Des parents d’otages tués et l’envoyé israélien pressent le Conseil de sécurité de l’ONU d’agir pour le retour des dépouilles

A l’occasion d’une session extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations Unies à New York, l’envoyé d’Israël près l’ONU, accompagné de deux proches d’otages tués par des terroristes du Hamas, a demandé au Conseil de veiller au assurer rapatriement des victimes de conflits armés.

Selon les services de l’ambassadeur Danny Danon, il s’agit de la première discussion du Conseil sur la question depuis le pogrom commis le 7 octobre 2023 par l’organisation terroriste du Hamas, lors duquel elle a fait des otages dont 58 restent séquestrés à Gaza – 35 d’entre eux morts selon Israël. Le sort de trois de ces otages suscite les plus fortes inquiétudes, ont déclaré des membres des autorités israéliennes.

Dès le début de la séance, Ruby Chen, père du soldat otage américano-israélien tué Itay Chen, s’est adressé aux ambassadeurs membres du Conseil avant que Danon ne prenne la parole.

Chen a demandé la mise en œuvre de la Résolution 2474 de La Convention des Nations Unies sur les conflits armés, adoptée à l’unanimité par le Conseil en 2019, qui impose aux parties à un conflit armé et les États membres de l’ONU d’assurer le retour des personnes disparues ou de leur dépouille en cas de conflit armé.

Chen a rappelé que son fils, un soldat israélien avec la triple nationalité israélo-germano-américaine, avait été pris en otage par le Hamas le jour du pogrom du 7 octobre et déclaré mort en mars 2024 sur la base de renseignements de l’armée israélienne. Or, le Hamas n’a jamais confirmé ni sa détention si sa mort, a-t-il ajouté.

« Je pense que c’est la forme la plus ignoble de guerre psychologique terroriste qui soit », a ajouté Chen devant le Conseil de sécurité, en rappelant que « quel que soit son état physique, il n’en est pas moins un otage ».

Itay Chen, 19 ans, originaire de Netanya, déclaré mort au combat, en service près de la frontière de Gaza, dont le corps est aux mains du Hamas depuis le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Il a souligné que la résolution 2474 imposait aux acteurs étatiques et non étatiques d’un conflit armé de rechercher et rendre compte des disparus et que, de facto, l’attitude du groupe terroriste du Hamas consistant à « refuser de donner des informations ou laisser accéder aux otages, fût-ce à des entités de paix comme le Comité international de la Croix-Rouge, était une infraction flagrante à cette résolution et au droit international.

Chen a rappelé que la résolution 2474 « ne devait pas être qu’un symbole. Elle doit être exécutoire » car elle « donne à l’ONU et à ses membres un cadre légal – plus encore, moral -pour condamner les actions du Hamas et sanctionner ses commanditaires, à commencer par l’Iran ».

Il a également pressé l’ONU de créer un poste d’envoyé spécial pour les otages, expliquant qu’à défaut, l’organisation internationale laissait « des familles comme la nôtre sans voix, sans conseils et sans représentation ».

Chen a déclaré que compte tenu de l’état des négociations à Doha pour parvenir à un accord sur le cessez-le-feu et le sort des otages à Gaza, « nous ne pouvons pas laisser adopter une nouvelle résolution de l’ONU déclarant la fin des violences à Gaza avant la libération des derniers otages ».

Lors de la réunion, Danon a déclaré aux membres du Conseil que la résolution 2474 avait été adoptée pour « retrouver des disparus, restituer la dépouille des morts, donner des informations, permettre aux familles de faire leur deuil et faire en sorte que tout ceci ne soit pas laissé à l’appréciation des uns ou des autres ».

Leah Goldin, la mère du lieutenant Hadar Goldin, dont le corps est détenu à Gaza depuis 2014, fait une déclaration à la presse au siège du Conseil de sécurité de l’ONU, en compagnie de l’ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU, Danny Danon, le 15 mai 2025. (Capture d’écran, UN Web TV)

« Le Hamas a enfreint chacune des lettres des mots qui composent cette résolution, à plusieurs reprises et ouvertement. Qu’en fait-on ? Quand a-t-on cherché à la faire appliquer ? Où est passée l’indignation morale ? » leur a-t-il demandé.

Danon a demandé au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « de faire son travail vis-à-vis de la résolution 2474 en incluant une section ad hoc dans son prochain rapport sur la protection des civils ».

« Cette section devrait documenter toute l’étendue de ces atrocité. Chaque otage encore aux mains du Hamas, chaque corps volé, chaque Israélien disparu depuis le 7 octobre et chaque soldat mort au combat lors de précédentes guerres et dont les restes n’ont pas encore été restitués », a-t-il ajouté.

« Nous n’oublierons pas nos morts. Nous ne les laisserons pas là-bas. Nous ne laisserons pas le Hamas faire de la mémoire une nouvelle arme. C’est notre devoir et nous nous y tiendrons », a conclu l’ambassadeur.

Avant la séance, la mère du Lt. Hadar Goldin, tué et capturé par le Hamas lors d’un cessez-le-feu avec Israël le 1er août 2014, a donné une conférence de presse aux côtés de Danon dans les locaux du Conseil de sécurité, pour demander à ses membres de tenir leurs engagements à rapatrier les disparus.

Aux côtés de son fils Menachem, elle a rappelé que Hadar a été tué lors d’une trêve de 72 heures négociée par l’ONU et les États-Unis.

Leah, à droite, et Simcha Goldin, les parents de feu le soldat israélien Hadar Goldin dont le corps a été kidnappé par le Hamas dans la bande de Gaza, lors d’une conférence de presse à Ramat Gan, le 25 avril 2018. (Crédit : Flash90)

« Depuis près de 11 ans maintenant, le corps de mon fils se trouve à Gaza aux mains d’une organisation terroriste qui exploite les organisations humanitaires à des fins politiques, et depuis près de 11 ans toujours, la communauté internationale regarde ailleurs », a-t-elle déclaré.

« Les mots de la résolution 2474 sont forts », a ajouté Goldin, « mais ce ne sont pas les mots qui nous ramènent nos enfants. »

« Dans les années qui ont suivi son adoption, la résolution 2474 a été oubliée, ses principes ignorés, sa mise en œuvre inexistante », a-t-elle poursuivi en rappelant que l’organisation-même qui avait négocié le cessez-le-feu lors duquel Hadar a été pris en otage n’a toujours pas pris ses responsabilités.

Elle a pressé l’ONU de faire « appliquer la résolution 2474, non pas de manière sélective ou symbolique, mais avec sérieux. Exigez le retour des disparus. Exigez que des comptes soient rendus. Exigez la dignité que chaque être humain mérite dans la vie comme dans la mort. »