Israël en guerre - Jour 495

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Meital Ben-Ari et Adit Romano, fondatrices de La Ferme de la liberté.
Meital Ben-Ari et Adit Romano, fondatrices de La Ferme de la liberté.

Ces deux anciennes femmes d’affaires qui sauvent des animaux en Israël

À la ferme de la Liberté, un chevreau sauvé de l’abattage rituel de Pessah se mêle à des cochons et des poules si gavés qu’ils peinent à se déplacer

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Nir a été partiellement amputé de la patte, mais il peut tout de même courir gaiement maintenant grâce à sa prothèse. Billy a son propre fauteuil roulant. Gali, aveugle, a retrouvé sa mère Angela. Et Roni, sauvé d’un sacrifice rituel, adore sauter sur le trampoline et se livrer à des espiègleries.

Ces cinq animaux, rescapés de l’industrie de l’élevage, vivent choyés et bichonnés à la ferme de la Liberté, dans le Moshav Olesh, qui se situe dans la plaine Sharon, au centre d’Israël.

Ils sont environ 200 – têtes de bétail, chèvres, moutons, lapins, poules, dindes, oies, ânes ou canards soignés et présentés au public à travers des visites guidées (elles ont actuellement lieu virtuellement, via Zoom) dans le cadre d’une initiative visant à sensibiliser aux méfaits environnementaux, sanitaires et moraux de l’industrie de l’élevage.

Dimanche – c’était la Journée mondiale du véganisme – la ferme de la Liberté se trouvait au beau milieu d’une campagne de collecte de fonds en ligne qui a duré 36 heures. Objectif : réunir 250 000 shekels pour payer les factures alimentaires des animaux en 2021. Ce qui aidera à compenser les baisses de revenu, cette année, qui ont été entraînées par une diminution du nombre de visites et des dons dans un contexte de crise de la COVID-19.

La ferme de la Liberté est née de l’initiative de deux femmes qui ne se préoccupaient guère des animaux ou du mouvement végan avant de voir, par hasard et chacune de leur côté, une conférence donnée par Gary Yourofsky, militant juif américain de la défense des droits des animaux et du véganisme.

« Cela faisait 20 ans que j’étais femme d’affaires et entrepreneure », raconte Adit Romani au Times of Israel. « Il y a environ sept ans et demi, j’ai vu une conférence de Gary Youroufsky. J’ai appris quelles étaient les implications de l’industrie de l’élevage du bétail pour l’environnement et la santé, mais ce qui m’a profondément retournée, c’est la cruauté. À partir de ce moment-là, impossible pour moi de rester à ne rien faire. Je suis devenue végane. J’ai commencé à faire du bénévolat pour une organisation à but non lucratif végane, et c’est là que j’ai rencontré Meital Ben Ari qui, à ce moment-là, était économiste dans le secteur des hautes technologies. Elle avait cessé d’être omnivore et elle était devenue immédiatement végane après avoir vu la même conférence que moi ».

« Et puis un jour, j’ai vu une vidéo sur un refuge pour les animaux, qui montrait des enfants en train de jouer avec les bêtes et j’ai eu une illumination. J’ai réalisé que si les gens pouvaient rencontrer les animaux et les regarder dans les yeux, comme ils le font avec leurs chats et leurs chiens, alors on pourrait changer les choses ».

Quand Romano a décidé de créer son refuge, Ben Ari, qui avait eu la même idée, lui a demandé de la rejoindre dans cette aventure.

Un lapin de la ferme de la Liberté, soigné pour une infection à l’œil contractée lorsqu’il était utilisé pour des expériences. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Deux ans plus tard, au mois d’octobre 2016, après être venues à bout d’une bureaucratie écrasante, après avoir soulevé des fonds et sauvé les premiers animaux qui allaient devenir leurs pensionnaires, les deux femmes ont ouvert la ferme de la Liberté. La ferme survit grâce aux dons du public.

Là-bas, les animaux jouissent d’un hébergement cinq étoiles, avec notamment une salle climatisée pour ceux qui souffrent de la chaleur. Les lieux sont tranquilles, paisibles, d’une propreté impeccable, sans odeurs dérangeantes.

https://www.facebook.com/maymeital2/videos/10157257922305071/?t=0

Roni : sauvé de l’abattage rituel

Roni, le chevreau, a été sauvé après un message publié au mois d’avril sur Facebook, qui signalait qu’il allait être sacrifié sur le mont du Temple, à Jérusalem, dans le cadre d’un rituel traditionnel de Pessah remontant à des temps anciens. Chaque année, à cette occasion, les Juifs messianiques tentent d’introduire des animaux sur le mont du Temple pour les sacrifier malgré une interdiction qui vise à prévenir les provocations sur ce site ultra-sensible.

