Gaza: Dénonçant des violations de la trêve, Israël interdit le retour des Palestiniens dans le nord

Israël a fait savoir samedi que l’armée n’autorisera pas les Palestiniens déplacés à retourner dans le nord de la bande de Gaza après que le Hamas a violé les dispositions de l’accord de cessez-le-feu qui prévoyait que l’otage Arbel Yehud, une civile, recouvrerait la liberté aujourd’hui.

Une annonce qui a été faite après que le groupe terroriste a remis en liberté quatre soldates qui étaient maintenues en captivité depuis 477 jours : Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag.

Suite à leur retour en Israël, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a diffusé une déclaration indiquant qu’en raison du non-respect de l’accord de cessez-le-feu de la part du Hamas – accord qui prévoyait que Yehud figurerait parmi les otages relâchés samedi – Israël ne permettrait pas aux Palestiniens déplacés de retourner dans le nord de la bande de Gaza et que cette autorisation serait donnée ultérieurement.

« Israël a reçu aujourd’hui quatre soldates qui étaient otages du groupe terroriste du Hamas et, en retour, Israël libérera des prisonniers de sécurité, conformément à l’accord », a indiqué le bureau du Premier ministre.

Il a toutefois ajouté que « conformément à l’accord, Israël n’autorisera pas le passage des Gazaouis qui se dirigent vers le nord de la bande de Gaza jusqu’à ce que la libération d’Arbel Yehud, une civile, ait été arrangée ».

Cette décision de reporter le retour des civils, à pied, dans le nord de la bande aurait été prise lors de consultations de sécurité qui ont été organisées par le Premier ministre, vendredi soir, peu après la publication, par le Hamas, des noms des quatre captives appelées à recouvrer la liberté. Elle n’a toutefois été annoncée qu’après la remise en liberté des jeunes observatrices de Tsahal, afin de ne pas compromettre leur retour sur le sol israélien.

Arbel Yehud. (Crédit : Autorisation)

Cette annonce implique également que les soldats ne se retireront pas d’une partie du couloir de Netzarim, un retrait prévu dans le cadre de l’accord. Ce couloir traverse la bande de Gaza d’Est en Ouest.

Au début de la semaine, Israël avait fait savoir au Hamas que le pays s’attendait à ce que Yehud – qui serait détenue par un autre groupe terroriste, le Jihad islamique palestinien – soit libérée ce week-end. Au mois de novembre 2023, Yehud figurait sur la liste des personnes à libérer dans le cadre du seul accord de trêve à avoir été conclu dans la guerre opposant Israël au groupe terroriste, mais cet accord, qui avait aussi ouvert la porte à la remise en liberté d’otages, s’était effondré avant d’arriver à son terme.

Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré samedi devant les caméras de télévision que le Hamas avait violé l’accord conclu en libérant les quatre soldates avant les femmes civiles. « Le Hamas n’a pas respecté l’obligation qui lui était faite dans l’accord de libérer d’abord les femmes civiles », a-t-il regretté.

Hagari a ajouté qu’Israël veillerait à ce que Yehud – qui, selon Israël, serait encore en vie – soit bientôt remise en liberté, ainsi que Shiri Bibas et ses enfants. « Nous sommes très préoccupés par leur sort », a-t-il expliqué.

Il a noté qu’Israël s’attendait à recevoir rapidement davantage d’informations au sujet de la famille Bibas. Shiri Bibas est la seule autre femme otage civile figurant sur la liste des 33 otages qui n’ont pas encore été relâchés dans le cadre de la première phase de l’accord.

Hagari a également affirmé que l’armée était « déterminée à obtenir le retour » d’Agam Berger, une autre soldate de surveillance qui avait, elle aussi, été enlevée le 7 octobre 2023, ainsi que le rapatriement de tous les autres otages. Agam Berger est la seule des observatrices qui se trouvaient dans les geôles du Hamas à ne pas avoir été libérée samedi.

