Flottille pour Gaza: des dizaines de milliers de manifestants en France ; une journaliste agressée

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir en France à l’appel de la gauche pour s’inquiéter du sort des passagers d’un bateau pour Gaza intercepté par les autorités israéliennes, le président Emmanuel Macron appelant au retour « dans les plus brefs délais » des ressortissants français.

A Paris mais aussi dans de grandes villes de province, les manifestants ont appelé à la « libération » des douze militants du voilier Madleen et à la poursuite de leur mission humanitaire, ont constaté plusieurs équipes de l’AFP à travers la France.

Le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) a revendiqué 150 000 manifestants en France dont 50 000 à Paris, et « près de 200 rassemblements » dans le pays.

Le voilier avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, dont la suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée LFI anti-Israël Rima Hassan est parti d’Italie le 1er juin pour « briser le blocus israélien » à Gaza, où une guerre oppose Israël et le Hamas depuis l’attaque terroriste sans précédent perpétrée par ce dernier le 7 octobre 2023.

L’armée israélienne a pris le contrôle du bateau Madleen, qui faisait route vers Gaza, tôt lundi matin, et a arrêté les douze militants qui se trouvaient à bord après les avoir avertis à maintes reprises de ne pas tenter de rejoindre les côtes gazaouies, soumises à de strictes restrictions sécuritaires maritimes.

Le voilier avait ignoré les avertissements répétés d’Israël lui enjoignant de faire demi-tour depuis son départ de Sicile dimanche dernier. Vers 3 heures du matin, il a été intercepté par l’unité commando Shayetet 13 de la marine et l’unité de sécurité portuaire Snapir, a déclaré un responsable militaire au Times of Israel.

Place de la République #islamiste, les partisans du #Hamas se déchaînent.

Une pensée pour nos compatriotes victimes des attentats du 7 octobre et aux familles des otages. pic.twitter.com/pXM6n2vWZX

— Julien ODOUL (@JulienOdoul) June 9, 2025

Présent à la manifestation parisienne, le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a qualifié la manœuvre israélienne « d’acte de piraterie internationale ».

« Nous craignons le pire, car ceux qui ont procédé à cet arraisonnement sont capables du pire et l’ont montré en toutes circonstances », a lancé devant la presse l’ancien candidat à l’élection présidentielle française, avant de rejoindre la place de la République, remplie de plusieurs milliers de personnes.

Il a regretté la réaction du gouvernement français, qui « n’a, semble-t-il, rien à dire à propos d’un acte de piraterie ».

Le coordinateur national de LFI Manuel Bompard a demandé mardi au Quai d’Orsay d’exiger la « libération immédiate » des cinq des six Français qui ont refusé leur expulsion d’Israël après avoir été arrêtés à bord d’un bateau pour Gaza et a appelé à une nouvelle journée de manifestation samedi.

« C’est inacceptable parce qu’ils n’ont commis aucun délit et donc ces personnes n’ont pas à être arrêtées. Que dit la France ? Que font les services du ministère des Affaires étrangères ? », a réagi M. Bompard sur Sud Radio en demandant « leur libération immédiate ».

« Si ce blocus est un scandale, alors briser ce blocus est un devoir et donc les personnes qui l’ont fait n’ont pas à être arrêtées. Elles ont porté l’honneur de la France », a jugé M. Bompard.

Le responsable insoumis a appelé à une nouvelle journée de manifestations samedi après les manifestations de lundi soir qui ont rassemblée plusieurs dizaines de milliers de personnes lundi soir à travers la France.

Une journaliste agressée

Une journaliste de franceinfo a été agressée lors du rassemblement lundi à Paris.

Eleonore Bailly a été « verbalement et physiquement agressée », alors qu' »elle exerçait simplement son métier », a dénoncé la chaîne sur X, soulignant que « rien ne justifie la violence contre les journalistes ».

Eleonore Bailly intervenait en direct en fin de journée depuis la place de la République lorsqu’elle a été interpellée par un homme criant « franceinfo facho ». On a pu la voir tirée par le bras et sortir du cadre, avant que son direct ne soit interrompu.

Dans un communiqué, la Société des journalistes (SDJ) de franceinfo a condamné cette agression, qui aurait pu selon elle dégénérer davantage si les équipes de sécurité n’étaient pas intervenues.

« Nous nous interrogeons sur le climat qui rend possibles de tels actes. Sur la manière dont certains discours politiques entretiennent une défiance envers les journalistes », a ajouté la SDJ.

Manifestation spontanée en Suisse

Plusieurs centaines de manifestants propalestiniens ont temporairement bloqué lundi des voies dans les gares en Suisse de Genève et Lausanne.

Environ 300 personnes ont occupé deux voies à la gare de Genève, en début de soirée, brandissant des drapeaux palestiniens, a rapporté La Tribune de Genève.

Selon le quotidien, le mouvement aurait pris forme sur les réseaux sociaux de façon spontanée suite à l’interception par la marine israélienne du Madleen.

Dans la gare de Genève, les manifestants ont empêché durant environ une heure, de 18H00 à 19H00 environ (16H00 GMT à 17H00 GMT), tout passage de train sur deux quais, entraînant annulations et retards.

La situation s’est ensuite reproduite à la gare de Lausanne.

Dans la soirée, les Chemins de fer fédéraux (CFF) ont annoncé que le trafic était « fortement perturbé » en raison de la présence de « manifestants descendues dans les voies en gare de Lausanne ».

Les forces de l’ordre sont intervenus, ont indiqué les CFF. Les manifestants, escortés par la police, se sont dirigés vers le centre-ville, a rapporté le journal Le Matin, indiquant qu’ils étaient plusieurs centaines.

Le trafic a pu reprendre « progressivement » une heure après, mais les CFF ont indiqué qu' »au vu de l’ampleur de la perturbation, cette reprise va prendre un certain temps et des retards et des suppressions ne sont pas impossibles ».