Cet article fait partie d’une série intitulée « Déracinés ». Chacun d’entre eux est consacré au monologue de l’un des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés en raison de la guerre contre le Hamas, évacués de la frontière nord du pays ou de l’enveloppe de Gaza.
Je suis né dans une famille religieuse de Safed. Après avoir terminé mon service militaire obligatoire, j’ai fait un petit voyage. Quand je suis revenu, je me suis installé à Jérusalem et j’ai fait des études de photographie à l’école Musrara. Dans ma tête, j’avais quelque part l’idée romantique de devenir artiste.
Après mon diplôme, je me suis installé à Tel Aviv et j’ai commencé à travailler comme monteur vidéo pour la Première chaîne et pour la Chaîne des sports. En même temps, je travaillais aussi comme commis de cuisine et c’est là que j’ai rencontré celle qui est dorénavant mon ex-épouse. Un an plus tard, on s’est installés à Heletz, le moshav qui se trouve à l’extrémité orientale du Conseil régional de Hof Ashkelon. Heletz n’est pas une communauté considérée comme faisant partie de l’enveloppe de Gaza dans la mesure où elle se trouve à 7,2 kilomètres de la frontière (l’enveloppe de Gaza comprend les zones peuplées dans un périmètre de 7 kilomètres autour de la bande de Gaza).
Il y a quatre ans, après m’être séparé de mon épouse, je me suis installé à Sderot pour rester proche de mes enfants. J’ai vécu dans un appartement en location pendant les deux premières années et j’ai acheté une maison ensuite. J’adore Sderot.
Qu’aimez-vous à Sderot ?
Mes parents sont nés à Safed, ils faisaient partie d’une importante communauté de Juifs d’origine tunisienne. Quand quelqu’un demandait à mon papa la direction à prendre pour se rendre dans telle ou telle rue de Safed, mon père répondait toujours : « Ne me dites pas le nom de la rue – dites-moi plutôt le nom de la famille à qui vous voulez rendre visite ».
L’ambiance est similaire à Sderot, qui est une base d’ancrage pour les Juifs en provenance du Maroc et où il y a une importante communauté du Caucase qui est arrivée en 1992.
J’adore le calme de Sderot et j’adore le sud. Sderot est seulement à 20 minutes en voiture des plages d’Ashkelon ; à une heure du désert et à une heure de Jérusalem et de Tel Aviv quand il n’y a pas d’embouteillages. Nous sommes à deux pas des paysages à couper le souffle de Bitronot Ruhama, et l’influence des Conseils régionaux qui nous entourent – Shaar HaNegev et Ashkelon — ajoute encore à l’attrait de la ville.
Il y a une dynamique raciale, à Sderot, qui me fascine. J’ai grandi dans la tradition séfarade et j’ai internalisé les conflits raciaux. Pendant des années, je me suis refusé à reconnaître mes racines. Ma sœur écoutait de la musique mizrahie et je lui disais : « Pourquoi tu n’écoutes pas Shlomo Artzi et Arik Einstein? On vaut mieux que ça… » Il y a eu une période de ma vie où j’avais honte en entendant mes grands-parents parler arabe.
Pendant mes études de photographie, j’ai beaucoup exploré la question de mon identité et aujourd’hui, je me considère comme un Juif arabe.
Un bon ami à moi est propriétaire du Pub Sderot, un lieu de rencontre multiculturel qui draine des populations différentes de Sderot, venues des kibboutzim environnants et des étudiants du Sapir College, qui amènent avec eux leur jeunesse et leur curiosité. J’adore la périphérie sociale et géographique.
Le samedi 7 octobre
Le vendredi 6 octobre, j’étais chez moi, à Sderot, avec les enfants. On a fait le dîner du Shabbat et je me souviens que j’ai ressenti de la plénitude, comme si plus rien ne me manquait. D’une certaine manière, le dîner du vendredi et le kiddoush [la bénédiction du vin] sont devenus des indicateurs à la fois de ma parentalité et des avancées de notre famille, telle qu’elle existe dorénavant.
