Israël en guerre - Jour 369

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Tal Becker, conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères israélien, sous le regard des membres de la délégation sud-africaine, à La Haye, le 12 janvier 2024 (Crédit : Cour internationale de justice)
Tal Becker, conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères israélien, sous le regard des membres de la délégation sud-africaine, à La Haye, le 12 janvier 2024 (Crédit : Cour internationale de justice)

Texte intégral du discours du conseiller juridique d’Israël à la CIJ

« Il est difficile de trouver une accusation plus fausse et plus malveillante que l’allégation de génocide portée contre Israël, » a déclaré Tal Becker à La Haye

Discours d’ouverture du conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères, Tal Becker, à la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye le 12 janvier 2024, où les représentants israéliens ont répondu aux allégations sud-africaines de génocide commis par Israël à Gaza et leur appel à la Cour de rendre des ordonnances exigeant d’Israël qu’il mette immédiatement fin à son opération militaire dans cette région. (Transcription de l’intervention)

Tal Becker : Madame la Présidente, distingués membres de la Cour, c’est un honneur de comparaître à nouveau devant vous au nom de l’État d’Israël.

L’État d’Israël ne comprend que trop bien les raisons pour lesquelles la Convention sur le génocide, qui est invoquée dans cette procédure, a été adoptée. Le meurtre systématique de 6 millions de Juifs dans le cadre d’un programme prémédité et odieux d’anéantissement total est gravé dans notre mémoire collective.

Compte tenu de l’histoire du peuple juif et de ses textes fondateurs, il n’est pas surprenant qu’Israël ait été l’un des premiers États à ratifier sans réserve la Convention sur le génocide et à en incorporer les dispositions dans sa législation nationale.

Pour certains, la promesse du « plus jamais ça », qui s’adresse à tous les peuples, n’est qu’un slogan. Pour Israël, elle constitue le devoir moral le plus important.

Raphael Lemkin, un juif polonais qui a été témoin des horreurs indicibles de la Shoah, a inventé le terme « génocide ». Il a aidé le monde à reconnaître que le lexique juridique existant était tout simplement inadéquat pour décrire les maux dévastateurs qui ont été perpétrés pendant la Shoah nazie.

Le requérant tente à présent d’invoquer ce terme dans le contexte de la conduite d’Israël dans une guerre qu’il n’a pas déclenchée et qu’il n’a pas voulue, une guerre dans laquelle Israël se défend contre le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres organisations terroristes dont la brutalité ne connaît pas de limites.

La souffrance des civils dans cette guerre, comme dans toutes les guerres, est tragique. Elle est déchirante. Les dures réalités des hostilités actuelles sont particulièrement éprouvantes pour les civils, étant donné la stratégie répréhensible du Hamas, qui cherche à maximiser les dommages causés aux civils, tant israéliens que palestiniens, alors même qu’Israël cherche à les minimiser.

Mais comme cette Cour l’a déjà clairement indiqué, la Convention sur le génocide n’a pas été conçue pour traiter de l’impact brutal de combats intensifs sur la population civile, même lorsque l’usage de la force soulève « des questions très sérieuses de droit international et implique d’énormes souffrances et des pertes de vies humaines continues ». La Convention a été conçue pour traiter d’un crime malveillant d’une gravité tout à fait exceptionnelle.

Le requérant a hélas présenté à la Cour un tableau factuel et juridique profondément dénaturé. L’ensemble de son argumentation repose sur une description délibérément adaptée, décontextualisée et manipulée de la réalité des hostilités actuelles

Nous vivons à une époque où les mots sont gratuits. À l’ère des réseaux sociaux et de la politique identitaire, la tentation de recourir au terme le plus outrancier, de vilipender et de diaboliser, est devenue, pour beaucoup, irrésistible. Mais s’il y a un endroit où les mots devraient encore avoir de l’importance, où la vérité devrait encore compter, c’est bien dans un tribunal.

Le requérant a hélas présenté à la Cour un tableau factuel et juridique profondément dénaturé. L’ensemble de son argumentation repose sur une description délibérément adaptée, décontextualisée et manipulée de la réalité des hostilités actuelles.

L’Afrique du Sud se présente devant ce tribunal comme le noble gardien des intérêts de l’humanité. Mais en délégitimant les 75 ans d’existence d’Israël dans ses remarques préliminaires hier, cet engagement général en faveur de l’humanité a sonné creux.

