La police se mobilise pour la Marche des Drapeaux, à l’occasion de Yom Yeroushalayim

Des policiers se tenaient devant des barrières près des remparts de la Vieille Ville, lundi, à quelques heures d’un défilé de nationalistes israéliens en marge de Yom Yeroushalayim.

Yom Yeroushalayim (« la Journée de Jérusalem » en hébreu) commémore pour les Israéliens la réunification de la ville en 1967 après la conquête de la partie Est de la ville par Israël.

Chaque année, à l’occasion de cette journée, des milliers de nationalistes israéliens, en majorité religieux, marchent dans les rues de Jérusalem, y compris dans la Vieille Ville en brandissant des drapeaux israéliens, dansant, et chantant.

L’organisateur de la Marche des drapeaux, Meir Indor, a déclaré au Times of Israel que le cortège serait conduit par des familles de victimes d’attentats terroristes ainsi que par des membres du Tikva Forum, un groupe de familles d’otages qui estiment que seule la poursuite de la guerre permettra de libérer les personnes qui leur sont chères.

Il a ajouté que plusieurs ministres du gouvernement prononceraient des discours avant le début de la marche, mais n’a pas voulu les nommer.

Dès lundi matin, des groupes de jeunes venus de tout le pays se réunissaient près de la porte de Jaffa, arborant des T-shirts blancs comme c’est souvent le cas pour cette marche.

Les participants défileront sous le slogan « de la victoire à la victoire », a ajouté Indor, établissant un lien entre le triomphe passé d’Israël lors de la guerre des Six Jours et l’offensive en cours dans la bande de Gaza.

Le défilé suivra son itinéraire habituel : les marcheurs partiront de la grande synagogue de Jérusalem vers 16 heures, entreront dans la Vieille Ville par la porte de Damas et se rendront au mur Occidental à Jérusalem-Est, dernier vestige du Second Temple, détruit en 70 par les Romains, et le lieu le plus sacré où les juifs sont autorisés à prier.

Un itinéraire alternatif pour les femmes partira de la rue Bezalel et longera le quartier musulman, en serpentant autour du périmètre du mur d’enceinte sud de la Vieille Ville.

Un groupe d’activistes de gauche de l’organisation Standing Together se présentera dans le cadre d’une « garde humanitaire » qui tentera d’éviter toute violence de la part des marcheurs et de la police.

L’initiative a été lancée l’année dernière avec une vingtaine de personnes. Cette année, l’organisateur Suf Patishi s’attend à ce que l’initiative attire au moins 50 activistes bénévoles tôt lundi matin à Jérusalem, qui porteront des gilets violets et tenteront de désamorcer des situations potentiellement violentes.

Le matin de la marche, des bénévoles du groupe de coexistence Tag Meir distribueront également des fleurs aux commerçants palestiniens et aux habitants de la Vieille Ville.

La « Marche des fleurs » annuelle vise à exprimer « l’espoir et le désir d’un avenir commun » entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré le groupe dans un communiqué.

Des Israéliens juifs distribuent des fleurs aux résidents palestiniens de la Vieille Ville dans le cadre d’une « marche des fleurs » organisée par l’organisation de coexistence Tag Meir avant le défilé nationaliste des drapeaux de Yom Yeroushalayim, le 5 juin 2024. (Crédit : Gadi Gvaryahu/Tag Meir)

Dans un communiqué publié dimanche après-midi, la police a déclaré qu’elle « s’efforcerait de prévenir toute forme de violence ou de provocation ». Elle a également appelé les participants et le grand public à « s’abstenir de toute violence physique ou verbale et à permettre à l’événement de se dérouler pacifiquement et dans le respect de la loi ».

Les autorités locales peuvent imposer la fermeture des commerces palestiniens dans l’enceinte de la Vieille Ville.

Parallèlement à la Marche des drapeaux, une « Marche des drapeaux jaunes » en faveur d’un accord sur les otages sera organisée par plusieurs groupes de défense des otages et d’activistes antigouvernementaux, dont le principal est Safeguarding our Shared Home (Sauvegarde de notre maison commune), basé à Jérusalem.

