Cet article a été rédigé le 7 janvier 2022.
La course à la présidence de l’Agence juive est devenue étonnamment passionnante.
Avec des partis de la coalition au pouvoir qui présente des candidats en concurrence, et le puissant parti d’opposition du Likud soutenant le sien, celui qui dirigera cette importante organisation semi-gouvernementale n’a toujours pas été choisi.
En octobre, le ministre du Renseignement, Elazar Stern, soutenu par Yair Lapid, a retiré sa candidature alors qu’il était accusé d’avoir ignoré des plaintes pour harcèlement sexuel lorsqu’il était à la tête de la Direction des ressources humaines de l’armée israélienne.
Depuis, les actions du gouvernement ont peu contribué à répandre la confiance dans le processus ou à l’égard de l’Agence juive, souvent considérée comme un vestige obscur et dont le président est sélectionné après des tractations qui se déroulent souvent en coulisses.
Voulant revendiquer le rôle d’Elazar Stern en tant que chef de file soutenu par le gouvernement, le ministre des Affaires de la diaspora, Nachman Shai (parti Travailliste), s’est porté candidat. Mais jusqu’à présent, il n’a pas reçu le soutien du gouvernement et n’a pas été invité à la deuxième série d’entretiens par le comité de nomination.
La semaine dernière, après avoir fait pression sur la commission de nomination pour qu’elle repousse la date limite de présentation d’un nouveau candidat de la coalition, Yair Lapid a annoncé que la candidate de son parti Yesh Atid serait Ruth Calderon, éducatrice, spécialiste du Talmud et fondatrice du premier centre d’études laïc d’Israël. Elle a siégé au Parlement israélien de 2013 à 2015 pour la faction centriste.
Mais le Premier ministre Naftali Bennett n’a pas soutenu Ruth Calderon, et pourrait ne jamais le faire. Des sources suggèrent en effet qu’il existe une certaine résistance à sa candidature parmi les membres religieux de la commission en raison de son approche de la pratique juive. Dans une vidéo de 2014 qui vient de refaire surface, Ruth Calderon déclare qu’elle pourrait placer du pain sur sa table pendant Pessah, fête durant laquelle cet aliment est proscrit, afin de se souvenir de l’exode d’Egypte.
De son côté, le partenaire de coalition de Yair Lapid, le ministre de la Défense Benny Gantz, continue de soutenir l’ancienne ministre de la Diaspora Omer Yankelevich, membre de son parti Kakhol lavan.
Alors que les candidats non soutenus par la coalition ont donné des interviews détaillées sur leur vision de l’agence, Calderon et Yankelevich refusent de parler à la presse.
Le député du parti Yisrael Beytenu, Eli Avidar, qui devait reprendre le ministère de Stern, rend aussi la tâche compliquée en refusant de voter avec la coalition tant qu’il n’aura pas de portefeuille. Il aurait pu s’installer au ministère de la Diaspora de Shai, mais celui-ci a vraisemblablement conservé son poste.
La course est maintenant largement ouverte. Après l’abandon de Stern, on a appris que la commission de nomination souhaitait choisir une femme, et il y a des candidates convaincantes, comme Fleur Hassan-Nahoum et Michal Kotler-Wunsh, qui ne bénéficient pas de soutien politique.
Par ailleurs, il est difficile d’ignorer les candidatures de diplomates expérimentés comme Michael Oren et Danny Danon.
L’organe exécutif de l’Agence juive, qui se compose de 10 membres – cinq issus de l’Organisation sioniste mondiale (WZO), trois représentants des Fédérations juives d’Amérique du Nord et deux représentants de Keren Hayesod-United Israel Appeal – devait choisir le prochain chef de la plus grande organisation juive à but non lucratif au monde le 24 octobre dernier au plus tard. Mais quelques jours avant cette date limite, la commission exécutive a annoncé que le vote serait reporté de deux mois afin de laisser plus de temps à la coalition pour sélectionner son candidat.
