Israël en guerre - Jour 537

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Illustration : Hope Kamer (à gauche), une membre de Urban Adamah, et Rae Graber, directrice d'une ferme, avec des produits cueillis. (Avec l'aimable autorisation de Urban Adamah)
Illustration : Hope Kamer (à gauche), une membre de Urban Adamah, et Rae Graber, directrice d'une ferme, avec des produits cueillis. (Avec l'aimable autorisation de Urban Adamah)

Climat : Un nouveau fonds pour guider la réponse juive à la plus grande menace de notre époque

Alors que Trump recule sur l’environnement et que l’engagement israélien vacille, le Jewish Climate Trust cherche à impliquer davantage de leaders civiques et religieux, et recueille déjà près de 18 millions de dollars en promesses de dons

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un fonds juif dont le lancement est prévu le mois prochain sera le premier du genre à se concentrer spécifiquement sur le climat, dans l’espoir d’engager davantage de leaders juifs dans la lutte contre le changement climatique et d’unir les communautés israéliennes et de la diaspora pour envoyer un puissant message de tikoun olam [« réparation du monde »], à l’échelle internationale.

L’organisation, baptisée Jewish Climate Trust (JCT), planifie son lancement alors que le président américain Donald Trump s’est retiré des Accords de Paris sur le climat et a ordonné des coupes dans le financement et le personnel fédéral en charge de l’environnement. Pendant ce temps, Israël, où les températures augmentent plus rapidement que la moyenne mondiale, est très en retard par rapport aux autres pays développés en ce qui concerne la réduction des émissions et la préparation aux vagues de chaleur et autres conséquences désastreuses attendues. Contrairement à de nombreux autres pays qui ont pris des engagements concrets en matière de réduction des émissions carbones, l’état hébreu n’a toujours pas été en mesure d’adopter une loi sur le climat.

Le JCT, qui doit être inauguré lors de la conférence du Jewish Funders Network à Nashville (États-Unis) le 24 mars prochain, a déjà reçu près de 18 millions de dollars de promesses de don.

L’organisation est le fruit d’une idée de Stephen Bronfman, qui travaille avec Nigel Savage, militant écologiste britannique et fondateur de l’organisation juive américaine à but non lucratif Hazon.

Le premier, défenseur de longue date de l’environnement, est le fils du philanthrope milliardaire Charles Bronfman et le petit-fils de Samuel Bronfman, qui a créé l’empire de l’alcool Seagram. Bronfman copréside la nouvelle organisation avec l’investisseur et philanthrope Michael Sonnenfeldt, basé aux États-Unis.

Nigel Savage, né au Royaume-Uni et aujourd’hui basé à la fois en Israël et aux États-Unis, sera le PDG de JCT. Savage a dirigé Hazon entre 2000 et 2021, faisant de cette organisation le plus grand organisme environnemental juif d’Amérique du Nord et contribuant à superviser la fusion de Hazon avec le Pearlstone Center, une retraite éducative en plein air située à l’extérieur de Baltimore, pour former ce qui est aujourd’hui Adamah.

Après le départ de Savage de Hazon, Bronfman l’a engagé pour aider Taglit-Birthright – que le père de Bronfman a cofondé – à devenir vert, et pour aider à développer un nouveau projet visant à impliquer davantage le monde juif dans l’environnement et le climat, qui a finalement évolué pour devenir le JCT.

Le fonds souhaite offrir une plateforme unique pour la diffusion de messages, d’informations et de possibilités de mise en réseau à tous les groupes et individus intéressés au sein de la communauté juive.

À court et à moyen terme, il financera des projets existants.

En Israël, le JCT vise à aider les organisations vertes qui se concentrent actuellement sur différentes pièces du puzzle environnemental – telles que la nature, la législation ou les questions marines – à élaborer une stratégie globale et à parler d’une seule voix sur le climat afin d’influencer plus efficacement les politiques.

Il s’associe à PAI, une initiative philanthropique israélienne qui a déjà attribué des millions de shekels à des solutions israéliennes susceptibles de réduire les émissions de carbone générées par l’homme, qui sont le principal moteur du dérèglement climatique. La PAI se concentre sur l’électricité, les transports, la construction, l’industrie et l’agriculture.

Un paddle passe devant la centrale électrique d’Orot Rabin près de Hadera, dans le centre d’Israël, le 6 novembre 2022. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

À plus long terme, le JCT prévoit de lancer de nouvelles initiatives à fort impact. Cela fait écho au travail des Andrea et Charles Bronfman Philanthropies, qui ont fermé en 2016, après avoir lancé 11 organisations indépendantes, dont Taglit-Birthright.

