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Shas et 3 autres listes sanctionnées pour fraude aux élections du Congrès sioniste mondial

Plus de 230 000 votes ont été exprimés lors d'une élection entachée d'irrégularités ; les partis devraient faire appel et les résultats finaux pourraient ne pas être connus avant des mois

Illustration : Délégués au Congrès sioniste mondial à Jérusalem, le 20 avril 2023. (Capture d'écran vidéo Twitter / utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Illustration : Délégués au Congrès sioniste mondial à Jérusalem, le 20 avril 2023. (Capture d'écran vidéo Twitter / utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)

À la suite d’enquêtes sur des fraudes survenues lors des élections des délégués américains au Congrès sioniste mondial, la liste Shas USA a été disqualifiée. Plusieurs autres partis feront de surcroît face à des pénalités financières et à des déductions de vote, selon des documents obtenus par le Times of Israel.

Des procédures d’appel et de contestation à plusieurs niveaux sont toutefois attendues devant la Cour suprême sioniste, qui statue sur les différends survenant au sein de l’Organisation sioniste mondiale (WZO). Les résultats finaux pourraient ne pas être connus avant la fin de l’été, ont souligné des sources proches du dossier.

Un nombre record de 230 257 votes a été enregistré pour l’élection des délégués américains au Congrès sioniste mondial, qui s’est tenue du 10 mars au 4 mai. À ces chiffres, il faut ajouter les quelques 19 000 votes invalidés en raison de soupçons de fraude. Pour la première fois dans l’histoire de ces élections, les mouvements orthodoxes et ultra-orthodoxes ont recueilli plus de 40 % des voix.

Les résultats de ce scrutin participeront à déterminer comment quelque 5 milliards de dollars seront alloués à des causes juives et israéliennes au cours des cinq prochaines années.

Sur les 22 listes en compétition, Shas USA, liée au parti séfarade ultra-orthodoxe israélien Shas, a obtenu un résultat plutôt insignifiant, ne remportant qu’environ 1 % des voix après suppression des votes suspects.

Des documents internes de la commission électorale de la région (AEC), qui a supervisé l’élection, ont révélé que plus de 2 700 votes par correspondance en faveur du Shas ont été envoyés dans deux boîtes livrées par des institutions juives de New York. Tous les frais (5 dollars sont demandés à chaque votant) ont été réglés à l’aide de cartes de crédit ou prépayées suspectes. La plupart des adresses postales et des numéros de téléphone fournis se sont avérés problématiques. De nombreux votes portaient des signatures non conformes. Les réponses données par les responsables de la liste aux demandes de renseignements sur les votes n’ont pas été jugées crédibles par l’AEC, a indiqué le document.

En plus d’être disqualifié pour le Congrès 2025, le président de Shas USA sera également interdit de participer au Congrès 2030. La liste sera en outre condamnée à s’acquitter d’une amende de 5 dollars par vote disqualifié, soit un total de 13 530 dollars.

Illustration : bulletins de vote en papier devant une urne (iStock par Getty Images)

Cinq autres listes ont également fait l’objet d’une enquête pour fraude. L’AEC n’a pas divulgué leurs noms.

Les listes identifiées comme A et B ont chacune reçu environ 2 000 votes suspects, réglés à l’aide de cartes prépayées dans ce qui semblait être une manoeuvre frauduleuse organisée. La liste A a montré une certaine volonté de coopérer avec les enquêteurs, prenant certaines mesures pour repérer les actes répréhensibles. La liste B, qui avait déjà recouru à des pratiques malhonnêtes au cours des élections précédentes, a pour sa part refusé de collaborer.

Les responsables de l’AEC ont recommandé, pour la liste A, une pénalité de 50 % supplémentaires des votes disqualifiés, et une même pénalité de 100 % pour la liste B. Toutes deux seraient également tenues de verser 5 dollars par vote disqualifié, soit un peu plus de 10 000 dollars chacune.

Pour la liste C, quelque 900 votes ont été disqualifiés, semblant provenir de plusieurs personnes agissant de manière indépendante. Les organisateurs se sont montrés très coopératifs avec les enquêteurs. Ils ont eux-mêmes déclaré environ 100 votes problématiques lorsqu’ils les ont découverts. La liste a reçu un avertissement et doit désormais améliorer sa surveillance en vue des prochaines élections, mais aucune pénalité n’a été recommandée.

Concernant la liste D, les enquêteurs ont établi que les organisateurs avaient pu prouver qu’ils n’alimentaient aucun comportement problématique. Aucune sanction n’a donc été recommandée.

