Netanyahu ayant ignoré son invitation, le kibboutz Nir Oz boycottera la commémoration d’État du 7 octobre

Les membres du kibboutz Nir Oz, une communauté située le long de la frontière de Gaza et qui avait été dévastée lors du pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, ne participeront pas dimanche prochain à la deuxième cérémonie commémorative organisée par l’État en hommage aux personnes tuées lors du massacre, la majorité des familles endeuillées ce jour-là ayant refusé d’y prendre part, a rapporté mardi la chaîne N12.

Cette décision a été prise alors que des informations faisaient savoir qu’il n’y aurait aucune prise de parole des familles touchées dans leur chair, le 7 octobre – et après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ignoré l’invitation de la communauté à se rendre dans le kibboutz, où il ne s’est pas rendu depuis le pogrom pour des raisons qui sont largement considérées comme étant de nature politique.

Le kibboutz, dont 117 des 400 membres ont été assassinés ou kidnappés pendant le massacre, n’a reçu aucune réponse à son invitation de la part de Netanyahu ou de son Bureau, a noté la chaîne N12. Elle avait été lancée publiquement au Premier ministre il y a une semaine.

Adina Moshe, 72 ans, membre du kibboutz, qui avait été kidnappée pendant le massacre et qui avait passé 49 jours dans les geôles du Hamas, avait écrit dans le groupe de Nir Oz, sur WhatsApp, qu’elle était prête à « aller d’une maison à l’autre » en compagnie du chef du gouvernement pour lui « raconter les histoires des résidents ».

Silvia Cunio, dont les deux fils sont toujours détenus par le Hamas, avait expliqué qu’elle était prête à se joindre à la septuagénaire lors de cette visite du Premier ministre.

Adina Moshe, au centre, qui a été libérée de captivité par le Hamas en novembre 2023, lors d’une conférence de presse à Tel Aviv, le 7 février 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le deuxième journée de deuil national à l’occasion de la date-anniversaire du massacre commis par le Hamas, conformément au calendrier hébraïque, avait été approuvée au début du mois et elle sera marquée par deux cérémonies d’État – une en mémoire des soldats tombés au combat et l’autre pour les victimes civiles. Les deux événements sont organisés par la ministre des Transports Miri Regev.

N12 avait annoncé, au début de la semaine dernière, qu’aucun intervenant issu des familles ayant perdu un proche lors du pogrom du 7 octobre ou au cours de la guerre qui a suivi ne prendrait la parole, de peur qu’il n’y ait des critiques à l’encontre du gouvernement et du Premier ministre.

Les deux cérémonies se dérouleront sur le mont Herzl dimanche prochain, au 25e jour du mois hébraïque de Tishrei – trois jours après la fête annuelle de Simhat Torah, au cours de laquelle le massacre du Hamas avait eu lieu, l’année dernière.

Selon le reportage qui a été diffusé mardi, la cérémonie en hommage aux soldats et aux forces de sécurité tombés au combat, qui devait attirer environ 1 500 personnes, n’a enregistré qu’un très petit nombre d’inscriptions.

200 familles seulement se sont inscrites jusqu’à présent, a noté la chaîne qui a fait remarquer qu’habituellement, le mont Herzl refusait des inscriptions lors des événements de commémoration.

« Nous n’avons jamais vu un nombre aussi faible d’inscriptions à une cérémonie commémorative », a confié une source proche des organisateurs de la cérémonie, selon N12.

L’instance gouvernementale chargée de l’organisation des cérémonies nationales a réagi au reportage en affirmant que les inscriptions restaient ouvertes jusqu’à vendredi « et que la cérémonie affichera complet ».

La ministre israélienne des Transports, Miri Regev, lors d’une conférence de presse avant la cérémonie de commémoration du pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre, au ministère des Transports à Jérusalem, le 22 août 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Le kibboutz Beeri, une autre communauté dévastée lors du pogrom, a également déclaré récemment que ses membres ne marqueraient pas le deuxième jour de deuil, car ils « déplacent encore leurs morts pour les enterrer à Beeri » et « qu’ils œuvrent sans relâche à trouver un moyen de rapatrier nos otages ».

« Nous ne voyons aucune raison de marquer à nouveau ce jour terrible », a estimé le Kibboutz.

Les familles des otages et des autres victimes du 7 octobre s’étaient déjà vivement opposées à ce que Regev soit choisie pour superviser la cérémonie officielle qui a été organisée la semaine dernière à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque menée par le Hamas.

Plusieurs communautés de la zone frontalière de Gaza accusent le gouvernement d’avoir utilisé l’événement officiel pour masquer le fait qu’il a, jusqu’à présent, refusé d’assumer ses responsabilités concernant son incapacité à empêcher le massacre, lui reprochant aussi de ne pas avoir suffisamment fait pour les communautés dans le sillage du pogrom.

Sam Sokol a contribué à l’écriture de cet article.