Le conseil d’administration de JCT comprend des philanthropes de renom – certains s’intéressant pour la première fois aux questions climatiques, d’autres étant impliqués depuis longtemps. Parmi ces derniers figurent David Cogut, dont la société Pegasus Capital a été la première société d’investissement privée américaine accréditée par le Fonds vert pour le climat mis en place par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et Jeff Hart, initiateur des prix annuels « Solutions climatiques » en Israël et au Québec.

Le conseil d’administration, qui s’est réuni deux fois jusqu’à présent, a discuté de futures initiatives à fort impact, notamment la coopération régionale au Moyen-Orient liée au climat, la planification à long terme pour préparer Israël aux conséquences du changement climatique, telles que les chaleurs extrêmes et l’élévation du niveau de la mer, et le travail interconfessionnel basé sur le climat en Amérique du Nord.

En guise de premier pas dans cette direction et de don le plus important fait à ce jour par la communauté juive américaine en faveur du climat, la fondation a accordé à Adamah une subvention de 3 millions de dollars sur une période de trois ans.

Selon Jakir Manela, directeur général d’Adamah, cette somme permettra de financer l’élaboration d’une stratégie nationale et d’un calendrier visant à réduire l’empreinte carbone des Juifs d’Amérique du Nord. La feuille de route comprendra des mesures visant à réduire la consommation d’énergie en faisant passer les bâtiments et les maisons communautaires aux énergies renouvelables, en réduisant les déchets alimentaires, en décarbonisant les transports privés, et plus encore, dans l’optique d’utiliser la technologie climatique israélienne.

L’idée de la fondation est non seulement de faire en sorte que la communauté juive prenne l’initiative dans ce domaine, mais aussi de créer un modèle pour d’autres groupes religieux.

Nigel Savage (à gauche) et Jakir Manela au centre de retraite juif Isabella Freedman dans la région de Litchfield, Connecticut, en juin 2021. (Autorisation)

Défenseur de l’environnement depuis des décennies

Basé à Montréal, Stephen Bronfman, 61 ans, est un défenseur de l’environnement depuis des décennies. Dans une conversation Zoom avec le Times of Israel, Bronfman – président exécutif d’une société de capital-investissement – a attribué à Yuval Peled le mérite d’avoir éveillé son intérêt pour l’environnement. Peled, aujourd’hui à la retraite, était alors responsable de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) pour la région d’Eilat, dans le sud d’Israël. Charles Bronfman a confié le jeune Stephen à ses soins pendant les vacances de Pessah.

« Cela m’a vraiment ouvert les yeux sur le rôle considérable de la nature et sur tout ce que nous pouvons apprendre d’elle », a déclaré Bronfman.

Stephen et Claudine Bronfman au cratère de Ramon, dans le sud d’Israël, en 2016. (Autorisation)

Bronfman a déclaré qu’il avait fait le point sur le travail accompli au cours de sa vie en faveur de l’environnement et de la communauté juive lorsqu’il a fêté ses 60 ans l’année dernière. Constatant que « les personnes de mon âge qui dirigent des fondations [familiales] s’intéressent à l’environnement mais ne savent pas quelle direction prendre », il a décidé d’impliquer davantage de familles juives dans la crise climatique.

Il s’est montré particulièrement intéressé par l’utilisation de la question climatique pour construire des ponts au Moyen-Orient. « Il y aura tant à reconstruire à Gaza, au Liban et en Syrie que nous pourrons peut-être influer sur la manière dont ces grands projets sont considérés », a-t-il déclaré.

Des personnes sont assises devant des bâtiments détruits dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmu, situé au sud de Damas, le 19 décembre 2024. (Aris MESSINIS / AFP)

Michael Sonnenfeldt, homme d’affaires dans l’immobilier, investisseur dans les technologies climatiques et philanthrope, s’est intéressé au climat principalement parce qu’il a été confronté aux effets du changement climatique sur les pays en développement.

Dans les années 1990, il a axé sa philanthropie sur les conflits et le maintien de la paix, co-fondant et présidant l’Israel Policy Forum, visitant des dizaines de capitales arabes et musulmanes et, sous l’égide des Nations unies, se rendant dans 28 zones de guerre où sont présentes les forces de maintien de la paix de l’ONU.

Après le 11 septembre, son attention s’est portée sur la sécurité nationale américaine.

