Israël en guerre - Jour 471

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Les ministères veulent élaborer le premier plan de sécurité alimentaire d’ici fin avril

Accéléré par la guerre à Gaza, le plan vise à réduire la dépendance aux importations, cultiver plus localement et promouvoir un régime méditerranéen sain

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Plus de 250 experts en nutrition, agriculture, planification et autres disciplines des secteurs public, privé, universitaire et de la société civile se sont réunis en ligne dimanche pour faire le point sur un plan ambitieux visant à créer le premier programme de sécurité alimentaire d’Israël.

Coordonné par le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, en partenariat avec les ministères de la Santé, de l’Économie et de la Protection de l’environnement, le plan aboutira à un projet de document d’orientation visant à garantir la sécurité alimentaire jusqu’en 2050. Il doit être soumis au gouvernement d’ici fin avril.

Des incertitudes planent toutefois sur sa mise en œuvre, le ministère de l’Agriculture ayant prévu de supprimer un quart de ses effectifs entre cette année et l’année prochaine, et les budgets de recherche et d’investissement ayant été réduits de 360 millions de shekels.

Lundi, des responsables du ministère ont averti, lors d’une réunion spéciale de la commission de l’Économie de la Knesset, que ces réductions – qui s’inscrivent dans le cadre des mesures plus générales prises par le gouvernement pour financer la guerre multi-fronts contre les groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah, et d’autres mandataires de l’Iran – risquent de « paralyser » à la fois le ministère et l’agriculture israélienne.

Ils ont également souligné que l’assèchement des budgets dédiés à la R&D agricole constitue un « risque stratégique à long-terme » et pourrait « nuire de manière irréversible » à la capacité d’Israël de maintenir son statut de leader mondial en innovation agricole, tout en assurant une production alimentaire suffisante.

L’élaboration de ce programme de sécurité alimentaire a débuté il y a près de deux ans, à l’initiative du conseiller climatique du Conseil national de sécurité, Victor Weiss. La guerre contre le Hamas à Gaza a accéléré ce processus, révélant les limites de la dépendance accrue d’Israël aux importations alimentaires ces dernières années.

Le ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire Avi Dichter (deuxième à droite) est assis à côté de David Bitan (à droite), président de la commission de l’économie de la Knesset, à la Knesset, Jérusalem, le 2 décembre 2024. (Crédit : Ministère de l’Agriculture)

En mai dernier, la Turquie, quatrième partenaire commercial d’Israël, a suspendu toutes ses exportations vers le pays, y compris des produits de base comme les tomates. L’Azerbaïdjan a partiellement compensé cette perte, mais grâce à des subventions opportunes du ministère de l’Agriculture, les agriculteurs israéliens ont rapidement intensifié leur production. En novembre, ils ont cultivé environ 15 000 tonnes sur les 16 000 tonnes consommées en Israël.

« Israël n’a jamais véritablement développé de programme de sécurité alimentaire », a déclaré Yuval Lipkin, nommé il y a trois mois à la tête de l’administration de la sécurité alimentaire au sein du ministère de l’Agriculture, au Times of Israel.

La dépendance croissante d’Israël aux importations, sans mesures parallèles pour rendre les agriculteurs locaux compétitifs, a entraîné un déclin de la production nationale, a expliqué Yuval Lipkin. Il a cité l’exemple de l’ail importé de Chine, qui a fait disparaître la production locale. Bien qu’initialement bon marché, l’ail importé a depuis vu son prix augmenter. Par ailleurs, les guerres et le changement climatique ont poussé de nombreux pays à privilégier leurs propres besoins, a-t-il ajouté. Parmi les autres effets mondiaux, le changement climatique a également perturbé les importations et augmenté les prix de produits comme l’huile d’olive.

Archive : Des oléiculteurs et ouvriers récoltent des olives de la variété Koroneiki dans une oliveraie du Moshav Eliad, dans le sud du Golan, en décembre 2022 (Photo par Michael Giladi/Flash90)

La population d’Israël devrait doubler d’ici 2050, mais de nombreuses cultures ne sont plus produites localement et la productivité agricole stagne depuis des années, a averti Lipkin.

