Levin et d’autres élus Likud accusent un commentateur pro-Netanyahu de chantage

Le ministre de la Justice Yariv Levin a accusé mardi Jacob Bardugo, personnalité médiatique de droite considérée comme proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, d’avoir tenté de le faire chanter et de l’avoir menacé de conséquences – qui n’ont pas été précisées – en cas de non-respect de ses exigences.

Levin a suscité des réactions mitigées au sein du Likud, le parti du Premier ministre, et l’opposition a demandé l’ouverture d’une enquête criminelle à son encontre.

Jacob Bardugo, commentateur sur les médias de droite Quatorzième chaîne et Galey Israel, a rendu Levin responsable de l’incapacité du gouvernement à tenir sa promesse d’évincer la procureure générale Gali Baharav-Miara.

« Pour des raisons personnelles, il me calomnie de manière obsessionnelle sur toutes les plateformes et tous les jours. C’est irrespectueux, c’est inapproprié. Cela profite principalement à une seule personne, celle qui se fait appeler le président de la Cour suprême. Il veut m’affaiblir de l’intérieur », a déclaré Levin lors d’une interview accordée à la radio Galey Israel.

« Quand une personne vient me voir avec des exigences qu’aucune personne honnête n’accepterait et me dit ‘si vous ne répondez pas à ces exigences…’, je ne veux pas répéter les mots qu’il a utilisés », a ajouté Levin, sans donner plus de détails.

Bardugo a nié cette accusation dans une interview accordée à Galey Israel, affirmant qu’il avait des « désaccords idéologiques » avec Levin et d’autres ministres de droite.

« » Les propos de M. Levin ont été détournés de leur sens », a-t-il déclaré, accusant la gauche de chercher à semer la discorde au sein de la droite. « Je ne resterai pas silencieux même si cela met en colère quelques personnes ».

La station de radio a déclaré dans un communiqué qu’elle « soutient Jacob Bardugo et rejette avec dégoût les déclarations de politiciens mineurs ».

Le ministre de la Culture, Miki Zohar, et le ministre des communications, Shlomo Karhi, membres éminents du Likud, le parti de Netanyahu, qui se sont également opposés à Bardugo, ont apporté leur soutien à Levin.

« Jacob Bardugo ne représente pas la droite, il se représente lui-même », a écrit Karhi sur le réseau social X, décrivant le commentateur comme « une figure puissante qui tente de diriger le pays en fonction de ses propres intérêts ».

« Les menaces, les pressions et les mensonges sont bien connus et familiers. Mais nous ne nous laisserons pas intimider. Nous n’avons pas été élus pour satisfaire les commentateurs devant un micro, mais pour servir le peuple d’Israël », a ajouté Karhi, appelant Levin à « ne pas avoir peur ».

Dans un autre message, Zohar a apporté son soutien à Levin, « qui mène avec vigueur l’importante refonte du système judiciaire et fait face à des menaces tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».

« Comme d’autres ministres, j’ai moi aussi été confronté aux menaces de Jacob Bardugo, qui a des intérêts personnels et qui intimide de manière ignoble les représentants élus de la droite », a écrit Zohar.

En février, Bardugo avait accusé les trois ministres du Likud d’incitation à la haine. Dans la foulée, les mots « tu es un porte-parole, tu es coupable » avaient été taggués sur le domicile de l’éditorialiste. L’accusation est intervenue un jour après que Zohar s’est emporté contre Bardugo dans une interview accordée à Galey Israel, l’accusant de nuire à la droite et d’inciter les électeurs à quitter le Likud pour le parti Otzma Yehudit du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.

La ministre de la Culture Miki Zohar assistant à une soirée en mémoire de l’acteur Yaacov Cohen, à Tel Aviv, le 4 décembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Suite aux propos de Levin, le député Naor Shiri, du parti d’opposition Yesh Atid, a écrit au bureau de la procureure générale pour demander l’ouverture d’une enquête pénale sur cette affaire, selon la chaîne N12.

En réponse, la députée Tally Gotliv (Likud) a publié une vidéo dans laquelle elle critiquait sévèrement Levin, Karhi et Zohar, reprochant à ses collègues du Likud l’initiative de Shiri.

« Rappelons-nous le bon sens élémentaire. Tout le monde n’est pas obligé de nous aimer, de nous respecter, ni d’approuver nos méthodes et nos actions », a-t-elle déclaré. Elle a affirmé qu’il était « honteux » et que cela « fait le jeu de la gauche » de s’en prendre à « un commentateur expérimenté et chevronné qui soutient les positions de la droite et protège le gouvernement et le Premier ministre ».

« La députée Naor Shiri, du parti Yesh Atid, demande à la procureure d’ouvrir une enquête contre Bardugo en raison des propos tenus par le ministre Levin », a-t-elle poursuivi.

« Nous n’avons pas le privilège de tenir des propos offensants, mais uniquement des propos substantiels. »

Bardugo est considéré comme un proche confident de Netanyahu.

Les médias israéliens ont rapporté que Netanyahu avait offert à Bardugo un rôle ministériel dans le gouvernement actuel et que Bardugo avait été le représentant du Premier ministre lors des négociations pour la formation du gouvernement.