Cet article fait partie d’une série intitulée « Les Déracinés ». Chacun d’entre eux est le monologue de l’un des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés en raison de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, évacués de la frontière nord du pays ou de « l’enveloppe de Gaza » – la région connue en hébreu sous le nom d’Otef Azza. Cette interview avait initialement été publiée en hébreu le 20 avril 2024.
Samedi 7 octobre
Je me suis levée à 6 heures 15 du matin, comme je le fais tous les jours à cause de notre chat, John. La soirée précédente, mon fils Zohar, qui a onze ans, m’avait dit qu’il voulait rester debout toute la nuit et quand je me suis levée, j’ai constaté qu’il n’était toujours pas dans sa chambre. Je suis allée dans le salon et je l’ai trouvé en train de dormir sur le canapé, la lumière allumée et la climatisation encore en marche. Je l’ai recouvert d’une couverture, je l’ai embrassé, j’ai ouvert les gros stores à l’arrière de la maison qui donnent sur le jardin et j’ai dit à John : « Attends une seconde, je te laisserai sortir rapidement ». Heureusement, je ne l’ai pas laissé partir dehors à ce moment-là.
Quelques minutes après, j’ai entendu des bruits d’explosion sans que les sirènes ne soient activées, puis j’ai entendu une sirène. Je suis allée dans la pièce blindée, j’ai fermé la fenêtre et j’ai crié à Zohar de venir. John se cachait sous le canapé et je l’ai amené, lui aussi, dans la pièce blindée. Et les sirènes ne s’arrêtaient pas.
Ma première pensée a été de me dire : « Mais qui avons-nous tué, la nuit dernière ? » Nous vivons dans un endroit où à chaque fois que quelque chose arrive à Jénine, nous sommes placés en état d’alerte élevé.
Et les coups de feu ont commencé, et le réseau cellulaire a été coupé. On ne pouvait plus communiquer sinon à l’aide de textos. Je n’ai pas voulu regarder ce qui se disait sur mes groupes WhatsApp parce que j’ai réalisé que je me sentirais beaucoup mieux sans les délires de tout le monde. A certains moments, j’arrivais à avoir des informations sur les sites d’actualité et c’est comme ça que j’ai compris qu’il y avait une infiltration terroriste.
A aucun moment, je n’ai vu d’information portant sur une infiltration terroriste à Kissufim. Rétrospectivement, il s’avère qu’environ 120 terroristes étaient entrés dans le kibboutz.
Je suis née à Kissufim, en 1972. En 1993, j’ai quitté le kibboutz et j’y suis revenue en 2012, alors que j’étais enceinte de Zohar. Je savais que vivre à proximité de mes parents et de mon frère, qui vivent à Kissufim, et près de ma sœur, qui habite à Or HaNer, était la bonne décision à prendre, parce que Zohar aurait ainsi une famille. C’était ma principale raison de rester au kibboutz et ça l’est toujours.
Kissufim est un kibboutz privatisé et il fallait que je sois propriétaire de ma propre habitation pour pouvoir y entrer. J’ai acheté deux vieux appartements – il y avait quatre appartements adjacents à la vente – et je les ai reliés et de cette façon, j’ai deux abris antiaériens chez moi. Le premier, il est devenu la chambre de Zohar et le deuxième, j’y ai installé mon bureau. De la fenêtre de ma chambre, on pouvait apercevoir Deir el-Balah.
Pendant mon enfance, on allait à la plage de Yamit et à la plage de Gaza. Pendant ce temps, les adultes allaient faire le marché à Gaza. Nos relations étaient bonnes mais une population occupée est une population occupée : rien ne peut changer cela.
Je suis convaincue d’une chose : c’est que chaque être humain a le droit fondamental à une vie libre, ce qui signifie qu’il doit pouvoir choisir ce qu’il veut faire et se déplacer sans checkpoints. Depuis que le Hamas a pris le pouvoir, en 2007, Gaza a été placé sous une sorte de siège par Israël.
Que suggérez-vous ?
