Deux mois, c’est le temps qu’il faut pour empaqueter la vie d’une famille de cinq personnes, vendre la maison et les biens, transférer tout l’argent à l’étranger et déménager à 12 000 kilomètres de là pour commencer une nouvelle vie.
Ofek (pseudonyme) en sait quelque chose, car c’est exactement le temps qu’il lui a fallu, ainsi qu’à son époux et leurs trois enfants, pour régler tous les détails de leur vie dans ville située au nord de Tel Aviv et déménager en Californie, après avoir décidé en mars qu’ils ne pouvaient plus continuer à vivre en Israël en raison du remaniement judiciaire en cours du gouvernement.
« Je suis active dans le mouvement de protestation depuis environ cinq ans et j’étais vraiment contre le fait de partir », a déclaré Ofek. Chaque fois que l’employeur de son mari (qui travaille dans le secteur de la high-tech) lui proposait un déménagement, elle hésitait, affirmant qu’elle voulait rester et essayer de faire bouger les choses.
« Lorsque le débat sur la refonte a commencé, j’ai dit à mon mari que c’était ma ligne rouge. Dès qu’ils sont passés du discours à l’action, c’en était fini. Je ne voulais plus rester », a-t-elle déclaré au Times of Israel par téléphone depuis leur nouvelle maison de San Jose, en Californie.
À la fin du mois dernier, le gouvernement a adopté la première étape de son paquet de réformes judiciaires – une loi interdisant le réexamen judiciaire des décisions gouvernementales et ministérielles sur la base de leur « caractère raisonnable » – par un vote de 64 voix pour et zéro contre, l’ensemble des 56 membres de l’opposition ayant boycotté le vote en signe de protestation.
Ofek et sa famille font partie d’un mouvement croissant d’Israéliens qui envisagent de quitter le pays en raison de la refonte judiciaire et qui, dans certains cas, passent de la parole aux actes. Bien que certains experts estiment que relativement peu de personnes soient susceptibles de déménager en raison d’obstacles logistiques, et que beaucoup plus de personnes déménagent pour des raisons économiques plutôt qu’idéologiques, le simple débat croissant sur la question a touché un nerf sensible dans une société ô combien fragmentée.
« Après avoir manifesté pendant si longtemps, vous comprenez que même si vous bloquez les routes en permanence, vous ne pourrez rien changer », a déclaré Ofek. « J’ai décidé que je n’étais pas prête à m’asseoir sur le bas côté et à aller une fois par semaine ou même trois fois par semaine à la manifestation et à dire ‘ça va aller’. »
« En mars, j’ai commencé à avoir des crises d’angoisse. D’habitude, je suis de nature très optimiste, mais soudain, mon corps m’a dit : ‘Ça suffit, je ne peux plus faire ça. Fais quelque chose ou je suis fichue’. » Pour Ofek, il n’y avait plus aucune question, aucun moment de doute après le début des crises de panique.
« Je n’avais rien d’autre à penser, c’était si clair dans mon corps. J’ai dit : ‘D’ici juillet, je ne veux plus être ici’, et c’est ce qui s’est passé. »
Son mari a commencé à parler de déménagement avec son patron, et sa demande a été rapidement approuvée. La famille possède des passeports européens et a donc envisagé de s’installer au Portugal. L’employeur de son mari a suggéré les États-Unis, où il y aurait plus d’opportunités pour leurs trois enfants, âgés de 9, 13 et 16 ans.
Les deux mois suivants ont été un véritable tourbillon : ouverture de comptes bancaires à l’étranger, transferts d’argent à l’étranger, préparation de leur maison à la vente et réflexion sur l’endroit où ils voulaient déménager. Une fois qu’ils ont décidé de partir, ses crises de panique ont disparu et elle s’est sentie à nouveau elle-même, a déclaré Ofek.
Après avoir contacté un certain nombre de groupes d’expatriés israéliens aux États-Unis sur Facebook, Ofek a été impressionnée par l’accueil chaleureux qu’elle a reçu de la part du groupe israélien de la baie de Californie, où le secteur de la high-tech en plein essor a attiré des milliers d’Israéliens.