« Je me suis rendu dans des dizaines de pays où j’ai pu constater la fragilité des économies et des sociétés », a-t-il déclaré au Times of Israel. « Lorsque le changement climatique a commencé à assécher les déserts, on pouvait voir les signes avant-coureurs de la façon dont il allait forcer des milliards de personnes à se déplacer. »

Une femme et un garçon marchent sur le lit asséché de la rivière Zayandeh Roud à Isfahan, en Iran, le 10 juillet 2018. Le Moyen-Orient est l’une des régions du monde les plus vulnérables à l’impact du changement climatique, et les effets sont déjà visibles. (AP Photo/Vahid Salemi, File)

Sonnenfeldt, qui est associé depuis longtemps à l’université Ben Gurion du Néguev et a fait don de 20 millions de dollars avec sa femme Katja Goldman pour créer l’école Goldman Sonnenfeldt de durabilité et de changement climatique, a siégé au conseil consultatif du projet « d’écologisation » de Taglit-Birthright.

Lorsque Stephen Bronfman l’a contacté au sujet du Jewish Climate Trust, il a déclaré : « J’ai été frappé comme un éclair par le fait que mon travail sur le changement climatique avait été très politique, mais ne m’avait jamais relié directement à mes racines juives. Mon rabbin parle de faire descendre la Torah dans la rue. On ne peut pas relever de grands défis sans retrousser ses manches de chemise et donner tout ce qu’on a à une cause importante. Il ne suffit pas de faire un chèque ».

Qu’y a-t-il de juif dans le climat ?

« Stephen a eu la brillante idée de créer le JCT. Mais pour moi, le nom d’une réponse juive au climat a permis d’encadrer ce qui était si extraordinaire dans son idée », a déclaré Sonnenfeldt.

Michael Sonnenfeldt à la cérémonie de la nomination de l’école de durabilité et de changement climatique Goldman Sonnenfeldt, à l’université Ben Gurion du Néguev, à Beer Sheva, dans le sud d’Israël, le 17 mai 2022. (Dani Machlis/BGU)

Il a cité plusieurs raisons essentielles pour lesquelles il pensait que le peuple juif pouvait apporter une contribution spécifique à la lutte contre le changement climatique.

Les Juifs ont une riche histoire qui les a amenés à se surpasser dans de nombreux domaines, et ils pourraient le faire dans celui du climat, a prédit Sonnenfeldt.

D’un point de vue personnel, il souhaitait attirer l’attention des dirigeants israéliens sur sa compréhension du lien entre climat et sécurité nationale.

Le savoir-faire et la technologie d’Israël en matière de climat pourraient contribuer au monde et à l’amélioration des relations avec les voisins du Moyen-Orient, a ajouté Sonnenfeldt.

En outre, les Juifs ayant été confrontés à plus de questions existentielles que tout autre peuple au cours de l’histoire, les penseurs juifs pourraient fournir des conseils sur de nombreuses questions morales liées au travail sur le climat. Il s’agit par exemple de trouver un équilibre entre l’aide aux personnes déjà touchées par le changement climatique aujourd’hui et la réduction des facteurs qui affecteront négativement les générations futures.

Depuis l’assaut meurtrier du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en est suivie à Gaza, certains bailleurs de fonds juifs d’organisations climatiques non juives se sentent mal à l’aise dans les espaces progressistes, a ajouté Sonnenfeldt, qui s’est dit surpris par l’intérêt exprimé à l’égard du Jewish Climate Trust par des personnes à la recherche d’un cadre climatique dépourvu d’antisémitisme.

Sonnenfeldt a déclaré que les 18 millions de dollars initiaux reflétaient « une idée et la bonne réputation des parties prenantes fondatrices ». Le prochain cycle de financement sera déterminé par la qualité du travail de la fondation qui, espérons-le, « distinguera le JCT en tant que formidable startup dotée d’une incroyable vision et d’une équipe à la hauteur », a-t-il dit.

Des représentants de certaines des principales organisations environnementales israéliennes se tiennent aux côtés de l’ancienne ministre de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg (au centre), devant la Haute Cour de justice à Jérusalem, le 23 décembre 2021. (Dov Greenblat, Société pour la protection de la nature en Israël)

Nigel Savage a déclaré qu’il pensait qu’en travaillant ensemble de manière plus stratégique, les organisations environnementales israéliennes pourraient exercer une plus grande influence sur la politique liée au climat et faire passer un projet de loi sur le climat « avec du mordant » à la Knesset. Il a exprimé son « immense respect » pour les personnes impliquées et a déclaré que la fondation agirait « lentement, de manière réfléchie et en partenariat » avec un grand nombre de personnes.

« Nous voulons apprendre », a-t-il déclaré. « Nous n’allons pas nous jeter à l’eau et dire que nous avons toutes les réponses, mais nous pensons que ces questions sont d’une importance vitale et nous voulons mettre le pied à l’étrier. »

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