Dans sa dernière chanson anti-Israël, Macklemore juxtapose Cisjordanie et la Shoah

JTA – Macklemore, dans son dernier titre, prend pour cible Israël, établissant un parallèle entre la guerre à Gaza et les difficultés économiques aux États-Unis. Il y dénonce également une prétendue influence pernicieuse des banques et des médias.

Vers la fin de la vidéo, un montage juxtapose la photo d’un enfant palestinien à Jénine, en Cisjordanie, à l’une des images les plus emblématiques et tragiques de la Shoah, celle du petit garçon, mains levées dans le ghetto de Varsovie.

« Si vous n’avez toujours pas dénoncé le génocide, sachez que vos petits-enfants vous demanderont un jour pourquoi », déclare Macklemore alors que l’image apparaît à l’écran.

La chanson, intitulée F-ed up, sortie mardi, a déjà dépassé les 14 millions de vues sur X. Elle célèbre les manifestations contre le président américain Donald Trump et son conseiller multimilliardaire Elon Musk ainsi que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Elle s’ancre fortement dans l’actualité, avec des images de la rencontre entre Trump et Netanyahu la semaine dernière, tandis que le refrain fait allusion à un geste controversé d’Elon Musk le jour de l’inauguration, que certains ont qualifié de nazi.

Une grande partie du morceau et de la vidéo vise Israël et la politique américaine pro-Israël. L’une des premières lignes du texte commence par « New era ushered, but white supremacy is still in charge. Talkin’ colonizing Gaza from the White House lawn » [« Une nouvelle ère s’ouvre, mais la suprématie blanche est toujours aux commandes. Depuis la pelouse de la Maison Blanche, on parle de coloniser Gaza »] – une référence à la proposition de Trump, soutenue par Netanyahu, suggérant que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza.

La chanson établit ensuite un lien entre l’aide militaire américaine à Israël et l’inégalité des revenus dans le pays : « Killin’ Palestinian kids and we gettin’ hit with the cost” [« Des enfants palestiniens sont assassinés et on en paye le prix ! »] rappe Macklemore, en poursuivant, “Why the f— you think you can’t afford the rent in your building? And you can’t afford groceries?” [« Pourquoi diable pensez-vous que vous ne pouvez pas payer le loyer de votre immeuble ? Ni vos courses à l’épicerie ? »]

Macklemore s’en prend à « l’oligarchie et aux hommes qui nous contrôlent tous » tandis que, dans la vidéo, des images des magnats de la technologie Jeff Bezos et Mark Zuckerberg, ainsi que de Musk et Trump, clignotent à l’écran. Il affirme ensuite que des forces puissantes contrôlent les mondes de la finance et des médias, en partie pour supprimer l’activisme pro-palestinien.

“That’s your money, and yes, it’s all connected,” [« C’est votre argent, et oui, tout est lié »], continue le morceau. “And they controlling your feed, the information that they censor. Blockin’ hashtags, can’t say ‘#FreePalestine’” [« Et ils contrôlent votre feed, les informations qu’ils censurent. Ils bloquent les hashtags, personne ne peut dire ‘#FreePalestine’ »].

La vidéo s’inscrit dans la lignée de sa chanson Hind’s Hall, sortie en mai, qui rendait hommage au campement pro-palestinien de l’université de Columbia, où des étudiants avaient occupé de force un bâtiment du campus. Cette chanson, comme son nouveau morceau, était truffée d’images de manifestations anti-Israël, accusant Israël d’apartheid et de génocide. Elle comprenait également un long passage affirmant que l’antisionisme n’est pas antisémite. Plus tard en 2024, Macklemore a publié une suite, Hind’s Hall 2, dans la même veine.

La vidéo de F-ed Up, sortie mardi, comporte également des images de Juifs. Dès les premières secondes, Stewart Resnick, propriétaire de The Wonderful Company, et sa femme Lydia apparaissent, accusés d’avoir la mainmise sur l’eau de Californie, une accusation qui avait circulé lors des récents incendies à Los Angeles.

Une image de la dernière vidéo de Macklemore, « F-ed up » (Crédit : Capture d’écran/JTA)

Un autre plan montre une illustration représentant un puzzle associant le drapeau israélien à un billet de 100 dollars. Une image montre l’ancien ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir distribuant des armes. Une autre met en scène Donald Trump poussant la chaise de Benjamin Netanyahu à une table de conférence – une image que le suprémaciste blanc Nick Fuentes a récemment interprétée comme un signe de soumission américaine à Israël. Netanyahu est d’ailleurs désigné dans la chanson comme « le colonisateur ».

Macklemore va encore plus loin en affirmant dans sa chanson, “You can kill people — resistance grows in the wake. And while our president sends billions to Israel’s safes, ethnic cleansing’s never gonna make Israelis feel safe.” [« Vous pouvez tuer des gens, la résistance grandit dans le sillage. Et tandis que notre président envoie des milliards dans les coffres-forts d’Israël, les Israéliens ne seront jamais en sécurité avec ce nettoyage ethnique »].

La vidéo a été applaudie par de nombreux activistes pro-palestiniens, tandis que les défenseurs d’Israël sur les réseaux sociaux l’ont accusée de véhiculer des propos antisémites.

Dans une publication sur X, David Draiman, frontman de Disturbed et fervent soutien d’Israël, a exhorté les Juifs à s’impliquer davantage dans la lutte contre l’antisémitisme. Il a fait référence à une récente vidéo générée par intelligence artificielle (IA), mettant en scène des célébrités juives dénonçant les propos antisémites de Kanye West.

« Camarades #Juifs, OÙ ÊTES-VOUS ?? », a écrit Draiman. « Vos voix brillent par leur absence face à cette explosion d’antisémitisme. La haine des Juifs de #Kanye et #Macklemore ne vous suffit-elle pas ? N’avez-vous pas honte que le seul message censé vous représenter soit un morceau artificiel généré par l’IA ? »