Israël en guerre - Jour 476

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Vibrants hommages à un soldat américano-israélien tué le 7 octobre et dont le corps est à Gaza

Dans la synagogue new-yorkaise où Omer Neutra a fêté sa bar-mitzvah, à la Chambre des Représentants et sur la Place des Otages à Tel Aviv, des centaines de personnes ont salué la mémoire de cette énième victime du Hamas

Cérémonie commémorative pour Omer Neutra au Centre juif Midway à New York, le 3 décembre 2024. (Crédit : Forum des familles d'otages de New York)
Cérémonie commémorative pour Omer Neutra au Centre juif Midway à New York, le 3 décembre 2024. (Crédit : Forum des familles d'otages de New York)

Des centaines de personnes ont rendu mardi un vibrant hommage près de New York à un jeune soldat américano-israélien tué le 7 octobre 2023 lors de l’attaque du Hamas contre Israël et dont la mort a été annoncée lundi, 14 mois après, pendant lesquels sa famille le savait otage mais le pensait vivant.

Il y a eu beaucoup de larmes et d’étreintes, selon un photographe de l’AFP, au Midway Jewish Center, un centre juif bondé de Syosset, sur l’île de Long Island à l’est de New York, pour consoler les proches d’Omer Neutra, un Américain né à New York et mort à 21 ans comme militaire servant dans l’armée israélienne.

Neutra servait comme commandant de peloton de chars dans le 77e bataillon de la 7e brigade blindée. Il a été tué lors d’une bataille avec des terroristes pendant l’assaut du Hamas, a déclaré l’armée israélienne lundi, et son corps a été enlevé et transporté à la frontière de Gaza. Son décès a été prononcé par le rabbinat militaire sur la base de nouvelles découvertes et d’informations des services de renseignement.

S’exprimant lors du service commémoratif dans la synagogue où son fils avait célébré sa bar mitzvah quelques années plus tôt, Ronen Neutra a déclaré qu’il était à court de mots.

« Comment parler de son fils pour lequel on s’est battu depuis 14 mois, espérant, priant qu’il ait survécu dans les conditions les plus atroces au monde et que l’on ne reverra pas ? », s’est interrogé, submergé par l’émotion, son père Ronen Neutra lors d’une cérémonie du souvenir en présence de la gouverneure de l’Etat de New York, Kathy Hochul.

« Et puis, on frappe à la porte et tout est fini. Tu dois intérioriser le fait que tu ne le reverras jamais », a lancé M. Neutra aux côtés de sa femme Orna et de leur autre fils Daniel.

Cérémonie commémorative pour Omer Neutra au Centre juif Midway à New York, le 3 décembre 2024. (Crédit : Forum des familles d’otages de New York)

Après avoir passé des mois à raconter l’histoire de son fils et à plaider pour sa libération lors de nombreux rassemblements aux États-Unis et à l’étranger, la nouvelle de sa mort « nous a coupé le souffle et nous a vidés de notre substance », a-t-il déclaré.

« Nous avons parlé de toi dans tant d’endroits », a déclaré Ronen. « Nous avons raconté l’histoire d’Omer. L’histoire des otages. Nous demandons aux dirigeants du monde entier de sauver Omer, de sauver les autres ».

« On nous a dit qu’Omer avait donné des ordres courageux à d’autres soldats et leur avait sauvé la vie », a déclaré Ronen, racontant comment son fils avait décidé de changer de vie pour servir l’État d’Israël. C’est à mon tour de montrer mon amour pour Israël en actes et pas seulement en paroles », a déclaré Omer. « Sa mémoire doit être une bénédiction. Repose en paix, mon garçon, mon beau fils. Nous ne t’oublierons jamais, héros d’Israël. »

« Cela fait plus d’un an que nous insufflons la vie dans ton être, mon beau garçon », a déclaré Orna Neutra en pleurant. « Avec l’espoir et l’amour de tant de personnes, nous avons continué, encore et encore, à te maintenir en vie, à prononcer ton nom à chaque sortie, à repousser toute velléité de désespoir, à ne pas nous arrêter pour respirer ou pour absorber la douleur profonde de ton absence ».

« J’ai demandé un signe de vie », a-t-elle dit. « Je n’en ai pas eu. Au lieu de cela, nous avons reçu des signes d’espoir et d’amour du monde entier. »

« Maintenant les choses sont claires, pas comme nous l’avions espéré, et le vide que tu as laissé (est) un énorme trou au ventre », a soufflé la mère du disparu.

Cérémonie commémorative pour Omer Neutra au Centre juif Midway à New York, le 3 décembre 2024. (Crédit : Forum des familles d’otages de New York)

Le 11 octobre 2023, alors que New York était secouée par des manifestations de juifs et de musulmans américains pro-israéliens et pro-palestiniens, Mme Neutra avait affirmé devant des milliers de personnes que son fils était « vivant (…) entier » et qu’elle le « retrouver(ait) bientôt ».

Le couple avait exprimé sa détresse en novembre 2023 auprès de l’AFP, disant survivre dans un « univers parallèle » et compter sur le président Biden qui avait reçu les familles d’otages américains à Gaza. Daniel Neutra, le frère cadet d’Omer, a promis que la famille honorerait l’œuvre de sa vie en continuant d’appeler à la libération des otages restants et à la fin de la guerre.

« Il est trop tard pour lui, mais son action n’a pas été vaine », a-t-il déclaré.
Omer Neutra est né à Manhattan quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001, ont raconté ses parents au cours de la cérémonie.

