Malgré la guerre en cours à Gaza, Samer Sinijlawi rayonne d’un optimisme pragmatique rarement vu chez les Israéliens ou les Palestiniens depuis l’époque des accords d’Oslo, vers le milieu des années 1990. Contrairement à beaucoup qui considèrent l’espoir de cette époque comme naïf, Sinijlawi regarde en arrière avec un brin de nostalgie.
« À mon avis, cette période représentait mieux les Israéliens et les Palestiniens que la période actuelle », a-t-il déclaré dans une récente interview accordée au Times of Israel.
Âgé de 52 ans, ce natif de Jérusalem a passé les trente dernières années à militer politiquement et à tenter de jeter des ponts entre les deux parties au conflit. Il n’est cependant pas né pacifiste.
Il a rejoint le mouvement palestinien du Fatah à l’âge de 14 ans, pendant la première Intifada, et a été condamné un an plus tard par Israël à cinq ans de prison pour des actes de violence commis pendant le soulèvement meurtrier. Comme de nombreux responsables politiques palestiniens, il a appris l’hébreu pendant son incarcération dans une prison israélienne.
A sa libération, il a été nommé Secrétaire international du mouvement de jeunesse du Fatah, fonction qui l’a mis en contact avec des représentants des mouvements de jeunesse israéliens. Il a d’abord rencontré des jeunes du parti de gauche Avoda à Ramallah, Jérusalem et Tel Aviv, et plus tard des jeunes du parti de droite le Likud, qui ne sont pas venus à Ramallah, mais avec lesquels des rencontres ont été organisées à Tel Aviv, à Chypre et aux États-Unis.
Depuis cette période d’ouverture rare entre les deux adversaires idéologiques, il s’efforce d’aider chaque partie à comprendre le conflit à travers les yeux de l’autre.
« La plupart des Palestiniens voient ce conflit à travers les yeux des Palestiniens. La plupart des Israéliens voient ce conflit à travers les yeux des Israéliens. Cela ne nous mènera nulle part », a-t-il déclaré.
Se présentant comme un analyste politique, Sinijlawi est un visage familier des médias israéliens. Il a également rédigé des articles d’opinion pour des publications telles que le New York Times et participe régulièrement à des groupes de travail universitaires, où il défend la voix du mouvement palestinien pragmatique en faveur de la paix dans le débat israélien.
Mais surtout, Sinijlawi a tenu des réunions privées en tête-à-tête avec des hauts représentants de la Knesset, de la coalition au pouvoir et de l’opposition, y compris des chefs de parti.
« Je plaisante parfois avec les Israéliens en disant que je les connais mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes, parce que je parle à tout le monde, à la gauche, au centre, à la droite. Ils ne se parlent pas entre eux », plaisante-t-il.
Bien qu’il ait insisté pour que les noms de ses interlocuteurs à la Knesset ne soient pas révélés, il a montré à ce journaliste, à l’aide de son téléphone, une série d’au moins une douzaine de photos de ses rencontres avec des législateurs israéliens de tous horizons politiques, y compris des personnalités que l’on ne s’attendrait normalement pas à voir discuter avec un représentant palestinien.
« J’ai réussi à rencontrer 90 % des personnes que j’avais demandé à voir », a-t-il déclaré. « La plupart des Israéliens sont prêts à parler à un Palestinien qui frappe à leur porte. Je n’ai pas rencontré de problème particulier. »
« La première rencontre est toujours tendue, brève et froide. Mais la deuxième rencontre commence à être plus détendue. À la troisième rencontre, vous commencez à voir un certain type de relation personnelle, et cela ouvre des portes. »
Le fait que Sinijlawi soit connu comme un proche collaborateur de Mohammad Dahlane est probablement un facteur qui joue en sa faveur et lui ouvre de nombreuses portes auprès des membres de la Knesset. L’ancien chef de la sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) à Gaza a lutté d’une main de fer contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza après les accords d’Oslo et a été chassé par le groupe terroriste en même temps que de nombreux dirigeants du Fatah. Grand rival du président de l’AP Mahmoud Abbas, Dahlane a été expulsé du Fatah en 2011.
Il vit aujourd’hui à Abou Dhabi, où il a été l’un des principaux conseillers du président des Émirats arabes unis, Mohamed Bin Zayed. Il a nié toute allégation laissant entendre qu’il assumerait un rôle de dirigeant dans la bande de Gaza d’après-guerre, mais nombreux sont ceux qui pensent qu’il participera aux efforts de reconstruction grâce à ses liens étroits avec les dirigeants des pays du Golfe riches en pétrole.