Mais à ce stade, rien ne garantit qu’une décision sera prise de sitôt. Des sources affirment que le processus a été tellement bâclé qu’il pourrait bien s’étendre jusqu’à juillet et jusqu’à la réunion du Conseil des gouverneurs, la commission devant interroger une toute nouvelle liste de candidats.
Certains des candidats indépendants ont exprimé leur frustration face aux dommages potentiels causés à la réputation de l’Agence juive et aux tactiques de la coalition.
« La grande réussite de Natan [Sharansky] et Boujie [surnom d’Isaac Herzog] a été d’élever la position du président et de l’élever au-dessus de la politique, et ce faisant, ils ont élevé l’ensemble de l’agence au-dessus de la politique », a déclaré Oren avant d’ajouter que « tout ce processus l’a une fois de plus empêtré dans la politique ».
« En l’état, l’agence a un problème de relations publiques en Israël », a-t-il aussi dit. « Et ce processus n’a pas facilité la réfutation de cet argument. »
« Je pense que c’est très triste, car l’Agence juive est plus qu’un arrangement politique », déplore Hassan-Nahoum. « Quiconque veut vraiment ce poste et ressent une passion pour la cause a déposé sa candidature il y a longtemps. »
Un organisme transformé
L’agence a été fondée en 1929 pour représenter la communauté juive de la Palestine mandataire à travers le monde. Elle a fondé les institutions de l’État naissant, ainsi que les villes et les fermes.
Une fois l’État fondé, l’Agence juive est devenue une organisation parallèle entretenant des relations complexes avec le gouvernement et les institutions de l’État. L’Agence juive est habilitée par la loi à déterminer l’éligibilité à l’immigration, mais elle fonctionne comme une organisation à but non-lucratif, ce qui lui permet de collecter des fonds. Elle jouait également un rôle de premier plan dans le sauvetage des Juifs à l’étranger, ce qu’elle fait toujours, mais à une échelle bien moindre, les communautés juives persécutées ayant largement réussi à émigrer.
Par tradition, le Premier ministre propose un candidat à la tête de l’organisation semi-gouvernementale et le candidat est généralement approuvé par la commission de nomination, puis par son conseil d’administration de 120 personnes.
Mais ces dernières années, le rôle traditionnel de l’Agence juive en tant que représentant inébranlable du gouvernement israélien a changé.
En juin 2017, un an avant la fin du mandat prolongé à plusieurs reprises de Natan Sharansky en tant que président, l’ancien prisonnier de Sion a pris une mesure sans précédent en s’opposant publiquement à la fois au gouvernement et au Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, qui l’avait nommé à ce poste huit ans plus tôt. La source de ses ressentiments concernaient d’une part le gel d’un projet de construction d’une zone de prière égalitaire au mur Occidental, et une législation visant à cimenter le monopole de facto des ultra-orthodoxes sur les conversions au judaïsme en Israël d’autre part.
Le deuxième camouflet majeur est survenu un an plus tard, lorsque le Conseil des gouverneurs de l’Agence a élu à l’unanimité le chef de l’opposition Isaac Herzog, ancien chef de la faction de l’Union sioniste et éternel critique de Netanyahu, pour succéder à Sharansky en tant que président, contre la volonté explicite du Premier ministre.
Mais Herzog est devenu président de l’État d’Israël, ce qui a déclenché la course pour le remplacer.
L’éventuel candidat exercera une influence considérable sur les relations entre la Diaspora et Israël, la lutte contre l’antisémitisme, l’immigration en Israël, l’éducation juive et l’allocation de plus de 370 millions de dollars en Israël et dans les communautés juives du monde entier.
Il ou elle devra également faire face à des défis : un groupe d’élus américains progressistes de plus en plus affirmé qui a les relations d’Israël avec les États-Unis dans sa ligne de mire, l’apathie croissante ou même l’antipathie de jeunes Juifs à l’égard du judaïsme et Israël, les campagnes de boycott du BDS à l’encontre de l’État hébreu, et plus encore.
