Israël en guerre - Jour 363

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Tsahal : le Hezbollah prévoyait d’utiliser le sud du Liban comme « base de départ pour une invasion du type 7 octobre »

L'armée a révélé que 3 000 terroristes étaient prêts à prendre d'assaut la Galilée ; les frappes les ont repoussés ; les commandos ont ensuite effectué 70 incursions au Liban pour saisir des armes, raser des sites et des tunnels.

L’armée israélienne a révélé mardi qu’avant même de lancer officiellement des opérations terrestres dans le sud du Liban, dans la matinée, les troupes avaient mené des dizaines de raids transfrontaliers secrets au cours de toute la guerre actuelle, détruisant de nombreuses positions, tunnels et autres sites du Hezbollah. Tsahal a aussi fait savoir que quelques jours après le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, des milliers de terroristes avaient été positionnés à proximité de la frontière libanaise dans le but de prendre d’assaut la Galilée, et de s’y livrer à un carnage similaire.

Les militaires avaient informé les journalistes de ces nouvelles informations avant que le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, ne prenne part à un point-presse en hébreu et en anglais – présentant des images et des cartes du plan d’invasion déjoué et expliquant les missions commando secrètes qui ont été effectuées ultérieurement dans le sud du Liban et qui ont contribué à l’opération militaire visant à éliminer la menace immédiate et à repousser le Hezbollah à distance de la frontière.

L’armée a indiqué que les forces spéciales ont depuis mené plus de 70 raids de petite envergure, détruisant de nombreuses positions du Hezbollah, des tunnels et des milliers d’armements qui auraient pu être potentiellement utilisés dans le plan d’invasion ourdi par le groupe.

Selon Tsahal, les troupes qui ont effectué les raids, au cours des derniers mois, se sont discrètement rendues sur un millier de sites du Hezbollah dans le sud du Liban – dont certains se trouvent à plusieurs kilomètres de la clôture frontalière – mettant notamment la main sur des tunnels et sur des bunkers où l’organisation avait entreposé des armes. Les soldats ont précisé que les sites étaient situés à l’intérieur de villages libanais et dans des zones forestières.

Ces raids ont commencé dès le début de la guerre opposant Israël et le Hamas à Gaza, après que Tsahal a annoncé avoir réussi à repousser les force d’élite Radwan du Hezbollah de la zone frontalière – permettant ainsi aux commandos israéliens d’entrer sur le territoire libanais presque sans être détectés. Il n’y a pas eu d’affrontements directs avec des hommes armés du Hezbollah lors de ces opérations.

Selon les évaluations des militaires, quelque 2 400 terroristes des forces Radwan et 500 terroristes palestiniens du Jihad islamique – entraînés par l’unité d’élite Radwan – attendaient, dans des villages du Sud-Liban, d’attaquer Israël dans les jours qui ont suivi l’invasion massive de milliers de terroristes du Hamas en provenance de Gaza, le 7 octobre 2023. En cette matinée de Shabbat noir, les hommes armés avaient perpétré un pogrom dans le sud d’Israël, massacrant près de 1200 personnes et kidnappant 251 personnes, qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière. Ils s’étaient livrés à des atrocités et ils avaient commis des violences sexuelles à grande échelle.

Au cours de son point-presse, Hagari a montré une carte illustrant le « plan d’occupation de la Galilée » préparé par le Hezbollah.

Une carte trouvée par l’armée israélienne au Liban, montrant un plan du Hezbollah pour sa portant sur une invasion massive du nord d’Israël, dans une photo publiée par Tsahal en date du 1er octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Le Commandement du Nord, anticipant une invasion en provenance du Liban, a alors renforcé ses défenses. Au cours des semaines suivantes, il a mené de nombreuses frappes prenant pour cible des terroristes et des sites du Hezbollah situés le long de la frontière, obligeant les milliers d’hommes formant les forces Radwan à se replier de plusieurs kilomètres.

Les raids menés par la suite par les commandos de Tsahal – y-compris par les soldats des unités de génie – ont parfois duré trois ou quatre jours, selon l’armée. Au total, 200 nuits d’opérations ont été menées.

Hagari a expliqué que des dizaines de tunnels destinés à être utilisés pendant le plan d’invasion ont été détruits, notant toutefois qu’aucun d’entre eux ne pénétrait sur le territoire israélien.