Les responsables de la liste E ont affirmé que les quelque 6 500 votes problématiques exprimés en son nom provenaient en réalité d’une liste rivale cherchant à leur nuire. Les enquêteurs ne sont toutefois pas parvenus à prouver ces allégations, et ont donc recommandé une pénalité de 50 % supplémentaires des votes disqualifiés, plus une amende de 32 435 dollars (5 dollars par vote).

« L’AEC a pris des mesures décisives pour garantir l’intégrité du processus électoral », a déclaré lAmerican Zionist Movement (AZM), chargé de gérer l’élection, dans un communiqué. « L’AEC réaffirme son engagement en faveur d’un processus démocratique, qui reflète les valeurs et les voix de la communauté juive américaine. »

La répartition définitive des 152 mandats du Congrès pour les États-Unis sera rendue publique à l’issue de la procédure d’appel.

Une photo de Theodor Herzl prise le 29 août 2022, lors des célébrations du 125 ᵉ anniversaire du premier Congrès sioniste à l’historique Stadtcasino de Bâle, où Herzl avait convoqué le premier congrès qui a ouvert la voie à la création de l’État d’Israël. (Crédit : Fabrice Cofrinni/AFP)

Établir des précédents

Pour certains, les recommandations de l’AEC n’ont pas suffisamment pénalisé les listes incriminées dans une élection reposant essentiellement sur ce que le directeur exécutif de l’AZM, Herbert Block, a coutume d’appeler « un élément d’un système fondé sur l’honneur ».

L’accès au vote est censé être limité aux Juifs auto-identifiés âgés de 18 ans ou plus et vivant aux États-Unis. Pourtant, la plate-forme en ligne manque de fonctionnalités de sécurité permettant de bloquer les électeurs ne respectant pas ces règles.

Les listes ont proposé différents modèles de pénalités applicables aux personnes soupçonnées d’actes répréhensibles. Certaines ont suggéré que toute liste directement impliquée dans une fraude devrait être immédiatement disqualifiée, afin de créer un précédent pour les élections à venir.

Certaines des plus importantes listes font partie de celles qui seraient accusées de fraude, notamment Am Yisrael Chai et Eretz Hakodesh, un état de fait qui vient encore compliquer la situation.

La nouvelle liste Am Yisrael Chai, réunissant étudiants et jeunes professionnels juifs, pro-israéliens et promouvant « l’amour de la Torah et du judaïsme », a été la plus grande surprise de l’élection. Elle est arrivée en deuxième position avec 31 765 voix, soit 13,8 % du total des suffrages exprimés.

Eretz Hakodesh, associé au parti haredi Yahadout HaTorah, est arrivé troisième avec 29 159 voix, soit 12,7 % du total des votes.

On ignore encore si une décision finale sera rendue avant le 28 juillet, date limite pour l’ensemble des pays participants pour la soumission des mandats à l’Organisation sioniste mondiale.

Theodor Herzl s’adressant au Premier ou Deuxième Congrès sioniste à Bâle, en 1897. (Avec l’aimable autorisation de GPO)

Des scrutins dans le monde entier

Plus de 35 pays du monde entier choisissent actuellement leurs délégués pour le Congrès sioniste mondial. Parmi eux, plus de 20 pays organisent des élections publiques. (Dans d’autres pays, les délégués seront choisis par les dirigeants juifs locaux.)

Au Royaume-Uni, le vote a été reporté du 6 au 10 juillet après que la liste d’Eretz HaKodesh a été disqualifiée pour avoir enfreint les règles relatives à l’inscription des électeurs.

Créé par Theodor Herzl en 1897, le congrès sioniste mondial alloue chaque année un milliard de dollars à des causes juives et supervise les institutions dites nationales d’Israël, notamment l’Organisation sioniste mondiale (WZO), qui concrétise la vision du congrès, l’Agence juive, qui joue un rôle central dans l’immigration juive en Israël, et le Keren Kayemeth LeIsrael-Jewish National Fund (KKL-JNF).

Le Congrès sioniste mondial compte 525 sièges au total, avec une représentation de trois zones géographiques différentes. Israël dispose de 200 sièges, qui sont automatiquement répartis en fonction de la représentation des partis politiques à la Knesset. Les États-Unis sont représentés par 152 autres sièges, répartis en fonction des résultats des élections. Les 173 derniers sièges sont choisis par les autres pays, soit par un vote public, soit, dans les petites communautés, par les dirigeants juifs locaux.

Le Congrès sioniste mondial se réunira à Jérusalem du 28 au 30 octobre.

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