L’opposition tiendra une session à la Knesset sur les accusations de Bar au sujet de Netanyahu

Les chefs de l’opposition ont annoncé mardi qu’ils avaient recueilli un nombre suffisant de signatures de députés pour organiser une session spéciale de la Knesset, pendant les congés parlementaires actuels, afin de discuter des accusations lancées par le chef du Shin Bet, Ronen Bar, à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Dans une déclaration commune, les leaders de l’opposition ont écrit qu’ils ont pu « recueillir 25 signatures en vue de l’organisation d’une réunion d’urgence de la plénière, à la Knesset, sur les sujets suivants : la déclaration sous serment du chef du Shin Bet, les dangers pour la sécurité de l’État, ainsi que les échecs du gouvernement et le retard accumulé dans le rapatriement des personnes qui ont été kidnappées ».

Bar a déclaré à la Haute Cour de justice, lundi, qu’il avait été limogé parce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu attendait de lui une loyauté personnelle – et qu’il lui avait été clairement signifié que si une crise constitutionnelle devait survenir, il devait obéir à Netanyahu et non à la Cour suprême. Le renvoi de Bar a été temporairement gelé par le tribunal.

Bar a également affirmé que Netanyahu lui avait demandé, à plusieurs reprises, de s’en prendre aux citoyens israéliens qui prenaient part au mouvement de protestation contre le gouvernement, et qu’il avait voulu avoir accès, via le chef du Shin Bet, à des informations personnelles sur des militants qui « traquaient » des personnalités en charge de la sécurité – une référence présumée aux hauts-responsables du gouvernement.

Suite à la révélation du contenu de la déclaration sous serment, le chef de l’opposition Yair Lapid, le président de HaMahane HaMamlahti Benny Gantz, le chef de Yisrael Beytenu Avigdor Liberman et le chef des Démocrates Yair Golan ont déclaré que la conduite de Netanyahu, telle que décrite par Bar, « met notre avenir et notre existence en danger et nuit à la sécurité de l’État ».

Dans un courrier adressé mardi au président de la Knesset, Amir Ohana, où ils ont demandé la tenue d’une session extraordinaire, les députés de l’opposition ont écrit que le document soumis à la Cour par Bar « laisse penser que le Premier ministre a franchi des lignes rouges et qu’il a tenté d’utiliser le Shin Bet comme outil pour attaquer et persécuter des citoyens qui cherchaient à exercer leur droit démocratique à manifester ».

Ils ont également déploré le fait que « des ministres de haut-rang du gouvernement déclarent explicitement que le retour [des otages] n’est pas la mission la plus importante, la plus suprême et la plus urgente » – faisant référence à la récente déclaration qui a été faite par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui a affirmé que « le retour des otages n’est pas le plus important ».

La date de cette session extraordinaire n’a pas encore été annoncée et les députés ne seront pas dans l’obligation d’y assister.

L’ancienne ministre de l’Égalité et actuelle députée Meirav Cohen (Yesh Atid) (Crédit : Noam Moskowitz / GPO)

Mardi toujours, la députée Meirav Cohen, membre du parti d’opposition Yesh Atid, a adressé un courrier à la procureure générale Gali Baharav-Miara pour lui demander de dire au gouvernement qu’il violait une partie du référé pris pour suspendre le gel du limogeage de Bar.

Dans son gel de la décision du gouvernement de limoger Bar, la Cour suprême a dit explicitement que le Premier ministre et le gouvernement n’étaient pas autorisés à modifier leur relation de travail avec le chef du Shin Bet.

Cohen fait donc référence à une information rendue publique lundi soir par Kan selon laquelle Netanyahu aurait organisé une réunion sur les questions de sécurité relatives à Gaza dimanche, en présence du chef du Mossad, du chef du Conseil de sécurité nationale et de Smotrich, mais sans Bar.

« Je vous demande de dire clairement au Premier ministre et aux ministres qu’ils ne peuvent pas continuer à agir de cette façon qui, d’une manière tordue mais sans équivoque, bafoue le référé de la Cour suprême », a écrit Mme Cohen, ajoutant que la procureure générale devait par ailleurs dire au gouvernement que son attitude était de nature à constituer un outrage à la Cour.

« Rappelons-nous que nul n’est au-dessus des lois et que tout le monde doit obéir à la Cour suprême », indique Mme Cohen.

Le ministre des Finances Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, dirigeant une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

Smotrich, de son côté, s’est à nouveau distingué mardi en accusant Bar d’avoir « entraîné » le Shin Bet dans la « tourmente » dans une lettre ouverte qui a été envoyée aux employés de l’agence de sécurité. Il a toutefois affirmé que sa « mauvaise conduite » présumée ne rejaillirait pas sur eux ou sur l’institution.

Des employés de l’agence ont exprimé leur « frustration profonde face à la situation dans laquelle le service s’est retrouvé » à la suite des agissements supposés de Ronen Bar, et il est important de souligner que l’État et le gouvernement d’Israël « vous font entièrement confiance et apprécient énormément votre travail, a écrit le ministre d’extrême-droite.

« La mauvaise conduite de Ronen Bar ne ternit pas le service de sécurité et certainement pas ceux qui, parmi vous, y travaillent », a-t-il ajouté, appelant le personnel du Shin Bet à garder le moral et à se rappeler que leur agence « est bien plus grande et plus importante que ne l’est son chef ».

Face aux accusations lancées par Bar, Netanyahu, qui se dit victime d’un complot de « l’État profond », a affirmé que des investigations en cours contre deux de ses principaux collaborateurs avaient été ordonnées par la procureure-générale Baharav-Miara et lancées par le chef du Shin Bet dans le but de créer un conflit d’intérêts apparent – avec un Premier ministre dans l’incapacité de limoger le haut-responsable précisément en charge d’une enquête sur des employés de son propre bureau.

Les affirmations du Premier ministre semblent reposer sur peu de preuves et elles contredisent la séquence connue des événements, puisque Netanyahu n’avait entamé la procédure de licenciement de Bar qu’après le lancement de l’enquête sur le Qatar.

Dimanche soir, Lapid a demandé à Netanyahu de mettre un terme aux incitations à la violence à l’encontre de Bar avant qu’elles n’entraînent « un meurtre politique ».

Le Forum Gvura appelle le chef du Shin Bet à démissionner d’ici la mi-mai, comme promis

Le Forum Gvura, qui représente certaines familles de soldats tués pendant la guerre actuelle, a adressé mardi une lettre ouverte à Bar, dans laquelle il affirme qu’il leur avait promis de démissionner avant le 15 mai et lui demande donc de respecter cet engagement.

« Votre maintien en poste en ce moment, malgré la décision du gouvernement, nuit au peuple, au pays, à la sécurité, met en danger la stabilité du pays et conduit à une intensification de la lutte entre les branches du gouvernement », affirment plusieurs dizaines de familles dans leur lettre.

Le Forum Gvura représente les familles endeuillées affiliées à la ligne dure, qui affirment que la guerre doit se poursuivre « jusqu’à la victoire totale ».

« Monsieur, lors d’une conversation avec plusieurs familles endeuillées, dont moi-même, la semaine dernière dans votre bureau, vous vous êtes engagé à quitter vos fonctions au plus tard le 15 mai », écrit Yehoshua Shani, président du Forum, dans la lettre ouverte au nom de l’organisation.

Shani implore Bar de « tenir sa parole », ajoutant que Bar devrait notifier la date à laquelle il démissionnera « immédiatement », et avant Yom HaZikaron la semaine prochaine.