Pour Sinijlawi, son approche ouvre la voie à un nouveau type de diplomatie qui pourrait contribuer à résoudre l’impasse dans laquelle se trouvent depuis longtemps les négociations directes en vue d’une solution à deux États.
« Si mon expérience individuelle peut être convertie en une stratégie officielle de rapprochement, si les élites politiques palestiniennes s’engagent à tisser des liens d’amitié avec les élites politiques israéliennes, mon succès personnel deviendra un succès national », a-t-il expliqué.
Jusqu’à présent, sa stratégie de contact direct n’a pas rencontré d’enthousiasme débordant ni d’un côté ni de l’autre. Mais il reste persuadé qu’elle fonctionnera un jour au plus haut niveau de l’État.
« Si je devais conseiller un président palestinien le jour de sa prestation de serment, je lui dirais de faire du Premier ministre israélien son meilleur ami. Tendez-lui la main, passez du temps avec lui. Apprenez à connaître sa famille. Les choses seront beaucoup plus faciles une fois que vous aurez créé cette alchimie. C’est ainsi que vous pourrez résoudre les problèmes les plus difficiles », a-t-il expliqué.
« Si les choses s’étaient passées ainsi le matin du 7 octobre, le président de l’AP se serait immédiatement rendu en voiture à Jérusalem, il aurait frappé à la porte du Premier ministre israélien sans tenir compte du protocole, lui aurait présenté ses condoléances et aurait condamné les actes commis par le Hamas. Il aurait ensuite pu lui dire : ‘Ne faites rien. Réfléchissons ensemble à la manière de résoudre cette crise. Mettons en place une coalition internationale pour résoudre ce problème’. Nous serions alors dans une situation très différente aujourd’hui. »
L’entretien ci-dessous a été modifié pour plus de clarté.
Times of Israel : Pourquoi le président de l’AP Mahmoud Abbas n’a-t-il pas officiellement condamné les atrocités du 7 octobre ?
Samer Sinijlawi : Parce qu’il est stupide.
Pourquoi aucun autre dirigeant palestinien ne l’a-t-il fait ?
Pourquoi aucun dirigeant israélien n’a-t-il condamné les milliers d’enfants tués à Gaza ? Parce que les deux parties sont stupides. Ils n’ont ni le courage, ni l’esprit d’initiative.
La stratégie actuellement poursuivie par les dirigeants palestiniens ne semble pas consister à établir des liens avec des responsables israéliens. L’AP semble plutôt chercher à mettre Israël en porte-à-faux sur la scène internationale en exerçant des pressions diplomatiques. Que pensez-vous de la reconnaissance de l’État de Palestine par trois pays européens, récemment entrée en vigueur ?
Cela fait partie de notre stratégie vouée à l’échec pour les Palestiniens. Je doute que continuer à marquer des points à l’Assemblée générale des Nations unies soit efficace. C’est symbolique. C’est important. Mais cela résoudra-t-il le problème ? Je n’en suis pas certain.
Je préfère consacrer mes efforts à essayer de faire en sorte qu’Israël nous reconnaisse.
Je préfère consacrer mes efforts à faire en sorte qu’Israël nous reconnaisse. Il est utile d’avoir des relations amicales avec tous les autres pays ; nous demandons parfois de l’aide à Washington ou à Londres. Mais nous devons adopter une stratégie qui nous permette de convaincre directement les Israéliens, de parler à leur cœur et à leur esprit.
Nous ne voulons pas continuer à utiliser notre stratégie défaillante qui consiste à dépendre des autres pour faire pression sur eux. Pourquoi dois-je parcourir 10 000 kilomètres pour me rendre à Washington alors que les Israéliens sont à 10 kilomètres de moi ? Pour nous, la percée ne passera jamais par Washington, mais par Tel Aviv.
Les sociétés israélienne et palestinienne sont modérées par nature, mais dans les deux cas, le courant dominant n’a pas été en mesure de bloquer les extrémistes, qui en sont venus à dominer la scène. Les deux parties doivent revenir à la modération.
L’un des camps pourrait lancer le processus et entraîner l’autre dans son sillage. Je pense qu’il est de notre responsabilité, en tant que Palestiniens, de faire le premier pas, car nous ressentons une plus grande urgence que les Israéliens à sortir de ce conflit.
Les Israéliens ressentent certainement l’impact du conflit, ils doivent aller à l’armée et accomplir leur devoir de réserve, ils ne se sentent pas en sécurité et leur économie en souffre. Cela affecte leur vie, mais ils peuvent continuer à voyager, à profiter de la vie et à se sentir libres. Ils vivent dans un système démocratique qui garantit leurs droits, du moins ceux des Juifs.