Ofek, qui a travaillé dans le secteur de la high-tech et qui est aujourd’hui cheffe de projet, a déclaré que son mari et elle n’avaient pas réalisé à quel point il serait difficile, d’un point de vue logistique, de trouver un logement sans numéro d’identification fiscale, sans numéro de téléphone local et sans adresse existante. De parfaits inconnus du groupe Facebook israélien les ont aidés à s’y retrouver dans les annonces immobilières et se sont même rendus à des journées portes ouvertes en leur nom, les aidant ainsi à trouver une maison à louer avant leur arrivée.
Ils vivent dans leur nouvelle maison depuis deux semaines et, jusqu’à présent, Ofek ne regrette pas d’avoir rompu si catégoriquement avec Israël.
« Nous avons pris une décision sans équivoque », dit-elle. « Au début, nous ne savions même pas où nous irions, mais nous savions que nous ne reviendrions pas. »
« Nous avons dit au revoir à toute notre vie. Ils nous l’ont tout simplement enlevée »
« Nous avions une vie extraordinaire en Israël, mais nous l’avons perdue. Dès que j’ai commencé à ressentir cela, j’ai su que deux options s’offraient à nous. Nous pouvions regarder en arrière et penser à ce que nous avons eu, ou nous pouvions regarder en avant, les yeux pleins de larmes, et dire que cette vie ne reviendra pas », a déclaré Ofek, en se mettant à pleurer. « Nous avons dit au revoir à toute notre vie. Ils nous l’ont tout simplement enlevée. »
L’économie de la ruée vers la sortie
Au cours du mois dernier, des milliers d’Israéliens, en particulier dans les secteurs de la high-tech et de la médecine, ont commencé à étudier les possibilités de relocalisation, en créant des groupes sur WhatsApp et Facebook pour partager des informations et des conseils. Un groupe de discussion WhatsApp destiné aux médecins cherchant des conseils sur la délocalisation à l’étranger s’est ouvert il y a deux semaines et a attiré au moins 3 000 médecins.
Les pays du Golfe ont commencé à courtiser activement les médecins israéliens en leur promettant des salaires trois fois supérieurs à ceux qu’ils perçoivent actuellement. La semaine dernière, le directeur-général du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman-Tov, a tenu une réunion d’urgence avec les médecins pour leur demander de ne pas « abandonner » le système de santé publique israélien.
Ocean Relocation, qui aide les gens à immigrer et à émigrer en Israël, a reçu plus de 100 demandes de renseignements par jour de la part de personnes souhaitant partir depuis que le ministre de la Justice, Yariv Levin, a présenté son plan visant à affaiblir considérablement le système judiciaire au début du mois de janvier. C’est quatre fois plus que l’année dernière, avait déclaré en mars le responsable de l’organisation, Shay Obazanek.
Les personnes qui discutent le plus de la possibilité de partir sont celles qui le peuvent : il s’agit principalement de jeunes professionnels disposant d’actifs financiers, éventuellement d’un passeport étranger, et de compétences hautement qualifiées et facilement transférables dans des professions très demandées. Selon un démographe qui suit l’immigration et l’émigration israéliennes depuis des décennies, il faudra certainement attendre quelques années avant qu’une fuite des cerveaux ne se produise.
« Ma première considération est que nous devons être très prudents et considérer la différence entre l’intention et l’action », a déclaré Pr. Sergio DellaPergola, professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem, auteur de cinq livres et de plus de 300 articles sur l’histoire des migrations en Israël. DellaPergola est également l’ancien président de l’Institut Harman du judaïsme contemporain de l’Université hébraïque.
« Les indicateurs sociaux à long-terme montrent que le nombre d’émigrants d’Israël est intrinsèquement lié à la situation économique du pays. »
« Les indicateurs sociaux à long-terme montrent que le nombre d’émigrants d’Israël est intrinsèquement lié à la situation économique du pays », a-t-il déclaré. Les trois principales tendances qui influencent l’émigration sont le chômage, l’inflation et le niveau des salaires.
Une crise « d’identification », dans laquelle les gens ont des problèmes idéologiques avec le pays qui les poussent à émigrer, est secondaire par rapport aux problèmes économiques, a-t-il ajouté.
