« Souhaitez la mort du Hamas, pas la mienne ! » : une ex-otage répond aux attaques sur les réseaux sociaux

L’otage libérée Liri Albag a réagi mercredi aux invectives « méprisables, sans cœur et inhumaines » qu’elle a reçues en ligne après avoir critiqué, au début de la semaine, le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet de l’attaque sanglante commise par le Hamas, le 7 octobre 2023.

« Je lis les menaces et les insultes que j’ai reçues et j’ai peur. Je n’ai pas peur des réponses elles-mêmes… J’ai peur de ce que nous sommes devenus », a écrit Albag sur Instagram après avoir reçu un torrent de commentaires haineux de la part d’utilisateurs des réseaux sociaux pro-Netanyahu.

« Souhaiter que quelqu’un soit en captivité ??? Je ne souhaiterais pas cela à ceux qui me haïssent. Se moquer de mon poids ? Cela me rappelle les terroristes [ravisseurs] qui me criaient dessus et qui s’assuraient bien de me rappeler quotidiennement que j’étais grosse. Promettre la mort et la vengeance ? Souhaitez cela au Hamas et à nos ennemis, pas à moi ».

Albag poursuit dans son post : « Et pourquoi tout cela ? Parce que j’ai dit que le Premier ministre était responsable de l’échec [du 7 octobre]…. Bien sûr, tous les responsables de la sécurité sont à blâmer, ne vous inquiétez pas. Je le leur ai dit lors des réunions que j’ai eues avec eux ! Et bien sûr, le principal responsable du cauchemar que vit le pays est le Hamas. Je n’oublie pas un instant ce groupe terroriste et je veux personnellement me venger de lui. Le Hamas est l’ennemi !!!!!! »

« Vous savez ce qui est le plus difficile ? Ce fossé [sociétal] est pire que nos ennemis. Nous ne pourrons pas l’emporter comme ça ! » a-t-elle ajouté. « En tant que nation juive qui a été attaquée à maintes reprises, depuis l’Égypte [dans la Bible] jusqu’à aujourd’hui, battons-nous contre nos ennemis et non les uns contre les autres. Vous ne comprendrez jamais ce que nous avons vécu là-bas et je ne souhaite pas que vous le compreniez un jour! »

Liri Albag, comme Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Agam Berger, avait été enlevée sur la base militaire de Nahal Oz de Tsahal, le 7 octobre 2023. Elle avait été libérée par le groupe terroriste au mois de février dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu qui avait ouvert la porte à la remise en liberté des captifs et qui s’est effondré depuis. Comme de nombreux otages libérés, elle a décrit les conditions épouvantables dans lesquelles elle a été retenue prisonnière. Albag a perdu 10 kilos pendant sa détention.

Photo non-datée de quatre soldates de surveillance détenues en otage par le Hamas à Gaza, depuis le 7 octobre 2023 et diffusée par les familles, le 7 juillet 2024. De gauche à droite : Liri Albag, Agam Berger, Daniella Gilboa et Karina Ariev. Derrière elles, une photo du leader du Hamas, Ismail Haniyeh. (Crédit : Autorisation)

Plus tard dans la soirée de mercredi, le cabinet de Netanyahu a déclaré que le Premier ministre s’était entretenu avec Albag ainsi qu’avec ses parents, Shira et Eli, et qu’il avait exprimé sa « solidarité avec Liri à la lumière des attaques dont elle a fait l’objet sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours ».

Netanyahu a offert à Albag des mots de soutien par téléphone et « il a exprimé son admiration pour sa résilience et son courage pendant sa captivité au Hamas », a déclaré le cabinet du Premier ministre dans un communiqué.

Le Premier ministre a dit à Liri que son épouse Sara Netanyahu et lui-même avaient maintenu un contact régulier avec la famille Albag, qu’il s’était engagé à assurer le retour de tous les otages, et « qu’il aimerait rencontrer bientôt » Albag et « les soldates de surveillance [de Tsahal] qui sont revenus avec elle ».

Liri a remercié le Premier ministre pour « cette conversation pleine d’émotion, pour sa décision courageuse d’assurer sa libération et celle des autres otages, et elle l’a exhorté à poursuivre ses efforts pour ramener tout le monde à la maison », a ajouté le cabinet du Premier ministre dans son compte-rendu de la conversation.

L’otage libérée Liri Albag, avec ses parents après avoir été libérée de la captivité du Hamas, le 25 janvier 2025. (Crédit : Armée israélienne)

En début de semaine, le radiodiffuseur public Kan avait diffusé – puis retiré – un clip qui faisait la promotion d’une prochaine interview de Albag. Elle critiquait vivement Netanyahu dans cet entretien. La jeune femme avait alors demandé à ce que l’annonce, qui lui avait valu une vague de haine, soit retirée des ondes.

Dans ce clip, Albag déclarait au journaliste qui l’interrogeait que si elle devait rencontrer Netanyahu, elle lui dirait qu’elle le tenait pour responsable des échecs qui avaient entouré l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre, lorsque le groupe terroriste palestinien avait lancé un assaut meurtrier dans le sud d’Israël, tuant 1 200 personnes et enlevant un total de 251 otages.

Dans la séquence, Albag disait également qu’elle attendait de Netanyahu qu’il « demande pardon et qu’il promette que les autres otages rentreront bientôt chez eux ».

Après que des extraits de l’interview ont été mis en ligne et diffusés sur Kan, une vague de haine a visé Albag sur internet, des comptes pro-Netanyahu la qualifiant « d’ordure » et suggérant de la « renvoyer à Gaza ».

Selon la chaîne N12, un grand nombre de messages haineux provenaient de groupes Facebook pro-Netanyahu, en particulier « Friends who love Benjamin Netanyahu », un groupe qui compte plus de 90 000 membres.

Certains comptes ont accusé Albag d’avoir reçu de l’argent pour dénigrer le Premier ministre, tandis que d’autres ont affirmé qu’elle cherchait à se faire de la publicité, lui reprochant de se mêler de politique et de faire preuve d’arrogance.

Les otages israéliennes Liri Albag, Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy saluant sur une scène avant que des terroristes du Hamas ne les remettent à une équipe de la Croix-Rouge, dans la ville de Gaza, le 25 janvier 2025. (Crédit : AFP)

La famille d’Albag a alors demandé à Kan de retirer le clip de ses comptes de médias sociaux, ce que le radiodiffuseur a accepté.

Netanyahu a largement rejeté toute responsabilité de l’attaque dévastatrice du Hamas, cherchant à en attribuer uniquement la faute aux responsables de la sécurité qui, selon lui, avaient insisté sur le fait que le groupe terroriste était dissuadé d’attaquer Israël. Le Premier ministre leur a reproché de ne pas l’avoir réveillé aux premières heures du 7 octobre lorsque des signes inquiétants avaient commencé à apparaître depuis Gaza, affirmant qu’il leur aurait immédiatement donné l’ordre de se mettre en état d’alerte maximale.

Ses détracteurs estiment que Netanyahu, qui a dirigé Israël pendant 15 des 16 dernières années, est en fin de compte responsable de la situation, après s’être enorgueilli de la politique qu’il a menée pendant des années à l’égard de Gaza et de son refus d’y déclencher une guerre totale. Ils l’accusent d’avoir permis au Hamas de s’implanter à Gaza parce qu’il le jugeait utile pour empêcher la création d’un État palestinien, et d’avoir minimisé les nombreux avertissements des chefs de la sécurité dans les mois précédant l’attaque, selon lesquels les ennemis d’Israël étaient enhardis par les divisions internes créées par les initiatives prises par son gouvernement en termes de législation.