Nous avons traîné, c’était sympa. Des amis de mon groupe de jogging, le Peloton de Tête de Sderot, m’ont envoyé un message pour me parler d’une sortie, dans la matinée. J’ai mis l’alarme sur mon téléphone et je leur ai dit que si je viendrai si je le sentais. Le jour suivant, je me suis réveillé, je me suis lavé le visage et j’ai finalement décidé de retourner au lit.
Une heure plus tard, nous avons été réveillés à nouveau mais cette fois par les sirènes, c’était l’alerte rouge. Moi et les garçons (Shany, 15 ans et Guy, 13 ans), nous dormons à l’étage et ma fille la plus jeune (Zohar, neuf ans) dort au rez-de-chaussée, dans la pièce blindée. Nous avons entendu les premières explosions alors que nous étions en bas de l’escalier. Nous sommes entrés dans la pièce blindée et nous avons fermé la porte.
Les enfants m’ont demandé : ‘Papa, qu’est-ce qu’il se passe ?’ On a commencé à rire, en disant en plaisantant que quelqu’un s’était sans doute endormi sur le bouton. Le nombre de roquettes était vraiment inhabituel
Habituellement, il y a une, deux explosions et c’est terminé. Les enfants m’ont demandé : ‘Papa, qu’est-ce qu’il se passe ?’ On a commencé à rire, en disant en plaisantant que quelqu’un s’était sans doute endormi sur le bouton. Le nombre de roquettes était vraiment inhabituel.
J’ai attendu la pause brève ; j’ai grimpé les escaliers, j’ai attrapé mon téléphone, je me suis habillé et j’ai pris mon arme à feu. J’ai toujours soutenu Avoda et je crois réellement à la coexistence avec nos voisins mais 23 années passées dans la réserve militaire m’ont appris que la situation pouvait déraper à n’importe quel moment. Je garde donc une arme à feu chez moi pour pouvoir protéger ma famille si cela s’avère nécessaire.
Le groupe de jogging, sur WhasApp, est devenu actif. Il nous était arrivé de courir pendant des attaques à la roquette auparavant – il suffit de s’allonger sur le sol et d’attendre la fin. Et des vidéos ont rapidement commencé à apparaître, montrant des camionnettes remplies de terroristes armés en train de circuler dans les rues de Sderot.
Je suis automatiquement passé en mode soldat. C’est ce que fait mon corps depuis 25 ans dans l’armée – j’ai sécurisé toute la maison, je me suis placé à côté de la fenêtre de la chambre qui ouvre sur le jardin et, pendant trente heures, j’ai alterné deux choses : vérifier que tout allait bien pour les enfants et surveiller mon poste, à travers la fenêtre. J’ai entendu des coups de feu sourds à distance, mais je n’ai pas réellement capté ce qui se passait. Et j’ai vu des coups de feu tirés en direction de cibles, de loin.
Je ne me souviens pas de ce que nous avons mangé pendant toutes ces heures. J’ai fait de mon mieux pour protéger les enfants du torrent d’informations qui déferlait. Je leur ai demandé de ne pas regarder les vidéos. J’ai été rappelé à la réserve par le biais du Tzav 8, la notification de rappel d’urgence. En tant que sergent-major d’une compagnie stationnée dans la brigade de la Vallée du Jourdain, je savais qu’on ne serait pas envoyés à Gaza parce que ce n’est pas notre secteur. J’ai parlé à mon ex-femme et je lui ai assuré que lorsque les choses se seraient calmées, je lui ramènerais les enfants. Je n’ai pas réellement dormi ce jour-là. A vrai dire, je n’ai pas beaucoup dormi depuis ce jour-là.
