Hausse des taux d’intérêt et inflation : Record du taux d’emploi des hommes haredi
Le taux record de 55,8 % de participation à la population active reste nettement inférieur au taux national et à celui des femmes de la communauté ultra-orthodoxe

Alors qu’Israël est confronté à une hausse des taux d’intérêt et à une hausse de l’inflation, le taux d’emploi au sein de la population ultra-orthodoxe a atteint un record de 55,8 %.
Ces chiffres, qui portent sur le premier semestre de l’année 2023, concernent les adultes entre 25 et 64 ans. Ils apparaissent dans le rapport mensuel du Bureau central des statistique (CBS) sur le taux d’emploi chez les haredim – les Juifs très pratiquants – et les Arabes, deux populations aux taux de chômage relativement important, que différents gouvernements ont chercher à faire baisser.
Le pic de 55,8 % au deuxième trimestre 2023 constitue une augmentation de trois points par rapport au taux d’emploi du même groupe démographique en 2019, avant la pandémie de COVID-19. L’emploi des femmes dans la communauté haredi, qui s’élevait à 76,6 % en 2019, a également augmenté dans l’ensemble, atteignant 79,3 % au deuxième trimestre de cette année, bien qu’il soit inférieur au pic historique d’environ 83 % au dernier trimestre de 2022. Si les rapports trimestriels montrent des fluctuations, « l’emploi des femmes haredi est constamment élevé », a déclaré Gilad Malach, directeur du programme sur les ultra-orthodoxes en Israël à l’Institut israélien de la démocratie (IDI) et conférencier à l’université Bar-Ilan.
Une partie de l’augmentation du taux d’emploi chez les hommes haredi peut être imputable à la hausse des taux d’intérêt, qui fait grimper les mensualités des prêts immobiliers. La mensualité moyenne pour un prêt d’un million de shekels a augmenté de 330 dollars depuis début 2022, lorsque le taux d’intérêt de référence de la Banque d’Israël était de 0,1 %.

Les familles ultra-orthodoxes sont particulièrement vulnérables à cette augmentation, car elles détiennent une part supérieure à la moyenne du marché des prêts immobiliers et dépendent fortement des prêts à taux variable, moins chers, a déclaré Malach.
Le taux d’inflation annuel d’environ 4 % a encore érodé le pouvoir d’achat des familles haredi, ce qui pourrait inciter davantage d’hommes à entrer sur le marché du travail.
De nombreux hommes haredi consacrent une grande partie de leurs heures à l’étude de la Torah et vivent de dons, de subventions gouvernementales et de salaires perçus par leurs épouses qui, en raison de leurs obligations parentales, ne travaillent généralement qu’à temps partiel et gagnent beaucoup moins que leurs homologues non haredi. Certains hommes travaillent également au noir et ne déclarent pas leurs revenus afin de conserver leurs subventions gouvernementales et d’éviter de payer des impôts.
Cette situation, associée à l’exemption générale dont bénéficient des dizaines de milliers d’hommes haredi de l’armée et du service national, suscite un certain ressentiment chez de nombreux membres de la population non-haredi. Ils s’opposent au financement par l’État, obtenu généralement dans le cadre de négociations entre les partis politiques représentant les haredim et le reste de l’establishment politique, de projets qui permettent à des centaines de milliers de Haredim de rester à l’écart du marché de l’emploi.

Selon le journal Calcalist, le budget national actuel, adopté au début de l’année par la coalition au pouvoir composée de cinq partis religieux et du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, prévoit de doubler les budgets des yeshivot, les établissements d’enseignement religieux, pour les porter à un total de 2,4 milliards de shekels.
Le taux d’emploi des hommes arabes était de 77,6 % au premier semestre 2023, supérieur à 73,4 % en 2021, mais inférieur à 79,7 % en 2017, et inférieur au taux d’emploi global de tous les hommes israéliens, 82 %.
L’emploi chez les femmes arabes était de 44,75 % au premier semestre de cette année, une augmentation importante par rapport aux 39 % de 2019, mais nettement inférieure au taux d’emploi national des femmes, qui est de 75,6 %.