Le post Facebook qui montrait le petit chevreau qui allait être sacrifié dans le cadre d’un rituel religieux sur le mont du Temple et qui a finalement permis à la ferme de la Liberté de récupérer l’animal, qui s’appelle dorénavant Roni. (Crédit : Facebook)

Suite à la vive indignation qui s’était exprimée sur le réseau social, l’auteur du message, Raphael Morris, président du mouvement « Retour au mont du Temple », avait été arrêté par la police et le petit chevreau – qui était âgé de moins d’un mois, comme en témoignait la présence sur son ventre du cordon ombilical qui le reliait à sa mère – avait été transféré à la clinique vétérinaire de la ville de Jérusalem.

Alertée, la ferme de la Liberté était allée récupérer le petit animal – qui porte dorénavant le nom de Roni – et avait ensuite invité la famille Morris à la ferme à l’occasion de ce que Ben Ari qualifie maintenant « d’échanges de points de vue très respectueux et tolérants ».

Des enfants de Morris jouent sur le trampoline avec Roni à la ferme de la Liberté. (Autorisation : Ferme de la Liberté)

« Et aujourd’hui, Roni est l’animal le plus dingue de la ferme ! », s’exclame Ben Ari. « Il profite de la vie au maximum, il saute sur le trampoline, il mange la nourriture des poules et il va partout où il a l’interdiction d’aller ».

Peut-être apprendra-t-il encore d’autres ruses auprès d’une autre chèvre, Hava, qui sait ouvrir les portes, quelle que soit la complexité des poignées, ou de Billy (ci-dessous), qui déambule partout dans la ferme grâce à son fauteuil roulant artisanal.

Billy et son fauteuil roulant (Autorisation : ferme de la Liberté)

Yossi le cochon, tellement engraissé pour l’abattoir qu’il peine à se déplacer

Il y a quatre cochons à la ferme de la Liberté – « ce sont les animaux les plus intelligents et les plus sensibles », selon Ben Ari.

« Ils enthousiasment nos visiteurs, peut-être parce qu’ils ont un côté très humain. Ils partagent 95 % de notre ADN, et c’est pour cela qu’ils sont tellement prisés pour les expérimentations. Environ 220 000 cochons sont abattus chaque année en Israël : la moitié pour des expériences scientifiques, la moitié pour la viande, mais on les dissimule aux regards, et c’est très difficile de venir à leur secours ».

Orit, qui adore qu’on lui gratte le ventre, fait la sieste à la ferme de la Liberté, le 1er novembre 2020. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Elle continue : « On a réussi à sauver Dokla et Orit lorsqu’ils étaient porcelets. Ils avaient si peur quand ils sont arrivés ! Dans l’industrie, quand ils ont entre dix jours et deux semaines, on leur arrache les dents de manière à ce qu’ils ne puissent pas se mordre les uns les autres dans des conditions de surcharge. On leur coupe la queue – cette queue qui, comme c’est le cas aussi des chiens, leur sert à communiquer – et on castre les mâles, parce que cela rend apparemment la viande de porc plus goûteuse. Et tout ça, sans anesthésie. On les tue habituellement à l’âge de quatre mois environ et à ce moment-là, grâce à des manipulations génétiques, ils pèsent déjà cent kilos. Et quand ils vivent, les femelles vont passer des semaines entières enfermées et dans l’incapacité de se déplacer, enfermées dans des cages de mise-bas ».

Une truie allaite ses petits dans une cage de mise-bas au sein d’un bâtiment de l’Elite Pork Partnership à Carroll, dans l’Iowa, le 10 juillet 2019. (Crédit : AP Photo/Charlie Neibergall)

Quand Yossi est arrivé, il était presque mort. Encore aujourd’hui et malgré un régime très strict constitué essentiellement de salade, il est tellement en surpoids que ses pattes lui font mal quand il se déplace. Il prend quotidiennement des anti-douleurs.

Yossi partage sa soue, agrémentée d’un bain de boue extérieur, avec Omri. L’épiderme du cochon est similaire à celui des êtres humains et brûle facilement au soleil. La boue est l’équivalent porcin de la crème solaire et elle leur permet de faire chuter leur température, ce qui est indispensable dans la mesure où les cochons n’ont pas la capacité de transpirer.

Poules et poulets dénaturés par les manipulations génétiques

Certaines poules et poulets qui coulent dorénavant des jours heureux à la ferme de la Liberté ont été sauvés des cérémonies de Kapparot auxquels se livrent certains Juifs orthodoxes à la veille de Yom Kippour. Les pénitents font tourner autour de leur tête un poulet vivant à trois reprises avant de l’abattre – ce qui représente un transfert symbolique des péchés de l’homme à l’oiseau.

