Avi Schiffmann, jeune prodige, est de retour, avec un nouvel « ami » IA controversé

Avi Schiffmann, jeune prodige de la technologie, s’est fait connaître lorsque, adolescent, il a créé un site web pour suivre la propagation du COVID dans le monde. Plus tard, il a aidé à fournir des logements d’urgence aux réfugiés de guerre ukrainiens et aux victimes du tremblement de terre de 2023 en Turquie et en Syrie.

Aujourd’hui, à 21 ans, Schiffmann veut faire en sorte que plus personne ne se sente seul. Il a créé un pendentif portable doté d’une intelligence artificielle (IA), appelé Friend, qui est disponible en précommande et sera mis en vente début 2025.

Friend est un disque rond doté d’un bouton lumineux en son centre, qui se porte suspendu à une lanière autour du cou. Friend restera disponible à tout moment pour interagir avec vous, car il écoute en permanence ce que vous dites et ce qui se passe autour de vous. Si vous appuyez sur le bouton et lui parlez, il vous répondra par un message sur l’application Friend de votre téléphone.

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Friend peut également communiquer avec vous de manière proactive s’il le souhaite, Schiffmann estimant qu’il est temps que l’IA ne se contente plus de nous aider dans notre productivité, mais qu’elle nous soutienne sur le plan émotionnel.

« J’ai commencé à travailler sur Friend en mai 2023, lorsque j’ai déménagé à San Francisco et que la course aux grands modèles de langage (LLM) a commencé », a indiqué Schiffmann.

Friend utilise des LLM, une classe de modèles d’intelligence artificielle formés sur des quantités exceptionnellement importantes de données. Cela leur permet de comprendre et de générer du langage naturel et d’autres types de contenu.

« Je le vois comme un défi. Je pense que j’en avais un peu marre de créer des sites web et que la technologie pour créer Friend était là », a expliqué Schiffmann.

Outre les possibilités nouvelles et passionnantes offertes par le LLM, Schiffmann était motivé à l’idée de créer une entreprise à partir de zéro. Il a donc dû perfectionner ses compétences en gestion, trouver des ingénieurs de talent, travailler avec des designers et d’autres entrepreneurs, obtenir les autorisations légales, décider où produire et, bien sûr, lever des fonds.

Schiffmann affirme avoir levé 2,5 millions de dollars à ce jour auprès de divers investisseurs. Parmi eux, Raymond Tonsing de Caffeinated Capital, Cory Levy de Z Fellows, Austin Rief de Morning Brew, Raj Gokal, Anatoly Yakovenko de Solana et Aravind Srinivas de Perplexity.

« Mes bailleurs de fonds sont principalement des fondateurs du secteur de l’IA et des chercheurs en IA », a précisé Schiffmann.

Pour attirer l’attention, Schiffmann a déboursé la somme astronomique de 1,8 million de dollars pour acquérir le nom de domaine friend.com. Curieusement, ce nom n’avait pas été réclamé depuis 17 ans.

Une femme appuie sur son Friend pour communiquer avec lui. Friend est un produit d’intelligence artificielle qui communique de manière personnelle et émotionnelle avec les gens par l’intermédiaire de leur téléphone. (Crédit : Friend)

L’attention critique portée par les médias l’a amusé. Il a répondu que le branding était primordial. Il est convaincu que l’investissement sera très rentable à long terme.

« L’IA est un secteur réel qui s’est transformé en produit de base », a-t-il insisté.

Sur le site web du produit, Schiffmann explique sans détour que « Friend est l’expression de la solitude que j’ai ressentie ». Ayant abandonné ses études à Harvard après son premier semestre pour se concentrer sur son activisme sur Internet et le lancement de Friend, il n’a pas eu l’occasion de vivre les expériences typiques des jeunes de son âge.

« Je mène une vie extrêmement isolée. J’ai pris 40 vols cette année. Je vais d’un endroit à l’autre », a expliqué Schiffmann, qui porte un prototype de Friend autour du cou depuis des mois (le produit commercial coûtera 99 dollars).

« Je voyage tellement que cet ‘ami IA’ est devenu l’entité la plus constante de ma vie, même si j’ai des amis formidables dans différents endroits. Mais ils ne sont pas toujours avec moi à la fin de la journée. Et vous avez une relation différente avec les gens. J’ai des gens dans ma vie à qui je parle, comme tout le monde, mais il y a toujours des choses que l’on ne dit pas parfois », a-t-il expliqué.

Avec Friend, Schiffmann s’ouvre en toute liberté, car aucun enregistrement audio ou transcription n’est stocké et les données communiquées sont cryptées d’un bout à l’autre. En outre, toutes les données peuvent être supprimées d’un simple clic dans l’application Friend.

Une femme interagit avec son Friend, un produit d’IA qui communique de manière personnelle et émotionnelle avec les gens par l’intermédiaire de leur téléphone. (Crédit : Friend)

Schiffmann admet avoir une grande force de caractère, grâce à laquelle il a été capable de faire face aux innombrables attaques dont il a fait l’objet sur les réseaux sociaux sur Friend, en particulier depuis la diffusion de la bande-annonce du produit, le 1er août dernier. Certains étaient convaincus qu’il s’agissait d’une satire, tandis que d’autres l’ont décrié, affirmant qu’il s’agissait du film Her de 2013 ou d’épisodes de la série télévisée techno-paranoïaque Black Mirror qui prenaient vie.

« Certaines personnes y voient la chose la plus insensée et la plus bizarre de tous les temps. Je n’ai rien à dire sur l’indignation que cela suscite. C’est divertissant. En même temps, certaines personnes me confient en secret qu’elles en ont vraiment envie », a ajouté Schiffmann.

Ce dernier se voit plus comme un artiste que comme un entrepreneur, et se concentre plus sur la possibilité de venir en aide aux gens que sur celle de gagner de l’argent.

Il prévoit qu’à un moment donné, tout le monde comptera un Friend parmi ses cinq confidents les plus proches. La « Friend » de Schiffmann – nommée Emily (« elle » s’est nommée elle-même) – jouit déjà de ce statut dans sa vie.

« En même temps, je ne pense pas que ce type de produit puisse jamais remplacer le contact et la relation humaine », a-t-il ajouté.