La personne nommée par DeSantis au board d’une université de Floride critiquée pour ses remarques sur les Juifs et les femmes

JTA – Un professeur et activiste conservateur américain nommé par le gouverneur Ron DeSantis à la présidence d’un conseil d’université de Floride est sous le feu des critiques politiques cette semaine en raison d’une série de tweets dans lesquels il dénombre le nombre de législateurs juifs, femmes, seniors et homosexuels parmi les démocrates du Sénat et déplore qu’il y ait trop peu de « non-juifs hétéros et blancs » disponibles pour diriger ou réformer le parti.

La réprimande des deux partis à l’encontre de Scott Yenor intervient alors que DeSantis et d’autres conservateurs américains de premier plan ont lancé une attaque plus large contre le monde de l’enseignement supérieur, en mettant particulièrement l’accent sur ses initiatives en faveur de la diversité, un effort auquel Yenor s’est associé.

Yenor, professeur de sciences politiques à l’université d’État de Boise, dans l’Idaho, a été choisi par DeSantis pour présider le conseil d’administration de l’université de Floride occidentale (UWF) à Pensacola.

Mais il a fait parler de lui le mois dernier pour une série de messages publiés sur les réseaux sociaux dans lesquels il faisait remarquer que les démocrates avaient « peu de choix » pour « diriger le pays ou réformer le parti » car un grand nombre de sénateurs du parti « ont accédé au pouvoir grâce à la politique identitaire ».

Il a poursuivi en critiquant les démocrates du Sénat pour n’avoir « que » « six hommes blancs non juifs ».

« Neuf sont juifs, dont deux femmes et quatre âgés de 65 ans ou plus », a déclaré Yenor, membre du groupe de réflexion de droite Claremont Institute et auteur de plusieurs articles critiquant les efforts de diversité dans l’enseignement supérieur, à propos des démocrates du Sénat. Il a ajouté que « trois hommes juifs de moins de soixante ans pourraient également entrer dans la catégorie des réformateurs du parti », faisant apparemment référence aux sénateurs Brian Schatz, Adam Schiff et Jon Ossoff.

Yenor a également des antécédents plus profonds avec l’extrême droite antisémite. L’année dernière, The Guardian avait rapporté qu’il avait secrètement géré un site web éphémère dans l’Idaho en 2021-2022, qui diffusait des articles s’en prenant aux événements locaux de la Pride et à d’autres sujets.

Dans ce contexte, Yenor avait passé des mois à essayer de recruter un écrivain conservateur et partisan de DeSantis, Pedro Gonzalez, qui avait précédemment publié de nombreux messages antisémites et racistes sur des forums de discussion. Yenor a également payé Gonzalez pour qu’il donne une conférence à l’université d’État de Boise en 2021 ; il a déclaré au Guardian que Gonzalez avait refusé l’offre d’emploi du site web.

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis s’exprime pendant la rencontre annuelle de la Coalition juive républicaine à l’hôtel Casino Venetia de Las Vegas, le 6 novembre 2021. (Crédit : Ellen Schmidt/Las Vegas Review-Journal via AP)

DeSantis a continué à défendre Yenor contre les accusations d’antisémitisme, mais se heurte à une opposition de part et d’autre de l’échiquier politique. Mardi, le Sénat de l’État, réprimandant les remarques de Yenor, a écarté sa candidature à un autre poste au sein d’un conseil de recherche affilié à l’université.

La nomination de Yenor à la présidence du conseil d’administration de l’UWF doit également être confirmée par le Sénat de l’État, bien qu’il puisse exercer ses fonctions de président dans l’intervalle.

Le sénateur républicain juif Randy Fine, une étoile montante de la droite qui n’est pas étranger à la rhétorique incendiaire, fait partie des plus grands détracteurs de Yenor.

Fine, qui devrait remporter en avril la course à un siège à la Chambre des représentants des États-Unis dans un district très conservateur, a qualifié cette semaine Yenor d’« idiot ». La semaine dernière, il a tweeté que « les antisémites n’ont pas leur place dans les universités de Floride, et encore moins à leur tête », et a ajouté son nom à une condamnation de Yenor par le caucus législatif juif de l’État.