Je suis une simple citoyenne désireuse de vivre en paix. Mon travail n’est pas d’apporter des solutions. C’est la raison pour laquelle je vote pour des gens dont c’est le travail. Mes opinions me mettent à gauche de l’échiquier politique, mais que signifie la gauche aujourd’hui ? Dieu seul le sait. Tous ceux qui veulent vivre en paix à côté de moi sont formidables.
Je ne pense pas que nous devrions contrôler une autre population et en conséquence, durant chaque opération militaire menée à Gaza – et nous en avons eu beaucoup – j’ai dit à Zohar la vérité, en employant des mots appropriés pour son âge. Jamais je ne lui ai dit qu’il s’agissait de feux d’artifice. Je lui ai dit : « Il y a des gens, à Gaza, qui sont en colère contre nous, qui ne veulent pas que nous soyons là, mais il y a aussi des gens bien là-bas ».
Pendant chaque opération, je pensais aux enfants de Gaza, à tous les innocents. On aimait se dire qu’il s’agissait d’une population qui était « prise en otage » et contrôlée par le Hamas, et que la majorité d’entre eux voulait la paix.
Le 7 octobre a fait apparaître chez moi des doutes sur ma capacité à éprouver encore de la compassion à leur égard. Je vois les photos atroces de Gaza et dans mon cœur, je me dis : « Allez vous faire foutre. C’est ça que vous vouliez ? Vous l’avez eu. Vous avez lancé une guerre alors que nous dormions dans nos maisons, dans nos lits et après avoir assassiné, vous êtes venus piller, violer, incendier ».
Je comprends ce doute et je pense qu’il est temporaire. Je crois encore que nous ne devrions pas tuer tout le monde ou détruire Gaza, et je pense encore que le désengagement [de l’enclave côtière] était la bonne décision à prendre. Il n’y a rien pour nous, là-bas.
Dans l’après-midi, j’ai reçu un message de mon amie qui m’a écrit que l’aide-soignante de sa mère avait aperçu quatre individus suspects dans mon secteur. Je lui ai répondu que je ne voulais pas le savoir. Cette information m’a effrayée. J’ai transmis le message et, seulement pour des raisons de sécurité, j’ai fermé la pièce blindée à l’aide du verrou qui avait été fabriqué par notre chef de la sécurité, Saar Margolis.
Saar avait anticipé. Je me rappelle du moment où il avait vérifié le fonctionnement du verrou, sur la porte, et où je lui avais dit que si je devais le fermer, je l’appellerai pour qu’il vienne me sauver. Saar a été tué, le 7 octobre, dans la bataille pour Kissufim.
Ensuite, l’électricité a été coupée. Nous nous sommes assis dans la pièce blindée, sans lumière et sans climatisation et à un moment, j’ai entendu des bruits de pas dans le patio. J’ai fait signe à Zohar de rester silencieux et il m’a dit qu’il avait peur. Je lui ai répondu que moi aussi, j’avais peur – et il m’a dit : « D’accord, on pourrait parler de ce qui nous fait peur comme ça ». J’ai voulu lui dire : « Zohar, il y a des terroristes à l’extérieur. De quoi pourrions-nous parler ? ». Mais je ne l’ai pas dit.
On a somnolé et à environ 16 heures 30, John a voulu sortir. C’était calme à l’extérieur et j’ai cru que tout était terminé.
J’ai quitté la pièce et j’ai vu la maison en face de la mienne qui était en feu. Entre elle et mon habitation, il y a un immense pacanier. J’ai regardé la direction du vent ; j’ai vu que l’incendie s’étendait et j’ai réalisé que le temps était venu d’évacuer.
Puis j’ai entendu la voix d’une femme qui appelait à l’aide. C’était l’aide-soignante de la femme dont la maison était en feu. J’ai compris qu’elle devait être sauvée et je savais que je ne parviendrais pas à le faire seule.
