Bennett accuse Netanyahu d’empêcher la victoire contre le Hamas en refusant d’enrôler les Haredim

L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a accusé samedi le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’empêcher l’enrôlement dans l’armée des ultra-orthodoxes, ce qui aurait pour conséquence de maintenir Israël dans une impasse avec le Hamas dans la bande de Gaza.

« La stagnation à Gaza découle directement de la politique gouvernementale qui prive Tsahal du principal outil nécessaire à la victoire : les combattants », a déclaré l’ancien Premier ministre, qui est largement considéré comme un candidat crédible à la succession de Netanyahu, dans un long message publié sur X.

Actuellement, environ 70 000 hommes haredi âgés de 18 à 24 ans remplissent les conditions requises pour effectuer leur service militaire, mais ne le font pas. À la suite d’une décision de la Cour suprême datant de juin dernier, Tsahal a envoyé 18 915 ordres de conscription initiale aux membres de la communauté haredi en plusieurs vagues depuis juillet 2024, mais, selon l’armée, seuls 232 de ceux qui ont reçu des ordres se sont effectivement enrôlés, dont 57 dans des unités de combat.

Pendant ce temps, des réservistes de tout le pays ont servi pendant des centaines de jours, un fardeau qui pourrait être allégé parce que même les soldats recrutés après le début de la guerre servent déjà à Gaza dans des unités de combat, a déclaré Bennett. Il a cité l’officier de police Sgt. Neta Yitzhak Kahane, qui a été tué en combattant dans le nord de Gaza vendredi.

« Des centaines de milliers de familles sont terrifiées d’apprendre que leurs enfants ont été tués au combat, alors qu’une communauté entière dort profondément », a déclaré Bennett.

Il a fustigé les ministres, « dont la plupart n’ont jamais tenu une arme », qui font « des déclarations grandiloquentes… appelant à la conquête totale de Gaza », alors même qu’ils « privent littéralement Tsahal des soldats nécessaires à l’accomplissement de cette mission ».

Un homme ultra-orthodoxe, devant un panneau indiquant un bureau de recrutement de l’armée israélienne lors d’une manifestation contre la conscription des hommes haredim dans l’armée, à Jérusalem, le 1er mai 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La coalition de Netanyahu comprend des partis ultra-orthodoxes et d’extrême-droite dont les dirigeants n’ont pas servi dans l’armée ou ont servi pendant une période écourtée dans des fonctions non combattantes.

« L’armée israélienne a été sollicitée à l’extrême depuis l’assaut du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza », a déclaré Bennett. Il a également souligné la présence accrue de troupes en Cisjordanie, dans le cadre d’opérations antiterroristes de grande envergure, et sur les fronts libanais et syrien, dans le cadre de la guerre contre le Hezbollah et du renversement du président syrien Bashar el-Assad.

« Jamais nous n’avons eu besoin d’autant de soldats », a écrit Bennett. « À l’heure actuelle, il manque 20 000 soldats à l’armée israélienne. L’armée a déclaré qu’elle était confrontée à une pénurie d’effectifs et qu’elle avait besoin d’environ 12 000 nouveaux soldats, dont 7 000 seraient des troupes de combat. »

Bennett a déclaré que les appels d’urgence répétés de réservistes — « étudiants, chefs d’entreprise, ingénieurs, PDG, etc. » — pendant des centaines de jours ne peuvent remplacer une « véritable solution » à la pénurie d’effectifs de l’armée.

La « vraie solution » consiste à appeler un cinquième des Haredim éligibles et à « libérer nos réservistes pour qu’ils puissent respirer, de sorte que lorsque nous aurons vraiment besoin d’eux pour une opération de grande envergure, ils seront en forme », a déclaré Bennett.

Cependant, l’ancien Premier ministre a déclaré qu’aucune action réelle n’a été entreprise et que « les ordres envoyés sont du bluff ». Il a accusé Netanyahu et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, de « faire passer la politique avant le bien du pays ».

La stabilité de la coalition au pouvoir dépend du soutien des deux partis ultra-orthodoxes, Yahadout HaTorah et Shas, qui disposent ensemble de 18 sièges sur les 120 que compte la Knesset et qui se sont catégoriquement opposés au service militaire pour leur communauté.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu assistent à un vote en séance plénière de la Knesset, à Jérusalem, le 31 décembre 2024. (Chaim Goldberg/Flash90)

S’adressant mercredi à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le lieutenant-colonel Avigdor Dickstein, chef de la branche haredi de la direction du personnel de Tsahal, a indiqué que malgré l’objectif de l’armée de recruter 4 800 hommes haredi lors du cycle de recrutement 2024-2025, seuls 1 721 d’entre eux se sont engagés jusqu’à présent.

« Nous nous sommes fixé un objectif de 4 800 et nous ne l’atteindrons pas. Il y a une tendance à la hausse, mais elle n’est pas suffisante et ne correspond pas aux besoins opérationnels très importants », a-t-il déclaré.

Malgré le manque de troupes, le gouvernement prévoit d’adopter un projet de loi controversé sur les exemptions de service militaire pour les hommes haredi, qui a été tourné en dérision par les critiques comme étant une « loi de désertion ».

Des milliers de Haredim participant à un rassemblement contre l’enrôlement d’hommes ultra-orthodoxes dans l’armée israélienne, à Mea Shearim, à Jérusalem, le 30 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Les partenaires ultra-orthodoxes de la coalition de Netanyahu ont fait pression pour l’adoption d’une législation réglementant les exemptions militaires pour les étudiants de yeshiva et d’autres membres de la communauté haredi, après que la Cour suprême a statué en juin de l’année dernière que les dispenses, en place depuis des décennies, étaient illégales car elles n’étaient pas fondées sur la loi.

Les sondages réalisés au cours de l’année écoulée ont montré que Bennett était le principal rival de Netanyahu pour le poste de Premier ministre lors des prochaines élections, qui devraient se tenir à la fin de l’année 2026. L’ancien Premier ministre a récemment créé un nouveau parti politique appelé « Bennett 2026 ».

Bennett a été brièvement Premier ministre en 2021-2022. Ancien entrepreneur dans le domaine de la technologie, il a commencé sa carrière politique en tant que collaborateur de Netanyahu.

Il s’est d’abord positionné à la droite de Netanyahu, mais a été rejeté par une grande partie de l’aile droite après avoir formé un gouvernement comprenant des partis de gauche et des partis arabes suite à la défaite de Netanyahu.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.