Dimanche à environ 11 heures du matin, j’ai pensé – à tort – que l’armée avait repris le contrôle de la ville. J’avais tout mon matériel, et j’étais en uniforme. Je suis sorti avec mon arme ; j’ai inspecté la zone et j’ai amené la voiture jusque devant la maison. J’avais dit aux enfants que lorsque je les appellerais, ils devraient quitter immédiatement la maison et courir vers la voiture.
J’ai appuyé sur l’accélérateur et en cinq secondes seulement, nous étions sortis de la ville. J’ai essayé de détourner le regard mais c’était difficile d’ignorer les carcasses de voiture incendiées qui se trouvaient au bord de la route. J’ai dit aux enfants de baisser la tête et nous sommes sortis de là aussi rapidement que possible.
Sur le chemin, je me suis arrêté au kibboutz Bror Hayil pour déposer les enfants chez mon ex-belle-sœur parce qu’il n’y a pas de pièce blindée à Heletz. J’ai expliqué aux garçons pourquoi il fallait que je parte. J’ai dit : « Il y a eu une catastrophe. Les terroristes du Hamas ont capturé de nombreux endroits et ils ont assassiné de nombreuses personnes ». Je leur ai expliqué que quand il se passait quelque chose comme ça, j’étais rappelé pour le devoir de réserve. Je les ai enlacés et je suis parti.
Du moment où je suis entré dans la voiture et jusqu’à Nabi Musa, près de Jéricho, j’ai pleuré
A partir du moment où je suis entré dans la voiture et jusqu’à Nabi Musa, près de Jéricho, j’ai pleuré. Là, je savais déjà que Kobi Pariente et Naomi Shirtit, des amis du club de course de Sderot, avaient été assassinés par les terroristes. Lior Yitzhak, qui était membre du groupe, lui aussi, avait fait une sortie en vélo, ce matin-là, et il a été tué alors qu’il retournait chez lui. Avi Amar, encore un autre, est mort au combat à Ofakim. Il était agent de police et il était sorti pour affronter les terroristes.
Comment faites-vous face à tout ça ?
Je n’ai pas encore vraiment réalisé ce qui s’est passé. Vous êtes la première personne à qui je parle de mes sentiments. Ces larmes versées alors que je partais pour faire mon devoir de réserve, c’était des larmes de soulagement – le soulagement d’avoir sorti mes enfants de là, de les savoir vivants, d’être vivant. Après, il y a encore eu des larmes – pour des amis, pour au moins cent personnes que je connaissais et qui ont été assassinées. Le cercle de la souffrance est infini. On arrive ensuite à son poste et il faut commencer à faire les choses, et on se met en mode automatique.
Avez-vous été surpris par ce qui est arrivé ?
J’ai élevé mes enfants à croire à la coexistence pacifique. Aujourd’hui, je sais que j’avais tort. Tous, là-bas, veulent notre mort. Peut-être il y a-t-il une ou deux personnes qui font exception mais en tout cas, la vaste majorité veut notre mort.
Le week-end dernier, j’ai regardé les informations pour la toute première fois et il y avait un reportage sur Maya et Itay Regev, le frère et la sœur qui ont été relâchés de captivité par le Hamas. Les résidents de Herzliya sont descendus dans les rues pour leur souhaiter la bienvenue et fêter leur retour. Et je pense à la manière dont les résidents de Gaza les ont accueillis… toujours la même chose, seulement à coup de matraque et à coups de pierre. J’ai perdu toute confiance dans la population de Gaza. Et dans la population de Cisjordanie.
Avez-vous plus peur aujourd’hui que ce n’était le cas auparavant ?
Oui, je pense. Il n’y a rien de certain dans ce monde.
Où allez-vous quand vous êtes en permission de votre devoir de réserve ?