Un tunnel du Hezbollah au Liban fouillé par l’armée israélienne, ces derniers mois, sur une photo publiée par Tsahal, le 1er octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Nos soldats sont entrés dans les infrastructures souterraines du Hezbollah ; ils y ont trouvé les caches d’armes du Hezbollah et ils ont saisi et détruit ces armements – y- compris des armes avancées qui étaient de fabrication iranienne », a dit Hagari qui a ajouté : « Il y a encore beaucoup de travail à effectuer ».

Le porte-parole a déclaré que « le Hezbollah a construit, préparé et équipé ces infrastructures pendant de nombreuses années, prévoyant le jour où il lancerait une invasion dans le nord d’Israël », dans le cadre d’un plan similaire à celui du pogrom du 7 octobre.

L’armée a montré aux journalistes des dizaines d’armes qui ont été récupérées par les commandos dans les tunnels et dans les bunkers du Hezbollah, avec notamment des fusils d’assaut, des mitrailleuses, des RPG, des missiles antichars, des explosifs, des mines, des mortiers et des équipements tels que des talkies-walkies – certains étaient du même modèle que les appareils de communication du groupe terroriste qui ont explosé le mois dernier lors d’une opération qui a été largement attribuée à Israël. Les talkies-walkies que l’armée a présentés à la presse, mardi, n’avaient pas explosé.

Des armes et des matériels du Hezbollah récupérés par l’armée au Liban au cours des derniers mois et présentés par le Commandement Nord à Safed, le 1er octobre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

S’adressant aux journalistes depuis l’endroit où les armements capturés par les forces israéliennes étaient présentés aux journalistes, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que « tout ce que vous voyez ici – armes, missiles, explosifs, RPG – ce sont des armes qui ont été découvertes par les soldats et qui devaient servir aux forces Radwan, qui prévoyaient d’attaquer des citoyens israéliens, de les tuer et de les kidnapper ».

Les responsables militaires ont déclaré que les armes récupérées représentaient moins d’un pour cent de ce qui avait été trouvé dans les différents sites du Hezbollah. En pratique, il était difficile pour les soldats de transporter des dizaines d’armes lourdes pour les ramener en Israël en parcourant un terrain accidenté – un défi qui a été néanmoins relevé par certains d’entre eux.

Des armes et des matériels du Hezbollah récupérés par l’armée au Liban au cours des derniers mois, une photo diffusée le 1er octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

L’armée israélienne a déclaré que si ses opérations commando avaient été couronnées de succès, elles n’étaient pas encore suffisantes pour atteindre le nouvel objectif de guerre que s’est fixé Israël – permettre à des dizaines de milliers de résidents déplacés du nord d’Israël de rentrer chez eux en toute sécurité.

C’est pourquoi les militaires ont lancé « des raids limités, localisés et ciblés », ont-ils expliqué, au Sud-Liban – des opérations menées par une division entière, dans le but de démolir les infrastructure du Hezbollah dans la zone frontalière.

L’opération a en grande partie les mêmes objectifs que les raids commando – mais l’armée peut désormais être moins silencieuse dans ses activités, en détruisant des réseaux de tunnels et d’autres sites qui ne pouvaient pas être démolis par des équipes de plus petite taille soucieuses d’effectuer des missions en toute discrétion.

Auparavant, les avions de chasse frappaient les sites du Hezbollah depuis les airs après le retrait des troupes.

Des responsables militaires ont indiqué que Tsahal prévoyait de renforcer ses défenses et ses opérations de surveillance à la frontière après le raid terrestre contre le groupe terroriste, et que les soldats tenaient à s’assurer que le Hezbollah ne reviendrait pas dans le secteur.

Des véhicules blindés israéliens dans une zone de rassemblement dans le nord d’Israël, près de la frontière israélo-libanaise, le 1er octobre 2024. (Crédit : AP/Baz Ratner)

Les militaires ne vont pas à Beyrouth

Lors de son point-presse, Hagari, le porte-parole militaire, a déclaré que les troupes israéliennes n’entreraient pas à Beyrouth ou dans les principales villes du Liban, ajoutant que l’opération terrestre serait aussi brève que possible.

