Des experts russes auraient visité des usines de missiles iraniennes à deux reprises en 2024

Plusieurs spécialistes russes de haut niveau dans le domaine des missiles se sont rendus en Iran au cours des douze derniers mois, alors que la République islamique renforçait sa coopération militaire avec Moscou. Ces informations proviennent d’une analyse des dossiers de voyage et de données d’emploi réalisée par Reuters.

Les sept experts en armement ont réservé des vols de Moscou à Téhéran à deux reprises : le 24 avril et le 17 septembre 2024. Ces informations figurent dans des documents détaillant leurs réservations de groupe ainsi que le manifeste des passagers du second vol.

Les dossiers de réservation mentionnent leurs numéros de passeport, dont six sur sept commencent par le préfixe « 20 ». Ce type de passeport est réservé aux déplacements officiels de l’État, qu’il s’agisse de voyages de fonctionnaires à l’étranger ou de personnel militaire en mission, d’après un décret du gouvernement russe et une note publiée sur le site du ministère russe des Affaires étrangères.

Reuters n’a pas pu confirmer avec certitude la nature exacte de leurs activités sur place.

Ces visites ont eu lieu dans les semaines qui ont suivi deux importantes attaques iraniennes contre Israël, le 14 avril et le 1er octobre 2024. Les représailles israéliennes avaient alors ciblé les défenses aériennes iraniennes, dont certaines sont fournies par la Russie.

Un haut responsable du ministère iranien de la Défense a confirmé que des experts russes en missiles s’étaient rendus à plusieurs reprises l’an dernier sur des sites de production de missiles en Iran, y compris dans deux installations souterraines. Certaines de ces visites ont eu lieu en septembre, a-t-il précisé, sans identifier les sites concernés.

Un responsable occidental de la défense, qui suit la coopération militaire entre l’Iran et la Russie, affirme pour sa part qu’en septembre, plusieurs experts russes ont visité une base de missiles iranienne située à environ 15 kilomètres à l’ouest du port d’Amirabad, sur la mer Caspienne.

Les sept Russes identifiés par Reuters ont tous un parcours militaire de haut niveau. Deux d’entre eux détiennent le grade de colonel, deux autres celui de lieutenant-colonel, selon des bases de données russes recensant les emplois ou lieux de travail des citoyens — y compris des relevés d’impôts, de téléphone et de véhicules.

Deux sont spécialisés dans les systèmes de défense aérienne, trois dans l’artillerie et les roquettes. Un autre a une expertise dans le développement d’armes de pointe et le dernier a travaillé dans un centre de tests de missiles. Il n’est toutefois pas certain qu’ils occupent toujours ces fonctions, les données d’emploi couvrant la période 2021-2024.

Contactés par téléphone, cinq de ces hommes ont nié s’être rendus en Iran ou avoir travaillé pour l’armée — ou les deux. Un autre a refusé de répondre et le dernier a raccroché.