L’Iran menace de s’en prendre à des bases américaines, britanniques et françaises si elles aident Israël

L’Iran a dit aux États-Unis, au Royaume-Uni et à la France que leurs bases et navires dans la région seraient pris pour cible s’ils devaient aider à intercepter les frappes de Téhéran contre Israël, ont indiqué les médias d’État iraniens.

L’Iran a tiré de grands nombres de missiles et de drones sur Israël depuis vendredi dernier, jour où l’État juif a mené plusieurs frappes spectaculaires sur des sites nucléaires et militaires iraniens, dans le but – présenté comme vital – d’empêcher la république islamique de se doter de l’arme nucléaire.

La plupart des missiles et drones iraniens ont été interceptés par les systèmes de défense antiaérienne d’Israël : ceux qui se sont parvenus à entrer en Israël ont fait 13 morts et des centaines de blessés dans des zones peuplées.

Selon les autorités américaines, l’armée des États-Unis serait d’ores et déjà impliquée dans l’interception et dans neutralisation des drones et missiles iraniens. On ignore à ce stade si la France ou la Grande-Bretagne ont aidé à arrêter les attaques, mais Paris a fait savoir, il y a peu, qu’elle pourrait le faire, et Londres n’a pas exclu cette possibilité.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ainsi que les alliés régionaux de Washington, ont tous coopéré l’an dernier pour intercepter deux importantes salves de missiles et de drones tirées par l’Iran en direction d’Israël dans le cadre des retombées de la guerre dans la bande de Gaza.

Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui s’est exprimé dimanche, Téhéran aurait la preuve que les militaires américains ont contribué aux bombardements israéliens contre l’Iran.

« Nous avons la preuve tangible de l’aide qui a été apportée par les forces armées américaines et par les bases américaines dans la région dans les attaques des forces militaires du régime sioniste », a déclaré M. Araghchi à des diplomates étrangers lors d’une réunion diffusée par la télévision d’État.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, prend la parole lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au Caire, en Égypte, le 2 juin 2025. (Crédit : AFP)

Les États-Unis nient avoir pris une part active dans les attaques israéliennes. Samedi, le président Donald Trump a déclaré que si l’Iran s’en prenait aux États-Unis d’une manière ou d’une autre, elle ferait face à la puissance de l’armée américaine « à des niveaux jamais vus ».

Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, Trump a déclaré que les États-Unis n’avaient rien à voir dans cette attaque contre l’Iran avant de conclure : « Nous pourrions aisément conclure un accord avec l’Iran et Israël et mettre un terme à ce conflit sanglant !! »

Avant cela, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, avait déclaré aux journalistes qu’il s’était entretenu avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi que d’autres chefs d’Etat et de gouvernement pour appeler à l’apaisement, a indiqué le journal britannique The Guardian.

Interrogé sur les menaces proférées par l’Iran, qui a fait savoir que la république islamique n’hésiterait pas à s’en prendre aux intérêts des pays qui aident Israël, il a déclaré : « Nous avons déplacé des actifs dans la région, à commencer par nos avions, en cas d’urgence »

Le Premier ministre britannique Keir Starmer quitte le 10 Downing Street pour assister à la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre, au Parlement, à Londres, le 11 juin 2025. (Kin Cheung/AP)

Interrogé sur l’implication de la Grande-Bretagne dans des opérations défensives, il s’est contenté de répondre : « Il s’agit manifestement de décisions opérationnelles : la situation est très évolutive, je ne vais pas entrer dans les détails. »

Selon le journal londonien The Times, le Royaume-Uni n’avait pas été averti des premières frappes d’Israël contre l’Iran, les relations entre les deux pays s’étant détériorées ces derniers temps.

La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a toutefois indiqué dimanche que la Grande-Bretagne pourrait effectivement venir en aide à Israël mais que l’envoi d’avions de chasse au Moyen-Orient était surtout destiné à protéger les bases et personnels britanniques.

A l’antenne de Sky News, Reeves a lancé un appel à l’apaisement et elle a expliqué que la décision prise d’envoyer des avions de chasse dans la région était une « mesure de précaution ».

Interrogée sur une possible aide de la Grande-Bretagne à Israël, Reeves a répondu : « Par le passé, nous avons aidé Israël lorsqu’il était menacé par des missiles. Nous envoyons des actifs sur place à la fois pour nous protéger et aussi pour aider nos alliés en cas de besoin ».

Vendredi, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la France pourrait venir en aide à Israël pour se défendre des attaques de l’Iran « dans la mesure du possible ».

« Si Israël faisait face à des représailles de l’Iran, alors la France, dans la mesure du possible, prendrait part à des opérations de protection et de défense », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Entre temps, l’Irak a approché les gouvernements iranien et américain afin de ne pas être pris dans une escalade régionale, ont déclaré samedi des officiels. Le gouvernement irakien est un proche allié de Téhéran, mais aussi un partenaire stratégique de l’ennemi juré de l’Iran, les États-Unis, qui disposent de quelque 2 500 soldats en Irak dans le cadre d’une coalition anti-djihadiste.

Un immeuble d’habitation détruit par un missile balistique iranien, à Bat Yam, le 15 juin 2025. (Chaim Goldberg/Flash90)

Dans un communiqué publié samedi soir, le gouvernement a « redit son refus absolu et sans équivoque de toute violation de l’espace aérien irakien ou de son utilisation lors d’attaques militaires menées par l’entité sioniste contre la République islamique d’Iran ».

Il a demandé aux États-Unis « d’assumer leurs responsabilités… pour empêcher les avions appartenant à l’entité sioniste de pénétrer à nouveau dans l’espace aérien irakien pour mener de telles attaques. »

Un haut responsable de la sécurité irakienne a déclaré à l’AFP que Bagdad avait également demandé à Téhéran de ne pas s’en prendre à des cibles américaines sur son territoire.

« La demande a été faite. Ils se sont engagés à des choses positives « , a-t-il précisé en expliquant requérir l’anonymat pour évoquer ces questions sensibles.

Un officiel irakien, témoignant lui aussi sous couvert d’anonymat, a déclaré que Bagdad avait fait officiellement demandé à Washington de l’aider à protéger l’intégrité de son espace aérien, en rappelant le rôle de chef de la coalition internationale contre le groupe État islamique joué par les États-Unis.

Vendredi, Bagdad a porté plainte auprès des Nations unies pour l’utilisation par Israël de son espace aérien pour attaquer l’Iran.