Le Times of Israël s’est entretenu avec quatre des principaux candidats à ce poste.
Un diplomate expérimenté et rival de Netanyahu
Danny Danon, président de World Likud, a eu une grande expérience au sein du gouvernement et de la représentation d’Israël aux États-Unis.
Peu de temps après avoir obtenu son diplôme de l’Université internationale de Floride, M. Danon a été envoyé par l’Agence juive pour être son émissaire dans le sud de la Floride. Il est entré en politique par le biais du Likud et a été député de 2009 à 2015. M. Danon a toujours critiqué Benjamin Netanyahu au sein du parti, contestant à deux reprises la direction du parti par le Premier ministre.
Alors qu’il était ministre des Sciences et de la Technologie, M. Danon a été nommé par M. Netanyahu ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU et a réussi à améliorer la position d’Israël au sein des commissions onusiennes.
M. Danon a déclaré au Times of Israël que l’acceptation accrue d’Israël au sein de l’ONU était en grande partie imputable au fait que les petits pays bénéficiaient des technologies israéliennes.
M. Danon considère que la mission de l’Agence juive dans les années à venir sera de combattre l’antisémitisme et de promouvoir la continuité et l’identité juives. Il soutient que l’Agence juive a une pertinence durable parce qu’elle est « la plus grande organisation qui permet à tous les Juifs de différentes perspectives et idéologies de s’asseoir ensemble à une même table ».
« C’est la plateforme la plus importante pour que le peuple juif puisse relever les défis de l’avenir juif », a-t-il déclaré.
Danon a maintenu que la force des communautés juives dans le monde n’est pas seulement importante pour les communautés de la diaspora. « Cela les rend plus impliqués dans le judaïsme et Israël », a-t-il souligné. « J’appelle cela une partie du Dôme de fer diplomatique d’Israël. »
Mettant en avant son bilan à l’ONU, M. Danon se décrivait comme un bâtisseur de ponts – ce qui est essentiel pour unifier les dirigeants et les communautés juives dans la lutte contre le BDS. « Les voix radicales deviennent plus fortes », a-t-il déclaré. « Elles ne vont pas disparaître. »
S’il prend la tête de l’Agence juive, il concentrera ses efforts sur les écoles juives : « Je pense que nous devons nous concentrer sur les adolescents, pour voir comment nous pouvons les relier à leurs racines. »
M. Danon a manifestement une grande expérience du travail au sein du gouvernement et avec les communautés juives. Mais il est un homme du Likud à un moment où son foyer politique de toujours siège dans l’opposition. Il est possible que les représentants du Likud au conseil d’administration de l’Agence juive trouvent davantage de soutiens pour Danon en offrant leur soutien aux candidats d’autres partis pour d’autres postes, mais cela nécessitera de nombreuses tractations.
M. Danon insiste sur le fait que le poste n’est pas politique et que son affiliation au Likud ne lui nuira pas. « Quiconque sera élu devra mettre son idéologie de côté », a-t-il souligné.
Rappelant qu’il a été président de la commission de l’Immigration et de l’Intégration de la Knesset et qu’il a siégé au conseil d’administration de l’Agence juive, M. Danon a déclaré qu’il apportait « les compétences, l’expérience et les relations dans le monde entier pour collecter des fonds et promouvoir les objectifs du peuple juif ».
Refléter la diversité du peuple juif
Fleur Hassan-Nahoum, adjointe au maire de Jérusalem chargée des relations étrangères, du développement économique international et du tourisme pour la capitale, a grandi à Gibraltar, parlant anglais et espagnol. Son père a été le premier maire de Gibraltar, puis ministre en chef pendant vingt ans.
Hassan-Nahoum a immigré en Israël avec sa famille en 2001, avant de travailler au Joint Distribution Committee (JDC) et de fonder une société de communication.