Je suis un évacué, comme tous les résidents de Sderot. Je ne peux pas rentrer chez moi parce qu’un missile s’est abattu sur mon jardin, les fenêtres ont explosé et Sderot est une zone de guerre. Les choses ne sont pas calmes non plus ici, à Jéricho. Près de Jéricho, il y a un camp de réfugiés – c’est le plus dangereux après ceux de Jénine et de Naplouse. Il y a des armes là-bas, il y a des cellules terroristes et des membres du Hamas, c’est quelque chose qui s’est développé au cours des deux dernières années et nous le ressentons vraiment aujourd’hui.
Au cours des trente premiers jours, il n’y a pas eu du tout de permissions. Et quand on a commencé à en parler, j’ai essayé de réfléchir à l’endroit où je pouvais aller. On a eu une permission de 24 heures. Cela faisait un mois que je n’avais pas vu les enfants. Un ami, que j’avais connu à mon ancien travail, a écrit un post anonyme pour moi, en disant qu’il me fallait un appartement pendant 24 heures et en l’espace de quelques minutes, mes amis m’ont trouvé un appartement dans le quartier Ramat Aviv de Tel Aviv. Je suis allé là-bas. Les enfants étaient à Eilat.
A quoi avez-vous pensé pendant ces heures ?
J’ai pensé à tout ce que nous avions perdu. J’ai pensé à cette prise de contrôle de l’ennemi. C’est ce qu’il y a de plus proche des descriptions de viol que j’ai pu lire. C’est une intrusion brutale dans votre espace privé, en qui vous êtes, dans votre intimité la plus profonde. L’idée que j’ai monté la garde, chez moi, auprès de la fenêtre avec une arme à feu alors que des terroristes déambulaient dans les rues est encore incompréhensible pour moi. Je me faisais des scénarios dans ma tête – comment je réussissais à sortir par la porte arrière et à saisir un de leurs AK-47 pour équilibrer les chances entre eux et moi… Si les enfants n’avaient pas été là, je serais probablement sorti et il est probable que j’aurais été tué.
Tout cela est revenu me hanter alors que j’étais couché dans ce lit étrange, dans cet appartement étranger de Ramat Aviv. J’ai ressenti une solitude que je n’avais jamais ressentie auparavant. Et je me suis dit que c’était mieux d’être à la base, d’occuper mon esprit en faisant des choses avec mes amis. Tout ce que je voulais, c’était dormir.
A un moment, je suis allé à la plage de Gaash, à côté, et là-bas, je me suis effondré. Il y avait du soleil et il y avait une famille, si belle. Le papa, la maman et les trois enfants. Le pays brûlait ; j’assistais à des funérailles, les unes après les autres, sur Zoom et ils étaient là – ils nageaient dans la mer. C’était impensable. L’eau était si belle, et ils étaient eux-mêmes si beaux. Je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer.
Des solutions créatives
Après un mois, nous sommes entrés dans une sorte de routine de guerre. Les congés se sont passés de manière plus ordonnée et tout le monde savait que je n’avais pas vu mes enfants depuis plus d’un mois – et un ami m’a organisé un week-end avec eux dans un hôtel de Tel Aviv.
Le premier jour de la guerre, je devais rencontrer le propriétaire d’une salle pour la bar mitzvah de Guy. Quelques jours plus tard, je me suis souvenu que j’avais manqué le rendez-vous à cause de la guerre et j’ai demandé à conserver la date du 22 novembre pour nous mais bien sûr, ce n’était pas possible.
J’ai raconté ça aux gars de la brigade et tout le monde a dit : « Et alors ? On va organiser une bar mitzvah! » et nous l’avons fait – nous l’avons fêtée à Vered Yeriho, une implantation située à proximité de la base
J’ai raconté ça aux gars de la brigade et tout le monde a dit : « Et alors ? On va organiser une bar mitzvah ! » et nous l’avons fait – nous l’avons fêtée à Vered Yeriho, une implantation située à proximité de la base. L’unité de secours d’urgence locale a prêté le système de sonorisation ; les habitants ont ouvert les portes de la synagogue ; un ami DJ de Sderot s’est occupé de la musique ; un ami de la brigade s’est occupé de la restauration et un autre ami est allé chercher les repas.
