Le 21 octobre, Caven Jechiel Czertok, citoyen allemand bénéficiant du statut de résident permanent en Israël, a été extradé dans son pays natal où il sera traduit en justice pour fraude professionnelle et pour appartenance à une organisation criminelle.
Selon les procureurs, entre le mois d’octobre 2017 et le mois de novembre 2019, Czertok, 32 ans, passait des appels téléphoniques à des victimes depuis un centre d’appels situé en Bulgarie, les persuadant de miser sur le marché du taux de change des devises étrangères, d’acheter des crypto-devises sur le marché de la spéculation ou de miser sur le mouvement des titres – les CFD, ou contrats sur la différence.
Il utilisait parfois le nom de Kevin Becks, parfois celui de Thomas Edelstein. Au moins cent Allemands ont été escroqués par ses soins, le tout pour un montant d’au moins un million d’euros, ont-ils fait savoir.
L’une des victimes, ont écrit les procureurs dans une requête d’assistance judiciaire mutuelle qui a été envoyée aux procureurs israéliens et qui a été obtenue par le Times of Israel, « a perdu approximativement la somme de 530 000 euros parce que cet homme a cru aux promesses sans fondement de Czertok et qu’il a procédé, de manière répétée, à de larges dépôts sur le compte présumé qu’il possédait sur cette plateforme… Czertok a convaincu les victimes d’investir et de payer toujours plus, sachant pertinemment qu’il s’agissait d’une escroquerie ».
Il n’y avait pas que les identités de Czertok qui pouvait changer. Lorsqu’il s’était lancé dans son activité frauduleuse, en 2017, il avait dit à ses victimes qu’il travaillait pour un site appelé Kayafx. Plus tard, il avait déclaré être un employé de Kontofx et, en 2019, il s’était présenté officiellement comme un employé du site Libramarkets. Et pourtant, la fraude présumée n’avait pas changé de nature, affirment les autorités allemandes.
Au cours des dernières semaines, les polices israélienne, bulgare, ukrainienne, géorgienne, chypriote, philippine, hollandaise et allemande ont mené au moins dix raids ou arrestations par surprise ciblant le secteur des escroqueries en ligne israéliennes et certains ressortissants de l’État juif qui, comme Czertok, en seraient à l’origine, pour le compte du FBI ou des autorités allemandes.
Tandis que les opérations policières menées, dans le passé, par le département américain de la Justice ont visé les propriétaires et les employés des sites internet ou des centres d’appels impliqués dans ces escroqueries, les raids, ce mois-ci, et les arrestations qui ont suivi laissent penser que les procureurs, eu Europe, adoptent une tactique plus ambitieuse – celle de s’en prendre aux propriétaires et aux exploitants des plateformes numériques qui ont permis à ces sites et à ces centres d’appels d’exister.
S’il y a une caractéristique nette de ces fraudes aux investissements émanant d’Israël, c’est que l’industrie ne compte que très peu de « loups solitaires ». La majorité des fraudeurs atteignent leurs victimes par le biais de plateformes – des entreprises présentant des logiciels qui établissent et contrôlent le système de trading des firmes incriminées en échange d’une part des revenus générés, de la même manière qu’une personne souhaitant vendre des produits sur la Toile peut utiliser la plateforme d’Amazon pour entrer en contact avec de potentiels clients et pour assurer certains aspects de la transaction. Les plateformes ne se contentent souvent pas de fournir le logiciel : elles s’impliquent étroitement dans la création des sites internet et elles dirigent les opérations en cours.
Contrairement aux plateformes utilisées dans l’économie commerciale légale, dont les modèles et les pratiques ont été rigoureusement analysés et débattus, les relations entre les plateformes (auxquelles les acteurs de l’industrie du trading en ligne se réfèrent parfois sous le terme de ‘fournisseurs de plateforme’) et la vaste gamme de sites internet offrant des investissements frauduleux sont loin d’être transparentes. Mais la décision prise par les procureurs de ne pas seulement cibler les sites au contact direct avec les clients, mais aussi les plateformes qui facilitent l’escroquerie, pourrait aider à mettre en lumière les fantômes de la machine israélienne des escroqueries aux investissements en ligne, qui reste largement incontrôlée.