Pour nous, Palestiniens, c’est une autre histoire. Le conflit affecte 100 % de nos vies.
Pensez-vous que les Palestiniens ont aujourd’hui un partenaire pour la paix en Israël ?
Je pense que les obstacles psychologiques auxquels nous sommes confrontés lorsque nous essayons de parler aux Israéliens sont doubles. Tout d’abord, les extrémistes sont en train de miner leur esprit. Les dirigeants actuels, sous la houlette de Netanyahu, veulent éloigner les Israéliens de la possibilité d’une séparation d’avec les Palestiniens et d’une solution à deux États.
Mais les Israéliens nourrissent aussi des craintes en leur for intérieur. Notre objectif national, en tant que Palestiniens, ne devrait pas être de vaincre les Israéliens, mais de vaincre la peur qui les habite. Si nous pouvons les libérer de cette peur, si nous pouvons les convaincre que nous sommes capables de coexister. Une fois qu’ils auront vraiment le sentiment que toute entité palestinienne qui verra le jour sera le meilleur allié d’Israël, à la fois en tant que société et en tant qu’État, notre objectif sera atteint. Je dirais donc que notre meilleur partenaire potentiel pour la paix en Israël est le peuple.
Mais cette peur qui habite les Israéliens n’est pas venue de nulle part. Ils sont assassinés dans des attentats terroristes. Les incitations à la haine contre Israël qui imprègnent la société palestinienne et que l’on retrouve dans les manuels scolaires en particulier, sont connues. Peut-on faire changer les Palestiniens en partisans de la paix ?
Je pense que, et les Israéliens et les Palestiniens pourraient être amenés à se réconcilier plus facilement et plus rapidement qu’on ne le pense.
Je vais vous donner un exemple personnel. Adolescent, j’ai lancé des pierres dans les rues de ma ville parce que je voulais « libérer la Palestine du fleuve à la mer ». J’ai été mis en prison. Trois mois plus tard, en avril 1988, Arafat, originaire d’Algérie, a annoncé la Déclaration d’indépendance de la Palestine pour l’établissement d’un État palestinien le long des frontières de 1967, sur 22 % du territoire.
Moi et les autres détenus de ma section, tous des mineurs, avons sauté de joie en entendant la nouvelle. Nous avons immédiatement abandonné le slogan « du fleuve à la mer » pour adopter celui d’une « solution à deux États ».
Si un dirigeant se présente aujourd’hui aux Palestiniens avec un plan concret, et si les gens sentent qu’il y a de l’espoir, ils suivront.
Je vais vous donner un autre exemple. Après l’attaque surprise de Yom Kippour en octobre 1973, les Israéliens sont devenus méfiants et haineux à l’égard des Égyptiens. L’Égypte est devenue l’ennemi. Puis, en 1977, le président [Anouar] Sadate est venu prononcer un discours à la Knesset et, du jour au lendemain, il a transformé l’opinion publique israélienne. Après cela, Israël était prêt à payer le prix de la paix avec l’Égypte et à restituer le Sinaï. Ne restons pas prisonniers de l’opinion publique actuelle.
Mais qu’en est-il de l’incitation à la violence dans les manuels scolaires et les médias palestiniens ?
Je suis d’accord avec vous. Nous devons revoir les deux systèmes éducatifs car, malheureusement, les deux parties nourrissent leurs enfants d’incitations à la haine. C’est peut-être plus évident dans le programme palestinien que dans le programme israélien. Mais vous constaterez peut-être qu’elle domine les discussions en classe du côté israélien. C’est comme ça. Nos enfants sont élevés de part et d’autre pour être les ennemis les uns des autres. Nous devons y mettre un terme.
Nous devons également améliorer la situation dans les médias. Les médias palestiniens parlent toujours des mauvais côtés des Israéliens, mais ne les invitent jamais à s’exprimer. Les médias israéliens invitent rarement les Palestiniens et ne montrent que leur côté négatif. Il n’y a aucune raison pour qu’il en soit ainsi, si ce n’est que cela améliore l’audimat. Cela permet à chacun de rester dans sa zone de confort.
Nos enfants sont élevés par les deux camps pour devenir les ennemis les uns des autres. Nous devons mettre un terme à cette situation
Les médias doivent être réformés. Chaque camp doit montrer les bons côtés de l’autre, et ça ne manque pas. Cela permettra d’instaurer la confiance, d’améliorer les systèmes éducatifs et de créer des dirigeants qui parlent un langage différent.