Selon DellaPergola, le chômage est l’indicateur le plus important de l’émigration, mais Israël connaît actuellement un faible taux de chômage.
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« J’ai consulté l’autre jour les données du CBS [Bureau central des statistiques] et j’ai été surpris de constater que le pourcentage de chômage en juin 2023 était de 3,6 % », a déclaré DellaPergola. « Il s’agit d’un niveau de chômage très bas – en Italie par exemple, il est supérieur à 7 % (…). Nous ne voyons donc pas encore les conséquences d’une grave crise économique [en Israël]. »
Il est très difficile de suivre l’évolution de l’émigration, car les Israéliens ne déclarent pas qu’ils partent à l’étranger lorsqu’ils prennent l’avion. Un Israélien est considéré comme toshav houtz – ou « vivant à l’étranger » – lorsqu’il est hors du pays pendant une année civile complète, et il y a environ 600 000 Israéliens à l’étranger qui répondent à ce critère. Pour suivre les tendances de l’émigration, les démographes comparent le nombre d’Israéliens vivant à l’étranger d’une année à l’autre. Une augmentation du nombre d’Israéliens vivant à l’étranger signifie donc que davantage d’Israéliens émigrent, tandis qu’une diminution signifie que davantage de personnes reviennent en Israël.
Au cours des cinq dernières années, principalement sous l’effet de la pandémie de coronavirus et du désir de bénéficier d’un système de santé socialisé, le nombre d’Israéliens qui sont rentrés dans le pays a été supérieur à celui des Israéliens qui l’ont quitté, a déclaré DellaPergola. Dans le même temps, l’économie israélienne connaît une croissance régulière et a mieux résisté aux écueils de la pandémie que de nombreux autres pays du monde.
« Tant que l’économie israélienne se portait bien, elle constituait une sorte d’aimant, retenant les citoyens chez eux et rappelant les citoyens de l’étranger », a déclaré DellaPergola. « À la fin de l’année, nous serons mieux à même de comprendre quelles ont été les conséquences [économiques] réelles de la refonte judiciaire. »
« Tant que l’économie israélienne se portait bien, elle constituait une sorte d’aimant »
Historiquement, les plus grandes vagues d’émigration en Israël ont eu lieu dans les années 1970, quelques années après la Guerre de Kippour en 1973, et dans les années 1980, au cours d’une récession massive. Selon DellaPergola, si certains attribuent la vague d’émigration qui a suivi la Guerre de Yom Kippour à un traumatisme national, il pense qu’elle est davantage liée à l’effondrement de l’économie, à la montée en flèche du chômage et à l’inflation de 400 % qu’a connue le pays dans les années qui ont suivi la guerre de 1973.
Selon DellaPergola, il peut également y avoir un « effet boule de neige » de l’émigration directement après un afflux d’immigrants. Dans les années 1990, lorsqu’un million de Juifs soviétiques se sont installés en Israël, une vague d’émigration s’est produite quelques années plus tard, avec des personnes qui ne se sont pas intégrées dans la société israélienne et qui sont parties à la recherche d’opportunités dans d’autres pays.
DellaPergola a immigré d’Italie en Israël en 1966 et a enseigné pendant la majeure partie de sa carrière à l’Université hébraïque. Il n’accorde pas beaucoup d’importance à un récent sondage selon lequel 28 % des Israéliens envisagent de quitter le pays à la suite de la réforme, car il s’agit d’un « chiffre tout à fait théorique », a-t-il déclaré.
Le départ pose d’énormes problèmes logistiques, principalement liés au fait que peu de personnes peuvent obtenir ou obtiennent des visas de travail ou des passeports supplémentaires leur permettant de rester de manière permanente dans un autre pays, sans parler des problèmes sociaux liés à l’assimilation et à l’intégration.
Néanmoins, DellaPergola est particulièrement inquiet de l’impact de la refonte judiciaire sur l’émigration et l’économie en général.