Je me suis tenue à l’extérieur et j’ai appelé à l’aide. Quelqu’un m’a dit ultérieurement qu’il m’avait entendu crier et qu’il avait pensé que Zohar avait été assassiné. Je suis retournée à l’intérieur, puis je suis encore sortie à l’extérieur et j’ai crié à nouveau, je suis rentrée, je suis sortie. Zohar dormait.
Quand je suis sortie pour la troisième fois, je suis allée précipitamment jusqu’à la maison de mon frère, Yotam, à proximité, où il vit avec son épouse et avec ses deux enfants. J’ai frappé à la porte et j’ai couru jusqu’à la pièce blindée. Il n’y avait personne, il n’y avait que les chiens. Je me suis dit que c’était bizarre qu’il y ait les chiens et que eux ne soient pas là. A ce moment-là, je ne savais pas encore que le Hamas avait pris des otages.
Je suis retournée chez moi en courant, appelant toujours à l’aide. Iddo et Yonatan, deux agriculteurs qui vivent près de la maison, ont entendu mes cris et ils sont venus et plus tard, Danny, un autre fermier, est entré dans la maison en feu et il a sauvé ma voisine.
Je suis retournée chez moi, j’ai réveillé Zohar et je lui ai dit qu’on allait chez ses grands-parents qui vivent à une dizaine de minutes à pied. J’ai mis le chat dans sa cage de transport et j’ai pris ses médicaments (il en a besoin pour vivre), à manger et de la litière pour lui.
J’ai pris le disque dur externe de l’ordinateur et quelques sous-vêtements et j’ai expliqué à Zohar que si les sirènes reprenaient, sur la route, il faudrait tout abandonner et courir. Si j’avais su combien les terroristes qui se trouvaient dans les alentours étaient nombreux, j’en aurais été glacée.
Quand nous sommes arrivés à la maison de mes parents, j’ai réalisé que j’avais laissé les clés de la voiture à mon habitation. Je me suis dit que si cette dernière devait être incendiée, j’aurais encore au moins une voiture. Je suis entrée à nouveau dans l’antre du lion et j’ai pris les clés, quelque chose pour Zohar et la crème pour le tatouage que je m’étais fait faire, deux jours auparavant.
J’ai quitté la maison sans fermer la porte et soudainement, j’ai vu un char installé derrière ma voiture. A ce moment-là, de toute façon, plus rien n’était logique. Quand Zohar s’est endormi, j’ai raconté à ma mère que j’avais été chez Yotam, mon frère, et qu’il n’y avait personne. Elle m’a demandé de ne pas en parler à mon père.
Le dimanche 8 octobre
Dans la matinée, les soldats sont arrivés et ils nous ont dit de nous préparer à être évacués à la mer Morte. Nous avons quitté le kibboutz en bus. Quand nous nous sommes rapprochés du carrefour de Gema, on nous a dit de fermer les rideaux et de baisser la tête et j’ai cru que c’était à cause d’éventuels coups de feu. Plus tard, Zohar m’a dit qu’il avait jeté un coup d’œil à l’extérieur et qu’il avait vu des gens gisant sur le gazon, morts ou endormis. Il était onze heures du matin.
Nous sommes arrivés à Beit Kama où nous avons quitté le bus blindé, qui est reparti au kibboutz pour y récupérer encore plus de membres. Tout le monde était excessivement stressé. De là, nous sommes allés au Leonardo Plaza où nous avons passé trois semaines avant de nous installer au Noga Hotel.
Le premier hôtel était isolé. Impossible d’aller nulle part sans voiture. Nous nous trouvions avec d’autres évacués, principalement originaires d’Ofakim et de Sderot, et il y a eu quelques incidents déplaisants où les gens nous ont interpellés en disant que nous étions, par exemple, « des gauchistes puants, ennemis d’Israël ». Nous avons demandé à partir dans un hôtel plus accessible qui pourrait répondre à nos besoins.