En fin de compte, nous voulons créer une nouvelle dynamique, construire un mécanisme qui, chaque jour, donne aux Israéliens un plus grand sentiment de sécurité et aux Palestiniens un plus grand sentiment de soulagement.
Qu’entendez-vous par « soulagement » ?
Il faut libérer les Palestiniens de leur sentiment d’humiliation. Il faut garantir aux Palestiniens le respect de leur dignité humaine. La dignité humaine est une valeur qui a été apportée à l’humanité par le judaïsme. Le caractère sacré de la vie est également une valeur juive. Nous l’avons aussi dans notre religion [l’islam]. Mais malheureusement, au nom de la religion, nous nous entretuons comme s’il s’agissait d’une mission sacrée.
Passons maintenant à Ramallah. Que se passe-t-il au sein de l’AP ? Se prépare-t-on à prendre le contrôle de Gaza ? Est-ce à cela que Mahmoud Abbas et son entourage pensent en ce moment ?
Je considère Abou Mazen [nom de guerre du Président de l’AP, Mahmoud Abbas] comme totalement déconnecté de la réalité. Il est sur la touche, incapable de produire des idées ou des plans susceptibles d’avoir un impact. Il tient les Palestiniens en otage depuis 19 ans et n’a pu réaliser aucun progrès. Il a traité avec neuf Premiers ministres israéliens différents et six Présidents américains différents, et il a échoué avec chacun d’entre eux. Pourquoi ? Cela prouve qu’il y a quelque chose qui ne va pas, et je ne pense pas que cela soit dû à ses intentions.
Je pense que le problème réside dans la manière dont il a choisi d’imposer son régime et de combattre ses concurrents. Aucun leader fort et intelligent ne peut s’élever à côté d’Abbas. Soit il se tait, soit il est expulsé. C’est ce qui s’est passé avec des personnalités comme [Mohammad] Dahlane, Nasser al-Qidwa et d’autres.
[Nasser al-Qidwa, neveu de l’ancien chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat, est un ancien diplomate de l’AP et un critique important d’Abbas qui a tenté d’établir une liste électorale de rupture et de défier le Fatah en 2021, après quoi il a été évincé du parti et vit aujourd’hui aux États-Unis].
Abbas est un lâche, il est faible. Il a détruit toutes nos institutions. Il a démantelé le parlement ; toutes les lois sont désormais promulguées par décret présidentiel. Il contrôle le pouvoir exécutif et l’appareil de sécurité, qui sert essentiellement à défendre son régime.
Alors pourquoi les Palestiniens ne se révoltent-ils pas contre lui ?
Ils ne peuvent pas se révolter car il y a 20 bataillons de Tsahal en Cisjordanie pour empêcher tout changement de régime du côté palestinien. Les responsables israéliens de la sécurité estiment qu’il est préférable de maintenir Abbas au pouvoir et de ne pas ébranler l’appareil de sécurité sous son commandement, qui possède de nombreuses armes et fournit des renseignements à Israël.
Ainsi, l’atout que Tsahal protège réellement n’est pas Abbas lui-même, mais plutôt son appareil de sécurité. Il s’agit d’une très mauvaise conception qui est vouée à l’échec. Elle s’apparente à la conception adoptée par l’establishment israélien pour contrôler la bande de Gaza, qui a abouti au désastre du 7 octobre.
Je crois en la coordination de la sécurité entre Israël et l’AP, mais elle doit aller dans les deux sens, ne pas se concentrer uniquement sur la protection de la vie des Israéliens – qui est importante. Mais nous devrions aussi nous préoccuper parallèlement de la sécurité des Palestiniens. Il faut éviter toute effusion de sang d’un côté comme de l’autre.
Comment fait-on pour se débarrasser de Mahmoud Abbas ? Vous attendez qu’il décède ?
C’est une question difficile. Les sondages montrent que près de 90 % des Palestiniens souhaitent son départ. Leur volonté devrait être respectée par tous ceux qui traitent avec Abbas, surtout après les propos tenus par le Président américain Joe Biden en novembre dernier sur la nécessité de revitaliser l’AP. Il doit cesser de parler et commencer à agir. Le monde devrait exiger de véritables réformes en contrepartie de l’aide financière accordée à l’AP.