« L’impact est important parce qu’il se concentre sur des secteurs spécifiques de l’économie. La médecine et la high-tech sont deux secteurs d’une importance cruciale », a-t-il déclaré. « Imaginez que quelques milliers de médecins quittent le pays. L’impact sur le système médical serait catastrophique. »
Plus facile à dire qu’à faire
Les familles israéliennes qui envisagent de s’installer à Porto, au Portugal, ne doivent pas craindre que leurs enfants oublient l’hébreu par manque d’amis israéliens de leur âge, selon Vital Erlich Lavie, qui, avec son mari Omer, dirige une entreprise de relocalisation et d’immobilier dans cette ville depuis 2019.
« Une de nos familles nous a dit qu’il y avait neuf enfants israéliens dans la classe de leur fille », a-t-elle déclaré. Au cours de l’année écoulée, trois restaurants israéliens ont ouvert à Porto, et un autre à Lisbonne.
« On a l’impression que le nombre d’Israéliens a doublé au cours de l’année écoulée », a déclaré Lavie. Elle a déclaré que suivre les progrès de la refonte judiciaire depuis l’étranger lui a brisé le cœur, mais lui a aussi procuré un sentiment de soulagement.
« Nous avons l’impression d’être chanceux d’avoir déménagé ici au moment où nous l’avons fait, et nos vies sont déjà construites ici et nous avons un enfant portugais », a-t-elle déclaré. Le couple avait déménagé à Porto en 2018 et a maintenant un fils de trois ans, Rio.
Elle et son mari reçoivent entre 10 et 30 demandes d’informations par jour de la part d’Israéliens, soit deux fois plus qu’il y a un an. Mais elle souligne qu’en dépit de l’augmentation de l’intérêt, peu de personnes finissent par franchir le pas de partir vivre à l’étranger. Sur 100 personnes interrogées, moins de cinq achètent un bien immobilier, et encore moins s’installent à plein temps au Portugal.
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« Si vous n’arrivez pas avec un revenu extérieur, la vie au Portugal n’est pas aussi rose que tout le monde le pense », a-t-elle noté. « Il est important de savoir qu’il n’est pas facile de déménager, où que ce soit dans le monde. »
Se préparer à déménager, mais décider de rester
Alors que l’attention se porte sur les nombreux Israéliens qui quittent le pays à la suite de la refonte judiciaire, la situation politique a incité Meïr (pseudonyme), âgé de 20 ans, à rester.
« Pendant un certain temps, Israël a été très à gauche, et ce n’est pas dans ce contexte politique ou moral que je veux vivre », a déclaré Meïr, qui a quitté les États-Unis pour s’installer en Israël avec sa famille à l’âge de 13 ans. « J’envisageais très fortement de retourner aux États-Unis, où je pourrais jouir de plus de liberté et de droits personnels. »
« Aujourd’hui, on a l’impression que la droite a une colonne vertébrale », a-t-il déclaré. Aujourd’hui, la droite est enfin capable de se lever et de dire : ‘Nous avons été élus… Nous sommes la majorité, c’est ce pour quoi les électeurs ont voté. Nous avons été élus et nous allons maintenant accomplir la volonté du peuple’. »
« Maintenant, on a l’impression que la droite a une colonne vertébrale. La droite a enfin pu se lever et dire : ‘Nous avons été élus… Nous sommes la majorité' »
Meïr, qui a vécu dans le Gush Etzion en Cisjordanie après avoir déménagé en Israël avec sa famille, a récemment terminé son service militaire et travaille dans le marketing pour une entreprise technologique près de Tel Aviv. Il s’est marié pendant son service militaire et a un bébé.
« Je me suis dit que si c’était la direction que prenait Israël, où la droite restait les bras croisés sans rien faire, j’avais l’intention de retourner aux États-Unis [après mon service militaire] », a-t-il déclaré.
Lorsqu’il entend les opposants à la refonte parler en termes angoissés de l’abandon de leur famille et de leur vie, il les comprend.
