SUD-LIBAN – Sous le couvert de l’obscurité et d’une sécurité stricte, l’armée israélienne a conduit en début de semaine le Times of Israel et d’autres journalistes d’un poste militaire près de Kiryat Shmona au sud-Liban.
Voyageant dans un convoi de humvees (M998 High mobility multipurpose wheeled vehicles) à toit ouvert, nous avons été emmenés dans un village situé à plusieurs kilomètres de la frontière, où le Hezbollah avait construit une base militaire souterraine massive qui, selon Tsahal, devait être utilisée par le groupe terroriste chiite libanais dans le cadre d’une invasion planifiée d’Israël.
La presse a reçu l’ordre de mettre les téléphones en mode avion, de ne pas allumer les écrans pendant le trajet et d’être aussi silencieux que possible, par crainte que des terroristes du Hezbollah ne nous repèrent et ne lancent des missiles antichars sur le convoi pendant le trajet en territoire ennemi.
Les humvees ont éteint leurs phares à l’approche de la frontière et, après l’avoir franchie, les soldats ont enclenché leurs armes.
Des bruits intermittents de tirs et d’explosions d’artillerie ont été entendus autour de nous alors que nous roulions sur un chemin de terre, les humvees soulevant de la poussière. Les soldats en tête du convoi utilisaient un système de vision nocturne pour se frayer un chemin dans l’obscurité totale.
En arrivant au village, que l’armée nous a demandé de ne pas nommer dans notre article, et avec seulement la lumière de la lune pour éclairer notre chemin, les soldats nous ont conduits dans la cour d’une maison. Là, à côté d’un arbre, il y avait un trou dans le sol.

Un petit saut en contrebas et nous voilà face à un long escalier qui descend sur plusieurs dizaines de mètres. De là, les soldats nous ont indiqué le bon chemin, nous menant au couloir principal du réseau de tunnels.
Mais le fait d’appeler ces passages des tunnels ne permet pas de saisir l’ampleur du réseau souterrain.

Au total, le site souterrain – creusé dans une montagne – s’étend sur environ 2 kilomètres. Il atteint des profondeurs d’environ 40 mètres à certains endroits, et les couloirs eux-mêmes font plus de deux mètres de haut. Il s’agit en réalité du plus grand tunnel découvert par l’armée dans le sud du Liban à ce jour.
Le site du Hezbollah éclipse même les tunnels les plus impressionnants du groupe terroriste palestinien du Hamas découverts dans la bande de Gaza. Ces derniers sont beaucoup plus claustrophobes, avec de nombreux tunnels où il faut se baisser et même ramper dans certaines zones, qui disposent d’un système de ventilation limitée.
Il ne s’agit pas d’un « tunnel », mais d’un site de combat souterrain, extrêmement conséquent, que l’ennemi a construit pendant des années en vue d’une invasion d’Israël – nous estimons que les villes du nord étaient visées », a déclaré le général de brigade Guy Levy, commandant de la 98e division, lors d’une visite du complexe.
L’armée estime que les tunnels ont été construits par le Hezbollah au cours des 15 dernières années.

Tsahal estime que le site souterrain était destiné par le Hezbollah à servir de terrain de rassemblement, où des centaines de terroristes arriveraient lorsqu’on les appellerait, rassembleraient du matériel et se prépareraient à attaquer les villes israéliennes. Les plans d’invasion du groupe terroriste chiite libanais ne se sont jamais concrétisés.
En cas de combat, les terroristes du Hezbollah auraient également pu résider sur le site pendant de longues périodes. Les officiers auraient également pu l’utiliser à des fins de commandement et de contrôle, selon l’armée israélienne.

Selon le général Levy, le réseau de tunnels était suffisamment grand pour accueillir des centaines de terroristes du Hezbollah, éléments de la force dite d’élite Radwan du groupe terroriste, afin de préparer une attaque contre Israël – bien que seule une poignée d’entre eux s’y trouvaient lorsque l’armée est arrivée.

Le tunnel comportait plusieurs issues de secours, qui étaient normalement dissimulées en surface. Si les terroristes de la force Radwan décidaient de lancer un assaut, ils pourraient quitter le tunnel par les différentes sorties qui mènent à des zones ouvertes dans le village libanais et, de là, se diriger vers la frontière israélienne, selon Tsahal.

