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« Le Miroir aux alouettes », le film oscarisé sur la Shoah en Tchécoslovaquie

Sorti en 1965, le film fait son retour sur grand écran à partir de février 2025, alors que l'on marque cette année les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau

L'actrice Ida Kaminska, dans le rôle de madame Lautmann, joue dans le film tchécoslovaque « Le Miroir des alouettes », sorti en 1965. (Autorisation)
L'actrice Ida Kaminska, dans le rôle de madame Lautmann, joue dans le film tchécoslovaque « Le Miroir des alouettes », sorti en 1965. (Autorisation)

Sorti pour la première fois en mai 1965, « Le Miroir aux alouettes » des réalisateurs tchécoslovaques Ján Kadár et Elmar Klos fait son retour dans les salles de cinéma françaises en copie restaurée, le 5 février 2025.

Film phare des années 1960, premier film tchécoslovaque à obtenir l’Oscar du meilleur film étranger, point d’orgue de la carrière du tandem Kadár et Klos, « Le Miroir aux alouettes » se distingue par un sens du tragi-comique bouleversant.

En imprégnant d’humour cette terrible évocation de la spoliation des Juifs et de la déportation au sein d’une petite ville slovaque, le duo de cinéastes, loin d’en minorer l’horreur, jette – comme d’autres films à la même époque – un regard nouveau, plus complexe, sur la guerre et le génocide.

Le film raconte la tendre amitié que nouent Tono Brtko, menuisier sans fortune, et madame Lautmann, propriétaire juive d’un commerce dans une petite ville slovaque en 1942.

À cette époque, la Première république slovaque, État-satellite de l’Allemagne nazie, fait passer tous les commerces juifs sous gérance « aryenne ». C’est ainsi que Tono se retrouve à la tête du commerce de madame Lautmann. Mais celle-ci est âgée, sourde et n’est pas au courant des nouvelles lois raciales. Elle prend Tono pour un nouvel assistant. Celui-ci finira par la protéger des miliciens et de la violence extérieure.

Le film raconte l’histoire d’un « Juste » qui, à sa toute petite échelle, refuse de collaborer ou même de rester passif face à l’injustice antisémite imposée par le régime de l’époque.

Au moment de sa sortie, « Le Miroir des alouettes » avait été salué par la critique, recevant même l’Oscar du meilleur film étranger en 1966 et une mention au Festival de Cannes en 1965.

L’actrice Ida Kaminska, qui joue le rôle de madame Lautmann, a elle aussi été nommée à l’Oscar de la meilleure actrice 1967.

« Nous avons voulu dire que la violence ne s’exprime pas seulement sous les traits d’un bourreau classique ou d’un militaire, mais qu’elle peut aussi apparaître sur le visage des braves gens. Il y a des hommes trop faibles et trop ignorants qui peuvent devenir sans le vouloir des fascistes. Dès qu’un individu a peur et qu’il perd sa dignité d’homme, il ne peut plus remonter la pente. Et c’est l’animal qui se trouve au bas de cette descente », avait déclaré Ján Kadár en 1965.

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