« Nous devons redonner confiance à nos agriculteurs, leur offrir des certitudes, réduire le coût de l’eau — qui figure parmi les plus élevés au monde pour l’agriculture —, et maintenir, voire étendre, les terres agricoles. Nous voulons que le ministère des Finances ne réduise pas brusquement les fonds alloués à la recherche. Les agriculteurs ont été les premiers à revenir à la frontière de Gaza après le 7 octobre. Nous devons les soutenir », a-t-il déclaré.

Lipkin a souligné l’importance de rassembler toutes les parties concernées pour réfléchir ensemble à ce que les Israéliens devraient consommer, à ce qu’Israël devrait cultiver, à ce qui devrait être importé et à la manière dont l’agriculture locale pourrait devenir plus efficace et performante grâce à l’innovation et à la technologie.

Des bénévoles cueillant des grenades prennent une pause dans une exploitation agricole d’Ashkelon, en Israël, le 27 octobre 2023. (Crédit : Maya Alleruzzo/AP)

Penser local

L’administration chargée de la sécurité alimentaire s’est fixé comme objectif d’assurer « la capacité de produire des aliments locaux et de garantir un approvisionnement régulier en aliments sains et abordables à moyen et long terme, en quantité, qualité, variété et accessibilité physique et économique, afin de permettre un mode de vie sain pour toute la population israélienne, tout en promouvant l’agriculture et l’industrie alimentaires locales ainsi que des systèmes alimentaires durables et adaptés au climat ».

Le point de départ a été une mise à jour par le ministère de la Santé du panier alimentaire national recommandé par Israël.

Constatant des tendances préoccupantes de surpoids et de diabète chez les Israéliens, ainsi qu’une faible consommation de fruits et légumes chez les populations défavorisées, Moran Blaychfeld Magnazi, directrice de la division de la nutrition du ministère de la Santé, a déclaré que son équipe privilégiait le régime méditerranéen. Elle a recommandé que les Israéliens réduisent leur consommation de viande rouge, notamment de bœuf, et privilégient des sources de protéines comme les légumineuses, le poisson et les algues, à la fois pour des raisons de santé et d’environnement.

Ingrédients typiques d’un régime méditerranéen. (Crédit : inaquim/iStock/Getty Images)

Le panier alimentaire sera calculé en fonction des quantités nécessaires pour une alimentation équilibrée. Une fois l’équilibre établi entre les cultures locales et les importations, des objectifs seront fixés pour renforcer la production locale.

Six groupes de travail composés de fonctionnaires de différents ministères se réunissent au moins une fois par semaine avec des représentants d’organisations publiques et professionnelles, d’instituts de recherche et d’ONG. Ces groupes se concertent sur des thématiques clés : l’agriculture locale, le commerce international et les partenariats, l’industrie alimentaire, la R&D et l’innovation, le panier alimentaire national et les habitudes de consommation, ainsi que la gestion des déchets alimentaires.

De la ferme locale à la table israélienne

Depuis septembre, les groupes analysent la situation actuelle, les risques et les défis. Ces travaux ont culminé lors du webinaire de dimanche, où les participants ont assisté à des discussions thématiques.

Le groupe dédié à l’agriculture locale a examiné des problématiques telles que le coût de l’eau, la pénurie de main-d’œuvre, le changement climatique, les parasites, la santé environnementale, la rentabilité des cultures, la concurrence et les obstacles dans la chaîne de valeur, notamment dans le commerce de gros et de détail.

Un ouvrier thaïlandais conduisant ses collègues au travail sur le tracteur, le 22 février 2011. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Avant le pogrom meurtrier perpétré par le groupe terroriste palestinien Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, près de 30 000 ouvriers agricoles thaïlandais travaillaient en Israël, ainsi que 10 000 à 15 000 travailleurs saisonniers palestiniens, selon le ministère de l’Agriculture.