Elle est entrée en politique locale en 2013 avec le parti pluraliste Yerushalmim de Jérusalem, siégeant au conseil municipal et dirigeant la faction. Elle s’est présentée sur la liste Jerusalem Will Succeed du candidat à la mairie Zeev Elkin en 2018, et a été nommée adjointe au maire par le vainqueur de la course, Moshe Lion, qui soutient sa candidature.
Elle a également été active dans la promotion des liens entre Israël et ses nouveaux partenaires dans le monde arabe par le biais du Conseil d’affaires EAU-Israël, qu’elle a co-fondé en 2020 avec l’investisseur israélien Dorian Barak.
Mme Hassan-Nahoum estime que son parcours fait d’elle la bonne personne pour diriger l’Agence juive à ce stade.
« Je pense que ce poste convient mieux à un Israélien qui a grandi en diaspora », a-t-elle déclaré, arguant que le principal défi auquel sont confrontées les communautés juives du monde entier n’est plus la survie physique, mais la continuité.
« Les Israéliens ont plus de mal à comprendre les défis de la diaspora et certainement les défis auxquels sont confrontés les immigrants », a-t-elle soutenu.
« Les Juifs de la diaspora sont notre famille, notre communauté, il faut que ce soit quelque chose que nous renforcions et que nous perpétuions. L’Agence juive est la mieux placée pour renforcer cette relation symbiotique. La diaspora a besoin d’Israël, Israël a besoin de la diaspora. »
Hassan-Nahoum pense également que les Juifs résidant hors d’Israël sont parfois frustrés lorsqu’ils perçoivent un manque de pluralisme en Israël et lorsque les institutions qu’ils rencontrent ne reflètent pas toujours la diversité du peuple juif.
« L’Agence juive a ici l’occasion d’élire quelqu’un qui reflète la diversité du peuple juif », a-t-elle déclaré.
Soulignant qu’elle parle les langues de 90 % du monde juif – l’anglais, l’espagnol, l’hébreu et un peu de français – Hassan-Nahoum a insisté sur le fait qu’elle est la candidate la mieux placée pour travailler avec les communautés juives anglophones et celles d’Amérique latine et que ses projets en cours dans le Golfe lui permettent d’aider les communautés juives émergentes à prospérer.
Figurant parmi les 35 premiers influenceurs pro-israéliens sur les réseaux sociaux, selon le classement établi par la société de marketing numérique Social Lite Creative LLC, Mme Hassan-Nahoum estime être bien placée pour toucher les jeunes Juifs du monde entier : « Je connais les critiques des jeunes à l’égard d’Israël, leurs frustrations, leurs désirs de connexion avec Israël et le moyen de les impliquer dans ce pays. Je veux leur insuffler de la passion pour leur pays et leur peuple. »
Israël ne profite pas encore des possibilités qu’offre la technologie pour le relier à la diaspora, a-t-elle fait valoir. Elle imagine des étudiants d’Israël et de l’étranger assis ensemble dans les mêmes salles de classe électroniques et un tournoi de jeux vidéo juifs Esports de type Maccabiah Games.
« Il y a tellement d’idées fraîches et nouvelles », a-t-elle déclaré. « J’explore tout cela maintenant pour que les jeunes de Jérusalem se connectent avec les jeunes Juifs du monde entier et aussi pour que les jeunes des pays des accords d’Abraham et d’Israël interagissent. »
Hassan-Nahoum a décrié la rigueur des restrictions sanitaires formulées par le gouvernement sur les entrées dans le pays, notamment pour son impact sur les olim. « Je crains que les dommages causés par la fermeture de nos portes aux Juifs du monde qui considèrent Israël comme leur foyer soient énormes. Nous devons plaider pour que notre peuple puisse entrer et pour que les olim de ce pays puissent avoir leurs proches ici et voyager vers leurs proches à l’étranger. »
Malgré son expérience, Hassan-Nahoum est confrontée à un obstacle majeur dans la course : elle n’a été soutenue par aucun parti politique. Mais elle considère cela plutôt comme un avantage.
« La présidente doit savoir travailler avec tous les gouvernements », a-t-elle souligné.