Et il a effacé, dans sa description contrefactuelle du conflit israélo-palestinien, à la fois l’histoire juive et toute action ou responsabilité palestinienne. La délégitimation d’Israël depuis sa création en 1948 dans les remarques finales du requérant se distinguait difficilement de la rhétorique rejectionniste du Hamas.

Il n’est donc pas surprenant que, dans son discours, le requérant aie occulté la responsabilité du Hamas dans la situation à Gaza et l’humanité même de ses victimes israéliennes.

La tentative de militariser le terme « génocide » contre Israël dans le contexte actuel ne se limite pas à une version grossièrement déformée de l’histoire, ni à vider le mot de sa force unique et de sa signification particulière. Elle subvertit l’objet et le but de la convention elle-même, avec des ramifications pour tous les États qui cherchent à se défendre contre ceux qui font preuve d’un mépris total pour la vie et pour la loi.

Le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères d’Israël Tal Becker s’exprimant au début de la deuxième journée d’audience, à la Cour internationale de justice, à La Haye, aux Pays-Bas, le 12 janvier 2024. (Crédit : Capture d’écran Youtube)

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Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres de la Cour, le samedi 7 octobre, jour de fête religieuse juive, des milliers de militants du Hamas et d’autres organisations ont envahi le territoire souverain d’Israël par la mer, la terre et les airs, s’attaquant à plus de 20 communautés et bases israéliennes, ainsi qu’au site d’un festival de musique.

Sous le couvert de milliers de roquettes tirées sans discernement sur Israël, les terroristes ont massacré, mutilé, violé et enlevé autant de citoyens qu’ils ont pu trouver avant de se faire repousser par l’armée israélienne.

Affichant ouvertement leur joie, ils ont torturé des enfants devant leurs parents et des parents devant leurs enfants, brûlé vifs des personnes, y compris des nourrissons, et systématiquement violé et mutilé des dizaines de femmes, d’hommes et d’enfants. Au total, près de 1 200 personnes ont été massacrées ce jour-là, plus de 5 500 ont été mutilées et plus de 240 personnes ont été prises en otage, dont des enfants en bas âge, des familles entières, des personnes handicapées et des survivants de la Shoah, certains d’entre eux ont depuis été exécutés, beaucoup ont été torturés, ont subi des sévices sexuels et ont été affamés en captivité. Des représentants des familles des otages sont présents dans cette salle d’audience aujourd’hui, et nous reconnaissons leur présence et leurs souffrances incommensurables.

Nous avons connaissance des brutalités commises le 7 octobre non seulement à travers les témoignages poignants des survivants, les preuves irréfutables de carnage et de sadisme qui ont été laissées sur place, ainsi que les preuves médico-légales prélevées sur les lieux du crime. Nous en avons connaissance parce que les assaillants ont fièrement filmé et diffusé leur barbarie.

Le requérant a largement ignoré les événements de cette journée dans ses arguments. Nous sommes cependant contraints de partager avec la Cour une fraction des horreurs commises, le plus grand meurtre de masse planifié de Juifs en une seule journée depuis la Shoah.

Nous le faisons non pas parce que ces actes, aussi sadiques et systématiques soient-ils, affranchissent Israël de son devoir à respecter la loi lorsqu’il défend ses citoyens et son territoire. Ce devoir est incontestable. Non, la raison pour laquelle nous le faisons est qu’il est impossible de comprendre le conflit armé à Gaza sans bien apprécier la nature de la menace à laquelle Israël est confronté, ainsi que la brutalité et le manque de respect de la loi de la force armée qui l’affronte.

Certaines des images non éditées ont été fournies aux membres de la Cour, dans le cadre des documents soumis, afin qu’elles puissent être visionnées séparément. Mais je suis obligé de présenter à la Cour aujourd’hui un petit fragment de ces scènes d’une cruauté inimaginable qui se sont produites dans des centaines d’endroits au cours de cette horrible journée.

Jonny Siman Tov, producteur de blé, et sa femme Tamar, militante pour les droits des femmes, vivaient au kibboutz Nir Oz. Lorsque les tirs de roquettes ont commencé, ils se sont cachés dans leur pièce sécurisée avec leur fils de quatre ans, Omer, et leurs jumeaux de six ans, Arbel et Shahar. Pendant leur attaque, les terroristes du Hamas ont mis le feu à leur maison. Jonny a envoyé un SMS à sa sœur Renée : « Ils sont là. Ils nous brûlent. Nous étouffons. » Toute la famille a été brûlée vive, réduite en cendres, rendant l’identification par l’ADN particulièrement difficile.

