Le journal Hamodia impute aux kibboutzim une part de responsabilité dans le 7 octobre

Un journal lié à un parti politique ultra-orthodoxe appartenant à la coalition au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu a été âprement critiqué après avoir publié une tribune qui a attribué la responsabilité du pogrom qui avait été commis par le Hamas, le 7 octobre, aux habitants pacifistes des communautés situées le long de la frontière avec Gaza.

L’article qui est paru vendredi dans Hamodia, un journal étroitement lié à la faction Agudat Yisrael au sein de Yahadout HaTorah, a été accueilli lundi avec fureur par les membres de l’opposition, qui ont évoqué un « scandale » sans précédent.

Dans cette article d’opinion, Menachem Klogman, l’auteur, affirme que les membres des kibboutzim situés le long de la frontière de Gaza devraient demander pardon pour avoir été des « partenaires à part entière » dans les manquements sécuritaires qui avaient permis à des milliers de terroristes du Hamas de prendre d’assaut leurs communautés lors du pogrom. Le 7 octobre, les terroristes armés avaient semé la destruction dans le sud d’Israël, incendiant, détruisant, pillant. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes et kidnappé 251 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza. Klogman a aussi accusé les résidents de se tromper de cible.

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« Les habitants des kibboutzim de la frontière, du côté de Gaza, endossent une lourde responsabilité dans le désastre qui est survenu lors de la fête de Simhat Torah », a-t-il écrit.

Klogman – qui avait été placé à la 108e place de la liste de Yahadout HaTorah lors des élections à la Knesset de 2021 – cherchait à intervenir, par cette article, dans une controverse qui agite le pays et qui a été entraînée par le refus de nombreuses communautés du sud de l’État juif de participer à une cérémonie d’État marquant le premier anniversaire du massacre.

De nombreux habitants du sud accusent le gouvernement de chercher à échapper à ses responsabilités pour n’avoir pas su déjouer l’attaque ou y riposter. Ils ont exprimé leur colère face à l’incapacité des autorités à obtenir la libération des 97 otages environ qui avaient été enlevés ce jour-là et qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas.

Au lieu d’assister à l’événement organisé par l’État, les habitants du sud devraient « organiser une cérémonie séparée, destinée à eux-mêmes, non pas au nom de la ‘mémoire’ mais pour demander pardon et pour expier leur part de responsabilité dans le désastre, et ils devraient prendre la décision de changer leur mode de vie », a écrit Klugman.

« Ils devraient également demander pardon à ceux qu’ils ont blâmés à tort » ainsi qu’à Dieu, a-t-il ajouté.

Le député de Yesh Atid, Naor Shiri, réagit avec colère aux postes du budget supplémentaire pour 2023 lors d’une audition de la commission des finances de la Knesset, le 12 décembre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’article a été cloué au pilori à la Knesset dans la journée de lundi après que le député de Yesh Atid, Naor Shiri, en a lu un extrait lors d’une réunion de la Commission des Finances.

« Je n’ai jamais rien vu de tel, vraiment » , a-t-il déclaré, qualifiant l’article « d’antisémite ».

« Dites-moi, est-ce que c’est normal ? Mais dans quel pays vivons-nous ? C’est un scandale », s’est-il insurgé. « Cet auteur devrait être mis en prison ».

La plupart des membres des kibboutzim sont considérés comme se situant à gauche de l’échiquier politique.

Dans l’article, Klugman leur reproche d’avoir joué un rôle déterminant dans la décision qui avait été prise de quitter les implantations israéliennes dans la bande de Gaza, lors du retrait de 2005. Il les accuse également d’avoir laissé croire que le Hamas avait été dissuadé de lancer une attaque d’une telle ampleur contre Israël – comme l’avaient fait aussi, ajoute-t-il, « les responsables de l’armée et des autres services de sécurité, qui ont donné au gouvernement de fausses informations sur ce qui se passait chez nos ennemis ».

Le ministre du Logement et de la Construction, le leader de Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf, à Tel Aviv, le 4 février 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Au cours de la discussion qui a eu lieu à la Knesset, Vladimir Beliak, député de Yesh Atid, a pointé du doigt le ministre du Logement et de la Construction, Yitzhak Goldknopf, qui dirige à la fois Yahadout HaTorah et Agudath Israel – et qui est censé avoir théoriquement le dernier mot sur le contenu publié dans le journal.

« Il y a un ministre au sein du gouvernement qui représente tout cela », a déclaré Beliak.

Le président de la Commission, Moshe Gafni, qui dirige la faction Degel Hatorah qui constitue l’autre moitié de l’alliance Yahadout HaTorah, a pris la défense de Goldknopf.

« Qu’attendez-vous de Goldknopf ? » a-t-il interrogé. « Et en quoi est-il donc lié à cette affaire ? »

Ni le parti, ni Hamodia n’ont réagi pour le moment à la controverse.