L’économie des plateformes
Dans l’économie mondiale légitime, les plateformes sont partout. Les entreprises comme Google, Facebook, Amazon, eBay, Uber et Airbnb assurent le lien avec les consommateurs d’une manière efficace et à une échelle qui n’a pas de précédent. Certains acteurs économiques plus modestes peuvent ne pas désirer utiliser ces plateformes mais ils font souvent alors face à un choix de Hobson, contraintes d’y souscrire sous peine de disparaître.
Dans le monde des fraudes aux investissements en ligne, des plateformes comme Tradologic et SpotOption auraient permis à de petits escrocs d’accroître considérablement leur sphère d’influence et d’optimiser leurs opérations. Le fait que ces fraudeurs aient pu mener leurs activités par le biais d’une plateforme – et non seuls – peut avoir aussi aidé à éloigner l’attention des régulateurs.
Selon les procureurs de Koblenz, en Allemagne, Czertok avant travaillé pour des Israéliens, Avi Itzcovich et Jacques Henri Wygodski. Au mois de mai 2016, Itzcovich et Wygodski avaient lancé un site internet appelé TraderVC qui exploitait la plateforme développée par une firme israélienne appelée Panda TS. Panda TS avait été étroitement liée à l’établissement du site internet TraderVC, ont ajouté les procureurs.
Quand un site frauduleux attirait trop d’attention négative du côté du public et des régulateurs, Itzcovich et Wygodsky le désactivaient et en lançaient un nouveau, a noté le Parquet. Ainsi, quand TraderVC s’est trouvé sur la sellette, Kayafx était déjà prêt et proposait ses services frauduleux d’investissement – et il s’était passé à la même chose pour Kayafx, remplacé par Kontofx qui avait ensuite laissé place à Libramarkets, qui avait fonctionné à partir du mois de mars 2019. Si les sites internet avaient été mis en cause, les plateformes, pour leur part, n’avaient pas été inquiétées, ce qui signifie que les fraudeurs présumés avaient pu maintenir en permanence leur modèle commercial de base, ne changeant que le nom et l’URL des sites successifs.
Panda n’a pas répondu à une demande de commentaire.
« La cybercriminalité en essor »
Mikhail Reider-Gordon, experte anti-blanchiment d’argent auprès du groupe Affiliated Monitors et professeure au sein de l’Académie internationale anti-corruption en Autriche, explique au Times of Israel que l’anonymat offert par Internet a été une aubaine pour les criminels.
« Le crime organisé transnational a augmenté proportionnellement à l’accroissement d’Internet », écrit-elle dans un courriel.
« Au cours des vingt dernières années, le cyber-monde a permis aux criminels de communiquer facilement, d’organiser et d’exploiter de nouvelles opportunités et de faire voyager l’argent sale au-delà des frontières – ce qui a permis aussi de soustraire ces crimes à toute visibilité, à la surveillance physique. Il y a de l’anonymat en ligne partout, depuis les boîtes courriel aux SMS cryptés ; il est possible de se rencontrer dans des cyber-salles privées ou même sur des jeux vidéos, où les criminels peuvent planifier leurs actes et se coordonner, commettant ainsi des transactions illicites qui sont aujourd’hui perpétrées à l’échelle mondiale », indique-t-elle.
Les escroqueries sur internet sont un problème croissant dans le monde entier. 39 % des Européens disent avoir été exposés à une fraude monétaire au cours des deux dernières années. Le centre qui recueille les plaintes liées aux crimes sur Internet au sein du FBI reçoit, chaque année, un nombre record de doléances – cela a été notamment le cas en 2020, année où les signalements de ce type de crime ont été en hausse de 69 % par rapport à l’année précédente.
Nino Goldbeck, qui est à la tête du Parquet de Bamberg, en Bavière, déclare au Times of Israel que les fraudes au trading en ligne sont l’une des pires à toucher les Allemands et les Européens plus généralement.
« Les pertes financières en Allemagne sont vraiment très élevées », explique-t-il. « Je ne suis pas en mesure de vous donner une estimation fiable mais on peut très certainement avancer le chiffre de plusieurs centaines de millions d’euros par an en Allemagne seulement ».
Concernant la fraude sur internet, continue-t-il, « je ne connais aucun autre modus operandi entraînant des pertes financières aussi élevées que le trading en ligne. Les arnaques de boutique en ligne, par exemple, sont elles aussi très nombreuses mais les pertes essuyées par les victimes sont habituellement beaucoup plus basses ».
Lors d’une conférence de presse en date du 12 octobre qui évoquait certains des raids récents qui ont eu lieu pour le compte de la police allemande, un enquêteur allemand a indiqué que si les crimes contre les biens, dans le monde réel, avaient baissé au cours des dernières années, ils avaient été remplacés par les fraudes sur internet.
