Abbas blâme le Hamas pour la guerre ; l’AP s’aligne sur Israël, selon le Hamas

Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a blâmé le Hamas qui, selon lui, endosse la responsabilité de la guerre actuelle dans la bande de Gaza. De son côté, le groupe terroriste a dénoncé le dirigeant vieillissant de l’Autorité palestinienne qui, a-t-il affirmé, a pris le parti d’Israël.

Des échanges qui ont souligné les tensions entre la faction du Fatah d’Abbas et le groupe terroriste islamiste. Les deux groupes ont vainement tenté de se réconcilier dans le passé.

Cette prise de bec a commencé après une frappe israélienne à Gaza qui a visé le chef de l’aile armée du Hamas, Mohammad Deif, et son bras droit – une attaque qui a fait au moins 90 morts, côté civils, et 300 blessés, a fait savoir le ministère de la Santé de Gaza, dont les chiffres sont invérifiables. Des sources proches de l’armée israélienne ont précisé que le bombardement avait pris pour cible un complexe de l’organisation où étaient rassemblés des dizaines d’hommes armés.

S’il est difficile de dire si Deif est effectivement mort dans cette attaque, Tsahal a confirmé, dimanche, la mort de son adjoint, Rafaa Salameh.

En réponse à l’attaque, un responsable de l’AP, Munir Al-Jaghoub, a déclaré dans un entretien accordé au média saoudien al-Arabiya que « si le Hamas voulait affronter Israël en face à face, il l’aurait fait dans les secteurs où se trouve l’armée et non là où il y a des civils. Le Hamas se cache, dans les faits, parmi les résidents pour se protéger et pour se protéger ».

Le porte-parole du Hamas Jihad Taha a appelé le Fatah à condamner la déclaration faite par Al-Jaghoub, ont rapporté les médias palestiniens.

« Vous devez cesser de promouvoir le narratif mensonger d’Israël et vous tenir aux côtés de notre peuple dans sa bataille décisive et déterminée contre des attaques barbares », a-t-il déclaré.

Des Palestiniens observant un énorme cratère dans le sable après une frappe militaire israélienne près de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 juillet 2024. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

A la place, Abbas a fait une déclaration, disant qu’il « constate qu’en fuyant l’unité nationale et en offrant des prétextes à l’État d’occupation, le mouvement du Hamas est un partenaire dans la continuation de la guerre et du génocide en cours dans la bande de Gaza et il assume là-dedans une responsabilité légale, morale et politique ».

Mais le Centre d’information palestinien a signalé que l’Autorité palestinienne avait, dans les faits, condamné les critiques du Hamas qui ont été proférées par Al-Jaghoub qui, à son tour, a présenté ses excuses et qui a demandé à ce que ses déclarations soient retirées.

Le groupe terroriste a été accusé de prolonger la guerre en refusant de déposer les armes et de libérer les otages kidnappés le 7 octobre, lorsque environ 3 000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière d’Israël par voie maritime, terrestre et aérienne, et qu’ils avaient commis un pogrom dans le sud du pays. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza, se livrant à des atrocités et à des violences sexuelles à grande échelle.

Sami Abu Zuhri, un haut-responsable du Hamas, a dit à Reuters que la déclaration du président de l’Autorité palestinienne indiquait que cette dernière « a choisi de se placer du côté de l’occupation ».

« Une telle attitude ne parviendra pas à dissuader la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes anti-Israël] qui ne cédera pas au chantage ou aux pressions », a-t-il ajouté.

Un autre dirigeant du Hamas, Bassem Naim, aurait dit, selon Reuters, que les propos d’Abbas montraient que lui-même et l’Autorité palestinienne qu’il dirige « sont des partenaires de l’ennemi sioniste et de ses crimes non seulement à Gaza, mais aussi sur toute la terre palestinienne ».

Le chef de l’Autorité palestinienne, de son côté, a néanmoins critiqué Israël et les États-Unis pour leur rôle dans les destructions qui ont ravagé l’enclave côtière, expliquant dans un communiqué qu’il en tenait « le gouvernement israélien pour pleinement responsable, comme c’est le cas également de l’administration américaine qui fournit toutes les formes de soutien à l’occupation et à ses crimes ».

Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous l’autorité du Hamas, affirme que depuis que la guerre a éclaté, plus de 38 000 personnes ont perdu la vie ou sont présumées mortes dans les combats – un bilan invérifiable qui ne fait pas de distinction entre civils et hommes armés. De son côté, Israël affirme avoir tué environ 15 000 terroristes dans la bataille, en plus d’un millier qui avaient été abattus sur le territoire israélien pendant le massacre du 7 octobre.

Du côté d’Israël, 326 soldats ont perdu la vie dans l’offensive terrestre contre le Hamas à Gaza et dans le cadre des opérations militaires qui ont eu lieu le long de la frontière.

Le Hamas a pris la tête de Gaza après un coup d’état violent en 2007. La bande se trouvait, jusque-là, placée sous l’autorité de proches d’Abbas.

Les efforts qui ont été livrés par des intermédiaires arabes – avec l’Égypte à leur tête – visant à réconcilier les deux factions rivales ont été vains jusqu’à présent. Même si, ces derniers mois, la Chine et la Russie ont accueilli des représentants des deux groupes palestiniens pour des négociations d’unité.