Les familles d’otages marquent le 7 octobre avec des diplomates étrangers

Les familles des otages du Hamas ont commémoré dimanche le premier anniversaire du pogrom commis par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, lors d’un événement qui s’est déroulé en présence de diplomates étrangers au siège du Forum des familles d’otages et des portés-disparus, à Tel-Aviv.

L’objectif de cet événement était « d’attirer l’attention du monde entier » sur le sort réservé aux otages, a fait savoir le Forum, et de « mettre en avant le besoin urgent d’agir pour obtenir la libération de ceux qui sont encore retenus en captivité. »

Des discours ont été prononcés par d’anciens otages et par des parents des captifs qui se trouvent encore à Gaza. Dans la salle, des diplomates étrangers et des représentants d’organisations internationales de défense des droits de l’Homme auxquels le chef de l’opposition, Yair Lapid, a confié qu’il avait « parfois l’impression que vous vous souciez davantage du sort des otages que ce n’est le cas du gouvernement d’Israël ».

Stephanie L. Hallet, cheffe de mission adjointe au sein de l’ambassade des États-Unis, a déclaré que son travail effectué dans le cadre des négociations consacrées aux otages « a changé ma vie » – une mission commencée il y a un an, le 8 octobre, d’abord pour rendre compte des citoyens américains qui avaient été brutalement assassinés par le Hamas, puis du sort réservé à ceux qui ont été pris en otage.

« Nous avons commémoré beaucoup trop d’anniversaires et de fêtes sans que ces proches, ces êtres chers se trouvent là où ils devaient pourtant être », a dit Hallet. Elle a ensuite noté que « un trop grand nombre d’autres événements horribles se sont produits », avec notamment l’exécution du citoyen israélo-américain Hersh Goldberg-Polin et de cinq autres otages, qui avaient été froidement exécutés par leurs geôliers à la fin du mois d’août.

Elle a promis que les Etats-Unis continueraient à travailler aux côtés de la communauté internationale pour obtenir un accord garantissant la libération des otages.

Stephanie Hallett, cheffe de mission adjointe à l’ambassade des États-Unis, lors d’un événement organisé à Tel Aviv pour marquer le premier anniversaire du pogrom e du Hamas du 7 octobre, le 13 octobre 2024. (Crédit : Forum des familles d’otages)

« Je veux que tous les membres des familles le sachent – pas seulement les citoyens américains mais bien tous : Nous portons l’histoire de vos proches avec nous », a souligné Hallet. « Nous racontons ces histoires et nous les portons en nous chaque jour. Ce n’est pas seulement un travail que nous faisons parce que nous devons le faire. C’est un travail qui fait partie de nous ».

L’ambassadeur du Royaume-Uni, Simon Waters, et l’envoyé d’Allemagne, Steffen Seibert, ont fait écho à ses propos en déclarant, dans un mélange d’hébreu et d’anglais, que les ambassadeurs avaient manqué à leurs devoirs à l’égard des otages et de leurs familles, et qu’ils devaient maintenant se demander s’ils avaient vraiment cherché à trouver toutes les solutions possibles.

« Les pourparlers portant sur un cessez-le-feu et sur un accord ouvrant la porte à la remise en liberté des otages se sont déroulés dans le silence ces dernières semaines », a dit Seibert, qui a souligné qu’Israël concentrait actuellement toute son attention sur les combats qui opposent l’État juif au groupe terroriste du Hezbollah, au Liban.

« Nous devons être prêts à chercher de nouvelles voies. Toute nouvelle idée mérite d’être étudiée, toute nouvelle proposition mérite d’être vérifiée – rien ne doit être tabou », a-t-il poursuivi.

L’ancienne otage Aviva Siegel, qui avait été libérée en novembre dernier au cours d’une trêve qui avait duré une semaine, a parlé de son expérience de la captivité. Elle a fait part de ses craintes concernant le sort de Keith, son époux, qui est toujours entre les mains de ses ravisseurs aujourd’hui.

« Il faut apprendre à disparaître et à ne rien ressentir », a-t-elle expliqué alors qu’elle décrivait une jeune fille qui n’a jamais été touchée dans sa vie et qui se retrouve agressée par un terroriste du Hamas. « Si le retour d’otages morts n’a pas suffi à réveiller le monde, que devons-nous faire ? », a-t-elle interrogé.

« J’étais là-bas », a-t-elle déclaré. « J’ai été là-bas pendant 51 jours. J’ai été en enfer et Keith, mon mari, les filles et tous les otages y sont toujours ».

« Aucun être humain dans le monde ne devrait être amené à vivre ce que Keith et les otages sont en train de vivre », a-t-elle ajouté.

Orly Gilboa, la mère de Daniella Gilboa qui a eu 20 ans dans les tunnels de Gaza, a partagé le même point de vue.

Gilboa a demandé aux participants de se souvenir de leurs vingt ans ans et de la réaction que pouvaient avoir leurs parents lorsqu’ils restaient dehors plus tard qu’ils ne l’avaient prévu.

« Essayez d’imaginer ce que je ressens depuis plus d’un an », a-t-elle indiqué.

« Je n’ai pas besoin de votre pitié. Je n’ai pas besoin de vos pensées et de vos prières », a-t-elle poursuivi. « Je vous demande de faire ce que les dirigeants sont censés faire : exiger, négocier. Faites ce que vous auriez fait pour sauver votre propre enfant », a-t-elle supplié.

Le leader de l’opposition Yair Lapid participe à un événement à Tel Aviv marquant le premier anniversaire du pogrom du Hamas, le 7 octobre, le 13 octobre 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Luis Har, qui a passé 129 jours dans les geôles du Hamas avant d’être secouru par l’armée israélienne au mois de février, a déclaré que son retour en Israël – ainsi que le retour de quatre autres de ses proches – était « la preuve qu’il est possible » de sauver les otages restants.

« Nous devons lutter ensemble pour y parvenir sans distinction de religion ou de race », a-t-il affirmé. « Nous, le peuple d’Israël, devons être unis et œuvrer ensemble de manière à ramener tout le monde. Nous ne devons pas perdre espoir ».

97 des 251 otages qui avaient été kidnappés par le Hamas, le 7 octobre 2023, se trouveraient encore à Gaza, selon les estimations. La mort de 34 d’entre eux a été officiellement confirmée par l’armée israélienne.

Le Hamas avait remis en liberté 105 civils au cours d’une trêve qui avait duré une semaine, à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été relâchés précédemment. Huit captifs ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 37 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de l’armée israélienne qui avaient été tués tués en 2014.