Les manipulations génétiques ont produit deux variétés différentes dans l’industrie de la volaille – il y a celles qui pondent des œufs et celles qui seront destinées à la viande. Dans les deux branches, les poussins sont triés et ceux qui sont considérés comme non adaptés (les mâles pour les œufs, ou les plus malingres dans le cas de la viande, sont directement jetés dans des machines qui les écrasent vivants – cela concerne environ 15 000 poussins de chaque type en Israël par an.

Danielle Meiri, cheffe des soins aux animaux à la ferme de la Liberté, s’occupe de Mandy, une poule sauvée de l’industrie des œufs qui a des problèmes chroniques de système immunitaire. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Les becs des femelles destinées à la ponte – le bec est le principal outil qui permet aux volailles d’interpréter leur environnement – sont attachés pour les empêcher de se blesser les unes les autres dans des cages tellement pleines qu’elles ne peuvent pas déployer leurs ailes. Elles doivent rester sur des grilles en métal qui leur blessent les pattes.

Avant les manipulations génétiques, une poule pondait 30 œufs par an. Dans l’industrie d’aujourd’hui, elles doivent en produire 300 chaque année. Après un an, lorsqu’elles commencent à moins rendre, elles sont affamées pendant une dizaine de jours pour relancer la ponte. Puis, après deux ans, le camion d’électrocution de l’Association des éleveurs de volailles arrive et le cheptel tout entier est exterminé pour être remplacé par un nouveau.

Des poules en batterie. (Crédit : Sangamithra Iyer and Wan Park/CC BY-SA 3.0/Wikimedia)

Les poules et poulets sauvés de l’industrie de la viande apportent d’autres sortes de problèmes.

« On les gave pour qu’ils deviennent aussi gros que possible dans les délais les plus courts », explique Ben Ari. « Ils deviennent si gros qu’ils ne parviennent plus à rester debout, mais leurs cœurs, pour leur part, ne se développent pas et ils meurent souvent d’une défaillance cardiaque avant même d’être emmenés à l’abattoir, à 40 jours. Ceux dont les pattes ont cédé sont simplement mis à l’écart et on les laisse mourir ».

Gali, une génisse née aveugle, lors de son arrivée à la Ferme de la Liberté. (Autorisation : Ferme de la Liberté)

Gali, la génisse aveugle, a retrouvé sa mère

Gali, une génisse aveugle et trop maigre pour être vendue pour la viande, était âgée de 14 jours quand sa propriétaire a suggéré que la ferme la Liberté la récupère. Deux ans plus tard, la ferme est parvenue à retrouver et à sauver la mère de Gali, dans la même exploitation laitière. La mère, connue sous le nom d’Angela, a mis bas à cinq reprises et elle a porté des jumeaux – une gestation qui n’a pas abouti. Elle a développé une infection qui a affecté son lait, et il a donc été décidé de la destiner à la viande.

Ben Ari explique que « comme c’est le cas de toutes les vaches laitières, elle est arrivée ici très malade. Elle avait une infection à l’utérus. Il a fallu huit mois pour la soigner. Les exploitations laitières séparent les veaux et les mères dès la naissance et elle n’a donc pas reconnu Gali. Mais un lien s’est développé et aujourd’hui, elle est la seule vache à adorer Gali, et elle veut être avec elle.

Gali, qui a grandi, se fait gratter par une machine, la « Happy Cow ». Elle porte un bonnet anti-mouches. (Crédit :Sue Surkes/Times of Israel)

Danielle Meiri, qui dirige l’équipe chargée des soins, explique que « l’idée de la ferme, ce n’est pas de prendre en charge le nombre d’animaux le plus important possible parce que nos ressources sont limitées. L’idée, c’est que chaque animal qui se trouve ici puisse servir d’ambassadeur pour les autres qui sont abandonnés à l’industrie. »

Ben Ari ajoute que « c’est tellement excitant de voir les enfants venir ici. On leur explique combien nos animaux ressemblent à leurs chiens et à leurs chats, et ils nous racontent des histoires sur leurs animaux domestiques. Ils ont une vraie connexion, ils comprennent vraiment les choses. Un enfant s’est approché d’Omer, le chevreau aveugle, et il a expliqué combien cela devait être difficile de ne rien voir, combien Omer voulait encore se faire des amis et combien il voulait être compris et aimé. On a été tellement émues qu’on en a pleuré ».

Vous voulez faire un don, visiter ou travailler bénévolement pour la ferme de la Liberté ? Rendez-vous sur le site internet ou sur la page Facebook de la ferme.

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