Si la commission de nomination montre une fois de plus qu’elle est prête à regarder au-delà des tractations politiques autour de la sélection, alors Hassan-Nahoum a une réelle chance de devenir la première femme et la première dirigeante sépharade de l’Agence juive.
La langue hébraïque comme pilier
Michael Oren est une figure familière pour les Juifs d’Israël et du monde entier.
Cet auteur, officier, historien, homme politique et diplomate né aux États-Unis s’est installé en Israël en 1979 après avoir obtenu une maîtrise en Affaires internationales à l’université de Columbia. Il a servi comme parachutiste au sein de l’armée israélienne lors de la première guerre du Liban en 1982 et a été arrêté par le KGB alors qu’il voyageait en Union soviétique pour prendre contact avec le mouvement sioniste clandestin.
Après avoir obtenu son doctorat à l’université de Princeton, M. Oren s’est fait connaître en 2002 avec son livre Six Days of War : June 1967 and the Making of the Modern Middle East.
En 2009, alors qu’il enseignait à l’université de Georgetown, M. Oren a été nommé par M. Netanyahu au poste d’ambassadeur aux États-Unis. Il a été un personnage clé dans les relations souvent tendues entre Netanyahu et le président américain de l’époque, Barack Obama.
Après avoir quitté ce poste en 2013, Oren a siégé à la Knesset de 2015 à 2019, tout en continuant à écrire et à donner des conférences.
Bien que l’Agence juive ait eu la réputation d’être un « dinosaure lourdement bureaucratique » pendant de nombreuses années, Oren considère que son rôle est aujourd’hui tout aussi important qu’en 1948, si ce n’est plus.
« Le peuple juif est au bord d’une catastrophe, une catastrophe historique », a-t-il souligné. « Nous risquons de perdre de grandes parties du peuple juif par l’aliénation d’Israël, l’aliénation de l’identité juive, du peuple juif. Aucune autre organisation n’a l’expérience, le rayonnement, la capacité, le budget, la vision pour tendre la main et ramener le peuple juif du bord du gouffre. »
Si Oren est sélectionné, l’hébreu sera un pilier de l’action de l’Agence juive auprès du monde juif. « C’est la lingua franca du peuple juif. Pour moi, c’est l’ADN du lien avec Israël. »
Il souhaiterait que l’Agence juive promeuve des programmes d’hébreu à l’étranger sur le modèle immersif du Middlebury College et que l’organisation étende son rôle de promotion de l’hébreu dans les camps d’été juifs.
Oren est fermement convaincu « qu’une diaspora juive prospère et sûre est un intérêt stratégique historique et moral. Point final ».
Pour atteindre ces communautés, a-t-il souligné, il n’y a pas d’approche unique que l’Agence juive puisse utiliser de manière générale.
« Chaque communauté doit être traitée séparément et avec un langage adapté à ses particularités et à sa sensibilité », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas parler de l’antisémitisme que vivent les jeunes Juifs français de la même façon que nous parlons de l’antisémitisme que vivent de jeunes Australiens. »
Selon Oren, homme érudit qui a publié des romans et des nouvelles, Israël, par le biais de l’Agence juive, doit raconter au monde une nouvelle histoire, avec un volet émotionnel. Lorsqu’il était vice-ministre du bureau de Netanyahu, le Premier ministre lui a demandé pourquoi Israël perdait la bataille des relations publiques.
« Je lui ai dit qu’il y avait de nombreuses raisons, mais que la raison essentielle était que les Palestiniens et leurs partisans avaient un récit de cinq mots que tout le monde pouvait réciter – oppression, occupation, racisme, colonialisme, impérialisme. »
« Quels sont nos cinq mots ? », a demandé Oren.
Après avoir reçu des suggestions typiques sur l’innovation et l’agriculture désertique de la part de cadres marketing de Madison Avenue, Oren s’est assis avec des poètes et a créé un narratif autour de notions comme le foyer, la famille, la communauté et la créativité.