Des milliers de Thaïlandais sont retournés dans leur pays après l’assaut meurtrier du Hamas, au cours duquel les terroristes ont envahi les communautés du sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes, dont 46 ressortissants Thaïlandais, et kidnappant 251 individus, parmi lesquels plusieurs travailleurs thaïlandais, pour les emmener dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, cinq Thaïlandais ont été tués lors d’attaques menées par le Hezbollah à la frontière nord d’Israël.

Selon Yuval Lipkin, 40 000 travailleurs thaïlandais se trouvent encore en Israël aujourd’hui, mais l’interdiction d’entrée des Palestiniens reste en vigueur.

Le coprésident du groupe, Uri Zuk-Bar, du ministère de l’Agriculture, a demandé davantage de données sur les possibilités de rapprocher la production de la consommation, une approche souvent appelée « de la ferme à la table ».

Des gens font leurs courses sur un marché de producteurs à Moshav Natur dans le sud du plateau du Golan, le 2 août 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Dana Yoskevitz, de l’organisation communautaire Tov HaSadeh (La générosité des champs), a déploré le manque de subventions pour l’agriculture biologique, affirmant qu’un meilleur soutien pourrait attirer bien plus de jeunes vers l’agriculture.

Yael Meltzer, directrice de l’Association israélienne pour l’écosystème de l’agriculture régénérative, a souligné que les obstacles relevaient parfois davantage de la réglementation que du financement. « Prenez une petite parcelle de terre inutilisée dans un moshav, permettez aux jeunes de la cultiver, d’y vivre, et de vendre des produits locaux à la population environnante », a-t-elle suggéré.

Dans le groupe qui a analysé les habitudes de consommation, les défis abordés allaient de l’absence de messages uniformes sur l’importance d’une alimentation saine dans les jardins d’enfants, les écoles et autres institutions, au coût élevé des aliments sains, au manque de restrictions sur la publicité agressive d’aliments malsains destinée aux enfants, et à la manière dont les aliments sont disposés dans les magasins pour attirer l’attention des acheteurs.

Les participants ont proposé des mesures telles que l’utilisation de taxes et de subventions pour promouvoir une alimentation plus saine. Un secouriste a cité une étude allemande montrant que les patients sont plus enclins à changer leurs habitudes alimentaires si cela leur est recommandé par un médecin. Karin Leibovich, nouvelle responsable de la nutrition au ministère de l’Éducation, a exprimé son inquiétude concernant une possible réduction de la teneur en viande dans les repas éducatifs extrascolaires, craignant que cela ne provoque la colère des parents, perçu comme une tentative furtive de réduire les coûts. Dorit Adler, présidente du Forum israélien pour la nutrition durable, a pour sa part mis en garde contre l’impact potentiel sur la santé d’une abondance d’aliments d’origine végétale mal équilibrés.

Des Israéliens font des provisions de nourriture dans un supermarché Rami Levy à Jérusalem, le 12 mars 2020. (Crédit : Olivier Fitoussi/FLASH90)

Le groupe consacré au commerce international s’est concentré sur des questions telles que la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaire, la baisse actuelle de la capacité de production des pays exportateurs (à la fois vers Israël et en général) en raison des impacts du dérèglement climatique tels que la sécheresse et les inondations, l’opportunité d’importer des produits saisonniers pour encourager la concurrence locale, et la préparation des infrastructures israéliennes à gérer des importations accrues alors que la population continue de croître.

Au cours de l’étape suivante, les groupes de travail fixeront des objectifs, des cibles et des indicateurs de performance. À partir de janvier, la troisième phase consistera à examiner des approches alternatives, avant de passer, en mars, à la formulation d’un plan de mise en œuvre opérationnel.

Un deuxième webinaire est prévu pour le 3 mars, suivi d’une conférence le 27 avril, où les plans seront présentés au public, en présence des ministres et des directeurs généraux des ministères concernés.

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