« Je comprends les gens de gauche, j’étais dans la même situation qu’eux il y a un an », a-t-il déclaré. « Si les gens veulent partir, je pense que c’est tout à fait légitime s’ils ont l’impression que ce pays ne représente pas leurs valeurs. »
Ce n’est pas le pays dans lequel j’ai fait mon alyah
Miri (pseudonyme), éducatrice à la retraite d’une soixantaine d’années vivant dans le centre d’Israël, n’arrive pas à croire qu’elle envisage de déménager à son âge. Elle a quitté le Royaume-Uni pour s’installer en Israël il y a plus de 40 ans, s’est mariée, a eu des enfants et a travaillé dans l’éducation pendant des dizaines d’années.
Une fois que le reste de sa famille eut déménagé en Israël, elle retournait rarement en Angleterre. « Je préfère voyager dans des endroits où je ne suis pas encore allée », dit-elle.
Mais sa façon de penser a radicalement changé ces derniers mois, car elle envisage sérieusement de retourner dans un pays qu’elle connaît finalement à peine.
« Quand je pense à mon avenir et à celui de ma famille, je suis horrifiée à l’idée que nous puissions revenir en arrière aussi rapidement », a-t-elle déclaré. La détérioration de la protection des droits des femmes est sa plus grande préoccupation.
« Même s’il s’est produit des événements politiques avec lesquels je n’étais pas d’accord, je n’avais pas l’impression que c’était si personnel avant », a-t-elle déclaré. « Je ne m’attendais pas à ce que, à mon âge avancé, je sorte et manifeste pendant 30 semaines d’affilée. »
« J’ai déjà eu peur auparavant, lorsque j’ai eu des bébés pendant la guerre du Golfe par exemple, mais ce n’était pas comme ça, parce que j’avais l’impression de pouvoir faire confiance au gouvernement », a-t-elle déclaré.
« Même si j’avais peur, j’avais l’impression que nous étions tous dans le même bateau et que nous allions nous en sortir, parce que le pays était uni. »
La logistique nécessaire pour empaqueter sa vie et déménager en Angleterre, loin de ses enfants, est intimidante, et Miri n’a pas encore pris sa décision finale.
Mais elle veut s’assurer que tous sachent que ce ne sont pas seulement les jeunes professionnels du secteur de la high-tech qui envisagent de partir, mais aussi de nombreuses personnes de son âge.
« J’ai parlé à d’autres amis et ils m’ont dit : ‘Nous ne pouvons pas partir pour des raisons de santé, nous ne pouvons pas déménager, mais c’est ce que notre cœur nous dit que nous devrions faire.' », a-t-elle déclaré.
« Ce n’est pas le pays dans lequel j’ai fait mon alyah », a-t-elle ajouté, en utilisant le terme en hébreu pour désigner l’immigration en Israël. « Il y avait toujours des choses qui n’allaient pas, toujours des choses dont les gens se plaignaient. Mais nous avions le sentiment de construire une société juste et équitable. Aujourd’hui, tout s’écroule et je ne fais pas confiance à ce gouvernement pour prendre les bonnes décisions sur quoi que ce soit. Dans les faits, ce n’est plus seulement une question de leur faire confiance pour prendre la bonne décision – ils prennent déjà des décisions horribles et détruisent les valeurs fondamentales sur lesquelles ce pays a été construit. »
« Nous pensions construire une société juste et équitable. Aujourd’hui, tout s’écroule »
De retour à San Jose, en Californie, Ofek et sa famille s’installent dans leur nouvelle maison. Ses enfants sont inscrits à l’école à partir de l’automne et ils découvrent les avantages de la vie californienne. Elle est triste de leur départ et verse encore des larmes lorsqu’elle pense à ce qu’ils ont laissé derrière eux, mais elle est convaincue que c’était la bonne décision.
« Je suis généralement une personne en bonne santé, mais mon corps est devenu tellement malade que dès que nous avons commencé à parler de notre départ, j’ai repris des forces », a-t-elle déclaré. « C’était un travail énorme de tout organiser, de vendre notre maison et de terminer tout ce que nous avions à faire. Tout le monde autour de nous nous demandait comment nous faisions face, mais nous n’avions pas l’impression que c’était compliqué. »
« Cela m’a semblé tellement juste, voire nécessaire. Je savais que c’était la bonne chose à faire à ce moment, pour protéger nos vies et notre liberté », a-t-elle déclaré.