Ces cinq jeunes femmes faisaient partie des sept soldates qui avaient été kidnappées dans une unité de surveillance de Tsahal alors qu’elles se trouvaient sur la base militaire de Nahal Oz, le 7 octobre 2023, journée où le Hamas avait commis son pogrom dans le sud d’Israël. L’une de ces observatrices, Ori Megidish, avait été sauvée vivante et le corps sans vie d’une deuxième, Noa Marciano, avait été retrouvé. Elle avait été assassinée en captivité.

Les otages israéliennes Liri Albag, Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy saluant sur une scène avant que des terroristes du Hamas ne les remettent à une équipe de la Croix-Rouge, dans la ville de Gaza, le 25 janvier 2025. (Crédit : John Wessels/AFP)

Un responsable du groupe terroriste a indiqué à l’agence de presse Reuters que les pays médiateurs, dans les négociations entre les deux parties, avaient été informés que Yehud était en vie et qu’elle serait relâchée samedi prochain.

Un message similaire a été transmis à la chaîne Al-Jazeera par le Hamas – qui n’a, par ailleurs, pas fait d’annonce officielle à ce sujet et qui n’a pas expliqué pourquoi Yehud n’avait pas été libérée, comme c’était pourtant prévu.

La chaîne d’information israélienne N12 a fait savoir que l’État juif pourrait exiger que les organisations terroristes, à Gaza, donnent un signe de vie de Yehud, ou qu’elles garantissent que la jeune femme est bien en vie et qu’elle sera libérée samedi prochain.

De son côté, la chaîne publique Kan a indiqué qu’Israël était en contact avec les pays médiateurs pour tenter d’obtenir la remise en liberté d’Arbel Yehud avant samedi.

« Nous nous attendons à ce qu’Arbel Yehud soit relâchée dans les prochains jours, avant samedi prochain. Si cela arrive, alors les habitants seront autorisés à retourner dans le nord de la bande de Gaza avant samedi », a dit une source israélienne à Kan.

Dans un communiqué, la famille d’Arbel Yehud a déclaré que « nos cœurs se sont remplis de joie en voyant le retour de Karina, Daniella, Liri et Naama. Nous attendons et nous espérons que le moment où nous pourrons serrer notre Arbel dans nos bras arrivera le plus tôt possible ».

Les dispositions prises par Tsahal

Suite à l’annonce du report de la date de retour des résidents dans le nord de la bande de Gaza, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a procédé à une évaluation avec les chefs des commandements régionaux de l’armée.

L’armée israélienne a expliqué que Halevi avait évoqué les préparations militaires dans la zone du Couloir de Netzarim, dans le centre de Gaza, et qu’il avait souligné que les troupes étaient prêtes à y rester « jusqu’à nouvel ordre ».

Selon l’accord, Israël devait se retirer de la moitié nord du couloir au septième jour du cessez-le-feu afin de permettre aux Palestiniens de retourner au nord de la bande de Gaza par la route côtière.

Samedi, les militaires israéliens ont répété leur avertissement lancé en direction des Palestiniens, les sommant de ne pas retourner vers le nord depuis le sud en empruntant le couloir de Netzarim, où des troupes sont toujours déployées.

Vue du corridor de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, le 26 décembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

« Nous confirmons que toutes les instructions que nous avons données sont toujours en vigueur, en particulier l’interdiction de s’approcher du couloir de Netzarim jusqu’à ce qu’il soit officiellement annoncé qu’il est bien ouvert », a écrit dans une publication parue sur X le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée israélienne.

« Nous confirmons que ces instructions resteront en vigueur jusqu’à ce que de nouvelles instructions soient émises lors de la transition vers la prochaine phase de l’accord et après que le Hamas a respecté ses engagements », a-t-il ajouté.

Le Hamas devrait également fournir à Israël des détails sur le statut des 26 otages restants sur la liste en fin de journée, samedi – avec notamment des précisions réclamées depuis longtemps sur les otages qui sont encore en vie. Jérusalem craint toutefois que le Hamas ne se contente de donner un chiffre global sur le nombre de captifs encore vivants parmi les 26 personnes qui sont toujours retenues contre leur gré à Gaza.