Manifestation anti-gouvernement : La police recourt aux canons à eau et jette à terre un élu

La police a fait usage de canons à eau contre les protestataires lors de la manifestation jeudi qui s’est tenue devant le domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, avant le limogeage annoncé par le gouvernement du chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar.

Les manifestants auraient tenté de franchir les barricades avant que la police ne déploie des canons à eau ainsi que des jets puissants de « skunk spray », un produit chimique utilisé pour tenter de les disperser.

Des policiers ont jeté à terre le chef du parti d’opposition Les Démocrates, le député Yaïr Golan, le faisant tomber au sol avec plusieurs autres personnes. Selon les informations disponibles, Golan tentait de porter secours à un autre manifestant lorsqu’il a chuté.

Des vidéos et des photos montrent un autre manifestant étendu sur le sol après avoir vraisemblablement été touché par l’un des canons à eau, tandis qu’un autre manifestant saigne, semble-t-il également après avoir été touché par le puissant jet.

יאיר גולן הוטח על הרצפה בעימותים בהפגנה בירושלים.

צילום: עפרי איתן pic.twitter.com/Ev8WYsfOon

— יקי אדמקר (@YakiAdamker) March 20, 2025

Menés par un groupe d’universitaires basés à Jérusalem, les centaines de manifestants ont défilé sous la pluie du campus de l’Université hébraïque de Givat Ram jusqu’au quartier voisin de Rehavia, où se trouve le domicile de Netanyahu. Les agents de la police des frontières avaient barricadé une partie de la rue menant à la résidence du Premier ministre.

La manifestation a été organisée par le président de l’Université de Tel Aviv, Ariel Porat, et le président de l’Association du barreau israélien (IBA), Amit Becher, ainsi que par d’autres universitaires vivant dans la capitale. L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, qui a ouvertement critiqué Netanyahu après avoir fait partie de son gouvernement jusqu’en 2016, était également présent à la manifestation.

Mercredi, au moins douze manifestants ont été arrêtés lors d’un rassemblement devant le domicile de Netanyahu. La police s’est heurtée aux contestataires, dont beaucoup ont tenté de franchir les barrières de contrôle des foules et de bloquer le trafic routier.

Le cabinet de Netanyahu avait informé la veille les membres du gouvernement qu’il procéderait jeudi soir à un vote pour décider du limogeage de Bar, ce qui constituerait une première dans l’histoire d’Israël, où le gouvernement n’a jamais renvoyé le chef de l’agence de sécurité intérieure. Les manifestants réclamaient également la libération des otages et la suspension de la très controversée refonte du système judiciaire.

מפגין שוכב פצוע לאחר שנפגע מהמכת״זית, השוטרים דוחפים ומפילים עליו מפגינים נוספים, המכת״זית מרססת את מי שמנסים לעזור לו

ירושלים 20/03/2025 pic.twitter.com/j8nGJpEVYm

— אלימות ישראל (@Alimut_Israel) March 20, 2025

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a « fermement condamné » les violences policières après que deux agents ont été filmés en train de repousser violemment Golan.

Des manifestants se heurtant à la police lors d’une manifestation anti-gouvernement, devant la résidence du Premier ministre, à Jérusalem le 20 mars 2025. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

L’ancien chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne et chef d’un parti d’opposition « ne peut être blessé alors qu’il manifeste pour la démocratie israélienne », a déclaré Lapid dans un communiqué appelant le chef de la police Daniel Levy à « ordonner une enquête immédiate sur cet incident ».

״הדמוקרטים״ מפרסמים תיעוד נוסף של הרגע שבו הוטח גולן אל הקרקע pic.twitter.com/IxFwrb5UBl

— מורן אזולאי Moran Azulay (@moran_azulay) March 20, 2025

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a pour sa part accusé le gouvernement Netanyahu d’inciter à la violence.

« Ce que nous avons vu ces derniers jours n’est pas le fruit du hasard », a-t-il écrit sur le réseau social X, notant que la veille, un chauffeur de taxi avait percuté un manifestant dans ce qui semblait être une attaque intentionnelle.

Des manifestants israéliens et la police se bagarrant lors d’une manifestation appelant à la fin de la guerre à Gaza et à la libération de tous les otages détenus par le Hamas depuis le pogrom du 7 octobre 2023, devant la résidence du Premier ministre, à Jérusalem, le 20 mars 2025. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

« Tout cela est le résultat direct d’un gouvernement radical qui a perdu son sang-froid et s’emploie à creuser le fossé entre les gens au lieu de promouvoir l’unité. Il faut arrêter avant qu’une catastrophe ne se produise », a ajouté Gantz.