La famille Kedem Siman Tov, assassinée dans leur chambre forte au kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023. (Crédit : Facebook)

Un survivant du massacre perpétré à la rave Nova a témoigné auprès de la police avoir vu un militant du Hamas violer brutalement une jeune femme, tandis qu’un autre terroriste lui coupait un sein et s’amusait à le tripoter. Un deuxième militant l’a ensuite violée encore une fois, lui tirant une balle dans la tête alors qu’il était encore en elle.

On voit, dans une vidéo enregistrée par un système de surveillance domestique, un militant du Hamas lancer une grenade dans une pièce sécurisée où un père et ses deux fils se sont précipités pour se mettre à l’abri. Le père est tué. Les deux fils, blessés et en sang, sont traînés dans le salon par un terroriste. On entend un des enfants crier à son frère : « Pourquoi je suis en vie ? Je ne vois rien. Ils vont nous tuer. » Le militant ouvre nonchalamment le réfrigérateur, en sort une bouteille et boit.

Et puis il y a cet enregistrement du kibboutz Mefalsim. (Becker fait écouter à la cour l’enregistrement en arabe sous-titré en anglais.) « Papa, je t’appelle du téléphone d’une femme juive. Je l’ai tuée, elle et son mari. J’ai tué dix personnes de mes propres mains ! Papa, dix de mes propres mains ! Papa, ouvre WhatsApp et regarde comment je l’ai tuée. Papa, ouvre le téléphone. Papa, je t’appelle sur WhatsApp. Ouvre le téléphone, vas-y. Dix. Dix de mes propres mains. Leur sang est sur leurs mains. Passe-moi maman ».

Comme nous l’avons souligné, aucune de ces atrocités n’exonère Israël des obligations qui lui incombent en vertu de la loi. Mais elles permettent à la Cour d’apprécier trois aspects essentiels de la présente procédure que le requérant a occultés.

Tout d’abord, si des actes doivent être qualifiés de génocidaires, c’est contre Israël qu’ils ont été perpétrés. Si la question des devoirs des États en vertu de la Convention sur le génocide se pose, c’est en relation avec leur responsabilité d’agir contre l’objectif fièrement proclamé du Hamas, qui est d’anéantir [Israël]. Et ce n’est pas un secret, aucun doute sur ce point.

Dans sa charte, le Hamas utilise régulièrement une terminologie prônant l’anéantissement, l’objectif étant, selon les termes d’un membre du bureau politique du Hamas, de débarrasser la Palestine de la saleté des Juifs.

Elle a été exprimée de manière tout aussi effrayante par Ghazi Hamad, haut responsable du Hamas, à la télévision libanaise le 24 octobre 2023, ou il évoquait les attaques du 7 octobre, que le Hamas appelle le déluge d’Al-Aqsa, en ces termes : « Nous devons faire disparaître ce pays parce qu’il représente une catastrophe sécuritaire, militaire et politique pour la nation arabe et islamique et qu’il faut en finir avec lui. Nous n’avons pas honte de le dire haut et fort. Nous devons donner une leçon à Israël, et nous le ferons encore et encore. Le déluge d’Al-Aqsa n’est que le premier. Il y en aura un deuxième, un troisième, un quatrième ».

Ghazi Hamad, haut-responsable du Hamas, pendant un entretien avec la chaîne libanaise LBC, le 24 octobre 2023. (Capture d’écran : X; used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

Au cours de la suite de l’interview, on demande à Hamad si cela signifie l’anéantissement d’Israël. Oui, bien sûr, répond-il, l’existence d’Israël est illogique. Puis il ajoute : « Personne ne devrait nous reprocher ce que nous faisons. Le 7 octobre, le 10 octobre, le millionième octobre, toutes nos actions sont justifiées ».

Compte tenu du fait que le 7 octobre, avant toute réponse militaire d’Israël, l’Afrique du Sud avait publié un communiqué officiel accusant Israël d’être responsable de « la récente conflagration », c’est-à-dire de l’assassinat de ses propres citoyens, on est en droit de se demander si le requérant est d’accord avec cette déclaration.

