Des commandants de réserve de Tsahal disent leurs difficultés à atteindre les effectifs – média

Des commandants de réserve de l’armée se tournent vers les réseaux sociaux pour recruter des soldats, alors que le taux de réponse de ceux qui sont appelés à servir continue de baisser, a rapporté mercredi le quotidien Haaretz, tandis que le gouvernement a annoncé une extension des avantages pour les réservistes et leurs familles.

Le problème du recrutement des réservistes survient dans un contexte de lassitude après plus de 15 mois de guerre et de colère croissante parmi ceux qui servent, estimant qu’ils sont une petite minorité à porter le fardeau, un sentiment exacerbé par le débat en cours sur l’enrôlement des hommes ultra-orthodoxes. La plupart des hommes haredi évitent le service militaire et les partis ultra-orthodoxes réclament une loi pour consacrer leur large exemption, que la Cour suprême juge illégale.

« Le choc du 7 octobre a provoqué une réaction folle », a déclaré au journal un commandant de l’armée israélienne, cité sous un pseudonyme, en référence au nombre élevé de réservistes qui se sont présentés. « Lors de la deuxième série [d’appels], le taux est tombé à 90 %, lors de la troisième à 70 %. La prochaine fois, je ne sais pas si nous parviendrons à atteindre un taux de réponse de 50 %. »

« Chaque réserviste a ses raisons », explique le commandant. « L’un ne veut pas venir à cause de la question des otages, l’autre parce que son entreprise est en train de s’effondrer. Il y a des étudiants qui ne sont pas prêts à abandonner leurs études, et dans la majorité des cas, il s’agit de problèmes familiaux. Les gens ne peuvent tout simplement pas disparaître à nouveau pendant une longue période. »

Une autre source, ayant le grade de sergent, a déclaré au journal : « Aujourd’hui, il n’y a pas un seul bataillon, une seule compagnie ou une seule section qui ne manque pas d’effectifs. »

« Ils disent à tout le monde que le taux de réponse est de 80 %, mais c’est un mensonge parce qu’une grande partie de ce taux est constituée de renforts qui nous rejoignent via les réseaux sociaux ou les amis de soldats qui veulent venir », a expliqué le sergent.

Un soldat de Tsahal fait un geste lors d’un raid à Jénine, en Cisjordanie, le 27 janvier 2025. (Jaafar Ashtiyeh/AFP)

Selon Haaretz, la majorité des commandants de Tsahal préfèrent désormais recruter des soldats via des groupes WhatsApp plutôt que sur un site internet officiel de l’armée, certains de ces groupes canalisant des dizaines, voire des centaines d’appels à candidature par jour.

Certains commandants semblent également faire fi de la politique pour recruter ceux qu’ils jugent les mieux adaptés à leurs unités.

Les journalistes de Haaretz, qui ont répondu aux appels à candidature publiés dans les groupes de discussion, ont constaté que les commandants qui cherchaient à combler leurs rangs exprimaient parfois des préférences ouvertes quant aux antécédents religieux ou culturels des candidats et n’examinaient pas toujours leur casier judiciaire, ce qui est contraire à la politique officielle de l’armée.

Les journalistes ont répondu à neuf annonces de ce type et ont constaté que les commandants avec lesquels ils étaient en contact étaient prêts à faire des compromis sur les conditions de service, par exemple en invitant des soldats ayant reçu une formation au combat moins poussée que celle normalement requise pour rejoindre l’unité.

« Nous manquons vraiment de personnel, et tous ceux qui nous rejoignent nous aident. Nous ne sommes plus à l’époque du début de la guerre, où tout le monde voulait servir », a déclaré un recruteur.

Les journalistes ont également cité des avis de recherche comportant des préférences explicites et apparemment discriminatoires, dont l’un d’entre eux indiquait : « Antécédents religieux obligatoires », tandis qu’un autre décrivait « un bataillon à caractère religieux, avec une appréciation du monde de la Torah ».

Interrogés sur ces déclarations, les auteurs des annonces ont déclaré aux journalistes : « Nous ne disqualifions pas les gens parce qu’ils ne sont pas religieux, mais nous préférons recruter principalement des religieux et des résidents d’implantations de Judée et de Samarie [Cisjordanie] par souci de cohésion et pour permettre aux soldats de préserver leur mode de vie religieux sans être dérangés ».

