L’enquête pour apologie du terrorisme visant un militant pro-palestinien classée sans suite

L’enquête pour apologie du terrorisme visant le militant politique égypto-palestinien Ramy Shaath, ouverte à la suite de propos tenus lors d’une manifestation en soutien au peuple palestinien en novembre 2023, a été classée sans suite, ont annoncé samedi ses avocats.

Mes William Bourdon et Vincent Brengarth ont indiqué dans un communiqué transmis à l’AFP qu’ils « [venaient] d’être informés qu’un classement sans suite avait été rendu à l’encontre de leur client, en octobre 2024 ».

« Une telle décision vient confirmer le caractère totalement infondé de la procédure qui avait été initiée. M. Ramy Shaath n’a jamais appelé à la haine ou glorifié un quelconque acte de terrorisme », ont-ils souligné.

« Sa position, constante, est celle de dénoncer les graves violations du droit international dont le peuple palestinien est victime », ont-ils ajouté, voyant « une énième illustration de la criminalisation de propos politiques qui n’enfreignent aucunement la loi ».

Au lendemain d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien le 4 novembre 2023 à Paris, le préfet de police Laurent Nuñez avait annoncé avoir signalé des propos qui « franchissent la ligne rouge ».

D’après M. Nuñez, Ramy Shaath, qui s’exprimait en arabe, disait « à plusieurs reprises ‘le vrai terrorisme c’est Israël’, ce qui laisse penser que le Hamas n’est pas terroriste », et « commence en disant : ‘ce n’est pas du terrorisme, c’est de la résistance’. »

« Le deuxième mensonge, très grave, c’est de dire que la résistance du peuple palestinien, ce serait du terrorisme. Le peuple palestinien, comme tous les peuples sous occupation, a le droit de se défendre et de résister », avait déclaré M. Shaath, selon des propos traduits par un interprète à ses côtés, dans un discours dont des vidéos sont toujours en ligne.

« Le vrai terrorisme, c’est celui qui bombarde les hôpitaux », avait-il poursuivi.

Il avait été entendu en audition libre en novembre 2023.

Agé d’une cinquantaine d’années, Ramy Shaath est une figure de la révolution égyptienne de 2011 et a coordonné en Egypte le mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), prônant le boycott d’Israël dans la lutte contre l’occupation des Territoires palestiniens.

Il a été détenu 900 jours en Egypte, entre 2019 et 2022, accusé d’avoir fomenté des « troubles contre l’Etat », avant d’être libéré et remis à la France, notamment après que le président Emmanuel Macron a plaidé son cas auprès des autorités égyptiennes.

Pour ses avocats, il serait « insupportable que l’administration tente de se prévaloir de l’existence de cette procédure de quelque façon que ce soit », notamment pour ne pas lui octroyer son titre de séjour.