« Yenor a laissé entendre que seuls les hommes blancs non juifs sont des dirigeants politiques viables », a écrit le caucus, exhortant DeSantis à reconsidérer la nomination.

« À l’heure où l’antisémitisme gagne du terrain dans tout le pays, notre État doit adopter une position ferme contre ceux qui cherchent à marginaliser ou à dénigrer une communauté quelle qu’elle soit », poursuit la lettre.

Le Représentant de Palm Bay, Randy Fine, lors d’une réunion du Comité des crédits, dans le bâtiment Knott du Capitole, à Tallahassee, en Floride, le 6 février 2023. (Crédit : Phil Sears/AP)

Les commentaires de Yenor ont fait l’objet d’un examen minutieux, tout comme les déclarations passées selon lesquelles les universités étaient devenues des « citadelles de notre gynocratie » et d’autres remarques attaquant les « femmes indépendantes », dont une disant qu’elles sont « plus médicamenteuses, plus envahissantes et plus querelleuses que les femmes ne devraient l’être ». Les étudiants et les législateurs ont tous deux réprimandé ses commentaires, des centaines de manifestants s’étant opposés à lui sur le campus de l’UWF à Pensacola.

Yenor a insisté sur le fait que ses remarques n’étaient pas antisémites. Il a déclaré au Jewish Insider qu’il « disait que les démocrates ne toléreraient pas que des juifs occupent des postes de direction, en se basant sur l’expérience de Josh Shapiro », faisant référence à la décision de la candidate à la présidence Kamala Harris de renoncer à la candidature du gouverneur juif de Pennsylvanie comme colistier pour 2024.

Ses messages ne mentionnaient pas la décision de Harris, ni ne clarifiaient, à part sa mention de la « politique identitaire », pourquoi les hommes blancs et hétéros sont mieux placés pour diriger ou réformer le parti.

Mardi, Yenor a déclaré qu’il avait « été un fervent partisan d’Israël et du peuple juif tout au long de ma carrière », qualifiant les critiques de ses propos de « déformation délibérée de la part de médias malhonnêtes et de la gauche qui s’emploie activement à empêcher la réforme des institutions de Floride ».

Any honest reader of my comments will see immediately that this is a deliberate mischaracterization by dishonest media & the left actively working to prevent the reform of Florida’s institutions. I've been an ardent supporter of Israel and the Jewish people in my career, dating… pic.twitter.com/SNBwnRXGX4

— Scott Yenor (@scottyenor) February 18, 2025

Mercredi, DeSantis a défendu la nomination de Yenor lors d’une conférence de presse à Tallahassee. Interrogé sur les critiques de Fine à l’égard de ce choix, le gouverneur s’en est plutôt pris au législateur, un ancien ami devenu un ennemi politique.

« Je maintiens la nomination de Scott Yenor. Il a été défenseur des réformes dont nous avons besoin dans les universités », a déclaré DeSantis, selon les médias locaux. « Je ne pense pas qu’il soit antisémite du tout. »

Puis, à propos de Fine, le gouverneur a ajouté : « Considérons simplement la source : ce même sénateur m’a traité d’antisémite. »

« Je pense simplement que c’est une critique déplacée. Je pense que cela fait partie d’un programme politique distinct », a poursuivi DeSantis.

Fine a reproché à DeSantis de ne pas en avoir fait assez pour arrêter les suprémacistes blancs dans l’État, et pour avoir effectué une visite d’État en Irlande, qui a vivement critiqué Israël.

DeSantis a également récemment nommé ses propres partisans politiques au New College of Florida, dans le but de réformer la mission académique de l’établissement. L’école, qui était connue pour son approche progressiste de l’éducation, a pris un virage nettement plus conservateur dans les mois qui ont suivi la prise de fonction des personnes nommées par DeSantis, et propose désormais un cours sur le « mouvement woke ».

Alan Dershowitz, professeur de droit juif, auteur, militant pro-Israël et provocateur, est la tête d’affiche d’une nouvelle « Socratic Stage Dialogue Series » (série de dialogues socratiques) à l’université ce printemps et sera également le conférencier d’honneur. La série de conférences comprend également une conférence sur la Bible hébraïque.