Quand nous avons quitté le kibboutz, ce matin-là, le réseau cellulaire était rétabli et j’avais 150 nouveaux messages. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai appris que Yotam et sa famille avaient été évacués du kibboutz, pendant la nuit, dans des véhicules blindés et qu’ils avaient ensuite pris le bus en direction de la mer Morte.
Le jour suivant, le responsable de la laiterie, Reuven Heinik, qui habite Ashkelon, est venu voir comment allaient les vaches. L’armée avait annoncé, à ce moment-là, qu’il n’y avait plus de terroristes dans le kibboutz mais il s’est avéré qu’il en restait deux dans la laiterie. Reuven a été tué et la laiterie a été détruite.
Ce sont au total 18 personnes – des membres de Kissufim, des travailleurs étrangers et le gérant de la laiterie – qui ont été tués dans l’attaque menée contre le kibboutz.
La vie à l’hôtel
Quand nous sommes arrivés à l’hôtel et que les choses sont devenues plus claires, je me suis effondrée. Ma tête débordait de « Et si ? ». Et si Zohar s’était réveillé, qu’il s’était retrouvé seul dans la pièce blindée alors que je courais dans le kibboutz ? Et si j’avais été tuée pendant que j’étais dehors ?
Dans mon quartier, les habitants ont été assassinés alors qu’ils étaient dans leur pièce blindée et ma maison n’a même pas été touchée. Je ne me pose pas de question sur une éventuelle intervention divine et je ne cherche pas d’explication. Ce qui est arrivé est arrivé et dorénavant, j’aborde un jour après l’autre. Je suis une évacuée.
Ma vie est ce qu’elle est. Mes parents vont bien, ma famille va bien, mon chat est en vie. Je tente de ne pas me dresser contre la réalité et je mets de côté ce que je ne peux pas contrôler.
Ne vous y méprenez pas, rien ne va. Nous avons été abandonnés, on nous a mentis, on nous a dit que nous étions protégés. Parfois, je me réveille le matin et je me dis : « Mais ce n’est pas possible, comment cela pourrait l’être ? C’est un film, ce n’est pas la réalité ».
Zohar et moi vivons dans deux chambres adjacentes, séparées, sans porte de liaison. A la maison, nous avions tous les deux nos propres espaces et vivre tout à coup dans une seule pièce avec un pré-adolescent était compliqué. J’ai expliqué cette difficulté aux représentants de la communauté et on nous a donné une autre chambre.
Dans notre vie d’avant, Zohar jouait du saxophone, il participait à un programme destinés aux élèves exceptionnellement doués à Beer Sheva. Tout cela a soudainement disparu de sa vie.
J’ai des amis qui ont évacué de façon indépendante et il est difficile de dire s’ils reviendront ou non au kibboutz – mais Zohar m’a dit, sans aucune ambiguïté, qu’il voulait rester vivre au sein de la communauté, et c’est lui qui est le plus important à mes yeux aujourd’hui. Évidemment, ce qui m’arrive est important également et je pense que si nous n’avions pas eu des chambres séparées, ça aurait été vraiment difficile.
A partir du moment où j’ai décidé de rester – ce n’est pas facile et c’est même difficile parfois – j’ai essayé de vivre une vie qui soit aussi normale que possible. Zohar va à l’école qui a été ouverte au centre de la mer Morte pour les enfants évacués qui viennent de Kissufim, de Beeri, pour certains des gamins de Magen, et pour ceux du kibboutz Holit.
Qu’est-ce qui vous manque tout spécialement ?
John. C’est lui qui me manque le plus terriblement. Notre famille n’est pas complète sans lui. Quand nous avons posé nos valises au Noga Hotel, son état de santé a empiré. Depuis le mois de novembre, il est dans une clinique vétérinaire pour chats qui est dirigée par le docteur Sharon Regev, de Ramat Gan, qui est venu tout spécialement pour le prendre. Je ne le connaissais pas auparavant, et il prend soin de John avec un dévouement incroyable et gratuitement.