Le 7 octobre, avant toute réponse militaire d’Israël, l’Afrique du Sud avait publié un communiqué officiel accusant Israël d’être responsable de « la récente conflagration »

Deuxièmement, c’est en réponse à la boucherie du 7 octobre, que le Hamas jure ouvertement de répéter, et aux attaques en cours dirigées contre lui depuis Gaza, qu’Israël a le droit inhérent de prendre toutes les mesures légitimes pour défendre ses citoyens et obtenir la libération des otages. Ce droit n’est pas non plus remis en question. Il a été reconnu par des États du monde entier.

Fait ahurissant, il a été demandé à la Cour d’ordonner une mesure provisoire demandant à Israël de suspendre ses opérations militaires. Mais cela revient à tenter de priver Israël de sa capacité à remplir ses obligations de défendre ses citoyens, les otages et plus de 110 000 Israéliens déplacés à l’intérieur du pays et incapables de rentrer chez eux en toute sécurité. Dans ses arguments devant la Cour, le requérant ne mentionne pratiquement pas les souffrances humanitaires actuelles endurées par les citoyens israéliens aux mains du Hamas, et traite les otages encore retenus en captivité comme un simple détail.

Y a-t-il une raison expliquant pourquoi ces personnes sur votre écran ne méritent pas d’être protégées ? (Becker montre à la cour des photos d’otages.)

Le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères israélien Tal Becker (debout à droite) montre à la cour des photographies d’otages israéliens à Gaza lors de la procédure à La Haye le 12 janvier 2024. (Crédit : Capture d’écran)

Le Hamas n’est pas une partie dans cette procédure. Le requérant, par sa demande, cherche à contrecarrer le droit inhérent d’Israël à se défendre, à laisser le Hamas non seulement s’en tirer avec ses meurtres, littéralement, mais à placer Israël dans une situation où il est démuni de tout moyen de défense alors que le Hamas continue à commettre ces meurtres. Hier, l’avocat du requérant a affirmé de manière surprenante qu’Israël n’avait pas le droit de se défendre et que, de fait, il ne devrait pas être en mesure de se protéger contre les attaques du Hamas.

Mais permettez-moi d’attirer l’attention sur ces mots écrits par le professeur Vaughan Lowe [qui avait dit la veille qu’Israël n’avait pas le droit de se défendre]. « La source de l’attaque, qu’il s’agisse d’un État ou d’un acteur non étatique, est sans incidence sur l’existence du droit à la défense. La force peut être utilisée pour écarter une menace, parce que personne ni aucun État n’est obligé par la loi, de subir une attaque de manière passive ». Israël est d’accord avec ces paroles, comme le serait, je pense, tout État souverain.

Le professeur Vaughan Lowe expose les mesures provisoires demandées par l’Afrique du Sud dans son procès contre Israël pour génocide présumé à Gaza, à la Cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024 (Crédit : Capture d’écran/Reuters ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Si l’allégation du requérant est aujourd’hui que dans le conflit armé entre Israël et le Hamas, Israël doit être privé de la capacité de défendre ses citoyens, alors le résultat absurde de l’argument de l’Afrique du Sud est le suivant : Sous le couvert de l’allégation de génocide à l’encontre d’Israël, il est demandé à ce tribunal d’appeler à une cessation des opérations contre les attaques en cours d’une organisation qui poursuit un véritable programme génocidaire. Une organisation qui a rompu tous les cessez-le-feu passés et les a utilisés pour se réarmer et planifier de nouvelles atrocités. Une organisation qui exprime sans équivoque sa volonté de faire avancer ses projets génocidaires.

C’est une requête inconcevable, nous soutenons de notre côté, avec respect, qu’elle n’est pas envisageable.

Le requérant, par sa demande, cherche à entraver le droit inhérent d’Israël à se défendre, à ne pas laisser le Hamas échapper à sa responsabilité dans ses meurtres – rendant, au sens littéral du terme, sans défense alors que le Hamas continuera à en commettre.

Troisièmement, la Cour est informée des événements qui se sont déroulés le 7 octobre parce que s’il doit y avoir des mesures provisoires appropriées à indiquer ici, elles sont finalement relatives à l’Afrique du sud.

