Edelstein aux diplomates de l’UE : une décision sur le Hezbollah doit être prise « sans délai »

Un membre haut-placé de la Knesset a déclaré jeudi à des diplomates européens, dans la ville évacuée de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, qu’une décision sur la manière de faire face à la menace que pose le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah dans le nord d’Israël « devra être prise incessamment », a déclaré u

« D’une manière ou d’une autre, que ce soit par la voie diplomatique ou par une opération militaire, nous allons être obligés de nous en occuper », a affirmé le député Yuli Edelstein (Likud), ancien président de la Knesset qui dirige aujourd’hui la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense. « Cette situation ne peut pas durer indéfiniment. »

Edelstein a invité 23 ambassadeurs, consuls et attachés européens à visiter les zones évacuées le long de la frontière nord d’Israël, ainsi que le quartier général du Commandement Nord de Tsahal à Safed.

Le parlementaire chevronné s’exprimait une heure seulement après qu’un homme d’une trentaine d’années a été grièvement blessé par un drone chargé d’explosifs près du kibboutz Kabri, en Galilée occidentale.

Plus tôt dans la journée de jeudi, plusieurs drones présumés ont été abattus par les défenses aériennes au-dessus de la Haute Galilée, tandis que des sirènes retentissaient dans le nord d’Israël pendant toute la matinée, avertissant de tirs en provenance du Liban.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah tire presque quotidiennement sur les troupes israéliennes, soulevant la crainte d’un conflit généralisé dans le nord du pays. Le groupe terroriste soutenu par l’Iran a déclaré qu’il attaquait Israël pour soutenir Gaza dans la guerre, qui a commencé avec le pogrom du groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre.

Une voiture bombardée à Kiryat Shmona, le 11 juillet 2024 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Depuis le mois d’octobre, environ 60 000 habitants des villes et villages situés le long de la frontière nord d’Israël ont été contraints de quitter leur domicile en raison des attaques transfrontalières quasi quotidiennes à la roquette et aux missiles antichars menées par le Hezbollah et d’autres groupes terroristes depuis le Sud-Liban.

Ces attaques se sont poursuivies malgré les avertissements répétés d’Israël, qui s’est déclaré prêt à lancer une guerre pour éliminer la menace que représente le Hezbollah à la frontière et rétablir le calme dans la région. En raison des incendies incessants, la plupart des personnes évacuées risquent de rester sans abri dans un avenir proche.

« Il est clair pour tous les représentants élus – le gouvernement, la Knesset – qu’il est impossible de continuer ainsi », a expliqué Edelstein aux diplomates.

Des diplomates européens visitent Kiryat Shmona, le 11 juillet 2024 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

La visite a été organisée par ELNET, une organisation qui cherche à resserrer les liens entre Israël et l’Europe.

Le groupe a marché dans les rues vides de la ville, s’arrêtant devant les maisons touchées par les roquettes ou pour parler à quelques-uns des 2 000 habitants qui avaient refusé d’évacuer. Sur les pentes dominant la ville, des arbres bruns à feuilles persistantes témoignent des incendies causés par les 671 roquettes tirées par le Hezbollah sur la ville au cours des neuf derniers mois.

Les 24 000 habitants de la ville sont maintenant dispersés dans tout le pays. Près de 6 000 enfants étudient dans 71 nouvelles écoles créées par la municipalité dans des hôtels, des kibboutzim et des villes plus au sud.

Une voiture bombardée à Kiryat Shmona, le 11 juillet 2024 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

« Kiryat Shmona est devenue la plus grande ville d’Israël », a déclaré un membre du conseil municipal aux diplomates. « Avant la guerre, la ville s’étendait sur 5 kilomètres, aujourd’hui elle s’étend sur 500 kilomètres. »

Bien que l’évacuation ait permis de sauver des vies, il a ajouté qu’elle avait donné au Hezbollah « la plus grande victoire dont il pouvait rêver ».

« Chaque jour où nous ne pouvons ramener nos citoyens chez eux est une raison de plus pour le Hezbollah de se réjouir. »

C’était la première fois que les visiteurs européens, à l’exception d’un seul, voyaient de leurs propres yeux les dégâts dans le nord d’Israël.

La perspective d’une guerre totale entre Israël et le Hezbollah les a profondément inquiétés.

Diplomates européens lors d’un briefing au Commandement du Nord de Tsahal, le 11 juillet 2024 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

« Tous les pays européens envoient actuellement des messages au gouvernement libanais pour lui dire que cela doit cesser », a confié un ambassadeur d’un pays de l’Union européenne (UE) au Times of Israel.

Lors de la séance d’information, un ambassadeur a posé au coordinateur du Commandement du Nord du Front intérieur, le général de brigade (Rés.) Alon Friedman, la question brûlante de savoir s’il y aurait une guerre.

Un autre a demandé combien de brigades Israël avait à la frontière et combien il en faudrait pour envahir le Liban.

Un cortège funéraire porte les cercueils des terroristes du Hezbollah Mohammed Hussein Qassem et Abbas Ahmed Soror, tués par une frappe israélienne, dans le village d’Aita al-Shaab, dans le sud-Liban, le samedi 29 juin 2024. (Crédit : AP Photo/Mohammed Zaatari)

La presse qui accompagnait le groupe a été priée de quitter la salle avant la réponse de Friedman.

Edelstein a indiqué au Times of Israel qu’il avait souhaité faire venir les diplomates dans le nord afin de sensibiliser ses alliés au problème des personnes déplacées en Israël.

« La situation concernant notre population évacuée dans le nord est l’un des secrets israéliens les mieux gardés », a-t-il déclaré.

« Les gens savent qu’une opération militaire est en cours à Gaza et parlent beaucoup des souffrances de la population de Gaza », a expliqué Edelstein. « Ils savent qu’il y a des tensions dans le nord, que le Hezbollah tire et que nous tirons. Ils se souviennent vaguement qu’il y a eu une histoire d’otages, mais personne ne pense que depuis neuf mois, aux dizaines de milliers d’Israéliens [qui vivent] dans des conditions terribles. »

La vue d’un incendie déclenché par des missiles tirés du Liban dans le secteur de Metula, dans le nord d’Israël, le 18 juin 2024. (Crédit : Ayal Margolin/Flash90)

Il souhaite également poser les bases diplomatiques en prévision d’une éventuelle guerre contre le Hezbollah initiée par Israël. « Si nous devions nous trouver contraints de lancer une opération militaire, il est important de bien faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un caprice d’Israël, mais d’une réelle nécessité. »

Bien qu’il souhaite une solution diplomatique, il n’est pas optimiste quant à la possibilité d’y parvenir.

« Chaque jour qui passe ici, et avec le type d’escalade dont nous sommes tous témoins, les chances d’une solution diplomatique s’éloignent de plus en plus », a-t-il prévenu, sans toutefois préciser si Israël avait fixé une date butoir avant d’abandonner l’espoir d’éviter la guerre.

« Ce n’est pas une question de date. Neuf mois, c’est déjà trop long. Cela dépend de la situation dans le sud et du moment où il sera possible de concentrer suffisamment d’efforts, de forces et de renseignements. »

Israël, a-t-il déploré, « a appris à ses dépens en octobre qu’une organisation terroriste est une organisation terroriste. Et on ne peut pas faire perdre ses rayures à un tigre ».