S’exprimant en anglais après un briefing similaire en hébreu devant les journalistes, Hagari a déclaré que les forces israéliennes « n’iront pas à Beyrouth. Nous n’allons pas dans les villes du sud du Liban. Nous nous concentrons sur le secteur où se trouvent ces villages, sur la zone proche de notre frontière. Nous ferons dans cette zone tout ce qui est nécessaire pour démanteler et pour détruire les infrastructures du Hezbollah ».

Interrogé sur la durée probable des opérations terrestres, Hagari a répondu que « je ne révélerai rien à l’ennemi, mais nous allons aussi vite que possible, quelques jours, quelques semaines… Nous ferons ce qu’il faut ».

Hagari a ajouté que l’armée était passée à l’action « pour permettre aux 60 000 Israéliens [déplacés] de rentrer chez eux en toute sécurité dans le nord d’Israël ».

Des armes et des matériels du Hezbollah récupérés par l’armée au Liban au cours des derniers mois, une photo diffusée le 1er octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

L’armée a ultérieurement annoncé qu’à la suite d’une évaluation, elle allait faire appel à quatre brigades de réservistes ainsi qu’à d’autres forces pour participer aux opérations en cours sur le front nord. Une brigade israélienne est généralement composée de plusieurs milliers de soldats.

L’armée a déclaré que l’appel lancé à des réservistes supplémentaires « permettra de poursuivre la lutte contre l’organisation terroriste du Hezbollah ».

Tsahal estime que ses récentes frappes majeures sur le Hezbollah – qui ont entraîné la mort de l’ensemble de ses dirigeants – sont susceptibles d’entraîner un changement dans l’équilibre du pouvoir au Liban, le gouvernement reprenant le contrôle de certaines régions du pays, en particulier le sud, des mains du groupe soutenu par l’Iran.

Des armes et des matériels du Hezbollah récupérés par l’armée au Liban au cours des derniers mois et présentés par le Commandement Nord à Safed, le 1er octobre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

Toutefois, l’armée israélienne estime également que le Hezbollah est toujours en possession de capacités en matière de de tir de roquettes et de missiles – comme l’a montré le tir de barrage qui a pris pour cible le centre d’Israël, mardi matin, et qui a fait deux blessés. Les responsables militaires ont déclaré que l’armée n’avait pas pour objectif de « vider l’océan » et de détruire jusqu’à la dernière roquette de l’organisation – mais qu’elle s’efforcerait de désarmer le groupe terroriste autant que possible.

« Nous élargissons l’opération militaire dans le sud du Liban », a commenté Gallant, le ministre de la Défense, devant la presse. « Nous éliminons l’organisation du Hezbollah dans le sud du Liban et nous coupons son bras, les forces de l’unité Radwan, tout au long de la ligne de contact ».

« Ce que nous allons faire ici, c’est concrétiser une bonne fois pour toute la perspective du retour des habitants du nord dans leurs foyers en toute sécurité », a-t-il promis. « Nous changeons la situation en matière de sécurité et ce, de A à Z ».

Le ministre de la Défense Yoav Gallant, au centre, regarde les armes capturées par les soldats israéliens au Liban dans une photo publiée le 1er octobre 2024. (Crédit : Shahar Yurman)

Depuis le 8 octobre, les forces dirigées par le Hezbollah attaquent presque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires situés le long de la frontière, le groupe affirmant que ses frappes viennent en soutien à la population de Gaza, dans le cadre de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas.

Jusqu’à présent, les hostilités ont causé la mort de 26 civils du côté israélien, ainsi que celle de 22 soldats et réservistes. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie. Elles n’ont pas fait de blessé.

Avant l’escalade des deux dernières semaines, le Hezbollah avait fait savoir que 516 de ses membres avaient été tués par Israël pendant les affrontements – principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Quatre-vingt-douze agents d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et des dizaines de civils ont également été tués.

Le ministère libanais de la Santé indique que plus de 1 000 Libanais ont été tués et 6 000 personnes ont été blessées au cours de ces quinze derniers jours. Il n’a pas précisé le nombre de civils. Israël a fait savoir que de nombreux agents du Hezbollah figuraient parmi les défunts. Un million de personnes, soit un cinquième de la population, ont fui leur domicile, selon le gouvernement.

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