« La criminalité se déplace sur internet. Internet est à la fois une scène de crime et une méthode – les cybercrimes connaissent un essor », a ainsi estimé Michael Pientka, chef de la police de Braunschweig.
L’indifférence israélienne, la répression internationale
Quand les firmes offrant des investissements frauduleux de type Forex avaient commencé à proliférer au sein de l’État juif après 2005, la police et les régulateurs avaient ignoré le phénomène, permettant à l’escroquerie de se développer et de devenir une industrie à part entière, se cachant au vu et au su de tous sous couvert de « hi-tech ».
En 2013, de nombreux cadres du secteur du Forex avaient commencé à offrir un produit financier connu sous le nom d’option binaire. Après la mise hors-la-loi des options binaires à la Knesset en 2017 – le résultat direct de reportages publiés par le Times of Israel sur cette industrie – un grand nombre de ces mêmes cadres avaient créé des sites internet offrant des investissements sur les marchés du Forex, des crypto-devises ou des CFD frauduleux.
Certaines de ces opérations se sont relocalisées à l’étranger. Si la police israélienne a, au fil des années, arrêté quelques responsables de l’industrie – de l’ordre d’une poignée – aucun d’entre eux n’a été poursuivi en justice. De manière similaire, alors que certains médias israéliens ont par intermittence évoqué des fraudes individuelles aux investissements, ils ont souvent dépeint ces dernières comme résultant des activités de loups solitaires, échouant à expliquer leur appartenance à une industrie massive et interconnectée qui s’appuie sur plusieurs plateformes.
Comme les procureurs allemands, le département américain de la Justice a été sur le front des poursuites intentées contre les fraudeurs aux options binaires et autres. Mais le département de la Justice n’a, jusqu’à présent, poursuivi que des personnes liées aux clients des plateformes d’investissement en ligne comme Yukom Communications (entreprise cliente de SpotOption) et Blue Bit Banc (cliente de Tradologic).
La SEC (Securities and Exchange Commission) américaine a bien traduit en justice, au civil, SpotOption – mais le département américain de la Justice n’a jamais mis la firme en examen, même si elle aurait largement aidé à escroquer des milliers de victimes américaines.
De son côté, l’Europe semble viser plus haut.
Le 14 juillet, les procureurs, en Autriche, ont inculpé deux Israéliens, Ilan Tzorya et Michael Golod, et une ressortissante bulgare, Milena Kabadzhova, accusés d’avoir exploité la plateforme Tradologic.
Tradologic a fourni les logiciels et autres outils nécessaires pour mener des activités frauduleuses liées aux options binaires, au Forex et aux crypto-devises, selon les procureurs autrichiens. La police autrichienne a déclaré que son modèle commercial s’apparentait « à un crime sous forme de service ».
Tzroya, Golod et Tradologic n’ont pas répondu à nos demandes de commentaire.
Le 11 octobre, le bureau du procureur du parquet de Bamberg, en Allemagne, a annoncé avoir mis en examen un Israélien âgé de 44 ans qui aurait été l’un des hauts-responsables de plusieurs sites d’investissement en ligne appartenant à Gal Barak, reconnu coupable de fraude.
Barak état un client de Tradologic ainsi qu’un actionnaire minoritaire d’un certain nombre d’entreprises qui possédaient des parts dans la plateforme. En 2020, Barak avait été reconnu coupable de fraude et de blanchiment d’argent et il avait été condamné à quatre ans d’emprisonnement en Autriche.
L’homme qui, selon les médias allemands, s’appelle Tal-Jacki Zecharia Fitelzon, aurait été « vice-président des ventes » pour un groupe de centres d’appels situés en Bulgarie, en Serbie, en Bosnie-Herzégovine et en Géorgie – des centres qui exploitaient les sites de trading en ligne Safemarkets, OptionStarsGlobal, Cryptopoint et XTraderFX, qui utilisaient la plateforme Tradologic.
Fitelzon est « accusé d’être responsable de la perte totale d’environ 8,7 millions d’euros pour environ 335 personnes dans la période qui est allée du mois de mars 2016 au mois de mars 2019, avec l’aide de ses complices », a résumé un communiqué de presse qui a ajouté qu’il était possible de supposer que « il y a eu un nombre considérable de cas qui n’ont pas été signalés ».