Le monde devrait exiger de véritables réformes en contrepartie de l’aide financière accordée à l’Autorité palestinienne
Ce qu’Abbas a fait jusqu’à présent, ce sont des réformes esthétiques, mais il détient toujours tous les pouvoirs entre ses mains. Il a été élu pour un mandat de quatre ans qui s’est achevé en 2009, et depuis lors, il n’a jamais cherché à savoir si les gens lui faisaient vraiment confiance.
Passons maintenant à Gaza. Quel leadership envisagez-vous pour l’après-guerre ? Vous êtes en contact étroit avec Mohammad Dahlane. Quel rôle voyez-vous pour lui ?
La bande de Gaza est très hostile à Abbas. Et Israël ne veut pas non plus d’Abbas là-bas.
Mais un nouveau leadership palestinien est en train d’émerger, composé d’un groupe de personnes travaillant ensemble. Ceux-ci sont principalement des opposants à Abbas, tels que Mohammad Dahlane, Nasser al-Qidwa et, s’il est libéré, Marwan Barghouti.
[Barghouti est un dirigeant palestinien populaire considéré comme une figure fédératrice par les partisans du Fatah et du Hamas. Il a été arrêté par Israël en 2002 et purge cinq peines de prison à vie pour avoir planifié trois attentats terroristes qui ont tué cinq Israéliens pendant la Seconde Intifada.]
Ce type de travail de groupe est bon et sain pour nous, Palestiniens. Nous n’avons pas besoin d’un autre leader paternaliste comme Yasser Arafat ou Mahmoud Abbas. Nous avons besoin d’un système de gouvernance de groupe qui soit démocratique au plus haut niveau.
En ce qui concerne la gestion de Gaza après la guerre, des consultations devraient être menées pour former un organe politique chargé de l’administration et qui serait éventuellement affilié à l’AP, voire un organe technocratique.
Idéalement, toutes les forces palestiniennes devraient être consultées, y compris l’opposition au Fatah et ce qu’il reste du Hamas
Idéalement, toutes les forces palestiniennes devraient être consultées, y compris l’opposition au Fatah et ce qui reste du Hamas. Le Hamas ne peut pas siéger dans l’administration, mais il ne peut pas non plus disparaître de la société. Il faut donc le transformer en quelque chose de nouveau, un parti politique démilitarisé qui adhère à la solution à deux États.
La nouvelle entité dirigeante devrait être en mesure de relever de nombreux défis. Elle devra trouver des solutions pour les 2,3 millions de Gazaouis qui n’ont ni eau potable, ni nourriture, ni logement et qui continueront à vivre sous des tentes.
Et comment empêcher le Hamas de revenir sur le devant de la scène ? Parce qu’il sera très facile de recruter de nouveaux membres. Nous devons agir rapidement et relancer la reconstruction, car cela créera de l’emploi. Et qui dit emploi, dit meilleure situation économique et stabilité.
Lorsque les habitants de Gaza constateront que la destruction causée par le Hamas est remplacée par quelque chose de nouveau, ils ne penseront plus à se venger, mais à se développer, à utiliser leurs talents pour quelque chose de constructif.
La reconstruction devrait nécessiter au moins 70 à 80 milliards de dollars. La planification dépendra du montant que les donateurs sont prêts à verser. Si Gaza reçoit 100 milliards de dollars, elle peut prévoir, par exemple, d’améliorer les infrastructures côtières et de construire des sites touristiques.
L’armée israélienne devrait se retirer et un mécanisme de sécurité arabe devrait être conçu pour stabiliser Gaza et former les forces de sécurité palestiniennes. Chaque pays sera le bienvenu pour participer et contribuer, mais sans manipuler la situation ou imposer un agenda. On ne saurait donner l’exclusivité à un pays de dominer la scène à Gaza, comme cela a été le cas avec le Qatar.
Une fois que nous aurons mis en place un mécanisme de sécurité, nous pourrons ensuite convaincre les Israéliens que la situation est stable et peut-être ouvrir la bande de Gaza au monde. Nous comprenons bien sûr que les Israéliens ne veulent aucun lien avec la bande de Gaza. Les frontières entre la bande de Gaza et Israël peuvent rester scellées.
L’objectif ultime devrait être de faire de Gaza un meilleur endroit pour les Palestiniens, sans que cela ne constitue une menace pour la sécurité d’Israël.
Il appartient désormais aux acteurs régionaux de mettre un terme à un conflit qui ne profite à personne. Dans le passé, les pays arabes se contentaient de parler de la résolution du conflit, mais ils n’étaient pas sérieux. Aujourd’hui, ils sont sérieux. Ils veulent que le conflit prenne fin. Ils veulent intégrer Israël dans le Moyen-Orient.