France : Des fresques pour valoriser le patrimoine juif médiéval de l’Aube

Cette année, les Journées européennes de la culture et du patrimoine juif seront célébrées dans toute l’Europe à partir du dimanche 8 septembre, sur le thème de la « famille ». Cet évènement peut ainsi être l’occasion pour se lancer sur la Route médiévale de Rachi en Champagne.

Au cœur du département de l’Aube, dans la région Grand Est, l’ancien comté de Champagne comptait de prestigieuses communautés juives médiévales du XIe au XIIIe siècles.

Leur membre le plus éminent a été Rabbi Chlomo ben Itzhak HaTzarfati, plus connu sous les noms de Rachi, Rabbi Salomon et Salomon de Troyes, immense commentateur des textes sacrés du judaïsme. Né à Troyes en 1040, il a donné une impulsion inattendue à la créativité intellectuelle des Juifs de Champagne.

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Après lui, de nombreux érudits qui se réclament de son École champenoise ont influencé les autres communautés juives dans l’interprétation de la Bible et du Talmud. Le nom du prestigieux comté de Champagne s’est alors propagé, dans toutes les communautés juives d’Occident à travers eux. Leurs commentaires et leurs décisions juridiques sont les uniques témoignages de cette époque, attestant d’une activité intellectuelle intense et d’une vie juive locale florissante.

Aujourd’hui, et ce depuis 2019, la Champagne fait partie de la Route du patrimoine juif, itinéraire culturel du Conseil de l’Europe, en tant que berceau d’un patrimoine immatériel universellement connu et reconnu. La Route médiévale de Rachi en Champagne a ainsi pour mission de faire rayonner la mémoire juive du département de l’Aube, patrimoine culturel d’une valeur inestimable partagé par les Juifs du monde entier.

Pour ce, outre le musée et synagogue de la Maison Rachi, la Route médiévale de Rachi en Champagne a entamé, depuis octobre 2021, un projet de création de fresques, lancé en partenariat avec la Communauté de Communes Arcis Mailly Ramerupt, sur les communes de Ramerupt, Dampierre et Lhuître. Trois premières fresques valorisent désormais l’histoire de ces communes ayant hébergé des communautés juives.

À terme, une vingtaine de villages de l’Aube devrait accueillir un ensemble de fresques qui offrira aux visiteurs et aux habitants un véritable circuit touristique.

« Le fil rouge reliant chaque fresque se rapporte à la symbolique du livre et de l’écrit avec la proposition d’un commentaire de Rachi ou de ses disciples, en hébreu et en français. Les fresques sont réalisées sur des murs extérieurs accessibles depuis la voirie communale. La maquette de chaque fresque est confiée à un artiste sélectionné lors d’un appel à projet artistique. Les fresques sont réalisées par les bénévoles de l’Association des Passeurs de Fresques », explique ainsi le département.

La première fresque a été inaugurée début juin 2022, à Dampierre, sur le mur de la mairie. Elle représente Isaac de Dampierre, célèbre commentateur de l’école des Tossafistes, disciples de Rachi de Troyes. L’artiste, Jean-Philippe Ledit, propose une œuvre très colorée, au centre de laquelle Rabbi Isaac, arrière-petit-fils de Rachi, est représenté à l’étude des textes sacrés.

La seconde fresque a été créée en juin 2023 à Ramerupt, sur le mur de l’ancienne école, face à l’église. Elle représente une rencontre fictive entre le comte de Champagne Henri 1er le Libéral et Rabbenou Tam, chef de file des Tossafistes et petit-fils de Rachi. L’artiste, Javier de Sierra Salaberry, propose une œuvre qui met en valeur les personnages connus de la famille de Rachi installés à Ramerupt au XIIe siècle.

La troisième fresque a été créée en septembre 2023 à Lhuître, sur le mur de la mairie. Elle représente Rachi entouré de sa femme, ses filles et ses disciples sur les terres céréalières de Lhuître, à proximité de Sainte Tanche, patronne du village depuis le VIIe siècle.

« Emplies de symboles, ces fresques rendent ce patrimoine immatériel plus vivant auprès des publics. Au-delà de l’aspect touristique et artistique, ce ‘Parcours Rachi’ est une véritable aventure citoyenne qui s’appuie sur la notion de transmission : les habitants ont été impliqués dans la réalisation artistique de chaque fresque par le biais de différents ateliers et rencontres. Une participation originale pour sensibiliser le grand public et les scolaires à cette histoire qui leur appartient », ajoute le département.