Il est de notoriété publique que l’Afrique du sud entretient des relations étroites avec le Hamas. Malgré sa désignation officielle d’organisation terroriste dans de nombreux États du monde entier, ces relations ont continué, inchangées, après les atrocités du 7 octobre. Cela fait longtemps que le Hamas accueille et se réjouit de ses liens avec des personnalités du Hamas, avec notamment une délégation de premier plan du Hamas qui, et c’est incroyable, s’est rendue dans le pays à l’occasion d’un « rassemblement de solidarité » quelques semaines seulement après le massacre.

S’agissant de justifier les procédures lancées, l’Afrique du sud évoque beaucoup ses obligations à l’égard de la Convention sur les génocides. Il semble donc approprié de dire qu’instruction doit lui être donnée de se plier elle-même à ces obligations, de mettre un terme à son propre langage de délégitimation s’agissant de l’existence d’Israël, de mettre un terme à son soutien au Hamas et d’utiliser son influence sur l’organisation de façon à ce que le Hamas cesse sa campagne de terrorisme génocidaire pour toujours et de façon à ce qu’il libère les otages.

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Madame la présidente, membres de la Cour, les hostilités entre Israël et le Hamas ont fait payer un lourd tribut aux Israéliens comme aux Palestiniens. Mais tout effort authentique visant à comprendre la cause de ce tribut doit prendre en compte la réalité épouvantable qui a été créée par le Hamas dans la bande de Gaza.

Quand Israël avait retiré ses soldats et ses civils en 2005, le pays avait laissé derrière lui une zone côtière qui avait le potentiel nécessaire pour vivre une success story politique et économique. Le coup d’état violent du Hamas, en 2007, a tout changé.

Au cours de ses 16 dernières années de gouvernance, le Hamas a fait entrer clandestinement d’innombrables armes à Gaza et il a détourné des milliards d’aides internationales non pas pour construire des écoles, des hôpitaux ou des refuges pour protéger sa population des dangers posés par les attaques lancées contre Israël pendant de nombreuses années, mais pour transformer un nombre déterminant d’infrastructures civiles en ce qui est devenu, peut-être, le bastion terroriste le plus sophistiqué de toute l’Histoire de la guerre urbaine.

De manière notable, l’avocat du requérant a décrit les souffrances à Gaza comme n’ayant aucun parallèle, aucun précédent, comme s’il était totalement inconscient des dévastations terribles qui ont été entraînées par les guerres dans le monde entier, ces dernières années. Malheureusement, la souffrance des civils au cours de la guerre n’est pas unique à Gaza. Ce qui est en revanche sans parallèle et sans précédent, c’est le degré auquel le Hamas s’est enraciné au sein de la population civile, auquel il a fait de la souffrance des civils palestiniens une partie intégrante de sa stratégie.

Le Hamas a implanté de façon systématique et illégale ses opérations militaires, ses militants et ses actifs à travers la bande de Gaza, au sein et sous des zones civiles densément peuplées. Il a construit, pour ses dirigeants et ses combattants, un vaste réseau de tunnels souterrains de plusieurs centaines de kilomètres de long dans toute la bande, avec des milliers de points d’accès et de centres pour les terroristes installés dans des maisons, des mosquées, des locaux de l’ONU, des écoles et, ce qui est peut-être le plus choquant, au sein même d’hôpitaux.

Ceci n’est pas une tactique isolée. C’est une méthode de guerre intégrée, planifiée, étendue et abjecte : assassiner délibérément et méthodiquement des civils, tirer des roquettes sans discernement, utiliser systématiquement des sites et des biens civils comme boucliers, voler et à amasser des fournitures humanitaires, laisser souffrir ceux qui sont placés sous son contrôle pour alimenter ses combats et sa campagne terroriste.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, à gauche, le chef du Commandement du Sud, le général de division Yaron Finkelman, deuxième à gauche, le chef du Directorat des Renseignements militaires, le général de division Aharon Haliva, deuxième à droite, et le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, à droite, visitant un tunnel du Hamas, à Khan Younès, le 5 janvier 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Les souffrances effroyables infligées aux civils, tant israéliens que palestiniens, sont avant tout le résultat de cette stratégie méprisable, le coût horrible d’un Hamas qui, non seulement ne protège pas ses civils, mais qui les sacrifie délibérément pour sa propre propagande et dans son intérêt militaire.

