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La donation du commissaire de police Charles Bichat, résistant, au musée de la Résistance de Champigny

Charles Bichat (1901-1964), membre des réseaux de résistance Turma-Vengeance et Alliance, était l'un des tout premiers policiers français à rejoindre la Résistance

Le drapeau de la police de Châtellerault (Vienne), frappé de la croix de Lorraine, qui entre officiellement au musée de la Résistance de Champigny (Val-de-Marne). (Crédit : Société Lyonnaise d'Histoire de la Police)
Le drapeau de la police de Châtellerault (Vienne), frappé de la croix de Lorraine, qui entre officiellement au musée de la Résistance de Champigny (Val-de-Marne). (Crédit : Société Lyonnaise d'Histoire de la Police)

Le musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) inaugurera la « donation du commissaire de police Charles Bichat » lors des journées européennes du Patrimoine, le week-end des 21 et 22 septembre 2024.

À cette occasion, le drapeau de la police de Châtellerault (Vienne), frappé de la croix de Lorraine, entrera officiellement au musée. Ce drapeau avait été remis au commissaire, le 14 juillet 1945, par l’épouse du sous-préfet Pierre-Marcel Wiltzer, lors d’une cérémonie présidée par le commissaire régional de la République et le sous-préfet, en reconnaissance des actions de résistance des policiers de la ville.

Charles Bichat (1901-1964) était agent « P1 », agent permanent qui conserve son activité professionnelle, des réseaux de résistance Turma-Vengeance et Alliance. Il était l’un des tout premiers policiers français à rejoindre la Résistance. Lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), il a joué un rôle capital, avec les agents du commissariat, dans la libération de la ville de Châtellerault. Charles Bichat a été décoré, en 1953, pour avoir contribué en particulier, le 31 août 1944, après de longues heures d’âpres et difficiles tractations, à empêcher la destruction catastrophique pour la ville des ponts Henri-IV et Pont-neuf par les Allemands.

La « donation du commissaire de police Charles Bichat au musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). (Crédit : François-Xavier Bichat)

Secrétaire de Police à Poitiers puis commissaire de Châtellerault, il aurait aussi fabriqué des centaines de vrais-faux papiers pour des personnes résistantes, communistes ou juives, qui leur étaient ensuite remises le plus souvent via des intermédiaires – les bénéficiaires ignoraient donc leur provenance.

Son chef résistant, Robert Guionnet, mentionne dans un rapport l’aide et la protection de son groupe aux « victimes des répressions politiques ou raciales ». Dans son rapport de 1945 conservé au Service historique de la Défense, Charles Bichat ne mentionne qu’une femme juive, sans la nommer, à laquelle il avait délivré une carte d’identité régulière. Mais, parce qu’il avait été ensuite lui-même arrêté et menacé de déportation par la Gestapo après qu’elle s’est faite arrêter sur la ligne de démarcation, il a gardé ses activités postérieures secrètes.

La carte de police de Charles Bichat. (Crédit : François-Xavier Bichat)

Selon son petit-fils, François-Xavier Bichat, porteur de la mémoire familiale, un seul nom juif est connu de la famille parmi ceux qu’il a aidés à sauver : Icchok Lewkowicz, né le 6 septembre 1906 à Varsovie, boucher à Châtellerault – or selon la famille, la généalogiste de Yad Vashem n’a trouvé aucun témoignage de sa part ni aucune descendance, simplement un frère tailleur à New York.

C’est pourquoi François-Xavier Bichat veut profiter de l’inauguration des 21 et 22 septembre pour lancer un appel à témoin auprès de familles ou d’associations qui disposeraient de faux papiers établis prétendument par la police de Poitiers en 1937 ou 1938 et validés ensuite avec les nouveaux cachets de la police régionale d’État portant la signature du Secrétaire de Police Bichat et du commissaire Comtesse (en comparant les signatures sur sa carte de police).

« On pourrait alors vérifier que ce sont en réalité bien de vrais-faux papiers fabriqués par ces deux policiers, comme l’ont déclaré mon grand-père et son chef résistant, et porter ces éléments à la connaissance de Yad Vashem, en espérant pouvoir ainsi les faire reconnaître Justes parmi les nations », explique François-Xavier Bichat.

Outre le drapeau, la donation Bichat est notamment composée de ses décorations, de son écharpe de commissaire et son écusson Police à Croix de Lorraine, de son arme de service qu’il utilisait pendant la guerre, de ses diplômes et de ses cartes de résistant, et de nombreuses photos de la remise du drapeau le 14 juillet 1945 et quelques-unes de sa remise de médaille militaire et de Croix de guerre avec palme à la caserne de Poitiers en 1953. Ces éléments viendront ainsi rejoindre la collection permanente du musée.

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