« 22 ans, c’est trop jeune » : trois soldats tués à Gaza pleurés par des milliers d’Israéliens

Des milliers de personnes se sont rassemblées mardi dans plusieurs cimetières en Israël pour rendre un dernier hommage aux trois soldats de Tsahal tués la veille par une bombe placée en bord de route dans le nord de la bande de Gaza.

Le sergent-chef Lior Steinberg, le sergent-chef Ofek Barhana et le sergent-chef Omer Van Gelder servaient dans le bataillon Rotem de la brigade Givati et opéraient dans la région de Jabaliya au moment de leur mort.

Il s’agit de la perte la plus meurtrière pour l’armée israélienne depuis la reprise des combats à Gaza, après la rupture du cessez-le-feu en mars.

Mardi après-midi, plusieurs centaines de personnes ont accompagné la famille et les proches d’Ofek Barhana lors de son inhumation au cimetière militaire de Yavné.

Sa mère, Leah, a prononcé un éloge funèbre en larmes.

« Je lui disais toujours : ‘J’ai peur, Ofek, prends soin de toi’ », a-t-elle raconté, évoquant ses déploiements successifs à Gaza. « Il me répondait toujours : ‘T’inquiète pas, maman, je fais attention.’ »

De gauche à droite : Le sergent-chef Lior Steinberg, 20 ans, infirmier de combat, de Petah Tikva ; le sergent-chef Ofek Barhana, 20 ans, infirmier de combat, de Yavne ; le sergent-chef Omer Van Gelder, 22 ans, chef d’équipe, de Maale Adumim. (Crédit : Armée israélienne)

« Mon cher enfant… Être ta mère a été un privilège », a-t-elle poursuivi, en larmes. « Nous n’avons même pas pu nous dire au revoir comme il faut. »

« Je ne sais même pas par où commencer. Les mots me manquent pour exprimer cette douleur », a déclaré son père Mamo, enveloppé dans un drapeau israélien. « Tu n’avais que 20 ans, l’âge où la vie commence… et la vie t’a été volée. »

Il s’est souvenu de son fils « se tenant droit et fier, lui disant, « Papa, je défendrai la patrie, je défendrai la Terre d’Israël ».

« Tu m’avais dit que tu voulais devenir un grand avocat… Nous ne te verrons pas réaliser ton rêve », a-t-il ajouté avec tristesse.

Ofek Barhana laisse derrière lui ses parents et ses quatre frères et sœurs : Oshri, Dana, Liam et Aline.

Plus tard dans la journée, plusieurs centaines de personnes ont assisté aux funérailles d’Omer Van Gelder, au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem.

Des personnes venues assister aux funérailles du soldat israélien Sgt Omer Van Gelder, tué lors d’une bataille dans la bande de Gaza, au cimetière militaire du mont Herzl à Jérusalem, mardi 3 juin 2025. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

Van Gelder était un jeune homme généreux qui rêvait de devenir médecin, a raconté sa mère Tehillah.

« Même après ta mort, tu as fait don de tes organes », a-t-elle précisé.

Son père, Hagai, a rappelé que tous deux avaient « souvent échangé sur l’importance de la parole et de la médecine, et je t’avais dit qu’un médecin devait être une personne qui sait parler à ses patients ».

« Nous devons changer notre façon de parler », a-t-il déclaré, s’inspirant des valeurs de son fils pour lancer un appel à la société israélienne. « Je demande à tout le monde, du Premier ministre aux ministres, de la coalition comme de l’opposition, ainsi qu’aux manifestants des deux camps, de changer de refrain, d’apprendre à utiliser nos mots avec sagesse. »

Van Gelder s’était enrôlé dans Tsahal deux mois seulement avant le pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas. Depuis, il avait été déployé sur plusieurs fronts au cours des dix-neuf derniers mois.

« Vingt-deux ans, ce n’est pas assez », a pleuré Tehillah. « Nous avions parlé de ton mariage, d’un voyage après l’armée… Tout a été interrompu. Le monde a perdu aujourd’hui une lumière pure et innocente. »

Des personnes en larmes venues assister aux funérailles du soldat israélien Sgt Omer Van Gelder, tué lors d’une bataille dans la bande de Gaza, au cimetière militaire de Mont Herzl à Jérusalem, mardi 3 juin 2025. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

Lior Steinberg a été inhumé au cimetière militaire de Sgoula, à Petah Tikva, en présence d’une foule nombreuse venue entourer ses parents, Orli et Anton, et sa sœur Shira.

« Je n’arrive pas à croire que je suis en train de prononcer ton éloge funèbre », a déclaré sa mère, Orli.

« Depuis l’enfance, tu étais curieux, tu posais mille questions. Tu as été une vraie lumière dans ce monde – pour moi, pour ton père, pour ta sœur. »

« Après ton enrôlement, tu m’as envoyé une lettre avec ces mots tout simples : ‘Je t’aime, maman.’ »

« Quand tu rentrais de l’armée, tu nous faisais encore plus de câlins. Je n’arrive pas à croire qu’il n’y en aura plus jamais », a-t-elle déploré. « Je remercie Dieu de m’avoir donné la chance de devenir la maman de Lior, même si cela n’aura duré que 20 ans. »

Sa sœur Shira, en larmes, lui a également rendu hommage.

Des personnes venues assister aux funérailles du soldat israélien Sgt Omer Van Gelder, tué lors d’une bataille dans la bande de Gaza, au cimetière militaire de Mont Herzl à Jérusalem, mardi 3 juin 2025. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

« Mon petit frère, beau et pur. Tu étais mon seul frère. Je n’ai rien sans toi. Je suis heureuse que nous nous soyons rapprochés l’année dernière et que tu sois confié à moi », a-t-elle déclaré.

Dans un message vidéo adressé aux familles des trois soldats israéliens tués, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que les trois soldats « ne sont pas tombés en vain ».

« Ils sont tombés dans une guerre juste », a-t-il affirmé. « Une guerre dans laquelle nous vaincrons le Hamas, libérerons tous nos otages et ferons en sorte que Gaza ne représente plus une menace pour Israël. »

Alors que l’opération Chariots de Gédéon s’intensifie à Gaza, Netanyahu a assuré que Tsahal progresse « avec prudence, afin de prévenir ou de réduire autant que possible » la perte d’autres soldats.

« Le prix à payer est très lourd », a-t-il reconnu, « mais nous atteindrons les objectifs de cette guerre – tous – sans exception. »