Et si le Hamas abandonnait cette stratégie, libérait les otages, déposait les armes, les hostilités et les souffrances cesseraient.

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Madame la Présidente, membres de la Cour, il existe de nombreuses distorsions dans les arguments du requérant devant le tribunal, mais, comme le démontrera le conseil, il y en a une qui les éclipse toutes.

Il semblerait d’après le requérant qu’il n’y ait pas de conflit armé intense entre les deux parties, pas de menace grave pour Israël et ses citoyens, et qu’il ne s’agisse que d’un assaut israélien contre Gaza. La Cour a été informée des dégâts considérables causés aux bâtiments, mais elle n’a pas été informée, par exemple, de combien parmi ces milliers de bâtiments ont été détruits parce que le Hamas y avait installé des explosifs. Combien sont devenus des cibles légitimes en raison de la stratégie qui consiste à utiliser des biens civils et des sites protégés à des fins militaires. Combien de bâtiments ont été frappés par les plus de 2 000 roquettes mal lancées par les terroristes et qui ont atterri à Gaza même.

La Cour a été informée de la mort de plus de 23 000 personnes – le requérant répète, comme beaucoup le font, des statistiques non vérifiées fournies par le Hamas lui-même, qui ne constitue guère une source fiable. Chaque victime civile de ce conflit est une tragédie humaine qui mérite toute notre compassion. Cependant, il n’a pas été précisé à la Cour combien parmi les milliers de victimes sont en fait des terroristes, combien ont été tués par des tirs du Hamas, combien d’entre eux étaient des civils qui ont pris une part active aux hostilités, et combien encore résultent d’un usage légitime et proportionné de la force contre des cibles militaires, même si c’est tragique.

La Cour a également été informée de la situation humanitaire désastreuse qui règne à Gaza. Mais elle n’a pas été informée de la pratique du Hamas consistant à voler et à amasser l’aide qui y est acheminée. Elle n’a pas été informée des efforts considérables déployés par Israël pour atténuer les dommages causés aux civils, ni de l’initiative humanitaire lancée pour permettre l’acheminement de l’aide et fournir des soins médicaux aux blessés.

Des terroristes du Hamas montent sur un camion d’aide humanitaire à Rafah, dans la bande de Gaza, le mardi 19 décembre 2023. (Crédit : AP Photo)

Le requérant prétend décrire la réalité à Gaza, mais il le fait en omettant de mentionner le Hamas et son mépris total pour la vie des civils, comme cause directe de cette réalité.

Selon les estimations courantes, le Hamas compterait plus de 30 000 terroristes dans ses rangs et il est de notoriété publique qu’il recrute des mineurs âgés de 15 ou 16 ans au maximum. Et ils en ont tous après nous. Mais pour l’Afrique du Sud, c’est comme s’ils n’existaient pas. Il n’y a pas d’explosifs dans les mosquées, les écoles et les chambres d’enfants, ni d’ambulances utilisées pour transporter les combattants, ni de tunnels et de centres terroristes sous les sites sensibles. Il n’y a pas de combattants déguisés en civils, pas de réquisition de camions d’aide, pas de tirs à partir de maisons civiles, de locaux de l’ONU voire de zones de sécurité. Il n’y a qu’Israël qui opère à Gaza.

Ce que le requérant demande à la Cour, c’est de remplacer la lentille du conflit armé entre un État et une organisation terroriste sans foi ni loi par celle d’un prétendu génocide perpétré par un État à l’encontre d’une population civile. Sauf qu’il n’offre pas à la Cour un nouvel objectif. Il lui met un bandeau sur les yeux.

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Madame la Présidente, membres de la Cour, l’environnement cauchemardesque créé par le Hamas a été dissimulé par le requérant, mais c’est l’environnement dans lequel Israël est contraint d’opérer.

Israël s’est engagé, comme il se doit, à respecter la loi, et ce, malgré le mépris total du Hamas à l’égard de la loi. Il s’est engagé, comme il se doit, à faire preuve d’humanité. Et il le fait, malgré l’inhumanité absolue du Hamas.

Comme le présentera le procureur, ces engagements relèvent d’une politique gouvernementale explicite, de directives et de procédures militaires. Ils sont également l’expression des valeurs fondamentales d’Israël et, comme cela sera également démontré, ils s’accompagnent de véritables mesures sur le terrain pour atténuer les dommages causés aux civils dans les conditions de guerre sans précédent et atroces créées par le Hamas.

