Lapid : le gouvernement Netanyahu est « incapable de gagner la guerre »

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a déclaré mercredi que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu « est incapable de gagner la guerre » au lendemain d’une altercation survenue entre le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, au sujet de la distribution de l’aide humanitaire à Gaza.

« Aujourd’hui, les ministres du gouvernement s’en prennent également au nouveau ‘chef de cabinet offensif’ qu’ils ont eux-mêmes choisi, créant ainsi des conflits au sein du cabinet et courant partout pour le faire savoir [à tout le monde] », a-t-il déclaré.

« Le moment est venu de reconnaître les faits : ce gouvernement est incapable de gagner la guerre. »

Le gouvernement Netanyahu « a eu un an et demi, il a reçu le soutien total des Américains et de l’opposition. Le temps des excuses est révolu. Ce n’est pas Biden, ni Herzl, ni Gallant, ce sont eux », a poursuivi Lapid, faisant référence à l’ancien président américain Joe Biden, à l’ancien chef d’état-major de Tsahal Herzl Halevi et au précédent ministre de la Défense Yoav Gallant, qui ont tous été vivement critiqués par les membres du cabinet Netanyahu.

« Un gouvernement qui encourage la désertion [par les ultra-orthodoxes] a perdu la confiance de nos combattants héroïques, un gouvernement incapable de définir sa stratégie pour l’après-Gaza ne mènera pas à la victoire. Nous devrons vaincre le Hamas sous le prochain gouvernement. Maintenant, ramenez les otages au lieu de passer votre temps à blâmer les autres pour vos échecs », a déclaré Lapid.

Selon des fuites, Smotrich aurait eu une altercation avec le lieutenant-général Zamir au sujet de la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza lors de la réunion du cabinet de sécurité qui s’est tenue mardi soir.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich (à gauche) et le ministre de la Défense Israel Katz (au centre) visitant les implantations de Cisjordanie aux côtés de hauts responsables de l’armée israélienne, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Elad Malka/Ministère de la Défense)

La discorde entre les deux hommes aurait éclaté après que le ministre de la Défense, Israel Katz, a informé le cabinet qu’Israël n’aurait d’autre choix que de reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza dans les deux prochaines semaines, tout en veillant à ce qu’elle ne parvienne pas au groupe terroriste palestinien du Hamas.

Zamir aurait répondu à Katz que l’armée ne serait pas chargée de cette distribution, toujours selon les fuites.

Smotrich lui aurait répondu que « Tsahal ne choisit pas ses missions » et que les dirigeants politiques attendent de l’armée qu’elle supervise la distribution de l’aide afin de s’assurer qu’aucune marchandise ne tombe entre les mains du Hamas.

« Nous vous avons clairement indiqué que vous deviez vous préparer à cela. Nous déciderons de l’objectif et vous déciderez de la manière de l’atteindre », aurait affirmé le ministre des Finances.

« Si vous n’en êtes pas capable, nous ferons appel à quelqu’un qui le sera. Si vous ne savez pas comment faire, nous trouverons quelqu’un qui sait. »

À ce moment, il aurait été interrompu par des députés qui lui auraient demandé de baisser le ton.

« Nous avons décidé qu’aucune aide ne parviendrait au Hamas, et je me fiche de savoir comment cela sera fait. Si vous ne savez pas comment faire, dites simplement à l’échelon politique : ‘Je ne sais pas.’ Dans une démocratie, l’armée ne choisit pas ses missions », aurait-il néanmoins poursuivi.

« Vous ne resterez pas ici pour nous dire : ‘Je ne le ferai pas’ », aurait averti le ministre des Finances.

Le chef d’État-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir (à droite), et le chef du Commandement du Sud, le général de division Yaniv Asor, dans le quartier de Shejaiya, à Gaza, le 15 avril 2025. (Crédit : Armée israélienne)

« Cela n’arrivera pas. Seul l’échelon politique décide de la mission. »

Abordant la question de la guerre dans son ensemble, Smotrich aurait également critiqué Zamir pour la manière dont elle est menée, lui disant qu’Israël doit passer à une « phase décisive » concernant l’avenir de l’enclave.

« Il y a [enfin] un nouveau chef d’état-major. Nous avons attendu, nous avons été patients, et nous sommes arrivés au moment où nous devons aller de l’avant », aurait-il déclaré.

« La guerre ne peut pas continuer ainsi, et elle ne peut pas durer éternellement. »

Un membre des forces de sécurité loyales au Hamas montant la garde sur l’un des camions transportant de l’aide humanitaire en provenance du poste-frontière de Kerem Shalom, à al-Shoka, à l’est de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 janvier 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Suite à ces fuites, un responsable israélien a déclaré au Times of Israel « qu’aucune décision n’avait été prise concernant l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza ».

« Les instances politiques ont donné pour instruction à l’armée et aux autorités chargées de la défense de l’État de priver le Hamas de tout contrôle sur l’aide humanitaire et de prévenir toute situation susceptible de se développer », a-t-il ajouté.