Petit-fils de survivants de la Shoah, il a fréquenté une école juive à Long Island où il était capitaine des équipes de basket-ball, de football et de volley-ball.

On lui a proposé d’entrer à l’université d’État de New York à Binghamton, mais il a préféré différer son inscription, prendre une année sabbatique et partir ensuite en Israël pour s’engager dans l’armée.

Ronen Neutra a déclaré qu’Israël était le « véritable amour » de son fils et qu’il avait insisté pour servir en première ligne. Son unité a été l’une des premières à réagir à l’invasion du Hamas le 7 octobre.

« Tu as trop donné, trop tôt », a déclaré Orna Neutra.

Omer Neutra était l’un des sept Israéliens américains toujours détenus à Gaza, dont quatre seraient aujourd’hui décédés. Le Hamas a publié une vidéo de l’un d’entre eux, Edan Alexander, au cours du week-end, ce qui laisse supposer qu’il est toujours en vie.

Les parents de Hersh Goldberg-Polin, un autre otage israélo-américain tué par le Hamas, étaient assis aux côtés des parents d’Omer lors de la cérémonie commémorative. Hersh Goldberg-Polin a été exécuté avec cinq autres otages et son corps a été récupéré par l’armée israélienne à la fin du mois d’août.

Jon et Rachel Goldberg-Polin sont assis à côté de Ronen et Orna Neutra lors d’une cérémonie commémorative pour leur fils Omer au Centre juif Midway, à New York, le 3 décembre 2024. (Crédit : Forum des familles d’otages de New York)

Le président américain Joe Biden et la première dame Jill Biden ont déclaré dans un communiqué lundi qu’ils étaient « dévastés et indignés » d’apprendre la mort de Neutra. Ils ont ajouté qu’il avait l’intention de retourner à l’université aux États-Unis et qu’il « rêvait de se consacrer à la construction de la paix ».

« À toutes les familles des personnes encore retenues en otage : Nous vous voyons. Nous sommes avec vous. Et je n’arrêterai pas de travailler pour ramener vos proches à la maison, là où ils doivent être », peut-on lire dans la déclaration. La Chambre des représentants des États-Unis a également rendu hommage mardi à l’otage israélo-américain.

Le représentant Mike Lawler a déclaré que les New-Yorkais avaient le
« cœur lourd » après la mort d’Omer Neutra.

« La perte d’Omer se fait profondément ressentir par l’ensemble de la communauté à New York et dans toute l’Amérique »., déclare-t-il. « Les drapeaux ont été mis en berne dans notre État en son honneur. Nous pleurons tous ensemble un jeune homme d’un courage et d’une conviction extraordinaires ».

Il a ajouté que la mort de Neutra était une « perte pour notre pays ».

Lawler a adressé ses plus sincères condoléances à la famille d’Omer et a félicité ses parents pour le combat qu’ils ont mené afin d’obtenir la libération de leur fils.

La représentante Elise Stefanik, choisie par le président élu Donald Trump pour devenir ambassadrice à l’ONU, a déclaré que le 7 octobre était « l’un des jours les plus sombres de l’histoire » et que les actions de Neutra ce jour-là avaient montré qu’il était « incroyablement courageux ».

Stefanik a également salué la « force et la résilience des parents de Neutra, Orna et Ronen, et a déclaré que leur combat pour leur enfant incarne vraiment la lumière qu’Israël représente et que le Hamas a essayé, en vain, d’éteindre ».

Cérémonie à Tel Aviv consacrée à Neutra

À des milliers de kilomètres de là, sur la place des otages de Tel Aviv, des centaines de personnes se sont rassemblées mardi soir pour participer à un programme hebdomadaire destiné aux otages, intitulé « Chanter pour leur retour », qui était consacré cette semaine à Neutra.

L’événement a commencé par un enregistrement d’une émission de la radio de l’armée diffusée il y a plusieurs années, dans laquelle on entend la voix de Neutra qui dédie une chanson à son unité de chars d’assaut.

La dernière fois qu’il a été vu, Omer Neutra était blessé, allongé à côté du char qu’il commandait, à la frontière de Gaza, le matin de l’assaut du 7 octobre.

« C’est une maigre consolation qu’il n’ait pas connu de longs jours de captivité », a déclaré sa tante, Genia Tzohar, en pleurant.

« Je suis triste que la nation d’Israël, qui a tant entendu parler de toi et qui attendait de te rencontrer, ne puisse pas le faire », a déclaré Genia Tzohar en le saluant. « J’espère et je prie pour que nous vous ramenions pour que vous soyez enterré en Israël, ton pays bien-aimé ».

Tamar Tzohar, la grand-mère de Neutra, a parlé des premières années de son petit-fils, né et élevé à New York par ses parents israéliens.

Tamar Tzohar, grand-mère de l’otage de Gaza Omer Neutra, sur la place des otages de Tel Aviv, le 3 décembre 2024. (Autorisation)

Elle a précisé que les parents d’Omer lui avaient parlé pour la dernière fois le 6 octobre 2023 – un jour avant sa mort – lorsqu’il leur avait dit qu’après des semaines de lutte contre les activités du Hamas à la frontière avec Gaza, son unité avait été informée qu’elle pouvait baisser son niveau d’alerte et passer un week-end plus détendu.

« Nous devons maintenant nous battre pour ramener le corps d’Omer à la maison », a déclaré Tamar Tzohar.

On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 35 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Huit otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 37 otages ont également été récupérés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.

Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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