L’élément clé du génocide – l’intention de détruire un peuple, dans sa totalité ou en partie – fait totalement défaut. L’objectif des opérations d’Israël à Gaza n’est pas de détruire un peuple, mais de protéger un peuple – son peuple, qui est attaqué sur plusieurs fronts – et de le faire dans le respect de la loi, alors même qu’il est confronté à un ennemi sans cœur, déterminé à utiliser cet engagement contre lui

Il est tout simplement inconcevable, selon les termes établis par cette même Cour, qu’un État se conduisant de cette manière, dans ces circonstances, puisse être considéré comme étant engagé dans un génocide. Pas même prima facie.

L’élément clé du génocide – l’intention de détruire un peuple, dans sa totalité ou en partie – fait totalement défaut. L’objectif des opérations d’Israël à Gaza n’est pas de détruire un peuple, mais de protéger un peuple – son peuple, qui est attaqué sur plusieurs fronts – et de le faire dans le respect de la loi, alors même qu’il est confronté à un ennemi sans cœur, déterminé à utiliser cet engagement contre lui.

Comme le détaillera le procureur, les objectifs légitimes d’Israël à Gaza ont été clairement et maintes fois exprimés par son Premier ministre, son ministre de la Défense et tous les membres du cabinet de guerre. Comme le Premier ministre l’a encore répété cette semaine, Israël combat les terroristes du Hamas, et non la population civile. Israël vise à faire en sorte que Gaza ne puisse plus jamais servir de rampe de lancement pour le terrorisme.

Comme l’a réaffirmé le Premier ministre, Israël ne cherche ni à occuper la bande de Gaza de manière permanente, ni à déplacer sa population civile. Il veut créer un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens, où les uns et les autres peuvent vivre en paix, s’épanouir et prospérer, et où le peuple palestinien dispose des pleins pouvoirs pour se gouverner lui-même, sans la capacité de menacer Israël.

Si cette vision est menacée, si une menace humanitaire pèse sur les civils palestiniens de Gaza, c’est avant tout parce qu’ils ont vécu sous le joug d’une organisation terroriste génocidaire qui méprise totalement leur vie et leur bien-être. Cette organisation, le Hamas, et ses commanditaires, cherchent à priver Israël, les Palestiniens et les États arabes de toute la région de la possibilité d’avancer vers un avenir commun de paix, de coexistence, de sécurité et de prospérité. Israël mène une guerre de défense contre le Hamas, et non contre le peuple palestinien, pour s’assurer qu’il ne réussisse pas.

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les juges, la Convention sur le génocide est une promesse solennelle qui a été faite au peuple juif et à tous les peuples du monde de ne plus jamais se reproduire. Le requérant invite de fait la Cour à trahir cette promesse

Il est difficile, dans ces conditions, de porter une accusation plus fausse et plus malveillante que l’allégation de génocide à l’encontre d’Israël.

Le requérant a malheureusement entrepris de manière transparente d’abuser du mécanisme de compétence obligatoire de la Convention et, en particulier, de la phase de la procédure relative aux mesures provisoires, pour soumettre au tribunal des questions pour lesquelles, en vérité, il n’a aucune compétence.

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Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres de la Cour, la Convention sur le génocide est une promesse solennelle qui a été faite au peuple juif et à tous les peuples du monde de ne plus jamais se reproduire. Le requérant invite de fait la Cour à trahir cette promesse.

Si le terme « génocide » peut être ainsi réduit comme il le préconise, si des mesures provisoires peuvent être appliquées comme il le suggère, la Convention deviendrait une charte de l’agresseur. Elle récompenserait, voire encouragerait, les terroristes qui se cachent derrière des civils, aux dépens d’États tentant de se défendre contre ces terroristes.

Afin de préserver l’intégrité de la Convention sur le génocide, de maintenir sa promesse et le rôle de gardien de la Cour, nous soumettons avec tout le respect qui s’impose que cette requête et cette demande soient rejetées pour ce qu’elles sont : une diffamation visant à priver Israël du droit de se défendre, conformément à la loi, contre l’attaque terroriste sans précédent à laquelle il continue de faire face, et demandons la libération des 136 otages qui sont encore aux mains du Hamas.

Je vous remercie de votre attention.

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