Le PAM suspend ses activités à Gaza après des tirs israéliens contre un de ses véhicules

Un véhicule du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) dit avoir été touché mardi par des tirs israéliens à Gaza, un événement « inacceptable » qui a conduit mercredi l’agence onusienne à suspendre « jusqu’à nouvel ordre » les mouvements de son personnel dans l’enclave.

« Hier soir, un véhicule humanitaire de l’ONU clairement identifié, faisant partie d’un convoi totalement coordonné avec les [forces armées israéliennes] a été touché dix fois par des tirs israéliens », sans faire de victime, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire-général de l’ONU, estimant que les deux occupants avaient été sauvés uniquement grâce au blindage.

L’armée israélienne n’a pas encore répondu à une demande de commentaire.

Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !

Le PAM a précisé dans un communiqué qu’il s’agissait de l’un de ses véhicules revenant d’une mission au point de passage de Kerem Shalom après avoir escorté un convoi de camions transportant de l’aide humanitaire.

« Malgré le véhicule clairement identifié et malgré avoir reçu de multiples autorisations des autorités israéliennes pour approcher, le véhicule a été directement touché par des tirs alors qu’il avançait vers un point de contrôle de l’armée israélienne », sur le pont de Wadi Gaza, dans le centre de la bande de Gaza, a expliqué le PAM.

Il a été touché « par au moins dix balles : cinq du côté conducteur, deux du côté passager et trois à d’autres endroits du véhicules », a précisé le PAM, qui a diffusé une photo du véhicule où les impacts sont visibles sur plusieurs fenêtres.

Des Palestiniens déplacés transportant une boîte de rations alimentaires fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM) sur un marché de fortune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 mars 2024. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

« C’est totalement inacceptable et le dernier d’une série d’événements inutiles liés à la sécurité qui ont mis en danger les vies des équipes du PAM à Gaza », a dénoncé la patronne de l’agence onusienne Cindy McCain.

Ce n’est pas la première fois que des véhicules de l’ONU sont touchés par des tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre.

En mai notamment, un ressortissant indien, employé de l’ONU, a été tué lorsque son véhicule a été touché.

Mais « c’est la première fois qu’un véhicule du PAM a essuyé des tirs directs près d’un point de contrôle, malgré les autorisations nécessaires, alors qu’il se conformait au protocole », a assuré l’agence onusienne.

Cet événement « souligne que les systèmes en place pour la coordination [avec les autorités israéliennes] ne fonctionnent pas », a de son côté insisté Dujarric.

« Nous n’avons pas de moyen d’évaluer l’état d’esprit de ceux qui nous tirent dessus » mais « nous savons que le mouvement de ce convoi était coordonné avec les autorités israéliennes », a-t-il noté, interrogé sur le caractère délibéré ou non des tirs.

« Que l’information n’ait pas été transmise, que cela ait été délibéré ou qu’il y ait eu une autre raison, ce sont des explications que nous aimerions obtenir. »

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a déclaré mercredi que les opérations d’aide à Gaza étaient « fortement limitées par les hostilités, l’insécurité et les ordres d’évacuation massive qui affectent les routes et les installations d’acheminement de l’aide ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira jeudi à la demande de la Grande-Bretagne et de la Suisse, sur la situation humanitaire à Gaza. La mission britannique de l’ONU a écrit sur le réseau social X : « L’ONU a averti que les opérations d’aide et le personnel à Gaza sont en danger, à un moment où une campagne de vaccination est nécessaire de toute urgence pour stopper une épidémie de polio. »

Un camion de farine du Programme alimentaire mondial (PAM) au port d’Ashdod, avant d’entrer dans la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Crédit : Armée israélienne)

L’ONU se prépare à vacciner environ 640 000 enfants à Gaza, après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’un bébé de 10 mois avait été paralysé par le poliovirus de type 2, le premier cas de ce type dans l’enclave depuis 25 ans.

La Treizième chaîne a rapporté mercredi soir que Jérusalem avait autorisé des trêves humanitaires temporaires dans la bande de Gaza afin de faciliter la vaccination contre la polio.

Selon le reportage, la décision a été prise à la demande du secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de sa visite la semaine dernière. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les chefs de la sécurité auraient approuvé cette mesure sans en informer les ministres du cabinet de sécurité.

Le bureau du Premier ministre a démenti avoir autorisé la trêve, mais a confirmé qu’il avait donné son accord pour « désigner certaines zones dans la bande de Gaza ». Il a affirmé que la mesure avait été présentée au cabinet de sécurité et qu’elle avait reçu son soutien.

L’ONU se plaint depuis longtemps des obstacles à l’acheminement de l’aide à Gaza en temps de guerre et à sa distribution dans « l’anarchie totale » qui règne dans l’enclave.

À cette fin, l’armée a déclaré mercredi qu’elle créait un nouveau poste au sein de l’unité du ministère de la Défense, le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT) afin d’assurer la liaison avec les activités humanitaires dans la bande de Gaza.

Le colonel Elad Goren, responsable du COGAT, sera le premier « chef de l’effort humanitaire et civil dans la bande de Gaza » et sera promu au rang de général de brigade, a indiqué Tsahal.

Ce nouveau rôle consisterait à « s’occuper de l’intégration et de la mise en œuvre de l’effort humanitaire dans la bande de Gaza et de la coordination avec la communauté internationale, de manière à permettre la mise en œuvre de l’effort humanitaire tout en préservant les intérêts de l’État d’Israël en matière de sécurité », a précisé l’armée.

Des Palestiniens prenant d’assaut des camions chargés d’aide humanitaire venus par la nouvelle jetée temporaire construite au large de la côte de Gaza par les États-Unis, dans le centre de la bande, le 18 mai 2024. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

« L’armée israélienne accorde une grande importance à la poursuite de l’effort humanitaire dans la bande de Gaza, afin de continuer à lutter contre le groupe terroriste du Hamas, et dans le cadre de la réalisation des objectifs de la guerre », a ajouté le communiqué.

Tsahal a déclaré que le chef d’état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, avait été autorisé par le ministre de la Défense Yoav Gallant à créer cette nouvelle fonction.

La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.

Près de 40 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël dit avoir tué 17 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.

Israël a affirmé faire en sorte de minimiser le nombre de victimes civiles et insiste sur le fait que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, en se battant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.

L’ONU estime qu’environ 90 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre, et les évaluations de l’armée en juillet ont révélé que quelque 1,9 million de personnes résidaient dans la « zone humanitaire » désignée par Israël.

Illustration – Des Palestiniens déplacés par l’incursion terrestre israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza installant un camp de tentes dans la zone d’al-Mawasi, le 7 décembre 2023. (Crédit : Fatima Shbair/AP)

La zone est située dans la région d’al-Mawasi sur la côte sud de la bande de Gaza, dans les quartiers ouest de Khan Younès et dans le centre de la bande de Gaza, à Deir al-Balah. La taille de la zone a changé à de nombreuses reprises, au fil des opérations menées par Tsahal contre le groupe terroriste palestinien du Hamas. À la mi-août, la zone s’étendait sur un peu plus de 42 kilomètres carrés, soit 11 % de la superficie totale de la bande de Gaza.