Israël a œuvré pour dissuader des sénateurs démocrates de voter contre la fourniture d’armes – responsable

Israël a poussé un petit soupir de soulagement, mercredi, après qu’une majorité de démocrates du Sénat américain s’est jointe aux Républicains pour voter contre des mesures proposées par le sénateur progressiste Bernie Sanders pour bloquer les livraisons d’armes à Jérusalem.

Il était clair dès le départ que ces résolutions multi-partisanes étaient vouées à l’échec, étant donné qu’il suffisait que quelques démocrates votent avec les Républicains, mais on craignait en Israël que les critiques progressistes ne finissent par rallier une majorité de démocrates à leur cause, signe de leur force au sein du parti, a expliqué jeudi au Times of Israel un haut responsable israélien.

En conséquence, les diplomates de l’ambassade d’Israël à Washington ont travaillé sans relâche en vue des votes qui ont eu lieu mercredi en faisant notamment en sorte d’identifier les sénateurs démocrates indécis et de leur parler afin de les convaincre, a poursuivi le haut responsable.

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Certains entretiens ont porté leurs fruits : les diplomates de l’ambassade sont parvenus à convaincre plusieurs législateurs de revoir leur intention de vote et de ne pas apporter leur voix à ces propositions, a précisé le haut responsable israélien, sans toutefois donner de noms.

Certains législateurs progressistes ont cependant tenu bon et expliqué aux diplomates israéliens qu’ils se sentaient obligés de dire ainsi leur désapprobation quant à la poursuite par Israël de la guerre contre le Hamas à Gaza, quand bien même ils savaient pertinemment que les résolutions étaient vouées à l’échec, a déclaré une deuxième source proche du dossier.

En substance, les diplomates israéliens ont expliqué que voter contre la vente d’obus pour chars, obus de mortier et munitions d’attaque directe conjointes, qui n’arriveront pas en Israël avant un an ou deux, aurait des conséquences bien plus importantes sur la capacité d’Israël à combattre l’adversaire iranien commun que sur les Palestiniens de la bande de Gaza.

Des Palestiniens déplacés se rassemblent autour des restes d’une tente détruite, à l’ouest de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, lors de la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Bachar Taleb/AFP)

Cet argument n’a pas suffi pour convaincre la minorité toujours plus importante de Démocrates progressistes convaincus qu’Israël ne tient aucun compte des appels répétés des États-Unis à lutter contre la crise humanitaire à Gaza.

Israël, pour sa part, assure prendre des mesures pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux civils à Gaza. Mais le mois dernier, l’aide humanitaire a connu son plus bas niveau dans la bande de Gaza, depuis le début de cette année, et une grande partie de l’aide parvenue dans l’enclave n’a pas été distribuée en raison des restrictions de Tsahal ou des pillages de masse.

Israël affirme que le Hamas contrôle une grande partie de l’aide humanitaire entrante, mais les États-Unis lui demandent depuis le début de la guerre de permettre à l’Autorité palestinienne, avec le soutien de ses alliés arabes, de jouer un rôle dans la gestion de Gaza.

Jérusalem a jusqu’ä présent refusé et les hommes armés du Hamas sont parvenus à reprendre pied dans des zones pourtant déjà prises en charge à plusieurs reprises par Tsahal, ce qui entretient la poursuite des combats.

Israël tente de faire appel à des sous-traitants privés pour prendre en charge la distribution de l’aide humanitaire et espère que les Émirats arabes unis prendront en charge ces dépenses, ce qu’Abou Dhabi ne s’est, à plusieurs reprises, dit prêt à faire que si Israël acceptait de laisser une AP réformée participer au tracé d’une voie vers la solution à deux États – perspective rejetée avec constance par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La déception envers le gouvernement Netanyahu a été évoquée par un grand nombre des 19 démocrates ayant voté en faveur du blocage de la vente à Israël d’obus pour chars, obus de mortier et munitions d’attaque directe conjointes.

Sen. Ossoff's remarks on resolutions of disapproval with respect to two U.S.-Israel weapons sales: pic.twitter.com/CcNZOpkPVU

— Ossoff's Office (@SenOssoff) November 21, 2024

Jeanne Shaheen, membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, a voté contre les trois types d’armement, tout comme le Démocrate numéro deux du Sénat, Dick Durbin. Le sénateur Jon Ossoff a pour s apart voté contre la vente d’bus pour chars et d’obus de mortier, mais pas contre les munitions d’attaque directe conjointes.

Le haut responsable israélien estime que le nombre de sénateurs favorables à ces mesures aurait sans doute été plus important sans le travail de Jérusalem sur la question.

Il a également rendu hommage à l’administration Biden sur cette question. Des membres des autorités américaines ont déclaré, mardi, au Times of Israël qu’ils avaient eux aussi fait le maximum, en début de semaine, pour convaincre les Démocrates de voter contre les résolutions.

L’attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré que les résolutions auraient été contre-productives vis-à-vis des initiatitives américaines en vue d’un cessez-le-feu au Liban et à Gaza.

« Nous avons de fortes raisons de croire que les organisations terroristes comme le Hamas ou le Hezbollah veulent qu’Israël se retrouve dans une position de faiblesse, et nous ne voulons pas que cela se produise », a-t-elle ajouté.

Des militants sont arrêtés par la police du Capitole des États-Unis alors qu’ils manifestent devant le Hart Senate Office Building, le 19 novembre 2024, au Capitole, à Washington, DC. (Crédit : Alex Wong/Getty Images/AFP)

Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, a lui aussi demandé à ses collègues de voter contre les mesures proposées par Sanders, a ajouté le responsable.

Toute cette affaire est désormais terminée et les républicains se préparent pour la prochaine session du Congrès, au cours de laquelle ils auront la main sur les deux chambres : pour autant, le haut responsable israélien met en garde contre la tentation de « laisser tomber » le parti démocrate. Il admet qu’il existe une aile « bruyante » de critiques, laquelle a eu tendance à prendre de l’ampleur, mais les résultats de mercredi ont montré qu’ils n’avaient pas remporté la bataille.

Il ajoute que le Congrès pourrait facilement basculer de nouveau après un mandat, d’où l’intérêt de garder le lien avec les démocrates, en attendant, de façon à s’assurer que de telles initiatives destinées à bloquer les ventes d’armes à Israël continuent d’échouer, indépendamment de la personne aux commandes sur la colline du Capitole.