Ma maison, mon intimité et les petits plats que je me préparais me manquent, même si je ne suis pas une grande cuisinière. Ce qui me manque aussi, c’est de ne pas me réveiller le matin face à la campagne, de ne plus me préparer le café, de ne plus m’installer tranquillement dans le jardin. Je me suis dit, le 7 octobre, que si les terroristes osaient toucher à mon basilic ou à mon citronnier, je ferais un malheur.
Des mobil-hommes à Omer
Au mois de décembre, le kibboutz a décidé de déménager dans un ensemble de mobil-homes à Omer. La décision a été transmise à l’Autorité Tekuma, qui est responsable du redressement et de la reconstruction du sud d’Israël. Pour ma part, j’étais favorable à l’idée de quitter l’hôtel. Peu importe où parce que notre communauté était de plus en plus désemparée et parce que rester à l’hôtel devenait réellement une arme à double tranchant.
Il y a quelque chose de sclérosant dans un séjour aussi long dans un hôtel. Tout le nettoyage et toute la cuisine sont faits pour vous, et il n’y a rien là-bas. Même ceux qui voulaient travailler ont rencontré des difficultés à cause de la distance. J’ai eu la chance de pouvoir travailler mais il y a beaucoup de gens qui ne travaillent pas, qui s’habituent à une vie terne. Certains kibboutzim l’ont compris très tôt, mais il nous a fallu du temps et beaucoup de discussions.
Nous avons décidé que nous pourrions aller nous installer dans les mobil-homes au mois de mai – et que la première chose que je ferais, ce serait de préparer le dîner et de crier : « Zohar, c’est prêt ! »
Est-ce que vous vous voyez retourner à Kissufim ?
Actuellement, c’est impossible. La guerre n’est pas encore terminée, les sirènes résonnent souvent, les otages n’ont pas été libérés et la situation sécuritaire n’a pas changé. C’est une réalité terrible dans laquelle nous devons prendre une décision qui engage le reste de ma vie. Oui, j’aspire à y retourner, mais que se passera-t-il lorsque j’y serai ? Je ne le sais pas. Je ferai tout ce qui est possible pour continuer ma vie au mieux.
Au mois de novembre, nous sommes partis en Hongrie avec une délégation d’enfants du sud du pays pour assister à un championnat de football auquel l’équipe israélienne participait. Au début du mois de mars, je me suis envolée pour Madrid pendant cinq jours et dans un mois, Zohar et moi-même partirons en voyage à Salzburg. Je tente de quitter la mer Morte toutes les semaines pour m’aérer et quand nous allons rendre visite à John, nous allons manger au restaurant avant de revenir à la maison. Oui, l’hôtel est devenu notre maison.
Mécanismes d’adaptation
Le meilleur moyen pour moi de traverser cette situation désagréable est de l’accepter sans discuter. Je ne fais aucun projet au-delà des prochaines quarante-huit heures. Un jour après l’autre. On m’a assigné un
mobil-home ? Formidable. Maintenant, il va falloir que je décide quoi prendre là-bas. De petites préparations pour la fin du séjour à l’hôtel.
J’ai adopté une forme d’approche qui ne me caractérise pourtant pas. Il s’avère que je suis plus forte que je ne le pensais et que cette flexibilité mentale est ma force. C’est peut-être là que j’ai compris encore davantage ce qu’était mon travail en tant qu’adulte responsable du foyer, et quel était l’exemple que je devais présenter à mon enfant.
Quel est votre sentiment face à la situation actuelle ?
Je pense que nous avons été oubliés. Cela me bouleverse de voir que l’État d’Israël est revenu à une sorte de normalité. La lutte en faveur du rapatriement des otages a pris une teinte politique.
Obtenir le retour des otages, c’est le devoir fondamental d’un État à l’égard de ses citoyens. C’est inconcevable que la terre et la vengeance puissent être plus importants que des êtres humains.
Kissufim a un otage — Shlomo Mansour, le père d’un ancien camarade de classe. A la mi-mars, il a eu 86 ans. Il est l’otage le plus âgé à être retenu en captivité, et nous attendons son retour en retenant notre souffle.