le bâtiment devait être achevé plus tard dans l’année, mais lorsque nous avons entendu des informations sur le nombre de personnes qui auraient besoin d’une rééducation en hôpital et en ambulatoire, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait accélérer les travaux. Le bâtiment est extraordinaire et dispose de tous les équipements les plus récents, dont la plupart sont conçus pour donner aux patients le plus d’indépendance possible.

Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos hôpitaux, nos villages de jeunes et le gouvernement israélien afin d’établir des priorités et de concentrer nos efforts de collecte de fonds. Depuis le début de la guerre, nous avons donné la priorité à l’achèvement de la construction du centre de rééducation et à l’augmentation des services psychosociaux pour les évacués du nord et du sud, mais aussi pour tous les Israéliens.

Nous avons organisé un événement à Miami en décembre, au cours duquel nous avons parlé de la nécessité urgente d’achever le centre de rééducation, et les gens ont répondu à l’appel en faisant de gros chèques. Notre appel d’urgence lancé immédiatement après le 7 octobre a permis de récolter environ 16 millions de dollars auprès de plus de 10 000 donateurs, dont la moitié environ ne sont pas membres de Hadassah.

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