L’armée israélienne annonce le renvoi des pilotes qui ont appelé à donner la priorité aux otages
La plupart des signataires de la lettre, qui appelle à garantir la libération des otages même si cela suppose de mettre fin à la guerre à Gaza, ne sont pas des réservistes actifs

Un responsable de l’armée israélienne a annoncé jeudi que des pilotes réservistes, qui ont publiquement appelé à garantir la libération des otages même si cela suppose de mettre fin à la guerre à Gaza, seraient renvoyés de l’armée de l’air.
« Avec le plein soutien du chef de l’état-major général, le Commandant de l’IAF (les forces aériennes israéliennes, ndlr) a décidé que tout réserviste actif ayant signé la lettre ne pourrait pas continuer à servir », a déclaré le responsable à l’AFP.
Ces propos font suite à une lettre, signée par environ 1 000 pilotes et aviateurs de réserve et à la retraite, qui défie ouvertement la politique de Benjamin Netanyahu.
Pour le Premier ministre israélien, une pression militaire accrue sur Gaza est le seul moyen de forcer les groupes terroristes palestiniens à libérer les otages capturés lors de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.
« Nous, aviateurs en réserve et à la retraite, exigeons le retour immédiat des otages même au prix d’une cessation immédiate des hostilités » à Gaza, peut-on lire dans la lettre publiée jeudi sur une page entière dans plusieurs journaux israéliens. « La guerre sert principalement des intérêts politiques et personnels, et non des intérêts sécuritaires », ajoute-t-elle. « Seul un accord peut ramener les otages en toute sécurité, tandis que la pression militaire conduit principalement à la mort des otages et à la mise en danger de nos soldats », précise-t-elle.
Une trêve entre le 19 janvier et le 17 mars a permis le retour de 33 otages israéliens incluant huit corps sans vie, en échange de la libération par Israël de quelque 1 800 prisonniers palestiniens.
L’armée israélienne a repris le 18 mars ses bombardements aériens puis son offensive terrestre dans la bande de Gaza, afin de contraindre, selon Israël, le Hamas à libérer les otages israéliens qu’il retient encore.
Selon le responsable de l’armée, la plupart des signataires de la lettre ne sont pas des réservistes actifs. « Notre politique est claire : l’armée est au-dessus de tout conflit politique. Il n’y a pas de place (…), y compris des réservistes en service actif, pour exploiter leur statut militaire tout en participant simultanément au combat et en appelant à sa cessation », a-t-il déclaré.
Peu après, en début de soirée, l’armée a déclaré que seulement 60 signataires étaient des réservistes actifs. Parmi ces 60 personnes, seule une poignée sont des pilotes compétents, tandis que les autres ont servi dans des postes de commandement, selon l’enquête de Tsahal. Les 900 signataires restants sont soit des retraités de l’armée de l’air israélienne, soit des noms inconnus de l’armée. L’armée indique également que 40 réservistes actifs ont retiré leur signature de la lettre avant sa publication.
M. Netanyahu a indiqué qu’il soutenait la décision de limoger tout pilote actif qui avait signé la lettre. « Refuser, c’est refuser, même lorsque cela est implicite, et exprimé dans un langage euphémistique », a-t-il dit dans un communiqué diffusé par ses services. « Les déclarations qui affaiblissent l’armée et renforcent nos ennemis en temps de guerre sont impardonnables », a-t-il ajouté. Il avait qualifié plus tôt les signataires « d’extrémistes marginaux ».
Dans un communiqué diffusé également jeudi, l’armée a indiqué qu’elle continuait ses opérations terrestres dans le sud de la bande de Gaza et qu’elle avait « démantelé des dizaines d’infrastructures terroristes et plusieurs tunnels menant à des réseaux terroristes souterrains dans la région ».
Mercredi, l’armée avait indiqué avoir « éliminé » un commandant du Hamas dans une frappe sur la ville de Gaza, accusé d’avoir participé à l’attaque coordonnée du 7 octobre 2023 en Israël.