Ofri Bibas Levy : Ils auraient pu vous sauver mais ils ont préféré la vengeance

Ofri Bibas Levy, la sœur de Yarden Bibas, a introduit son hommage à Shiri, Ariel et Kfir Bibas, assassinés par le Hamas en captivité, lors de leurs funérailles, en disant qu’elle a travaillé ses mots pendant plus d’un an.

« L’incertitude, l’anxiété et l’inquiétude à votre égard ne laissaient aucun répit à mes pensées, mais chaque fois que mon esprit commençait à les formuler, je repoussais les mots avec force — avec la puissance de mon amour pour vous et Yarden, avec la force de l’espoir que vous reviendriez », a déclaré Bibas Levy.

« Pendant seize mois, j’ai parlé de vous partout », a-t-elle dit. « Ça rendait l’attente toujours plus douloureuse et intense, mais parler de vous m’a aussi permis de vous garder présents, vivants. Comment est-ce possible que vous ne soyez plus là ? »

Bibas Levy a déploré le fait qu’elle ne pourra plus jamais organiser un pique-nique de Shabbat avec Shiri, qu’elles ne pourront plus regarder leurs enfants courir l’un vers l’autre pour se faire des câlins, se moquer de Yarden et s’inquiéter pour lui ensemble, ou recevoir des vêtements de Shiri pour son bébé Afik, né au cours des quinze derniers mois.

Bibas Levy a affirmé que rien n’a encore de sens, que rien ne semble réel.

« Shiri, tu étais la femme parfaite pour Yarden », a-t-elle déclaré. « Je n’aurais pas pu rêver d’une meilleure personne pour lui. Aimante, sensible, attentionnée, nourrissante, apaisante. La force que tu lui as insufflée toutes ces années, nous la puisons maintenant en lui. Ne t’inquiète pas pour lui. Il est fort et impressionnant, et il nous fait encore rire. Et nous prendrons soin de lui. Je te le promets. »

Elle a ensuite adressé quelques mots à ses neveux, Ariel et Kfir, en disant qu’ils lui manqueront, comme de voir Ariel grandir en même temps que sa fille.

« Vous lui manquez beaucoup », a dit Bibas Levy. « Combien nous vous imaginions grandir ensemble, loin dans un voyage après l’armée en Amérique du Sud. »

Elle a évoqué le manque de temps passé avec Kfir, qui n’avait que 10 mois lorsqu’il a été tué.

« Nous n’avons rien pu faire ensemble », a-t-elle dit. « Je n’ai même pas pu t’acheter un cadeau pour ton premier anniversaire. »

Une peinture murale de Shiri et Yarden Bibas et de leurs fils, Ariel, à gauche, et Kfir, à droite, qui ont été faits otages par le Hamas, à Tel Aviv,, le 19 février 2025. (Crédit : Oded Balilty/AP)

Bibas Levy a affirmé que ses neveux sont dans son esprit et dans son cœur, chaque fois qu’elle regarde ses enfants.

« Chaque fois que je vois un costume de Batman ou que j’entends un bébé rire », a-t-elle dit. « C’est ainsi que je veux me souvenir de vous trois : heureux, riant, en famille. »

« Beaucoup de gens vous demandent pardon, ainsi qu’à Yarden et à nous », a déclaré Bibas Levy. « Mais ce n’est pas à eux qu’il faut s’en prendre. Ce désastre n’aurait pas dû se produire. Vous n’auriez pas dû être enlevés et vous auriez dû revenir vivants. »

« Le pardon signifie accepter la responsabilité et s’engager à agir différemment, à apprendre de ses erreurs », a-t-elle ajouté. « Le pardon n’a aucun sens tant que les défaillances n’ont pas fait l’objet d’une enquête et que tous les responsables n’ont pas assumé leurs responsabilités. Le désastre que nous avons subi en tant que nation et en tant que famille n’aurait pas dû se produire et ne doit plus jamais se reproduire. »

« Ils auraient pu vous sauver, mais ils ont préféré se venger. Nous avons perdu. Notre image de ‘victoire’ n’existera jamais. Notre lutte contre nos ennemis sera éternelle, mais nous devons toujours sanctifier la vie, l’amour de nos semblables, le respect des morts, et ne jamais laisser personne derrière nous. Sinon, nous perdons ce que nous sommes », a-t-elle conclu.

« Luli et Firfir, le monde vous a connus de la manière la plus tragique qui soit, mais je vous promets que nous ferons tout pour que votre souvenir soit celui de l’innocence, de l’amour et de la bonté. Exactement comme maman Shiri et papa Yarden vous ont élevés. »