« Il existe de nombreuses autres unités de réserve qui conviennent mieux aux personnes laïques dans l’armée. Si vous n’êtes pas religieux, je vous recommande de chercher ailleurs, vous ne vous entendrez pas avec nous », a ajouté la personne avec laquelle les journalistes se sont entretenus.

Alors que les soldats affiliés à la communauté religieuse nationale ont été en première ligne des opérations de combat, les ultra-orthodoxes continuent à tout faire pour éviter de s’enrôler dans le service national, ce qui a accru le ressentiment de ceux qui servent.

Un soldat israélien en train de prier, tandis que les forces retirent des blocs de bétons d’une route dans le nord d’Israël, le 5 mars 2025. (Ayal Margolin/Flash90)

Le gouvernement annonce de nouveaux avantages pour les réservistes

Dans une tentative apparente d’apaiser les tensions pour ceux qui servent, le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Défense Israel Katz ont annoncé mercredi qu’Israël mettra en œuvre un plan global visant à étendre les avantages pour les réservistes de Tsahal et leurs familles.

« Ceux qui servent plus paient moins », a déclaré le ministre des Finances. « Quiconque quitte sa famille, son travail et sa routine pour défendre le pays doit savoir que le pays le soutient. »

Le plan, élaboré grâce aux efforts combinés du ministère de la Défense et du ministère des Finances, comprend un montant supplémentaire de 3 milliards de NIS pour renforcer la reconnaissance et le soutien aux réservistes, fournir une aide financière à leurs familles et soutenir les employeurs qui intègrent les réservistes dans la main-d’œuvre, selon le communiqué.

Le plan comprendra le lancement d’un portefeuille numérique personnel, qui sera alimenté en fonction du nombre de jours de réserve effectués, de points de crédit d’impôt, de subventions pour les employeurs et de subventions spéciales pour les commandants.

Un département nouvellement créé au sein du ministère de la Défense, selon le communiqué, collaborera avec Tsahal et les cabinets gouvernementaux pour faire avancer la législation, les décisions gouvernementales et les partenariats avec les autorités locales et le secteur privé, visant à améliorer les droits et les avantages des réservistes.

« La force de réserve a porté le fardeau de la sécurité d’Israël depuis le 7 octobre, en combattant à Gaza, dans le nord, en Judée et en Samarie, et sur tous les fronts — une bataille qui pourrait bientôt s’étendre à nouveau », a déclaré Katz.

Le ministre de la Défense Israel Katz assiste à une cérémonie d’État en hommage aux soldats israéliens tombés au combat dont le corps repose dans un lieu inconnu, au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem le 6 mars 2025. (Chaim Goldberg/Flash90)

Selon les informations de Haaretz, des officiers supérieurs de la réserve avertissent en privé que, si la guerre à Gaza reprend, il sera difficile de recruter des combattants, l’un d’entre eux ayant déclaré au journal : « Après plus de 200 jours au cours desquels j’ai commandé des centaines de soldats, j’en ai fini avec le service de réserve ».

Il poursuit : « J’invite Smotrich et le chef d’état-major de l’armée à regarder le groupe WhatsApp de la brigade pour comprendre par eux-mêmes la situation des gens là-bas, et s’ils sont vraiment motivés à retourner à la guerre, comme ils le disent au public. »

L’officier réagissait à une déclaration du ministre des Finances au radiodiffuseur public Kan cette semaine, lorsque Smotrich a déclaré : « Nous retournerons certainement au combat à Gaza » et « je dis aux réservistes qu’une autre mobilisation sera nécessaire ».

Tsahal a déclaré en réponse au reportage de Haaretz que « l’armée est attachée aux valeurs d’égalité, dans les processus d’appel à candidature pour le service régulier et les réserves, en coordination avec le commandement de l’armée et la loi », et a déclaré que « en ce qui concerne les affirmations sur les taux de réponse des réservistes. Selon les données de Tsahal, il n’y a pas de changement drastique dans le pourcentage de réponses, et les unités accomplissent leurs missions. »