S’il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à une peine de prison allant jusqu’à dix ans.
Fitelzon avait été arrêté à l’aéroport d’Athènes, au mois de juillet 2020, avant d’être extradé vers l’Allemagne. Depuis, son ex-épouse, Yifat Fitelzon, a lancé une campagne passionnée en Israël en son nom, demandant au gouvernement israélien d’intervenir pour le faire sortir de cellule et demandant aussi au public israélien d’aider à payer les frais induits par son procès.
Fitelzon explique ne pas croire aux accusations contre son ex-mari et que son patron, Gal Barak, lui avait dit que toutes ses activités étaient légales. « Tous ceux qui connaissent Jacki savent bien qu’il est le meilleur des êtres humains dans le monde et qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, » écrit ainsi son ex-épouse sur sa page Facebook.
Un autre raid, qui a visé cette fois un call-center de la banlieue de Petah Tikva, près de Tel Aviv, le 20 juin, a pris pour cible des suspects qui auraient exploité onze sites utilisant SpotOption et Tradologic.
Des documents du tribunal ont montré que les suspects dirigeaient aussi des centres d’appels en Israël, en Géorgie, en Arménie et en Moldavie.
La police israélienne, qui a mené l’opération pour le compte des autorités allemandes, a placé derrière les barreaux à titre provisoire quinze individus soupçonnés de fraude aux investissements à l’encontre de citoyens allemands. Après avoir interrogé les quinze suspects, la police en a relâché onze.
Le centre d’appels n’a pas été nommé et les juges ont placé les noms des suspects sous embargo jusqu’à la prochaine audience judiciaire dans ce dossier.
Un acteur discret
Une plateforme moins connue, Tradersoft, a également été au centre de nombreux raids.
Le 6 octobre, les polices bulgare, chypriote, allemande, hollandaise et ukrainienne ont mené des opérations à Sofia, Limassol et à Kiev. Ces opérations auraient pris pour cible les personnes responsables du site internet Fx-leader et d’autres qui utilisaient tous Tradersoft.
Ces raids coordonnés ont entraîné « la perquisition de huit habitations (cinq en Bulgarie, une à Chypre, deux en Ukraine), les interrogatoires de sept individus en Bulgarie » et « l’arrestation d’un individu de haute valeur dans ce dossier à Chypre », a noté un communiqué émis par Europol.
L’analyse d’une vidéo diffusée par Europol, qui a été faite par le Times of Israel, permet de déterminer que l’un des centres d’appels ayant fait l’objet d’un raid à Sofia était Dortome BG. Selon le registre bulgare des entreprises, ses directeurs incluent au moins deux Israéliens : Moshe Almog et Lior Sanderovich.
Les procureurs des villes allemandes de Göttingen, Braunschweig et Rostock, qui mènent conjointement l’enquête, ont découvert que cette cellule criminelle présumée particulière était liée à environ 250 sites internet – dont au moins 85 présentent des éléments forts de fraude, ont-ils dit.
Les médias allemands ont cité les affirmations faites par les procureurs, qui ont déclaré que le réseau ayant été pris pour cible le 6 octobre avait fait « des dizaines de milliers de victimes » et entraîné la perte de 500 millions d’euros par an.
Tradersoft avait fait son apparition sur internet à la fin de l’année 2014, se qualifiant de plateforme d’options binaires offrant « tout ce dont vous avez besoin pour devenir courtier sur le marché des options binaires ».
En 2016, la firme avait diversifié ses offres, ajoutant des plateformes de courtage de CFD à ses plateformes d’options binaires. Parfois, la firme avait mis un numéro de téléphone israélien sur son site internet.
Des recherches effectuées par le Times of Israel ont montré que ce numéro de téléphone avait été utilisé par plusieurs femmes qui étaient employées dans une entreprise connue sous le nom de 24/7 Traffic Ltd. à Herzliya. Des sources ont confié au Times of Israel qu’à l’époque, 24/7 Traffic était un call-center pour un site d’options binaires, Opteck.com.
Contrairement à d’autres plateformes d’options binaires mieux connues comme SpotOption et Tradologic, Tradersoft a gardé profil bas. Son propriétaire ne soutient pas publiquement d’organisations caritatives et il n’a pas rattaché le nom de la firme à des événements religieux ou culturels. En fait, la compagnie ne mentionne pas l’identité de son propriétaire.