Je suis allé en voiture jusqu’à Tel Aviv et j’ai acheté des vêtements pour les enfants et Guy a été appelé pour faire la bénédiction sur la Torah. Tous ceux qui ne participaient pas à une mission militaire, ce jour-là, sont venus célébrer la bar mitzvah avec nous.
Chaque fois que j’ai une permission, il faut que je trouve un endroit où séjourner. Avec les enfants, les choses sont encore plus compliquées. Pendant mon deuxième congé, ils sont venus dans le secteur et nous avons réservé une chambre au kibboutz Almog. La troisième fois, nous avons été dans un hôtel de Jérusalem. Chaque fois que je veux les voir, que je peux être avec eux, il faut que je déplace des montagnes pour trouver une solution.
Je ne me repose pas sur le fait que les enfants sont toujours avec mon ex-épouse. Cela fait trois mois qu’elle est seule avec eux et elle mérite, elle aussi, d’être soulagée. Sa liberté a été touchée à tous les niveaux.
C’est où aujourd’hui « chez vous » ?
Je n’ai plus de « chez moi ». Pire, ma maison a été endommagée par un tir de roquette. Il y a trois semaines, j’ai traversé Sderot et je ne trouve pas les mots pour expliquer combien je me suis senti étranger dans ce foyer qui est pourtant le mien, dans cette maison que j’ai achetée, dans laquelle j’ai mis toute mon âme. C’est difficile pour moi d’être là-bas. Les fenêtres sont encore complètement brisées.
Qu’est-ce qui fait d’une maison « un foyer » ?
Ce sont mes enfants. C’est le sentiment que j’avais ressenti lors du dîner du Shabbat, le 6 octobre. Je n’aurais plus de foyer tant que nous n’y serons pas, tous ensemble. Cette semaine, j’ai pris deux jours pour maladie. Je suis allé à Sderot et j’ai rencontré l’entrepreneur qui va faire les travaux dans la maison et tout est en désordre, il y a de la poussière et des éclats de verre partout.
Je voulais acheter quelque chose à manger et je m’étais dit que je m’arrêterais à la boulangerie voisine mais elle était détruite – et là, j’ai réalisé que j’étais seul dans la ville. Qu’elle est devenue une zone de guerre. J’ai dormi là-bas pendant une nuit et je me suis réveillé avec le corps complètement rigide. Hier, j’ai dormi sur mon lit militaire et tout allait bien. L’armée, maintenant c’est mon chez moi. Il y a mes amis, les choses y sont sûres, certaines, j’y ai de quoi manger.
Le jour suivant, je suis allé à Netivot pour acheter quelque chose. Sur le chemin, j’ai vu de la fumée qui s’élevait au-dessus de Gaza et j’ai ressenti quelque chose qui ressemblait à de la joie pendant une seconde. Un sentiment qui aurait beaucoup inquiété le Roei du 6 octobre. Aujourd’hui, je me laisse emporter par le cliché de « la victoire totale pour Tsahal ». En ce qui me concerne, il ne devrait rester plus personne à Gaza.
Quand nous étions à Tel Aviv, ma fille a entendu quelqu’un qui courait à l’étage, au dessus-de nous, et elle est partie se cacher sous le lit. Elle m’a dit : « Papa, ma tête entend des explosions et c’est pour ça que je me cache ».
L’avenir
Je m’inquiète pour mon retour à Sderot. Je veux faire une petite expérience et tenter de rester à la maison avec les enfants, le temps d’un week-end. Je veux arriver avant eux pour tout nettoyer et pour tout ranger de manière à me sentir un peu plus à l’aise. Je veux rester à Sderot parce que mes enfants sont à côté. Mais si je ne me sentais plus à l’aise chez moi ? Et si je ne me sentais plus jamais bien à Sderot ?