« C’est un message totalement différent », a-t-il déclaré. « C’est ce qui a guidé mon approche pour atteindre les jeunes Juifs américains libéraux et marginalisés. »
Comme Hassan-Nahoum, Oren n’est soutenu par aucun parti, mais il fait valoir qu’il n’est donc redevable à aucune faction ou communauté. « Je suis totalement non-partisan. J’ai été conseiller de Rabin, et j’ai été ambassadeur de Netanyahu et membre d’un parti centriste. » « Je suis capable d’aller au-delà de toutes les limites. »
Un pont vivant
Michal Cotler-Wunsh, ancienne députée qui dirige actuellement l’institut Nefesh B’Nefesh pour la stratégie et la politique d’Alyah et qui conseille de nombreuses organisations sur la lutte contre l’antisémitisme, considère l’Agence juive comme un pont entre les Juifs d’Israël et ceux du monde entier.
« Il est impératif de veiller à ce que ce pont aille dans les deux directions », a-t-elle souligné, affirmant que l’organisation devait faire en sorte que le gouvernement israélien comprenne mieux les attentes des Juifs de diaspora, en leur donnant une plateforme unifiée pour qu’ils puissent faire entendre leur voix et insister pour que certaines décisions ayant des conséquences sur les communautés juives mondiales fassent partie du processus politique israélien.
Née à Jérusalem et élevée à Montréal, Cotler-Wunsh, fille de l’avocat et homme politique canadien Irwin Cotler, spécialiste des droits de l’Homme, se considère elle aussi comme une sorte de pont.
« J’ai soumis ma candidature avec le soutien de personnes qui adhèrent à ce que je suis et à ce que je représente, un pont vivant avec la capacité et la responsabilité de reconnaître et d’arbitrer les différences et la dignité qui en découle », a-t-elle déclaré. « Le chevauchement des identités qui coexistent en moi de manière harmonieuse, élevée par les valeurs juives et universelles, est particulièrement pertinent. »
Sous sa direction, a-t-elle dit, l’Agence juive se concentrera sur trois piliers – olim et alyah, relations Israël-diaspora et lutte contre l’antisémitisme,
Mme Cotler-Wunsh estime que son expertise en droit international et en droits de l’Homme fait d’elle la candidate la plus à même de mettre en œuvre la mission de l’Agence juive.
Elle considère que la campagne de délégitimation et de guerre juridique menée contre Israël, qui a débuté lors de la Conférence mondiale contre le racisme de 2001 à Durban, en Afrique du Sud, était une tentative visant à creuser un fossé entre Israël et la diaspora et entre Israël et les autres pays.
« Parmi les outils dont je dispose, il y a une compréhension aiguë du droit international et des droits de l’Homme qui sont essentiels dans l’analyse des défis et des opportunités », a-t-elle soutenu, soulignant qu’Israël devait adopter « le langage des droits ».
« Nous devons renverser le paradigme en réaffirmant que l’État d’Israël n’est pas une compensation pour les atrocités de la Shoah, mais plutôt que la Shoah n’aurait pas pu se produire s’il avait existé », a-t-elle déclaré. « Nous devons réaffirmer que son existence miraculeuse est l’histoire du retour d’un peuple autochtone archétype sur une terre ancestrale. »
Bien qu’elle ait fait des pieds et des mains pour rejeter la notion de politique identitaire, elle a fait valoir que son expérience en tant qu’immigrante, en tant que soldate seule et en tant que femme lui permettait de voir les problèmes d’une manière dont les anciens chefs de l’Agence juive n’avaient pas pu le faire.
« La multiplicité des identités est une bonne chose », a-t-elle déclaré. « Et après 100 ans, il est temps qu’une femme occupe ce rôle. »
Cotler-Wunsh estime qu’un processus de nomination à la traîne est la dernière chose dont le peuple juif a besoin. « Il y a une opportunité croissante, mais aussi une urgence croissante alors que les défis multidimensionnels augmentent. »