Alors que nous marchions dans les passages souterrains, on pouvait entendre des bruits sourds provenant des frappes aériennes israéliennes et des tirs de roquettes du Hezbollah.
Le long des larges couloirs du site souterrain se trouvaient des portes menant à des dizaines de pièces, dont une armurerie, un entrepôt de nourriture, des quartiers d’habitation, des douches, des salles de groupes électrogènes et des cuisines. Les journalistes ont pu visiter quelques centaines de mètres du tunnel, les autres sections n’ayant pas été jugées suffisamment sûres au moment de la visite.

Dans l’une des pièces, des dizaines d’armes étaient stockées, notamment des fusils d’assaut AK-47, des engins explosifs, des RPG ((lance-roquettes individuels) et des lanceurs, des fusils de sniper et des missiles guidés antichars et des rampes de lancement de missiles. À côté des armes se trouvaient des piles de conserves, allant de la pâte à tartiner au chocolat aux olives marinées en passant par de la halva.

« Tout ici est prêt avant l’action qu’ils prévoyaient de mener en Israël. C’est un entrepôt prêt pour le jour où l’ordre sera donné », a déclaré le commandant du 890e bataillon de la brigade des parachutistes, le lieutenant-colonel Yoni Hacohen, qui a participé au raid sur le complexe de tunnels.
Le commandant a déclaré que la capture du site « stratégique » était une « énorme victoire » pour ses troupes.

Certaines des pièces dans lesquelles les journalistes ont pu pénétrer ressemblaient à des galeries ou à des halls, avec des plafonds hauts d’environ quatre mètres, assez grands pour que plus de 100 personnes puissent y séjourner confortablement.
« Comme vous pouvez le voir, c’est une grande pièce, dotée d’électricité, des emplacements pour des casiers, des matelas, tout ce qui est nécessaire pour y résider. Dans le couloir, il y a des toilettes et des douches. Tout ce qu’il faut pour qu’une compagnie Radwan ennemie puisse se préparer, résider ici et partir à l’assaut d’Israël », a déclaré Hacohen.

Alors que nous traversions le couloir principal du tunnel, des officiers nous ont conseillé de faire attention où nous mettions les pieds, car le Hezbollah avait laissé des armes éparpillées sur le sol. « Ne touchez pas, ne marchez pas, ne jouez pas, ne faites rien », nous a indiqué le commandant du bataillon.
Des grenades, des fusils d’assaut, des RPG et des mines jonchaient le sol. Dans l’une des pièces, un fusil de type AK et une grenade avaient été laissés sur un lit.

Plusieurs jours avant l’arrivée des journalistes sur le site, les troupes de la brigade des parachutistes, avec le soutien des forces de chars et du Corps du Génie Militaire, ont investi le village situé au-dessus du réseau et ont cherché les entrées qui y mènent.
Le général Levy a déclaré que l’armée disposait de renseignements préalables concernant le site souterrain et certaines des entrées, et que ses troupes avaient pu l’atteindre rapidement au cours du raid.

Pendant environ 48 heures, les troupes ont combattu les terroristes du Hezbollah autour du village, y compris une cellule stationnée à l’entrée principale du réseau de tunnels qui, selon l’armée, était responsable de la surveillance du site souterrain.
Une autre cellule de quatre terroristes du Hezbollah a été éliminée par les troupes dans un autre tunnel plus petit du village.
Après que les soldats ont pénétré dans les passages, enlevé les pièges – y compris une mine de type claymore placée au plafond de l’un des couloirs – et franchi les lourdes portes anti-explosion du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, le site a été cartographié par le Corps du Génie Militaire, avant sa démolition prévue.
« Nous sommes venus ici avec des renseignements. Il s’agit d’une cible majeure, parmi de nombreuses autres cibles contre lesquelles la division a mené des opérations et qu’elle a détruites ces derniers jours », a déclaré Levy.

« Nous resterons ici jusqu’à ce que le site soit complètement détruit et qu’il ne constitue plus une menace pour les habitants du nord », a ajouté le général.
« Ils ne pourront plus lancer d’attaque sur nos villes à partir d’ici. »
Samedi matin, la base souterraine a été dynamitée à l’aide de 400 tonnes d’explosifs.
L’explosion souterraine a été si massive qu’elle a été enregistrée comme un tremblement de terre par l’application du Commandement du Front intérieur, déclenchant des sirènes d’alerte dans tout le nord d’Israël.