La marche se déroulera entièrement à Jérusalem-Ouest, dès 17 heures devant le Musée d’Israël et se terminant devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les militants du groupe Safeguarding our Shared Home prévoient également de distribuer des tracts aux jeunes religieux nationaux avant leur marche dans la Vieille Ville, les exhortant à s’abstenir de toute violence et à redonner à l’événement ses anciennes valeurs « d’unité et de respect mutuel. »

Eyal Gur, l’un des militants du mouvement, a déclaré que le groupe distribuerait les tracts par « amour profond pour Jérusalem et par souci sincère pour les jeunes qui y défileront ».

La semaine dernière, l’organisation a envoyé une lettre aux mouvements nationalistes religieux et aux écoles qui amènent des élèves à la manifestation, les mettant en garde contre un comportement violent, alors que l’on craint de plus en plus que la marche ne représente une « démonstration de force sectaire » contre les résidents musulmans, chrétiens et arméniens de la Vieille Ville.

Pour de nombreux Palestiniens, ce défilé sous haute surveillance est perçu comme une provocation délibérée.

Chaque année, des incidents émaillent cette marche, notamment dans les rues de la Vieille Ville, certains des participants entonnant des slogans racistes.

En 2024, deux journalistes, dont un photographe palestinien, avaient été agressés par des adolescents participant à la marche.

La police se déploie en force

En 2021, le Hamas avait lancé un barrage de roquettes en direction de Jérusalem alors que la marche commençait à se diriger vers la Vieille Ville, ce qui a été suivi par 12 jours d’affrontements entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien, ainsi qu’à des flambées de violence en Israël entre juifs et Arabes, essentiellement dans les villes mixtes du pays.

La police a dit dimanche déployer « des milliers » d’agents dans toute la ville pour « assurer la sécurité et la sûreté du public ».

La mairie israélienne de Jérusalem a annoncé une série d’événements ayant débuté, comme pour toutes les fêtes du calendrier juif, la veille au soir.

Un drapeau israélien géant a été déployé dimanche soir sur l’esplanade du mur Occidental alors que des milliers de visiteurs se pressaient dans les rues de la Vieille Ville.

Les murs de la Vieille Ville de Jérusalem sont illuminés par les drapeaux d’Israël le 25 mai 2025, à la veille de Yom Yeroushalayim, qui commémore la prise par l’armée israélienne du secteur oriental de la ville en 1967 pendant la guerre israélo-arabe. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Le gouvernement israélien doit se réunir lundi dans le quartier palestinien de Silwan, selon un communiqué du bureau du Premier ministre.

Silwan, en contrebas des murailles de la Vieille Ville, abrite un site archéologique juif important, Ir David, à un endroit où la Bible situe la Cité du roi David après sa conquête de Jérusalem sur les Jébuséens.

Depuis juin 1967, la présence israélienne, illégale selon le droit international, s’est développée dans la partie Est de la ville, et est régulièrement condamnée à l’international.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible », ce que la communauté internationale ne reconnaît pas, tout comme l’annexion de la partie orientale de la ville, dont des Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Un drapeau israélien géant sur l’esplanade du mur Occidental dans la Vieille Vle de Jérusalem, le 25 mai 2025, à la veille de Yom Yeroushalayim, qui commémore la prise par l’armée israélienne, en 1967, du secteur oriental de la ville pendant la guerre israélo-arabe. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)yom yer

Pendant son premier mandat, toutefois, le président Donald Trump a déplacé l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem après avoir reconnu la ville comme capitale d’Israël.

Dimanche soir, son ambassadeur en Israël, Mike Huckabee, ainsi que la secrétaire d’Etat américaine à la Sécurité intérieure en visite, Kristi Noem, ont brièvement assisté aux commémorations au mur Occidental.

????????✡️ — US Secretary of Homeland Security Kristi Noem placed a note in the Western Wall in Jerusalem tonight. The lady in red is Janet Huckabee, wife of US Ambassador to Israel. pic.twitter.com/EL8BDFi6sN

— Belaaz News (@TheBelaaz) May 25, 2025

La marche de lundi aura lieu pour la deuxième année consécutive sur fond de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La guerre a ravivé les discussions, au sein de la droite israélienne, sur une annexion du territoire palestinien.