Selon le registre des entreprises chypriote, la branche, à Chypre, de Tradersoft appartient à une compagnie enregistrée dans les îles Vierges britanniques qui est connue sous le nom de GT Ventures. Le nom de son propriétaire est inconnu.
GT Ventures possédait néanmoins une deuxième entreprise à Chypre. Du mois de décembre 2014 au mois d’avril 2019, la firme était propriétaire de Centralspot Trading, elle-même propriétaire d’Opteck.com dont les activités étaient menées depuis la salle des machines de Herzliya.
Le directeur de Centralspot Trading, à l’époque, était un homme israélien, Gilad Tisona, qui avait grandi à Herzliya.
Tisona était un pionnier de l’industrie israélienne du Forex et il avait fondé GTForex – le nom aurait été formé à partir de ses initiales – en 2005, alors qu’il avait 23 ans.
L’avocat qui avait inscrit GTForex dans le registre israélien du commerce, en 2005, était le même qu’Almog avait enregistré au poste de directeur de Dortome BG – qui a fait l’objet d’un raid, la semaine dernière.
« Aujourd’hui, Gilad n’a rien à voir avec aucune des sociétés mentionnées dans l’article. Il ne s’engage pas dans ce domaine d’activité et son nom est mentionné de manière trompeuse dans l’article », lit-on dans une déclaration adressée au Times of Israel et envoyée au nom de Tisona.
Tradersoft n’a pas répondu à nos demandes de commentaire.
Où était la police israélienne ?
Si la police israélienne aide aujourd’hui les Allemands, les raids du mois dernier n’auraient peut-être pas été nécessaires si la police et les procureurs, au sein de l’État juif, avaient agi avant.
Avec un secteur technologique florissant, avec un grand nombre de nouveaux-arrivants en provenance du monde entier, Israël semble être un foyer naturel pour le commerce légal en ligne comme pour la fraude aux investissements sur la Toile. Les critiques affirment que le laxisme affiché par les autorités en charge du respect de la loi et le manque de contrôle des immigrants au passé judiciaire trouble ont compliqué encore les choses.
Un porte-parole de la police n’a pas évoqué ce qui a pu arriver dans le passé, insistant sur le fait que les agents israéliens travaillaient étroitement avec leurs homologues étrangers.
« La répression contre les crimes sur internet est menée par le biais d’une collaboration professionnelle et productive entre les pays », a expliqué le porte-parole. « A chaque fois que nous recevons des informations ou des requêtes de la part de nos homologues étrangers, la police israélienne mène des enquêtes rigoureuses, notamment en localisant, en arrêtant, en perquisitionnant ou en saisissant des preuves, de manière à ce que les criminels présumés puissent être traduits en justice ».
Le porte-parole a ajouté que l’État juif n’avait pas toujours connaissance des crimes ou des enquêtes lancées à l’étranger : « Nous devons souligner que lorsqu’une police étrangère mène une enquête sous couverture sur une fraude présumée, sur internet, à l’encontre de ses citoyens, nous n’apprenons l’existence de l’enquête qu’au moment où ce pays demande officiellement notre assistance. De la même manière, nous notons que les victimes, dans leur majorité, sont étrangères ».
Dans un entretien accordé au mois de mai dernier, avant de devenir vice-ministre de la Sécurité intérieure, le député Yoav Segalovitz (Yesh Atid) avait indiqué au Times of Israel qu’il ignorait pourquoi la police israélienne avait été dans l’incapacité de réprimer les fraudes aux investissements pendant de longues années.
Segalovitz, policier de longue date qui avait fondé la division des crimes financiers et l’unité des crimes majeurs du Lahav 433, avait déclaré croire que de manière générale, la police israélienne avait été démoralisée par le manque de fonds qui avait résulté de l’impasse politique et des tensions qui étaient apparues sous le mandat de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui faisait à ce moment-là l’objet d’une enquête pour corruption.
« Pendant plus de deux ans, nous n’avons pas eu de chef de la police, la police n’a pas eu de vision stratégique », avait-il dit.
Et Segalovitz avait alors promis que si la dite « coalition du changement » dont il faisait partie prenait le pouvoir – cela a été le cas au mois de juin – les services de police fonctionneraient mieux.
« S’il y a un gouvernement différent qui voit les choses différemment, nous renforcerons la police », avait-il affirmé. « Elle est vitale dans une société démocratique. Nous devons aussi redonner de l’espoir à celles et ceux qui respectent la loi au lieu de donner de l’espoir aux criminels qui l’enfreignent ».