200 ex-officiers de marine et de médecins réservistes dénoncent la guerre prolongée à Gaza

Plus de 150 anciens officiers de la marine et des dizaines de médecins réservistes ont publié jeudi des lettres appelant à une cessation immédiate des hostilités à Gaza, afin de permettre le retour rapide des otages.

Ces prises de position font suite à une lettre similaire rendue publique par près de 1 000 anciens membres de l’armée de l’air, dont 60 réservistes actuellement en service. Le texte a été vivement critiqué par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israel Katz. Environ 60 signataires, toujours actifs dans l’armée de l’air, pourraient être renvoyés.

Aucune de ces lettres n’appelle toutefois à la désobéissance ou au refus de servir.

La lettre rédigée en hébreu par les anciens officiers de marine – adressée au Premier ministre, au ministre de la Défense, aux membres du gouvernement et de la Knesset, à la chaîne de commandement de Tsahal ainsi qu’au public israélien – accuse l’exécutif de faire passer « des intérêts politiques et personnels avant les considérations sécuritaires ».

« Cinquante-neuf otages sont toujours dans les tunnels du Hamas, et le pays se détourne progressivement de son devoir de les ramener chez eux », ont écrit les officiers.

Ils dénoncent la conduite du gouvernement, affirmant qu’elle « sape les fondements de l’esprit d’État, érode la confiance du public et soulève de graves inquiétudes quant à une instrumentalisation des décisions sécuritaires à des fins illégitimes ».

« La reprise des combats retarde la libération des otages, met en danger les soldats et touche des civils innocents », poursuivent-ils.

Un bateau de la marine israélienne naviguant au large de la ville de Gaza en mer Méditerranée alors que des civils marchent dans une allée du bord de mer, le 28 mars 2025. (Crédit : Omar al-Qattaa/AFP)

Les anciens officiers de marine évoquent également la politique d’exemption dont bénéficient les ultra-orthodoxes en écrivant que « le gouvernement mène une politique discriminatoire, accordant des budgets sectoriels et des exemptions générales du service militaire. Ceux qui servent se sentent trahis. »

Ils concluent leur lettre par un message adressé aux autorités : « Nous portons le fardeau. La responsabilité vous incombe. »

Des dizaines de médecins ont également appelé à l’arrêt de la guerre et au retour des otages

Dans une lettre distincte, rapportée par le site Ynet, des dizaines de médecins réservistes réclament également l’arrêt immédiat des combats à Gaza, afin de permettre le retour des otages.

Cette lettre est adressée au ministre de la Défense Israel Katz, au chef d’état-major Eyal Zamir, et au médecin-chef de Tsahal, le général de brigade Zivan Aviad-Beer.

« Nous, médecins réservistes de diverses unités de Tsahal, demandons que les otages soient ramenés sans délai, et que les combats cessent dans la bande de Gaza », écrivent-ils.

Ils précisent avoir répondu à la mobilisation du 7 octobre avec beaucoup de fierté, au nom de la défense du pays, mais « qu’à l’heure actuelle, après 550 jours de combats qui ont déjà infligé un lourd tribut à l’État d’Israël, nous ressentons aujourd’hui, douloureusement, que la poursuite de la guerre à Gaza répond d’abord à des intérêts politiques et personnels, sans véritable objectif sécuritaire. »

La famille et les amis des otages israéliens Ziv et Gali Berman défilent dans les rues de Tel Aviv, appelant à leur libération de la captivité du Hamas. 10 avril 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Les signataires estiment que la poursuite de l’opération militaire « met en danger les soldats de Tsahal comme les otages encore détenus – comme en témoignent les 40 captifs qui ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre ».

« Poursuivre les combats tout en abandonnant les otages, comme on abandonne les blessés sur le champ de bataille, mine de manière irréversible les valeurs fondatrices du pays : la sacralité de la vie et l’engagement envers la sécurité de ses citoyens. »

« Nous appelons les dirigeants israéliens à retrouver la raison et à agir conformément aux valeurs fondamentales de l’État d’Israël et à l’éthique de Tsahal », écrivent-ils.